Chapitre 75

Isoko était assis sur le banc d'un parc de Konoha. Le jeune garçon observait son environnement, nonchalant. Tout autour de lui était maintenant familier. Cela faisait déjà plusieurs semaines qu'il était au village caché des feuilles avec son père. Le Ketsui était maintenant habitué à ce qui l'entourait.

Venir dans ce parc après le marché était devenu une habitude. Il prenait une pause, loin de la foule. Au-delà de vouloir se reposer, cet endroit était devenu son point de rencontre avec Fuyomi. Même si Isoko avait du mal à l'admettre, il était devenu ami avec la jeune fille.

Au départ, il avait été plutôt réticent. Le garçon se comportait de façon froide et distante. Cependant, sous les réprimandes de son père et la persévérance de Fuyomi, Isoko s'était peu à peu ouvert. Aujourd'hui, ils étaient de bons amis qui passaient la majorité de leur journée ensemble quand Fuyomi n'était pas à l'académie et que Isoko n'était pas sur le marché.

— Isoko ! Appela Fuyomi au loin.

La jeune fille courue dans la direction du Ketsui, heureuse de le voir. Elle prit place à ses côtés avant d'entamer une discussion. Le duo parlait de leur journée respective et des tracas qu'ils avaient pu rencontrer. Isoko parlait de certains clients désagréables quand Fuyomi se plaignait de certains élèves de sa classe. Ces discussions leur permettaient de faire ressortir les frustrations de la journée tout en passant un bon moment ensemble.

— Dis Isoko, quand est-ce que vous repartez ton père et toi déjà ? Questionna soudainement Fuyomi.

Si la jeune fille posait cette question, c'était parce que Isoko avait signalé que le moment du départ était probablement proche. Son père ne lui avait rien dit, toutefois, ayant l'habitude, Isoko savait que la fin d'un mois signifiait généralement le départ. Étant à présent ami avec Fuyomi, il avait préféré lui signaler. Même si cela avait attristé la fille, ils s'étaient promis de s'échanger du courrier dès que possible.

— Pour te dire la vérité, mon père ne m'a rien dit pour le moment. Peut-être qu'il veut rester un peu plus longtemps pour continuer de vendre. Après tout, Konoha est une grande nation qui nous amène pas mal de clients.

— Mais s'il ne t'a rien dit, comment tu peux être aussi certain que tu partiras bientôt ?

— L'habitude. C'est toujours vers la fin du mois que nous partons pour d'autres villages.

— Dans ce cas, si ce que tu dis est vrai, j'espère qu'on continuera quand même de se parler avec des lettres ! S'exclama Fuyomi.

— On a fait une promesse et je tiens mes promesses.

Le duo continua à parler jusqu'à ce que l'heure de se séparer arrive. Fuyomi retourna à l'académie tandis que Isoko décida de trouver son père. Avec la discussion qu'il avait eue, le Ketsui se rendait compte qu'il était étrange que son père n'ai toujours pas parlé de leur départ de Konoha. En général, les deux âmes rouges restaient pour une période donnée puis ils repartaient vers d'autres nations pour surveiller les autres Jinchuriki. Ils tournaient avec les autres membres du clan pour que les hôtes à démon soient constamment sous leur surveillance.

Isoko trouva son père dans la chambre d'auberge. Il regardait des parchemins et semblait pleinement concentré dans ce qu'il faisait. Il fallait quelques minutes avant que l'homme lève les yeux vers son fils. Au vu de l'expression de Isoko, le père se doutait que son enfant voulait lui demander quelque chose. Ce dernier rangea ses parchemins puis tourna sa complète attention vers son fils.

— Isoko, tu n'es pas dehors ? Tu veux me demander quelque chose ? Questionna l'adulte.

— Oui, quand est-ce que nous repartons père ? D'habitude, tu me donnes la période de départ et la prochaine destination mais là, ce n'est pas comme d'habitude, répondit Isoko.

Un silence répondit au jeune garçon. Son père semblait réfléchir à ce qu'il allait dire à son fils. Il avait pris une décision, en concertation avec les autres membres du clan. Cependant, l'homme n'avait pas demandé l'avis d'Isoko. Pour cette raison, le père se demandait comment son enfant allait réagir puisque sa décision sortait de la routine que Isoko connaissait depuis la petite enfance. Est-ce que cela n'allait pas fortement le perturber ? D'autant plus que Isoko aimait voyager et voir les différents paysages du monde ninja.

— Nous ne repartirons pas Isoko, annonça soudainement le père.

— Quoi ? S'exclama Isoko.

— Nous ne repartirons pas, nous allons vivre ici . J'ai fait une demande auprès de l'administration de Konoha pour que nous puissions obtenir la citoyenneté et que nous nous installions.

— Mais c'est insensé ! C'est trop risqué pour nous de rester ici ! On fait quoi si les habitants de Konoha découvrent nos origines ? D'ailleurs, les autres Ketsui sont d'accord ? S'exclama le jeune garçon.

— C'est eux qui m'ont suggéré de prendre cette décision. Nous ne serons pas les seuls à nous sédentariser Isoko. D'autres membres vont s'installer dans des villages pour surveiller les jinchuriki de près. Nous avons tous réfléchi et nous sommes venus à la conclusion que nos constants voyages ne peuvent pas assurer une constante protection des hôtes à démons. Avec toutes les tensions qui règnent entre les nations en ce moment, il est mieux que quelqu'un soit toujours près des hôtes en cas de problèmes pour le moment.

— Ah oui et comment on va faire pour les protéger sans éveiller de soupçons ? On est censé être des vendeurs, pas des personnes capables de se battre et d'utiliser le chakra !

— Nous allons devenir des ninjas pour Konoha.

— Alors quoi ? Je vais aller à l'académie et tu vas passer des tests ? C'est n'importe quoi ! Je ne veux pas devenir ninja et prendre le risque qu'on découvre un jour l'existence des Ketsui ! Au moment où ils découvriront qui on est, ils nous tueront sans une once de pitié ! Regarde notre clan, le nombre de membre se compte sur les doigts d'une main et on va ne faire qu'empirer la situation en s'installant dans les nations !

— Mais devenir des habitants actifs de ces villages pourrait aussi favoriser notre situation ! Dans le cas où ils découvriraient nos pouvoirs, ils pourraient voir que nous sommes utiles à leur nation et ils pourraient peut-être même rejoindre ce pour quoi on se bat.

— Père, tout ça c'est de l'utopie. Jamais personne ne nous acceptera comme nous sommes.

Isoko ne laissa pas son père lui répondre. Il quitta précipitamment la chambre d'auberge, bouleversé par l'annonce. Comment pourrait-il rester à Konoha ? C'était beaucoup trop dangereux. Il vivrait dans la constante angoisse que quelqu'un découvre qui il était vraiment. Il ne voulait pas vivre de cette façon et pourtant, il allait devoir subir la décision de son père. Le jeune garçon avait la possibilité de partir mais il ne pouvait pas se résoudre à laisser son père seul à Konoha. Peut-être que Isoko était trop peureux et que finalement tout se passerait bien. Pourtant, le clan Ketsui avait connu tellement de tragédie dans son histoire que le jeune garçon avait du mal à imaginer que cela finirait bien.

Ce dernier passa le reste de la journée à vagabonder dans Konoha. Il réfléchissait à tout ce que son père lui avait dit et sur le fait qu'il devait accepter la situation pour mieux y faire face. Perdu dans ses pensées, Isoko sortit de sa réflexion quand quelqu'un apparu juste devant lui. Le jeune garçon les yeux pour voir Fuyomi. Les cours à l'académie devaient être terminés depuis un moment.

— Je t'ai cherché partout ! J'ai croisé ton père et il m'a dit que vous vous étiez disputé et qu'il ne t'avait pas revu depuis, dit la fille.

— Désolé, j'étais dans mes pensées et je n'ai pas vu le temps passé, avoua Isoko.

— Tu n'as pas à t'excuser, c'est normal que tu sois dans tes pensées après t'être disputé avec ton père. Si jamais tu as besoin de partager ton ressenti avec quelqu'un, je suis là.

Isoko regarda quelques secondes son interlocutrice. Même s'ils se connaissaient depuis peu, Fuyomi était toujours là pour Isoko. Le garçon appréciait sincèrement Fuyomi en tant qu'amie. Elle essayait de comprendre sans être trop intrusive. Un petit sourire étira les lèvres du Ketsui. Peut-être que rester à Konoha ne serait pas si mal.

— Tu sais tout à l'heure, on a parlé de mon départ, commença Isoko.

— Oui ?

— Eh bien mon père a révélé que finalement nous ne partirons pas. Nous restons à Konoha pour de bon.

— Et donc tu n'es pas content de rester ?

— C'est simplement que moi et mon père on voyage de village en village depuis que je suis tout petit. C'était le mode de vie dont j'avais l'habitude. Maintenant, il annonce soudainement qu'on ne voyagera plus. Ça m'a fait un choc.

— Ne t'inquiète pas Isoko. Je t'aiderais à t'habituer à la vie de Konoha. Tu verras, il y a des trucs chouettes dans le village.

— En fait, ce n'est pas vraiment habiter dans le village dont j'ai peur. C'est devenir ninja de Konoha que je redoute.

— Comment ça ? Toi et ton père vous êtes capable de manipuler le chakra ? Question Fuyomi surprise.

— Oui et mon père souhaite devenir ninja pour Konoha. Je veux suivre ses traces mais j'avoue que j'ai un peu peur.

— Je suis certaine sur tout se passera bien Isoko. Pourquoi est-ce que ça se passerait mal ? Ne t'inquiète pas pour l'académie, je serais là pour t'aider !

Le problème n'était pas l'académie. Isoko avait peur que Konoha découvre ses capacités. Que se passerait-il si le village apprenait qu'il existait un autre clan aux yeux héréditaires et qu'ils étaient même capables de remonter le temps ? Le jeune garçon ne voulait même pas imaginer. Des gens voudraient probablement s'emparer de leurs pouvoirs et cela provoquerait des conflits qui aboutiraient à la destruction des Ketsui.

Le simple fait d'imaginer toutes ces conséquences provoquait une certaine angoisse chez Isoko. Les Ketsui vivaient dans la constante peur d'être découvert. Cependant, c'était la vie que le clan avait décidé de mener parce que les âmes rouges n'avaient pas trouvé de meilleures solutions.

Toutes ces pensées polluèrent l'esprit de Isoko jusqu'à son premier jour à l'académie. Son père avait complété tous les papiers administratifs nécessaires et il passait à présent des épreuves pour devenir ninja. En sachant les difficultés que devait traverser son père, Isoko devait être fort pour faire honneur aux efforts de son père.

À présent debout devant toute une classe, le nouveau senseï du jeune homme le présentait à ses camarades de classe. Les pupilles rouges de Isoko scannèrent la salle, analysant la moindre chose suspecte. Ce dernier répara dans un premier temps Kushina Uzumaki. Elle serait la nouvelle hôte de Kyubi et devait donc être surveillée. C'était la première raison de la présence de Isoko à l'académie.

Le Ketsui repéra aussi Fuyomi dans le groupe. Il la salua dans un léger mouvement de tête. Isoko ne voulait pas rendre son amitié avec Fuyomi visible par la classe. Il avait peur que cela nuise à son amie. Les Ketsui n'avaient jamais bonne réputation à l'école et Isoko savait qu'il n'échapperait pas à cela. Le jeune garçon percevait déjà les mauvais regards de certains élèves. Ils semblaient ne pas apprécier les pupilles rouges d'Isoko. Le jeune garçon n'y prêta pas attention. Après la présentation, il prit place et se mit à écouter le cours. Il sentait les regards des élèves sur lui mais le Ketsui resta silencieux à ce sujet. Fuyomi observait son ami, inquiète. Elle n'aimait pas la façon dont les autres se comporter envers lui. Elle espérait que Isoko puisse s'intégrer et se faire de nouveaux amis malgré ce mauvais départ.

Le début de matinée passa assez rapidement et la liberté de la récréation tira les élèves de leurs salles de classe. Pour la première fois, Isoko voyait à quoi ressembler une cour d'école. C'était étrange de voir autant d'enfants réunis à un seul même endroit. Ils jouaient tous à des jeux différents et même à cet âge, des groupes étaient déjà formés. En fait, le jeune garçon avait l'impression de voir le monde des adultes en taille réduit. C'était vraiment étrange.

— Je te trouve enfin ! S'exclama soudainement une voix derrière Isoko.

Le brun se tourna ne reconnaissant pas la voix qui lui parlait. Le Ketsui ne savait pas si c'était une ironie du sort mais face à lui se tenait Kushina, celle sur qui il devait garder un œil. Le jeune garçon devait avouer qu'il ne comprenait pas pourquoi la Uzumaki venait soudainement lui adresser la parole. Depuis qu'il était en récréation aucun enfant ne venait lui adresser la parole.

— Kushina c'est ça ? Dit l'âme rouge.

— Oh tu as retenu mon prénom ! Alors ça veut dire que toi aussi tu voulais devenir ami avec moi ? Répondit la jeune fille.

— Quoi ?

— Tu sais quand je t'ai vu arriver, ça m'a fait penser à moi quand je venais d'arriver ici. Les élèves ont l'air d'être méchant avec les nouveaux et particulièrement ceux qui ne sont pas originaires de Konoha. Je me disais qu'on pourrait se serrer les coudes et devenir ami !

C'est vrai que maintenant qu'il y pensait, Isoko possédait des points communs avec Kushina. Il n'était pas originaire de Konoha et leurs particularités physiques attiraient un peu trop l'attention. Même s'il n'était présent que depuis aujourd'hui en classe, Isoko avait entendu les commentaires désagréables de certains élèves sur la chevelure de Kushina. On dirait que le rouge, qu'il soit dans les cheveux ou dans les yeux, n'était pas une couleur appréciée.

— Alors devenons amis dans ce cas, dit Isoko dans un petit sourire.

— C'est vrai ? Super ! S'exclama l'Uzumaki heureuse.

Alors que Isoko continuait à discuter avec la jeune fille, ce dernier remarqua qu'un élève dans la cour le fixait avec insistance. L'élève en question avait des cheveux blonds en pic et ne cessait de regarder dans leur direction. Plongée dans leur échange, Kushina finit elle aussi par remarquer le blond. Au moment où la fille croisa son regard, ce dernier tourna la tête embarrassé. L'Uzumaki ne put s'empêcher de rouler des yeux.

— Il est dans notre classe non ?

— Oui c'est Minato Namikaze mais ne fait pas attention à lui, il est bizarre.

— Bizarre ? Répéta Isoko dans un froncement de sourcils.

— Oui il me jette souvent des regards en croyant que je ne le vois pas. Il doit bien se moquer de moi avec ses amis.

— Tu penses vraiment qu'il se moque de toi ?

— Je ne vois pas ce que cela pourrait être d'autres.

Le reste de la journée se déroula sans d'autres encombres. Isoko ne put s'empêcher de lâcher un soupir de soulagement quand il traversa les grilles de l'école à la fin de la journée. Ce premier jour était enfin terminé, il allait pouvoir rentrer chez lui. Enfin, c'est ce qu'il pensait avant que Fuyomi arrive. La jeune fille s'était tenue à l'écart pour laisser Isoko s'habituer, cependant, elle n'avait pas pu s'empêcher d'être inquiète pour lui.

— Alors cette première journée ? Questionna Fuyomi.

— Fatiguante, avoua Isoko.

— C'est vrai que les premières journées sont toujours les plus difficile mais ça devrait aller avec le temps. D'ailleurs, j'ai vu que tu t'étais fait une nouvelle amie ? Kushina Uzumaki, c'est ça ?

— Oui, elle a dit qu'on pourrait devenir amis puisqu'on a des choses en commun.

— Vous êtes tout les deux arrivés récemment dans la classe et vous n'êtes pas originaires de Konoha. C'est vrai que ça permet de former des liens plus facilement.

— Oui, mais au-delà de ces points communs, je pense que Kushina est une bonne personne. Je ne comprends pas pourquoi les autres s'acharnent autant sur elle.

— Les autres sont des abrutis, il n'y a rien à comprendre.

Isoko éclata de rire en entendant les propos de Fuyomi. C'était dit de façon si directe et pourtant c'était la vérité. Pourquoi chercher à comprendre des individus qui discriminent pour une couleur de cheveux ? C'était le genre de personne qui chercherait toujours la moindre différence pour venir écraser et satisfaire leurs besoins de se sentir supérieur à tout le monde.

— Eh ! Ne te moque pas de moi ! S'exclama Fuyomi.

— Pardon mais c'était dit de façon si sincère que je n'ai pas pu m'empêcher de rire, répondit Isoko entre deux rires.

Les deux enfants passèrent le reste de leur après-midi ensemble à discuter et jouer. Même si cette journée avait été longue et fatigante, Isoko pensait qu'elle n'avait pas été si horrible. Il espérait que cela dure.

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