Chapitre 8

Résumé des chapitres précédents

Dans la jungle de Centoria, c'est un équipement militaire lourd qui a été utilisé contre l'inspecteur Idriss de GreenPax. Si on songe qu'il y a aussi eu un attentat raté la veille, la croisière n'est pas de tout repos.

Eden a pu avouer à Miller qu'il avait parlé à Idriss, après que Miller l'ait sauvé d'un dinosaure.

Malgré les nombreux dangers, Eden se prend au jeu de cette nouvelle réalité et perd de plus en plus de vue qu'il n'était qu'un lecteur du roman.

Miller continue de boire comme un trou et l'autorise à assister aux interrogatoires qu'il mène auprès de certains milliardaires propriétaires de l'ile.

Un des milliardaires, le cheikh, leur avoue que le Consortium rencontre de plus en plus de difficultés dans l'exploitation de la planète avec des attentats inexplicables.

Personnages principaux

Eden Lanala

Hans Miller le célèbre détective

***

Eden

─ Encore un panier marqué par Eden, l'intrépide assistant de notre grand détective ! hurle le commentateur déchainé sur cet étonnant bateau équipé de son propre gymnase avec gradin, ben voyons !

Et c'est quoi ce public ?

Au moins, je m'amuse, moi qui n'avais pas joué depuis si longtemps. J'enchaine les sauts et les passes en pleine forme, au point que mes adversaires semblent statiques.

Le mach parait truqué et nous en sommes à cent contre deux.

─ Est-ce que son survêtement serait magique ? ce jeune joueur est bien mystérieux.

Le commentateur doté d'un humour pourri n'arrête pas d'insister sur le fait que je ne porte pas de short.

Miller n'assiste pas à mes exploits, il est parti en opération militaire sur une ile qui serait occupé par un commando de l'ancienne zone Gaia - des terroristes qu'il a combattu dans un autre de ses livres.

Le sifflet de l'arbitre siffle la fin du match et je souris, heureux d'avoir pu jouer, dégoulinant. Je salue le public qui m'acclame. Soudain je le repère, Miller me regarde souriant, debout appuyé à l'entrée du gymnase. Il me fait un clin d'œil, me rendant bêtement très heureux, mais trop vite notre échange est rompu par les joueurs qui m'entrainent dans les vestiaires. J'ai beau me débattre et expliquer que je compte me doucher dans ma cabine, ils n'ont rien voulu entendre.

Ils se révèlent des vraies commères.

─ Bravo Eden ! Nous avons eu de la chance que Lartimer nous fasse faux bond, le journaliste était sans doute sur une piste, révèle Becket, un des joueurs.

─ Comment ça ?

Je suis très intéressé d'un coup et me revoilà enquêteur malgré moi.

─ Il était sous couverture pour enquêter sur ce qui se passe à bord. L'endroit est spécial, après tout !

─ Comment ça ?

─ Le Mercurial Millenium était le bateau du duc Dalagir. Il parait que les autres actionnaires veulent mettre la main dessus.

J'ai hâte d'aller rapporter cette information à Miller, clairement, je mérite au moins mon titre d'assistant dans ce roman.

Mon statut de transfuge me fait sans doute perdre des informations cruciales. Les lecteurs le savent en lisant et les personnages car ils font partie du roman.

Je fais le rapprochement avec la quatrième de couverture et il me semble qu'on parle de plus en plus souvent de ce Duc.

─ Bon il faut nous préparer, nous arrivons enfin au mont Abaya, intervient Lucas.

Je le retiens, lui avec ses nombreuses passes foireuses.

─ Le duc Dalagir vivait sur le bateau ?

Il faut que je lise ses mémoires.

─ Non il vivait dans une des zones sécurisées.

─ Les zones sécurisées ?

─ Indispensable si on veut vivre au sol, personne n'a envie de se retrouver nez à nez avec un Tysorus ?

Ce sont des dinosaures géants comme je l'ai découvert dans le bouquin du professeur Léonidas.

─ La vérité, c'est qu'on est en prison sur la planète ! complète un brun.

─ Une prison verdoyante de plusieurs milliers d'hectares quand même, rétorque un joueur.

Il a pris son téléphone pour me montrer et je hoche la tête en découvrant les images des forteresses. Malgré moi, elles m'évoquent les protections du film Jurassic-Park, l'écrivaine n'a pas été chercher loin pour les décors.

─ Nous irons dans la jungle ?

─ C'est périlleux. Moi je refuse d'y mettre les pieds. Les plateformes d'observation me suffisent amplement, clame un joueur.

─ Elles sont sécurisées avec des grillages et des barrières pour nous permettre de découvrir les animaux. Tu verras nous aurons une excursion demain, explique Lucas.

Clairement cette conversation dans les vestiaires étaient indispensables pour me remettre à niveau dans les informations.

J'adresse un remerciement mental à l'auteure.

─ La maison de Dalagir était une place forte et cela ne l'a pas protégé, poursuit Lucas.

Il a été attaqué par un troupeau de Tysorus, il n'a eu aucune chance. Un original ! Ce milliardaire était l'héritier d'une dynastie ultra riche, avec la particularité que personne ne l'avait jamais vu.

─ Comment ça ?

─ Pas une seule photo de lui. Par contre, j'ai entendu une rumeur selon laquelle il avait un amant.

─ Moi j'ai même entendu qu'il était marié en secret, ajoute un autre joueur.

Je secoue la tête noyée sous le déluge d'informations.

Sorti du vestiaire, je file à la cabine à la recherche de mon détective préféré, il est introuvable, il va falloir que je lui mette un traceur si je ne veux pas le perdre. Pendant ma douche expresse, je réfléchis à mes lectures, à ce riche ami mystérieux qui lui fournissait en dernier recours tout ce dont Miller avait besoin.

Est-ce que ça pourrait être Dalagir ?

Un coup est frappé à ma porte et Miller rentre alors que j'enfilais mon pantalon.

Son regard a balayé mes cuisses, mon slip noir et le dessin sur le haut de ma cuisse.

─ Avec Chambeau nous sommes attendus chez le capitaine, tu nous rejoins ?

Il a déjà fait demi-tour.

Je regarde mon cercle et l'effleure du doigt, c'est le seul rappel de qui je suis vraiment.

Que peut il y avoir de si urgent ? Est-ce une manœuvre de l'autrice pour rapprocher les deux hommes ?

Certains murmurent sur mon passage et j'entends distinctement plusieurs fois : l'assistant. J'arrive essoufflé à la salle de navigation pour découvrir le commandant Scout et les détectives se tiennent devant une carte affichée sur un immense écran. Je suppose que les lecteurs ont le droit à l'illustration dans le bouquin.

La planète est parsemée d'iles de taille diverses, certaines minuscules et d'autres immenses. J'ai lu que depuis l'espace, la planète apparait verte, principalement à cause des forêts.

On distingue bien les forteresses humaines. Il y en a cinq moyennes et une plus grosse, Ivalua, la Capitale.

Sur l'écran, deux petits bateaux sont représentés avec des pointillés pour leur parcours.

Nous sommes passés par deux iles sans aucune construction, assez proche l'une de l'autre, séparés par un mince détroit, et nous arrivons désormais sur une ile beaucoup plus grande, appelée Nouvelle Australie. Une montagne immense est représentée en son centre et à ses pieds, une forteresse humaine, pas très loin de notre circuit.

Miller fixe l'écran, ses yeux lancent des éclairs et il semble de mauvaise humeur.

Chambeau parle de l'organisation de leur expédition pour le lendemain, tout en désignant la carte.

─ Notre expédition de tout à l'heure n'a rien donné, mais nous avons la certitude qu'il y a quelques zozos dans la forêt déjà. On a envoyé des robots recenser tout ce beau monde et il y a en a plus que l'on croit.

Je tente une question qui prouve surtout que je suis un intrus.

─ La planète est exploitée depuis combien de temps ?

─ Elle a été découverte il y a quinze ans. Le consortium a fait très vite pour l'exploiter. Ils avaient déjà toute la technologie mise au point sur Terra2.

Une autre planète imaginaire, sur laquelle Davenport a placé l'intrigue de deux de ses romans.

─ J'ai suivi tes enquêtes sur Terra2, j'ai bien aimé que tu libères les autochtones.

─ Merci, tu m'épates Eden. Il se penche pour me chuchoter à l'oreille. Personne n'est censé le savoir.

─ Tous les lecteurs de Davenport le savent mais bon ce n'est pas grave.

─ Qui est cette personne ?

─ Ton Dieu je dirais !

Il éclate de rire.

─ Concentrons sur l'opération de demain réclame Chambeau. Nous avons une fenêtre de dix heures et d'après les dernières analyses en notre possession les lieux sont calmes.

─ Qu'est ce que vous allez faire ? Je demande curieux.

Aucun des deux ne me réponds.

─ Vous emmenez quel type d'arme demande le commandant Scout.

─ Léger, nous devons être mobile et nous déplacer vite. L'hélicoptère restera en stationnaire au dessus de nous.

─ Vous allez dans la jungle encore ?

─ Oui il le faut nous avons des documents à récuperer.

J'allais raler et dire que ca sert à rien de me faire venir dans la salle des machines si on ne m'en dit pas plus, j'avoue que je n'ai pas trop envie d'aller au sol mais quand même ils pourraient être plus clairs.

─ Je dois rencontrer le magnat de la presse, Paul Lucius. Un des membres du consortium. C'est le patron de Lartimer celui que tu cherches, je te ramène à la cabine avant ou je te dépose à la piscine ?

Comment le sait il que j'enquête ?

Il sort et je m'empresse de le suivre. Dehors, le soleil se reflète dans ses boucles blanches. Il enfile ses lunettes de soleil en me faisant un clin d'oeil.

─ Bon c'est vrai je me suis pris au jeu d'enquêter, promis j'allais te donner mes résultats d'enquête. Tu savais que Lartimer est un journaliste ?

Il hoche la tête et me voilà surpris à mon tour.

─ Je t'accompagne interroger Paul Lucius.

─ Tu es sur ?.

Je ne réponds pas et lui fait signe d'avancer.

La suite du milliardaire a un intérieur baroque, des tentures ocres et rouges, sur la terrasse entourée de barreaux il y a un lit à baldaquin.

Un majordome nous a ouvert et s'est éclipsé nous laissant seuls.

Je désigne l'étrange lit du menton, tout en m'asseyant sur un canapé de velours.

─ C'est quoi ce truc ?

─ Comme une cage à requin sur Terre, ça garantit des sensations fortes.

Je grimace, je déteste ces vidéos ou parfois ça tourne mal.

─ Il parait que Dalagir aimait ce bateau ?

─ Oui c'est le premier qu'il a conçu, il était fasciné par cette planète et les animaux sauvages.

Je sursaute, réalisant avec ces quelques mots qu'il admet connaitre Dalagir. J'ai envie de l'interroger tout en essayant de calculer les temps entre les enquêtes. L'auteure s'est toujours arrangée pour ne jamais encrer l'histoire temporellement et comme la cohérence n'a jamais été son truc, elle était tout à fait capable de lui faire enchainer des enquêtes majeures sans repos.

Quand ses livres commencent, on ne sait jamais d'où il vient et elle n'a jamais parlé de son domicile. Je trouvais que ça manquait d'un 221B Baker Street.

─ Dis Miller je me demandais, tu habites où ?

Il sourit amusé,

─ Je ...

Lucius me prive de la réponse et je me retiens de grogner. Le magnat de la presse est un dandy vieillissant, le genre prédateur qui rode sur les applis gays pour se taper des petits mecs rêveurs. Je le déteste d'instinct alors qu'il semble à l'arrêt sur moi.

Miller attaque directement en l'interrogeant sur l'enquête de Lartimer, il confirme que Lartimer travaillait en free-lance sur le meurtre de Dalagir.

─ Que pouvez-vous me dire sur Dalagir ? demande Miller.

─ Il s'était entiché de cette planète, ridicule ! Surtout il était pénible avec ses secrets. Je ne l'avais jamais vu en face, mais je sais une chose monsieur Miller.

Miller ne bronche pas, l'obligeant à poursuivre.

─ Vous étiez proches tous les deux, ne niez pas ! Vous êtes allés chez lui et sans doute le seul à savoir à quoi il ressemble. D'ailleurs si vous avez une photo à nous vendre, nous sommes prêts à la payer un prix substantiel.

─ Vous n'avez pas de photos de lui ? j'interviens dans la discussion surpris.

J'essaye d'assimiler ce que sous-entend ce Paul Lucius qui me répond aussitôt.

─ Les seules photos dont nous disposons remonte à sa petite enfance et nous nous contentons de vieillir le portrait grâce à l'Intelligence artificielle. Le plus étonnant c'est que vous lui ressemblez !

─ Pourquoi ne pas photographier le mort ?

Le milliardaire me scrute et tend la main vers moi, je m'écarte d'instinct.

─ Son corps n'a pas été retrouvé. Nous avons uniquement des éclats d'os et une grande quantité de sang. La police scientifique est formelle, il ne peut pas avoir survécu, mais quelqu'un a caché le corps.

Je suis stupéfait par le rebondissement et choqué car il n'a pas l'air d'avoir de compassion pour son ex-associé.

─ Qui aurait pu faire une chose pareille ? Sans doute que les animaux l'ont mangé ?

─ Hans Miller a fait un trajet express pour la jungle de Centoria quelques jours après la mort du Duc avant de disparaitre de la circulation plusieurs semaines ?

Je suis très curieux tout d'un coup, quand Miller intervient glacial, ignorant l'accusation de Lucius.

─ Arrêtez vos divagations et surtout arrêtez d'envoyer vos journalistes au casse-pipe dans la jungle.

─ Je persiste à penser que votre assistant ressemble beaucoup à cet homme, non ?

─ Il n'a rien à voir avec Dalagir !

Il est curieusement sincère.

Ça se complique et je ne comprends plus rien.

─ Mon assistant est dévoué et discret.

J'ai l'impression que c'est un avertissement pour me faire oublier.

Ils parlent de moi qui suis beau comme un ange puis de la planète et de son avenir. Le milliardaire affirme qu'il se conformera à la décision de la majorité.

─ Je me suis toujours demandé si Dalagir et Stains étaient amis, mais je pense que vous le savez mieux que moi Miller ?

─ Ce qui est important c'est ce que vous en pensez ?

─ Stains était le roi du high tech. Il parait qu'il est devenu riche grâce à Dalagir. Il est mort quelques semaines avant Dalagir et on avait cru à un accident. Vous avez prouvé qu'il s'agissait d'un crime. Bien joué ! Il parait que vous allez tenter une excursion dans la forteresse de Dalagir, vous êtes prêts à les affronter à nouveau Miller ?

─ Il le faudra bien !

Nous repartons peu après, congédié par l'étrange dandy.

─ Il avait l'air de t'accuser non ?

─ Il adore jouer au conspirateur et faire mine de tenir les ficelles. C'est un manipulateur dans l'âme.

─ Miller, il y a des Tysorus et tu vas aller là-bas ?

─ Je dois inspecter la résidence. J'ai dû louper quelque chose !

─ Tu as interrogé l'IA là-bas ?

─ Elle a disparu et des documents sont manquants. Des hommes ont tenté de les récupérer au péril de leur vie.

─ Quand tu dis au péril ?

─ Ce sera vraiment dangereux. Chambeau et moi irons après-demain.

Je marmonne que j'ai besoin de réfléchir, le retour à la suite se fait dans un silence de plomb. J'ai encore des milliers de questions sur son passé avec Dalagir.

Le soir, pendant le luxueux diner, il boit comme un trou et discute avec tout le monde sauf avec moi. Je songe même à me saouler. Peut-être que moi aussi, je tiens l'alcool comme tout le monde sur ce bateau. Sauf que je ne suis pas d'humeur, un truc me turlupine. Quelque chose qui aurait dû me faire réagir.

Il est minuit passé, quand nous rentrons dans notre suite et nous boudons tous les deux. Il m'a invité à danser et j'ai refusé choqué, car ça ne cadre pas au personnage.

Je me suis installé dans le canapé déterminé à l'interroger sur son passé et son attitude étrange vis-à-vis de moi. Il répond par monosyllabe.

La journée a été longue avec le match et avant cela la rencontre avec le raptor. J'ai fermé les yeux une seconde et bêtement je me suis endormi.

Le lendemain, je me réveille dans mon lit, je suis bien parti pour rester un moment. Je n'ai aucune idée de comment inversé le processus et retourner dans mon corps et pas spécialement envie d'ailleurs.

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