Louise jeta le CD de Queen derrière elle, sans prêter attention à l'endroit où il allait atterrir. De toute façon, il y avait peu de chance que quelqu'un fasse le lien entre la voiture « accidentée » à quelques kilomètres de là et un disque de métal rayé perdu dans l'herbe.

Camille lui avait tout de même demandé un peu d'effort. Il avait fallu qu'elle remette de l'essence dans le réservoir, afin de conduire la Jeep à un endroit favorable. La suite avait été habituelle. Défaire le frein à main, voir la voiture partir dans la descente. Puis entendre la tôle rencontrer un arbre. Quel merveilleux son c'était.

Louise avait tout de même eut droit à un petit bonus. De l'endroit où elle se situait, elle avait pu voir les flammes qui commençaient à ravager l'habitacle.

Elle marchait depuis une bonne demi-heure, et commençait à avoir mal aux pieds. Et puis elle déboucha sur une route. Un lampadaire solitaire éclairait la voie.

La brune s'installa à ses côtés et sortit son petit carnet bleu pour l'ouvrir à la dernière page recouverte d'encre. Un déclic brisa le silence de la nuit lorsqu'elle appuya sur le bout de son stylo. Sur une nouvelle ligne, la brune inscrivit un petit « C », suivi de la date du jour, avant de ranger le tout dans la poche de son sac.

Elle jeta un coup d'œil au petit zèbre métallique accroché à une boucle de son sac. Elle emportait toujours un petit quelque chose. Souvent un objet qui lui avait plu. Et elle avait jeté son dévolu sur le porte-clés. Elle le trouvait mignon.

Elle aurait aussi pu garder le fameux CD. Elle avait adoré chanter à tue-tête avec Camille. Elle croisa les doigts pour rencontrer quelqu'un comme cette dernière, quelqu'un avec qui elle pourrait se sentir autant en confiance.

Louise débordait de bonheur. Ça avait encore été une réussite. Elle avait encore ressenti cette magnifique sensation, cette impression d'agir, de jouer un rôle dans la vie de quelqu'un. Elle n'était pas seulement spectatrice. Elle était actrice.

Au loin, les phares d'une voiture l'éclairèrent. La jeune femme sourit. Elle tendit le bras et leva son pouce. Le véhicule s'arrêta dans un crissement de freins près d'elle, et elle se dirigea vers la portière passager, avant de l'ouvrir et de s'asseoir. La voiture redémarra dans la nuit noire, laissant comme seul indice de son passage la marque des pneus sur le bitume.

Louise était de bonne humeur. Il allait bientôt falloir qu'elle achète un nouveau carnet. Le dernier en date allait bientôt être terminé.

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