Première partie - ➋

À ma grande surprise, l'animal que j'avais caressé quelques instants plus tôt vint à ma rescousse. Grognant férocement sur mon attaquant, il le repoussa, me libérant ainsi de la menace sombre qui pesait sur moi. Je pus enfin bouger de nouveau, même si ma peur me tordait toujours les entrailles. Mon coeur semblait sur le point d'exploser. Les deux loups se faisaient fasse, grognant de manière terrifiante. Pourtant aucune violence ne transparut entre eux. Chacun essayait d'imposer son choix à l'autre tout simplement.

Je pris conscience que j'étais assise bêtement à les regarder.

Je devais foutre le camp, vite !

Je me remis debout en manquant de retomber avant de m'enfuir en courant. Je ne regardais même pas derrière moi si on me poursuivait. Je voulais juste être loin de ces loups, surtout ce loup noir. Courant à en perdre haleine, je traversais les bois sans réellement savoir si je retournais au point de départ de toute cette histoire où si je m'enfonçais encore plus loin dans l'étendue d'arbres. Mon pied se prit dans une racine qui dépassait plus que les autres, me faisant chuter sur le sol. Silence totale dans les environs, tout ce que j'entendais c'était ma respiration saccadée et rapide. Mon poumons me brûlaient. Mollement, je roulai sur le dos pour observer la cime orangée des arbres qui me surplombaient de toute leur hauteur.

Je n'avais jamais rencontrer de loups avant et ma première expérience avec eux avait été... tellement étrange. J'espérais que ça n'arrive plus jamais. Si ce loup blanc s'était montré presque... mignon, ce qui avait suivit m'avait laissé un sentiment d'intense terreur. Alors non, cette forêt n'était maléfique, mais il y avait bel et bien des loups qui y vivaient en maître.

Après avoir repris mon souffle, je me remis sur pied, retirant les quelques feuilles qui étaient venue se loger dans ma chevelure rouge. Mes yeux scrutèrent ensuite vivement les alentours, comme l'aurait fait un animal apeuré, mais il n'y avait plus rien. J'étais complètement seule. Ce qui me rassura grandement. Je ne voulais pas prendre le risque d'un nouveau tête à tête avec une bête sauvage. Je ne connaissais pas cette partie des bois, mais je ne pouvais pourtant pas rester ici. Je me mis donc en quête d'un chemin familier qui puisse me conduire jusqu'à la maison de mon cher cousin. Je te ferai ta fête un jour, Méphisto, me jurai-je à moi-même. Je ne savais pas combien de temps j'avais marché entre les arbres, mais ce ne fut qu'à la tombée de la nuit que je vis briller les lumières de la maison de l'ermite.

Un long soupir de soulagement passa la barrière de mes lèvres alors que je me précipitai pour aller frapper à sa porte avec force. J'attendis pendant presque deux minutes, alors que j'allais à nouveau abattre mon poing contre la porte, celle-ci s'ouvrit enfin sur mon cousin. Méphisto était un jeune homme de vingt-cinq ans, il était donc plus âgé que moi, avec de long cheveux blancs, une peau pâle, des yeux fin qui lui donnait un air de... je ne sais pas trop quel animal, renard peut-être. Il était assez grand, mais avec un corps délicat. Et il portait des lunettes rondes lui donnant un air savant. Cependant ce qui m'avait toujours laissée perplexe chez lui, c'était la couleur dorée de ses yeux. Je ne savais même pas que c'était possible. En bref, tout comme moi, c'était un original, sauf que lui avait décidé de ne pas subir les moqueries des autres villageois.

— Tu en a mis du temps, rouspéta mon cousin.

— Laisse-moi rentrer ou tu boufferas de la terre.

Je n'allais certainement pas lui conter ma mésaventure. Egocentrique comme il l'était, il n'en aurait rien à faire. Il plissa légèrement les yeux d'agacement face à ma manière de parler, il obtempéra pourtant. Parce qu'il savait que je ne plaisantais pas quand je lui disais qu'il mangerait de la terre si il ne coopérait pas. Je m'introduisis donc dans sa maison, elle était comme toujours pleine à craquer d'ouvrages en tout genre. Méphisto avait beau avoir un caractère totalement imbuvable, c'était un puits de savoir, c'était bien la seule qualité que je lui trouvais. Bien que enfants, c'était différent, nous étions plutôt proches. Tout avait changé quand nous avions grandi. Je déposai le panier sur la table, à côté d'une pile de bouquins qui menaçait de s'écrouler à tout moment. Je me permis ensuite de m'asseoir près du feu crépitant dans l'âtre.

J'observais les flammes danser et crépiter, m'asseoir me fit me rendre compte que ce qui m'était arrivé m'avait fatiguée bien plus que ce que je n'aurais pu croire. Le génie contrôlait ses denrées et bien entendu, le fait que ce ne soit pas comme d'habitude ne lui échappa pas. Son regard inquisiteur se posa sur moi, mes yeux virent rencontrer les siens à la couleur si particulière. Lentement et de manière élégante, il désigna de sa main gantée le colis incomplet que je venais de lui livrer.

— Pourquoi est-ce qu'il manque des choses, Luci ?

— J'ai eu un petit accident de parcourt...

Le souvenir du dit accident provoqua une violente vague de peur en moi, mes poils se dressèrent tous très rapidement. Les grognements et l'attitude menaçante de ce loup noir s'étaient imprégnés dans ma peau, c'était une sensation particulièrement désagréable.

— Incident de quel type pour que ma nourriture disparaisse ? insista l'achromatique, visiblement décidé à savoir.

Ça faisait deux minutes que j'étais là et il me pompait déjà l'air. Pourquoi devait-il toujours être aussi insupportable ? Je lui jetais un regard courroucer, il ne scia pas pour autant. Franchement ne pouvait-il pas tout simplement prendre ce qu'il avait là ? Il avait largement de quoi faire pour le reste de la semaine, surtout que j'étais certaine qu'il restait encore de ce que je lui avais apporté la semaine précédente.

— Une rencontre fortuite, me contentais-je de lui répondre. Si tu n'es pas content, tu n'auras cas aller te plaindre à celui qui à voler ta nourriture.

Je n'eue, en retour, qu'un mouvement de tête dédaigneux. J'avais envie de lui enfoncer son joli petit visage dans un mur. J'avais failli me faire déchiqueter par un loup pour qu'il ne meure pas de faim et il me prenait de haut en plus. Je l'observais s'éloigner avant de tourner le regard en direction de la fenêtre. L'extérieur était maintenant complètement sombre. Les dernière lueurs du jour ayant complètement disparu derrière les feuillages. En temps normal, je n'aurais pas été effrayée à l'idée de traverser cette forêt pour rentrer chez moi, mais j'avais la crainte de voir surgir deux yeux bleus des ténèbres de la nuit.

— Méphisto, est-ce que je peux rester ici ce soir, s'il te plait ? tentai-je, espérant un miracle.

— Non.

J'aurais dû m'en douter.

— D'ailleurs, tu devrais partir, j'attends quelqu'un ?

— Pardon ?! Tu attends quelqu'un ? Toi ?

— Dehors, trancha-t-il sans la moindre compassion.

Je ne tentai même pas de discuter, ça n'aurait mené qu'à une dispute où je gaspillerai ma précieuse énergie déjà bien entamée. Je me levais du fauteuil où j'étais assise et rejoignit la porte. Je quittai sa demeure sans même le saluer, claquant derrière moi la porte et au passage je ne me gênais pas pour voler une des lampes à huile lui servant à éclairer, il me devait bien ça. Je n'avais pas l'intention de m'éloigner du chemin cette fois-ci. J'avais pourtant la terrible impression qu'il allait se passer quelque chose. Mon sang battait dans mes tempes au même rythme que mon coeur. Rythme qui ne cessait de s'accélérer. Je ne pus m'empêcher de regarder par dessus moi à plusieurs reprise.

— Ne sois pas paranoïaque Luci, tu es seule ici, murmurai-je à ma propre attention.

Si seulement j'avais eu raison.

Un grognement sourd raisonna sur ma droite, glaçant mon sang dans mes veines. Des sueurs froides glissèrent le long de ma nuque et de mon dos. J'aurais dû courir sans attendre, pourtant je ne pus me retenir d'éclairer en direction du bruit terrifiant.

Je regrettai immédiatement geste.

Un loup, aussi grand que les deux que j'avais rencontré plus tôt dans la journée, ses yeux dorés me fixaient de manière dangereuse alors que ses babines retroussées mettaient en avant ses crocs prêts à tuer. Les larmes me montèrent aux yeux et je me mis à courir. Je ne pus aller très loin, à peine deux enjambées que je sentis quelque chose heurter très précisément le milieu de mon dos, me faisant tomber face contre terre alors que le cri que je poussai à ce moment là raisonna dans toute la forêt certainement. La lampe s'en était allé plus loin, pile là où je ne pouvais plus l'atteindre. Bien que le son menaçant se trouvant tout près de mon oreilles me dissuada de tenter quoi que ce soit. Je ne comprenais pas pourquoi ces animaux s'en prenaient à moi maintenant, il ne s'était jamais rien passé autrefois pourtant.

Je sentis le souffle chaud s'éloigner de mon oreille, il me piétina sans ménagement, je pouvais sentir son museau frôler mes jambes jusqu'à ce qu'il le plante sur mon derrière. Encore ça. Je l'aurais volontiers chassé comme je l'avais fais avec le loup blanc, mais celui-ci me blesserait à coup sûr. Je le laissais donc me renifler la croupe. Mes mains crispées contre la terre sous moi. Je sentis une léger relâchement au bout de quelques minutes, ce qui, bêtement, me poussa à vouloir fuir. Un nouveau son bestial échappa au canidé qui mordit fermement dans ma robe en tentant de se saisir de ma jambe.

Un long bruit de déchirement raisonna dans le silence nocturne.

J'étais parvenue à m'emparer de nouveau de la lampe, mais n'avais pu que m'adosser contre un arbre pour faire face à la bête. Je préférais voir la mort en face plutôt qu'il plante ses dents dans ma nuque et me la brise. Menaçant, il s'approcha lentement, prêt à bondir. Je fermai fortement les yeux alors que des perles salées se mirent à dévaler mes joues. Le souffle chaud revint me caresser les joues, intensifiant la terreur qui coulait dans mes veines.

Il grogna encore.

Ça déclencha quelque chose chez moi.

Rouvrant les yeux, je redressai la tête pour lui grogner dessus, bien que ce soit à un niveau humain évidemment. Cela fut assez pour le faire sursauter et reculer légèrement. J'avais toujours aussi peur, mais je ne voulais pas finir comme ça, je n'estimais pas avoir fait quelque chose pour contrarier ce loup. Il m'observa de manière hargneuse, tout en abaissant la tête pour tenter de venir de nouveau coller son museau à moi, sauf que je ne fus pas d'accord. Je le repoussai assez brutalement, ce qui me valu un nouveau grognement menaçant.

— Dégage ! aboyais-je férocement. Je sais pas ce que tu me veux, mais barre-toi ! Je n'ai rien à t'offrir !

Ses oreilles se plaquèrent vers l'arrière alors qu'il se chargea de déchirer un peu plus ma robe déjà bien amochée. Me retrouvant avec une grande partie des jambes à l'air libre, je serrais les cuisses en remontant partiellement mes membres dénudés. Il tenta encore de me sentir et je ne me montrai pas plus coopérative que la fois précédente. Ce qui paraissait réellement l'agacer. Il faisait des allers et retours devant moi sans me lâcher du regard. Qu'est-ce que c'était que ce comportement encore ?!

— Tu peux bien tourner en rond autant que tu veux, je n'écarterai pas les jambes mon gros, assurais-je en l'observant aussi, je ne suis pas une fille facile.

C'était totalement ridicule comme remarque, c'était un loup, j'étais une humaine, ce n'était clairement pas ce qu'il cherchait, mais je n'avais pas pu m'empêcher de faire une remarque de cet acabit.

— D'ailleurs qu'est-ce que tu me veux ? Il fait nuit, je veux juste rentrer chez moi !

Je n'eue droit qu'à un léger claquement de dents pour réponse. Ce qui me fit soupirer de lassitude.

— Voilà que je me retrouve à parler avec un loup, je dois vraiment être désespérée...

Il s'approcha de nouveau, toujours avec expression mauvaise. Pourtant je fis quelque chose d'insensé à ce moment là. Je portais ma main au niveau de sa tête pour tenter de le toucher.

J'aurais du m'abstenir.

Il me mordit. M'arrachant un petit cri de douleur. Il me relâcha pourtant très rapidement. De minces filets de sang s'échappèrent des perforations qu'il venait de me faire. J'observais le liquide carmin, alors que ma bouche se tordait en un rictus agacé. Je l'avais bien cherché ça, mais bon, il avait été encore gentil, ça aurait pu être pire. Relevant les yeux, ils plongèrent tout droit dans ceux de l'animal en face de moi, il avait rangé ses dents mais me dévisageait toujours avec autant d'agressivité. J'ouvris la bouche pour dire encore quelque chose, mais je n'en eue pas le temps.

Un long hurlement raisonna dans la nuit.

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