Chapitre 19 • Cessez-le-feu
- Et tu vas me dire que tu pointais à cause de l'eau glacée et non de l'effet que je te faisais, tant qu'à faire ?
Indignée, je pose la main devant ma bouche, et je secoue la tête pour contredire ses propos.
- Tu es... Je ne... bafouillé-je.
Je n'ai pas le droit de perdre le contrôle. Il me dirait qu'il n'y a que le vrai qui fait mal et il gagnerait étant donné que mon pétage de cable signifierait qu'il a raison.
- Les actions de ton corps sont normales. Tu n'as pas à t'en faire, me rassure-t-il.
- Tais-toi ! ordonné-je en levant une main. À vrai dire, je n'ai pas eu de réactions, quelles qu'elles soient.
Je me doute que son regard est posé sur moi alors que je parle en admirant mes chaussures. Je continue, en insistant sur tous les mots.
- Et surtout ce que tu as prétendu.
Je le regarde à mon tour, et ses lèvres sont étirées par un sourire, me révélant ses dents. Il hausse les épaules, incrédule.
- Si tu le dis, me lâche-t-il.
Ainsi, je réalise qu'il savait que je nierais. Simon a l'air nonchalant en détendant les traits de son visage. Je suis sûre que ce n'est pas dans sa nature, et qu'il se force à l'être.
- Tu me donnes envie de me taper la tête contre les murs quand tu agis comme ça.
Je me presse les tempes en cercle, et du bout des doigts. Il se fiche de moi en voyant que j'ai du mal à me calmer.
- Alors, insiste-t-il, tu ne me demandes pas quelle est la raison pour laquelle je ne te crois pas ?
Je me tourne et lui, il hausse les sourcils, interrogateur. Tandis qu'il m'a forcé la main, je tombe dans son piège en hochant la tête.
- Vas-y, lui fais-je. Tu n'as qu'à me le dire, si ça te fait plaisir.
Les mots vont de mes lèvres à ses oreilles, et il s'assoie à côté de moi. J'ai accepté qu'il partage le banc en ma compagnie parce qu'il était à l'autre bout de ce dernier. Là, je ne me sens pas à l'aise, étant donné que ses expirations s'abattent sur mes joues et que nos bouches sont proches l'une de l'autre.
- Je ne te crois pas vu que tu ne te crois déjà pas à la base, souffle-t-il.
Il me fixe, les yeux dans les yeux. Le ton qu'il prend me rend faible, et vulnérable. Je balance ma tête de gauche à droite, en incapacité de faire une action quand il me parle ainsi.
- Admets-le, à moi et à toi-même.
J'ai du mal à tenir en place à l'instant où il avance. Pourquoi est-il à ce point sûr de lui, tout le temps ? Je ferme les yeux pour trouver mes esprits, lorsque son genou me touche au niveau de la jambe. Étonnée, je me lève d'un bond. Le contact de ce gars me met dans tous mes états, et on dirait que le banc m'a donné une charge.
- Écoute, tu ne peux... (Je marque une pause au milieu de la phrase.) Je perds mon temps, et toi aussi.
Je fiche le camp de là pour me rendre au pick up, quand il me saisit par le bras. Il me touche de nouveau, et il se retrouve avec une trace de main sur la peau de son visage. Je ne suis pas en sucre mais ça me fait mal, à force.
- Mais arrête de faire ça ! éclaté-je en me libérant.
Ensuite, il se recule. Je me sens apaisée par le fait qu'il ait installé de la distance. Il se gratte le crâne, avant de me faire part de ce qu'il ressent.
- Étrangement, je ne sais pas ce que je suis censé faire en ta compagnie. Tu ne me facilites pas la tâche en ne me laissant pas te faire le cinéma qui m'est habituel, et ça me fait bizarre.
Je me rends compte qu'il est gêné. Il enfonce les mains dans ses poches en se balançant sur les talons de ses chaussures à la mode.
- Tu ne me compares pas à une fille qui mouille sa culotte quand tu fais un clin d'œil en sa direction ? lui signalé-je, ébahie. Tu me flattes, là.
- Non, en effet. (Il me confirme et, à ses risques et périls, il décide de me tester.) Est-ce que je devrais ?
Énervée, je lève les yeux au ciel. Il met les paumes de ses mains en évidence et il revient sur ce qu'il vient de me dire.
- Je ferme ma gueule ! affirme-t-il en se précipitant quand il réalise la gaffe qu'il a fait. Bordel, je ne suis pas doué.
Il met un coup de pied à un caillou du trottoir qui finit sur la route. Je hoche la tête en signe de mon approbation. Il est hors de question que je lui dise qu'il a tort parce qu'il a tout à fait raison.
- Oui, c'est le moins que l'on puisse dire. (Je choisis de mettre un terme à la conversation en tendant la main.) Bon, on fait la paix ?
Il me semble que Simon est un peu sceptique, étant donné qu'il analyse les traits de mon visage avec de la méfiance. Néanmoins, je constate que ce n'est pas le cas à l'aide de la phrase qu'il me lance.
- Au fait, tu sais qu'on n'est pas à la maternelle ?
Je grogne des injures en laissant mon bras qui tombe le long de mon corps. Il enserre mon poignet au vol et ses doigts glissent tous seuls jusqu'à ma main. J'ai des frissons quand il me regarde en la tenant dans la sienne.
- D'accord, accepte-t-il. On fait la paix.
Il répète mes termes qui sont, on peut le dire, enfantins. Maintenant, on se toise en silence tandis que nos mains sont enlacées. Je ne me rends compte de ce qui se passe qu'à ce moment-là.
- Euh... ok. (Je secoue la tête avant que je ne lâche sa main.) Alors, est-ce qu'on peut dire que l'on est amis ?
Waouh. Je ne pensais pas que ces mots passeraient la barrière de mes lèvres. Pourtant, je ne regrette pas.
- Si c'est ce que tu veux, oui.
À la façon qu'il a de me dire ça, je pense que la phrase n'a pas qu'un sens. Je tente de mettre cette idée au loin dans ma tête à l'instant où une sonnerie qui provient du téléphone de Simon se met à retentir. Il me lance un regard qui signifie que ce dernier espère un accord de ma part.
- Tu ne regardes pas de qui il s'agit ?
Il ne me répond pas, il ne fait que de placer sa main dans la poche de son jean. Au coin de sa bouche, un rictus se met en place au moment où il se centre sur le message en question. Et si une garce au nom de Pénélope lui offrait une partie de jambe en l'air et qu'il me laissait ici ? Je sais qu'il en est capable et, en me disant ça, j'ai un peu mal au coeur.
- Qui est-ce ?
Oups. La phrase se dérobe à mon contrôle et elle s'échappe parce que je ne l'arrête pas dans les temps. Il lève un sourcil, étonné. Maintenant, il est évident que la connexion entre mon cerveau et mes cordes vocales a un problème qui est de taille.
- Et qu'est-ce que ça peut te faire ? me lance-t-il en tapotant sur l'écran.
- Si tu l'as déjà oublié, je te répète que l'on est supposés être amis. (Je lâche une expiration, et je reviens sur ma parole.) En fait, tu as raison. Ça m'est égal de savoir à qui tu parles.
Agacée, je me passe la main dans les cheveux. Il me sourit, puis il me dit : "Tu en es sûre ?" avec son regard qui avoue tout de ce qu'il éprouve et, à la fois, qui n'admet rien de ce qu'il pense. À partir de là, je sais que je ne me lasserais pas de me plonger dans le noir de ses yeux. Jamais.
- Le texto que j'ai reçu est de Izzie, me sort-il tout d'un coup. Elle tenait à être certaine que je ne t'avais pas tuée et que je n'avais pas laissé ton corps au bord de la route.
Je me mets à rire. La folie de Izzie n'a pas de limites. Au final, elle a un grain et il est ce qui en fait un être à qui on s'attache.
- Je crois qu'elle n'a pas tort de se méfier. On ne sait pas ce qu'il peut se passer avec quelqu'un comme toi dans les parages, le taquiné-je. Et tu lui as répondu ?
Simon me tend son téléphone. Ainsi, il me propose de lire ce qu'il a écrit de moi-même. Tandis que je le saisis, les peaux de nos doigts se touchent. Il est en train de se marrer, étant donné qu'il m'est presque tombé des mains à son contact.
- Arrête, ce n'est pas drôle. (Je le remets à sa place et dès que je fixe l'écran, mon regard tombe au niveau du nom du contact.) Tu es sérieux ?
Il lève les yeux au ciel, et je suis morte de rire. Je ne m'attendais pas à la marque de propriété qui est en face de moi. En effet, elle est nommée avec des grandes lettres : THE QUEEN.
- Tu sais que ça ne vient pas de moi et que c'est elle qui a pensé à ce nom là, me dit-il, sûr de lui. Je ne l'ai jamais changé.
Il est dépassé, alors il hausse les épaules. Je crois que Izzie est la seule femme que Simon n'ait jamais aimé, et ça me fait de la peine. Je chasse la pensée qui n'a rien à faire là en secouant la tête. Ensuite, je me concentre sur la lecture du message.
Tu as zappé un détail : Je l'ai mise à poil et je me suis rincé l'œil avant de m'en débarrasser. Tu ne me connais donc pas, après toutes les années que tu as passé à mes côtés ? 😉
Je lève la tête et le regarde, la bouche grande ouverte. Il est plié en deux en voyant ma tête et je m'apprête à l'incendier quand le téléphone sonne dans ma main. Un nouveau message fait son apparition.
Non, parce que je ne savais pas que tu faisais dans la nécrophilie.
PS : Tu n'es qu'un enfoiré !
- Elle t'envoie des mots doux.
Je signale en tendant le bras afin de lui rendre son téléphone. Et à ce moment là, je me rends compte de ce qui est inscrit en haut.
- À ton avis, est-ce que tu peux me conduire au niveau des cabinets médicaux en moins d'un quart d'heure ?
Effectivement, son portable affiche 16h47. Je risque d'être en retard mais si on se dépêche, c'est encore jouable.
- Oui, si tu me dis que tu es décidée à perdre de ton argent pour le PV qu'on va se prendre.
Je ricane, mais j'acquiesce quand même pour lui montrer que je suis d'accord.
***
Durant le rapide trajet en voiture, la radio comble le silence. Les musiques qui passent ont des allures de rocks et je reconnais certaines mélodies populaires. A priori, Simon semble avoir de bons goûts musicaux. Il hoche la tête en rythme tandis que je tape le bout des doigts sur mes cuisses en suivant le tempo rapide. On arrive devant le bâtiment à 17h00 tapante. Je me tourne vers Simon.
- Merci, murmuré-je simplement.
- Je n'ai pas eu le choix, commence-t-il, mais de rien.
Il répond d'un ton neutre. Cet échange est tellement... bizarre. Je ne sais pas ce que je suis censée dire après toutes les paroles déjà prononcées ce soir. Je le regarde longuement avant de finalement décidé de partir de la voiture. J'ouvre la portière et je commence à sortir.
- Attends, m'arrête-t-il.
Je me retourne pour savoir ce qu'il y a mais il ne dit rien. Il m'observe seulement, dans le blanc des yeux.
- Simon... lui dis-je. Il faut j'y aille.
Je le préviens d'une petite voix, impatiente de savoir ce qu'il tient à me dire, et il secoue la tête.
- Ouais, c'est vrai. (Il pose une de ses mains sur le volant et reprend.) Je voulais juste te dire que j'étais content d'avoir mis les choses au clair avec toi. Je ne pensais que tu avais les couilles de me tenir tête, mais en tout cas je suis heureux que tu l'aies fait.
Je ne peux empêcher le sourire qui se glisse sur mes lèvres. Une citation appropriée me vient en tête.
- L'un des plus grands plaisirs de la vie consiste à faire ce que les autres vous pensent incapable d'accomplir, tu n'es pas d'accord ?
J'attends de savoir si Simon va la reconnaître et, effectivement, après quelques secondes son visage s'illumine.
- Si, je suis tout à fait d'accord. Walter Bagehot était un homme intelligent.
(Suspicieux, il se met à plisser les yeux.) Tu ne serais pas en train de tester mes références, par hasard ?
- Figure toi que si. Une fille comme moi ne peut pas adresser la parole à quelqu'un sans aucune culture, voyons.
Mon sarcasme le fait rire et je fais de même. Je me demande comment mes cris ont pu si rapidement se transformer en rires. Nous sommes sur un parking, à rire ensemble alors que l'on vient de s'injurier. Ce moment est étrange, certes, mais tellement apaisant à la fois.
- Je suis contente aussi, soufflé-je avant de définitivement quitter l'habitacle chaud. À demain.
Je referme la portière derrière moi et traverse l'air glacial jusqu'à la porte d'entrée. J'appuie sur le bouton de l'interphone correspondant au nom de mon pneumologue et en attendant que l'on m'ouvre, je jette un œil derrière moi.
Il est toujours là, et on se fixe depuis quelques secondes quand un bruit me parvient aux oreilles, m'indiquant le déverrouillage de la porte. Je la pousse afin d'échapper à la température hivernale. Alors que je me retourne pour faire un signe de la main à Simon, il est trop tard. Ce dernier est déjà parti, il n'est plus là.
*****
Je sais que le chapitre est arrivé en retard mais je n'ai pas eu le temps et la motivation de le faire avant, en étant tout à fait sincère avec vous mes chers lecteurs.
Au final, le résultat est que la partie que j'ai écrit là est celle qui fait le plus de mots alors dites moi ce que vous en pensez !
Sinon, j'ai aussi une question : En quelle classe est-ce que vous êtes entrés cette année ?
Charleen,
XO
💋
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