Chapitre 12 • Double visage
Au grand bonheur de chacune des personnes présentes, la fin du repas se déroule sans une énième querelle nous impliquant, Simon et moi. Il y a cependant un point négatif à ce calme retrouvé ; il s'agit de l'animation. En effet, pour éviter un accrochage supplémentaire, nous finissons tous nos assiettes dans le silence le plus complet.
- Ces pizzas étaient délicieuses, dis-je afin de mettre un terme au blanc qui s'est installé, à moitié par ma faute.
- Elles viennent de chez Camelo. Il est le meilleur pizzaïolo de toute la ville, m'informe Jay.
Je prends soin de bien enregistrer ce nom dans ma mémoire pour peut-être en commander une prochainement.
Je m'essuie ensuite les doigts avec une serviette en papier puis je rassemble les olives que j'ai triés et les dispose sur ce même essuie-mains. Je me lève du canapé et me dirige vers la cuisine pour le mettre à la poubelle lorsque mes yeux tombent sur l'horloge accrochée au mur et que je m'arrête net.
Je ne sais plus lire l'heure ou quoi ? Je m'y reprends à plusieurs fois pour en avoir la certitude. La petite aiguille indique le 9 et la grande se trouve sur le 5. L'heure affichée est, à coup sûr, 21h25.
Mince, je n'ai pas vu le temps passer. Je vais me faire engueuler par mon père si je rentre en retard. Il n'est pas spécialement stricte mais il ne veut pas que je rentre tard le soir quand j'ai cours le lendemain.
Je retourne dans le salon à la vitesse de la lumière et j'interromps leur conversation en me postant devant Izzie.
- Je suis obligée de partir tout de suite. Je dois rentrer avant 22 heure et il me reste à peine une demi-heure pour arriver à temps.
Je parle rapidement parce que je commence à paniquer.
- 22 heure ? Si tôt ? me demande-t-elle, étonnée.
- C'est tard pour elle, lâche Simon.
Je meurs d'envie de lui répondre mais je n'ai pas le temps pour une autre dispute, alors je ne réplique rien et me reconcentre sur Izzie.
- Tu peux me raccompagner, maintenant ?
J'insiste sur le dernier mot car il faut que l'on parte sur le champ.
- Oui, ne t'inquiète pas, me rassure-t-elle en se levant sans tarder.
Je ne m'attendais pas à autant de réactivité de sa part. J'aurais compris qu'elle prenne son temps et qu'elle n'apprécie pas que je suspende sa soirée. Izzie ne cesse décidément pas de me prouver sa générosité.
- Je reviens les gars, leur lance-t-elle après avoir vider sa bière d'une traite.
- Vu la vitesse maximale du jouet qui te sert de caisse, je pari qu'on a le temps de jouer à FIFA, se marre Simon.
- Largement. On peut même faire deux matchs, renchérit Jay.
- Ah ah. Très drôle, ironise leur amie en attrapant ses clés de voiture sur la table basse.
- Merci de m'avoir demandé de venir, Jay.
Je le salue de loin, ne voulant pas m'éterniser avec des embrassades.
- De rien, ma jolie. Tu peux revenir quand tu veux.
Je lui réponds que ce serait avec grand plaisir mais, même si ma réponse est sincère, elle est avant tout destinée à énerver une dernière fois Simon avant mon départ.
- À plus tard, les pèquenauds ! gueule Izzie en se dirigeant vers la porte d'entrée.
Sans même adresser un dernier regard à Simon, je la suis vers la sortie. Je refuse de lui dire au revoir après avoir été gratifiée de ses piques bien sentis. Surtout qu'en y repensant, il ne m'a même pas dit bonjour.
J'imite Izzie lorsqu'elle franchis le seuil de la maison et sort à l'extérieur. À ma grande surprise, au moment où je referme la porte derrière moi, des mots venant de l'intérieur et qui me sont destinés me parviennent aux oreilles.
- Au revoir, Éléanore ! cri Simon à mon intention, telle une ultime provocation.
***
Le début du trajet pendant lequel Izzie me ramène chez moi, guidée par le GPS de son téléphone, se fait en silence. Enfin pas exactement, puisque le chauffage vétuste qui tourne à plein régime émet un petit bruit constant. Ce son habituellement dérangeant ne l'est pas maintenant car, premièrement, sans une quelconque source de chaleur lors d'une nuit d'hiver il est impossible d'éviter l'hypothermie et, deuxièmement, un silence total après une soirée aussi merdique que celle-ci serait encore plus déprimant.
- À quoi tu penses ? me questionne la conductrice, donnant fin à cette atmosphère inconfortable.
- Je pensais justement que ce silence était pesant.
Izzie me lance un regard en coin et, me remarquant rembrunie, elle ôte une de ses mains du volant pour me secouer doucement l'épaule.
- Il y a quelque chose qui ne va pas ? m'interroge-t-elle, inquiète.
J'ai seulement gâché la soirée de trois personnes, à part ça tout va bien, pensé-je ironiquement.
Je n'aurais jamais dû accepter la proposition de Jay ce matin. Au fond de moi, je savais pertinemment que ce rendez-vous ne se passerait pas comme je l'espérais. C'est pour cette raison que j'appréhendais autant ; j'avais un mauvais pressentiment.
Malheureusement pour moi, mon intuition s'est avérée exacte. Je suis à l'origine du fiasco qu'a été cette soirée et, pour couronner le tout, j'ai entraîné un conflit entre deux amis très liés.
- Pas mal de choses oui, mais c'est surtout que je culpabilise du fait que tu te sois fâchée avec Simon à cause de moi.
- Ce n'est pas de ta faute mais de la sienne. (Elle secoue la tête, comme exaspérée du comportement agressif de de son ami.) La cruauté de ses remarques ne faisait que monter crescendo. Je ne pouvais pas le laisser t'enfoncer davantage.
- Je ne m'attendais pas à ce que tu intervienne, confessé-je honnêtement. Tu n'étais pas obligée de prendre ma défense.
- Je me voyais mal ne pas le faire. Je savais que tu n'oserais pas lui rendre la monnaie de sa pièce alors je l'ai fais à ta place en lui clouant le bec.
Izzie termine sa phrase en haussant les épaules, comme si ce qu'elle avait fait était tout à fait normal.
- Je t'en remercie.
Elle se tourne légèrement vers moi, détachant son regard de la route un instant, et je lui adresse un sourire reconnaissant.
- Tu penses qu'il va t'en vouloir longtemps de m'avoir informé de sa passion ? je demande, espérant que sa réponse atténuera ma culpabilité.
Un petit rire lui échappe à l'entente de mon interrogation. Elle est visiblement amusée par ma question.
- Ne t'inquiète pas pour ça, il ne m'en veut déjà plus.
Je fronce les sourcils, étonnée par sa réponse. Je ne pensais pas que Simon était quelqu'un qui pardonnait facilement.
- Vraiment ? je me permets d'insister, perplexe.
- Tu sais, lui et moi, on est inséparables. On se connaît depuis pratiquement toujours parce que l'on a grandi ensemble alors autant te dire que, du coup, des occasions pour s'engueuler, on en a eu des tonnes. Et tu peux me faire confiance, on n'en a pas manqué une seule. (Elle ricane, perdue dans les souvenirs de leurs chamailleries quotidiennes.) C'est bien connu, entre frères et sœurs on s'insulte la plus part du temps, et bien considère qu'entre nous deux c'est pareil. Tu n'as pas à t'en faire, Simon et moi, on se pardonne tout.
J'observe attentivement Izzie tout au long de sa déclaration. Son regard est posé sur la route mais on dirait qu'elle ne la voit pas, tant elle est absorbée par ses propres paroles relatant son amitié. Elle est tellement impliquée dans son récit qu'il est impossible de douter de l'amour qu'elle porte à son ami.
- Tu as l'air si fière d'avoir Simon dans ta vie.
Mes mots sonnent peut-être comme une question, mais ils n'en sont pas une. C'est un constat.
- Parce que je le suis, confirme-t-elle. Je comprendrais que tu doutes de ce que je vais te dire mais c'est pourtant la vérité : Simon a un bon fond. (Elle marque une pause pendant laquelle elle pousse un long soupir.) Il devrait simplement laisser plus de personnes le savoir.
Malgré l'attitude odieuse que Simon adopte avec moi, je sais que ce qu'elle affirme est vrai. Je ne suis pas bête, je devine facilement que ce n'est pas parce qu'il est infecte avec moi qu'il l'est avec quiconque l'approche. Il est évident que ses amis tiennent à lui et que, par conséquent, il se montre aimable avec eux.
- Je n'en doute pas. Je ne fais simplement pas partie du petit nombre de personnes privilégiées à qui il donne la chance de le découvrir.
Izzie tourne brusquement sa tête pour me regarder. Elle s'apprête à rire, mais elle se ravise en constatant que ce n'est pas mon cas.
- Tu es sérieuse ? me demande-t-elle, sidèrée par mes propos.
J'appuie mes dires d'un hochement de tête convaincu.
- Pourtant je pensais que... (Ma confirmation la laisse quelques temps sans voix.) Je pensais qu'après tout ce qu'il t'avait fait subir, tu ne voyais que son mauvais côté.
- C'est le seul qu'il me montre, nuance, la corrigé-je.
Au vue de son expression déroutée, ma position non-offensive vis à vis de Simon l'a stupéfie.
Quand elle tourne à droite dans un carrefour et que nous nous retrouvons dans la rue de mon immeuble, Izzie se met à sourire toute seule devant la route.
- Je ne me suis décidément pas trompée sur toi, Éla !
*****
Le chapitre en dévoile plus sur la relation que partage Izzie et Simon. Faites moi part de votre avis sur cette amitié et sur le point de vue de la personnage principale en ce qui concerne le double visage de Simon.
Les prochaines parties s'intéressent aux meilleures amies que sont censées être Andréa et Éléanore. Les rebondissements qui vous attendent sont nombreux !
Je compte répondre à vos commentaires pendant que je regarde "Le meilleur des 4/3" sur mon ordinateur. En parlant de ça, dites-moi si il y a des Fanzouzes parmi vous 😝
Charleen,
XO
💋
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