Petite nouvelle _ Bonne lecture
Je marche. Dans cette rue. Sale. Des chewing-gums sont parsemés partout par terre. Disparaîtront-ils un jour ? Je ne sais pas, je ne sais rien. Les bâtiments sont vieux. Très vieux. Leur sobre peinture est recouverte de moisissures noires. Depuis quand ont-ils été construits? Depuis quand n'ont-ils pas été repeint ? Je ne sais rien ! Je me dirige vers le lycée. Mon lycée.Enfin je crois. Je n'y suis jamais allé. Mais il doit être comme tous ici, sombre et sans intérêt. Sans goût. Enfin. Je suis assise. Là. Sur le banc face à l'établissement. Des gens m'entourent. Peut-être mes amies. Ou bien des inconnus. Je ne sais pas, je ne sais rien. Mon attention est portée sur ce modeste bâtiment. Ce lycée. Il est bien comme je le croyais. Il n'a rien d'extraordinaire. Non, rien. Et je vais devoir y passer une année. Je laisse, maintenant, mon regard voler. Il s'arrête sur le coin fumeur. Puis, sur cet individu. Sur lui. Il n'est pas très grand. D'où je suis, il m'est difficile de le décrire. Cependant, ses écouteurs dans les oreilles, je le vois, regardant le ciel en tirant une fois de plus sur sa clope.
Son regard. Il est posé sur le mien. Enfin, je crois. Je ne sais pas. De la peine, un appel au secours. C'est ce que je crois percevoir. Le temps ne me laisse pas confirmer mon hypothèse. Car il est temps. Temps pour moi de rejoindre la file. De me diriger vers l'intérieur.
Je rentre. Dans cette classe. On est trente d'après... notre professeur principal sûrement. Je ne sais pas. Je suis assise. Au fond. Près de la fenêtre et du radiateur. Pour être tranquille. En hiver comme en été. Mon sac étant posé sur la chaise, personne ne vient me déranger. Puisqueje suis tranquille, je pose ma tête entre mes bras. Et je veux fermer mes yeux. Mais la personne assise devant moi m'en empêche. Enfin, je crois que c'est elle. Elle lui ressemble. C'est peut-être quelqu'un d'autre. Je pose finalement ma tête. Et m'endors. Parfois, je relève la tête, le regarde. J'essaye de comprendre. Comprendre cet appel de détresse. Enfin, je crois. Je ne sais pas, je ne sais rien. On me réveille. Surement le professeur. Une fois de plus, je dormais. Il me déplace. Devant. Sans fenêtre, ni radiateur. Je m'ennuie. Le regarde. Notre professeur de français, je pense, nous demande, me demande d'écrire. Quoi ? Je ne sais pas. Je n'écoutais pas. Mais j'écris. Pas la leçon. Je l'écris. Lui: « Il était là, assit près de la fenêtre. Son regard azur suivait les explications du professeur. Il recopiait la leçon, comme les autres élèves de la classe. Il portaitson uniforme de manière formelle, sans extravagance. Une simple coupe de cheveux châtains.Il respectait le règlement, avait deux, trois bons amis, sans plus. Il n'avait rien d'extraordinaire en apparence, avait des notes dans la moyenne mais n'avait rien à lui. Pendant les cours, il ne faisait rien de particulier. Il lui arrivait de regarder par la fenêtre et parfois même d'être absorbé par l'extérieur. Mais, ces moments étaient rares et de courte durée. Même quand le professeur nous laissait faire ce que l'on voulait, lui il ne faisait rien. Il fixait soit le tableau, soit sa feuille. Un simple d'esprit? Peut-être. Et puis je ne l'ai jamais vu participer. La seule fois où j'ai pu entendre sa voix, c'était quand on l'avait obligé à parler. Mais sinon, le reste du temps, c'était une personne calme, qui était souvent retirée et qu'on ne voyait pas. » Je regarde ma feuille. Je l'admire. Je suis fière de moi. Le professeur, lui, me regarde de travers. Il a compris que je ne l'écoutais pas. Enfin je crois, je ne sais pas. Mais je n'efface pasmon sourire. Mon sourire victorieux. J'avais fait quelque chose. Dans cet endroit. A part dormir. Je me dirige ensuite vers le C.D.I. Un endroit calme. Pour dormir. J'ai pour habitude de me balader entre les rayons. De prendre un livre. De m'asseoir à l'abri des regards. De poser monlivre. Sur mon visage. Et de dormir. Cependant, aujourd'hui, c'est différent. Je me balade entre les rayons, je suis satisfaite de ce livre. Je le prends. Mais au lieu de me diriger vers les bibliothécaires, je le vois. A une table. Seul. En train de... dessiner ! Je n'en crois pas mes yeux. Son dessin est plein de vie et exprime la joie. Le contraire total de moi. Il dessine une famille de chats noirs. Son coup de crayon est si extraordinaire, on a l'impression qu'en touchant son chef-d'œuvre on pourrait ressentir la fourrure des chats. Des frissons parcourent mon corps. Est-ce parce qu'il fait froid ? Ou est-ce parce que c'est la première fois que je vois une chose si, ... si spectaculaire ?Je n'en sais rien. Après avoir repris ma respiration, je détourne enfin mon regard mais il se pose aussitôt sur les livres qui parsèment sa table. Ces titres me disent quelque chose. Enfin peut-être. Je ne sais pas, je ne ... Ce sont des titres que « mon professeur adoré » nous a conseillé de lire. Je prends mon courage à deux mains, prend une grande inspiration avant de faire, ce que je n'ai pas fait depuis longtemps. Je fais enfin vibrer mes cordes vocales dans l'espoir qu'un son sorte :
«-Excuse-moi, fais-tu partis du cours d'art- plastiques?»
Il me regarde. Avec de gros yeux. Ainsi, je perçois dans ce simple bleu azur, un mélange divinde gris et de vert. Ses yeux brillent profondément à la lueur du jour. Je remarque en même temps que ses simples cheveux châtain sont en réalité un dégradé interminable de blond allant du châtain foncé à une pure couleur blé. Après qu'il m'ai examiné de la tête aux pieds, il se mit enfin à me répondre:
«-Mes dessins sont trop banals, trop simples!
-Trop simples!»
La documentaliste me jette un regard noir.
«-Je voulais dire qu'ils sont magnifiques, c'est vraiment... dommage que tu penses cela de tes dessins. Et puis, tu lis des livres compliqués, tu dois être tellement cultivé!
-Pas plus que la moyenne! Et puis on n'est pas toujours celui que l'on veut être.»
Sachant que cette discussion ne nous mènerait nulle part, je continue mon chemin jusqu'au bureau des documentalistes, prends mes livres pour aller dormir autre part. Où? Je n'en sais rien. Sa dernière phrase résonne encore. A l'intérieur de moi. Comme une énigme. Non résolue.Sur le chemin du retour, je n'ai pas envie de rentrer à la maison. Personne ne m'y attend. Certes, il y a peut-être mon chat. Un magnifique chat noir. A chaque fois que je rentre à la maison, il se jette dans mes jambes et se met à ronronner. Pendant longtemps. Au moins cinq minutes. Je ne sais pas. Ensuite, j'ai pour habitude de le prendre dans mes bras et de le poser là. Sur le canapé. Ce chat est vraiment magnifique. Sur son ventre, une tâche blanche en forme de flamme est affichée. Il adore être caressé à cet endroit précis. Comme si la tâche était un bouton. Mon chat, en plus d'avoir un magnifique pelage, possède de doux yeux saphir. Bleu saphir. On est souvent plongé dans son regard. Comme son dessin. Un des chatons possédait aussi des yeux de cette couleur. Ce dessin. Je ne peux l'oublier.Même si je suis réticente à rentrer, je rentre quand même. Cependant, après avoir fermé la porte, aucun chat dans les parages. Mais, j'aperçois un mot sur le frigo:
«chat + moi= vétérinaire».
Plus court, on meurt. Ma mère déteste perdre son temps. Moi, j'aime bien. Alorsje reste là. Devant ce frigo. Et je regarde. Les photos. Des souvenirs lointains. Ça ne m'intéresse guère. Je hais le passé. Alors je monte dans ma chambre. Jette mon sac au pied du lit. Et m'allonge. Par terre. Au centre de ma chambre. Et je regarde le plafond. Le ciel. Un plafond parsemé d'étoiles. Je le regarde. Pendant une heure. Je ne sais pas, je ne sais rien. J'entends enfin ma mère rentrer, alors je me redresse. A travers ma fenêtre, je le vois. Ce magnifique couché de soleil. Mais je ne prends pas le temps de regarder. Je me déshabille. Mes vêtements et sous-vêtements par terre. Je prends mon peignoir et je me dirige vers la salle de bains. Je laisse couler l'eau chaude. Elle prend du temps pour se réchauffer. Quand je vois de la fumée, j'accroche ce dernier tissu qui orne mon corps et je rentre dans la douche. Elle est très petite. Trop petite. Mais je m'y suis faite.Je sens l'eau sur mon corps. Je sens chaque goutte d'eau. Le jet est fort. J'ai l'impression de sentir des aiguilles qui cognent contre ma peau pour ensuite être englouties par les eaux et rejoindre les égouts. Elle me fait mal, et pourtant, je laisse cette eau parcourir chaque partie de mon corps. Dans l'espoir qu'elle le purifie. Peut-être. Je ne sais pas. Après avoir reçu tous ces coups, je baisse l'eau, et le jet est moins fort. L'eau parcourt délicatement ce corps douloureux. Elle soigne ce qu'elle vient de lui infliger il y a quelques secondes. Je me sens sereine. Je prends ensuite une douche. Véritable. Shampooing plus gel douche. Et à la fin, je répète le même processus. Puis je sors. J'attrape mon peignoir et je me sèche. Mais je le garde. Je retourne dans mon antre et je m'allonge sur mon lit. J'attends. Ma mère. Elle est enfin dans la salle de bain. Alors je me lève. Mets de nouveaux sous-vêtements et un pyjama. Je descends.Mon chat est là. Il saute dans mes jambes. Et commence à ronronner à n'en plus finir. Alors je me mets à le caresser. Sur sa tête, puis sous le museau et à l'endroit de la flamme. Il se sent mieux. Il saute sur le canapé et se roule en boule. Il a l'air serein. Moi, je me prépare un chocolat chaud. Très chaud. Pendant que mon bol tourne dans le micro-ondes, je regarde le dîner qu'elle a préparé. Un dîner pour une personne. Elle a fini par comprendre. Elle n'espère plus que je mange avec elle. Car je ne mangerai jamais avec elle. Le micro-ondes sonne. Je sors mon bol. Et retourne dans ma chambre. La ferme. A clé. Je m'assois à la fenêtre. Les jambes dépliées. Le regard vers les étoiles. Le bol à la main. Je bois gorgée par gorgée sans perdre les étoiles de vue...
Je me tiens debout. Je regarde avec froideur: la plage, la mer du Nord. Celle-ci est basse, calme. La saison est indéfinie. Le temps, lent. Je me trouve sur un chemin de planches posées sur le sable où je me dis qu'elle viendra peut-être. J'ai peur. Je suis habillé de vêtements sombres. Une larme sur mon visage, des pensées noires. Je ne bouge pas de peur de ne plus pouvoir respirer. Je regarde. La mer, la plage. Il y a des flaques, des surfaces d'eau calmes isolées. Entre moi qui regarde la mer, tout au bord de la mer, de peur qu'elle ne parte, au loin quelqu'un marche. Un individu. Il est habillé de vêtements sombres. A cette distance, je reconnais ce visage, le visage de la mort.
Je me réveille. Pas de sursaut. Je connais ce rêve par cœur. Je le fais depuis qu'il est mort. Il. Lui. Toi. Papa. Mon bol est par terre mais vide. Ma fenêtre toujours ouverte et les étoiles toujours dans le ciel.Je ferme cette fenêtre et ramasse mon bol. Je vais me mettre de l'eau sur le visage car celui-ci est plein de sueur. Je contemple mon visage. Mes cheveux châtains sont encore trempés et tombent en cascade sur mes épaules. Mes yeux gris ont perdu leur éclat. Mes pommettes sont creusées et des cernes ornent mes yeux. Mon teint est pâle je n'ai plus rien d'une fille de mon âge. Je n'ai plus rien d'un individu depuis la tragédie. Il est parti avec mon souffle de vie. Je regarde encore mon visage puis je vais me coucher.Les jours suivants se répètent. Ce sont les mêmes. Moi devant, lui derrière. Aucune réponse. Toujours ces questions. Un chat. Une douche. Un rêve. Et je répète chaque jour la même chose. Je suis prise dans un cercle vicieux. Mais aujourd'hui, il y a du changement. Il n'est pas là quand j'entre. Sa place est vide. Il ne peut être derrière moi puisque je suis la dernière à rentrer. Je ferme la porte et mon regard reste sur cette chaise vide. Je finis par m'en détourner. Je pose mon dos et ma tête contre le mur. Je sens que le professeur veut faire une remarque mais il ne dit rien. Et il me laisse tranquille. Je finis par fermer les yeux et m'endormir...
«Le grand méchant loup est surement très gentil, seulement tout le monde le décrit, le montre comme étant le méchant de l'histoire. Alors, il n'a pas le choix. Il doit jouer son rôle, jusqu'à la fin. De ce fait personne ne le comprend!»
«- Mais oui, c'est ça!»
Dis-je à voix haute en me relevant. J'attends. Un silence plane. Tout le monde me regarde bizarrement, même le professeur. Est-ce parce que je suis tombée de ma chaise? Ou bien est-ce parce que je me suis mise à parler? Je ne sais pas. En réalité, je suis aussi choquée. Le professeur brise ce silence:
«-Alors, dis-moi, qu'est-ce-que tu comprends?»
Je prends un grand bol d'air, m'assoie correctement et repense à cet appel de détresse. Puis, je m'éclaircis la gorge et je dis:
«- Le monde met des étiquettes sur les choses et sur les personnes. Ainsi, ils sont obligés d'être ceux que les gens veulent, pour ne pas les décevoir et cachent leur propre personnalité.
-Certes, cela peut être valable dans certains cas. Mais ne généralise pas!»
Je sors de la salle, plus légère. Pourquoi? Je ne sais pas. Je sais juste que mon cœur est moins lourd. Alors, pour la première fois, je cours chez moi, prends mon chat dans mes bras. Et je repense à lui. A cet individu. Voulait-il qu'on le comprenne? Voulait-il qu'on le regarde d'une autre façon? Qu'on comprenne que ce n'est pas cette personne, un simple d'esprit? Je ne sais pas, je ne sais rien. Je repose mon chat et monte dans la chambre. Là, je m'arrête. Je me dirige vers mon bureau, ouvre le tiroir du bas et plonge ma main au fond. Je cherche, cherche. En réalité, il n'y a rien. J'ai juste peur, peur de prendre cet objet. Cette photo. De me souvenir. Du passé. De cet évènement. Je sens le cadre rugueux sous mes doigts. Je le prends. Mes bras, mes mains, mon corps tout entier. Tout tremble. Mon cœur bat trop fort et trop vite. Je prends le cadre à deux mains. Je souffle dessus pour faire voler la poussière qui s'est déposée au fil du temps. Je vois apparaître la photo. D'abord, en bas à droite, une jeune fille de quinze ans. Elle est souriante. Elle ne regarde pas l'objectif mais l'homme qui la tient par la main. Il est très grand, porte une barbe de trois jours, un tee-shirt blanc qui fait ressortir sa musculature, et un jean noir. Son visage est illuminé par le sourire qu'il jette. A sa droite, une femme qu'il tient par la taille. Elle aussi rit. Elle possède de longs cheveux châtain comme la jeune fille et des yeux verts. Son corps est recouvert d'une robe turquoise. On sent l'été dans cette photo. Mes yeux gris se reflètent dans le verre. Avec ceux de mon père. Je le lâche. Il se brise. En beaucoup de morceaux. Je descends chercher une pelle et un balai. Je ramasse les bouts de verre. Et les jette à la poubelle. Quand je lève le nez, je vois le calendrier. A côté de la date il y a une croix. «L'anniversaire de sa mort».
C'est ce que je me mets à penser à mi-voix. Mais je détourne la tête. Je vais ramasser la photo. Je la prends et la pose à l'envers sur la table. Quelque chose y est écrit:
«Dans ce monde de noirceur infinie,
Comme un ange tu m'es apparue.
Ton regard de lumière quand je t'ai prise dans mes bras,
Ne me fait pas regretter d'être papa.
Un jour je partirais,
Mais j'espère que ce sera avant toi.
Garde cette photo sur toi
Pour que je puisse à jamais te protéger!
Papa»
Une douleur horrible me remonte dans la gorge. Quelque chose de brûlant me pique les yeux. Ma respiration n'est pas normale: elle devient de plus en plus saccadée. Mes mains commencent à trembler. Mais avant que le tremblement se propage, Saphir vient ronronner entre mes jambes. Je le caresse et puis ma peur se transforme en obstacle. Et mon corps se met à bouger tout seul: je me déshabille, prends des vêtements noirs dans mon placard, descend les escaliers deux par deux et claque la porte. Mon corps se met à courir...Quand je reprends mon souffle, je me trouve devant la tombe. Sa tombe. Celle de mon père. Une boule s'incruste dans ma gorge. La tombe est propre et décorée. Ma mère a dû venir ce matin. Je pose la paume de ma main sur la pierre glaciale et des images me reviennent: le téléphone qui sonne, ma mère en sanglot, le cadavre froid de mon père, la morgue et moi, seule.
Je suis prise de vertige et me retrouve par terre. Comment? Je ne sais pas. Et tout à coup, des sons sortent de ma gorge, sans que je sache pourquoi:
«Salut papa! Ça fait longtemps. Un an déjà. Je me demande pourquoi aujourd'hui j'ai eu la force de venir. Je ne sais pas, je ne sais rien. Peut-être que tu manquais trop. Peut-être que les rêves que je fais me font peur en réalité. Peut-être que j'ai peur que la mort arrive en face de moi et m'emporte. Peut-être. Je n'en sais rien. Savais tu que depuis que tu m'as laissé,je trouve que la vie est une répétition de jours identiques, savais tu que je ne trouve plus rien d'intéressant à faire. Sait tu que tu me manques. Sait tu que je suis déboussolée. Je ne sais plus où aller! Aide-moi!!»
Criais-je en regardant le ciel comme si j'attendais une réponse.Mon corps entier tremble et mes joues sont trempées. J'ai pleuré? Je ne veux plus pleurer, je ne suis pas faible, enfin, je ne le suis plus.
«Être faible c'est ne pas admettre ses faiblesses!»
Je cherche du regard d'où peut venir cette voix. Mais c'est peine perdue. Elle est dans ma tête.C'est la phrase que mon père adorait me répéter.Je prends le revers d'une manche, et m'essuie les joues. J'inspire puis expire profondément jusqu'à ce que ma respiration redevienne stable. Puis, je m'assieds en tailleur. Et au lieu de m'adresser à la pierre, je m'adresse au ciel azur qui s'étend à perte de vue:
«Papa, savais tu que j'avais perdu l'envie de parler, l'envie de faire quelque chose à part dormir? Mais aujourd'hui c'est différent. C'est étrange. Je me suis mise à écrire, à parler,à faire des compliments et tout ça grâce à ce petit bonhomme. Mais, lui aussi à un secret bien enfoui. Enfin, je crois; je ne sais pas. Ce que je sais, c'est que l'homme porte le masque qu'on lui a tendu et qu'il doit interpréter le rôle qu'on lui a donné avec précaution.»
Je me laisse tomber sur l'herbe.
« Mais ce qui compte, c'est que maintenant je sais où je dois aller et que je t'aime Papa!»
Après ces mots, mes paupières se ferment d'elles-mêmes. Avant de m'envoler pour le pays des rêves, je crois avoir attendu:
« Parfois, le masque tombe».
Quand je me réveille, le soleil est sur le point de se coucher. Je dis au revoir à Papa et je me dépêche de rentrer. Pour la première fois, je me dépêche de prendre une simple douche et de descendre mettre la table. Quand ma mère me voit poser les assiettes sur la table, ses yeux s'écarquillent. La vérité, c'est que j'ai vraiment faim. Je ne pense pas lui avoir pardonné mais pour ce soir, pour mon père, je vais lui faire plaisir.On mange, on parle, on rit. Comme je n'avais pas fait depuis longtemps. De plus, cette nuit je m'endors dans mon lit et à mon réveil je ne me rappelle aucun cauchemar. Mon visage dans le miroir me le confirme. Mes joues sont rouges et le gris de mes yeux est éclatant. Avant de partir, je glisse la photo dans mon sac.Mon premier cours; Français. Quand je rentre, il est là, à la même place, se fondant dans la masse. Et moi, pour une fois, je sors un cahier et une trousse et je me tiens droite. Le professeur est bouche-bée. Littéralement. Sa bouche ne se referme pas! Mais il l'a refermée. Il note des choses au tableau puis pose une question sur un des livres qu'il nous avait conseillé. Personne ne répond, bien sûr. Enfin personne, sauf lui! Car sans que je m'y attende,il lève la main et répond à la question. Ses mots sont recherchés, ses idées claires. Tout le monde reste bouche-bée. Même ma bouche reste ouverte. Mais lorsqu'il me lance un sourire, j'ai du mal à ne pas le lui rendre. Il décidera peut-être de dévoiler son savoir au monde.
Et oui, les masques tombent parfois. Mais cela me rendra peut-être un peu jalouse, ce petit bonhomme au fond de la classe, banal, je voulais être la seule à connaître ses forces. Et ça, je le sais!
Voila,j'espère que cette nouvelle vous à plu. Elle me tient à cœur car elle représente vraiment ma manière d'écrire même si elle à évolué depuis le jour où je l'ai écrite. Si ça vous plait je posterai surement la deuxième et je me donnerai la force d'en écrire une troisième, voir plus. Bref, laissez un commentaire et j'espère que cela vous aura plus.!!!
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