Chapitre 6
Résumé des chapitres précédents
Des choses étranges se passent sur le bateau de croisière sur lequel Eden a embarqué comme clandestin, en plus du fait qu'il se retrouve dans le roman qu'il lisait. Arthur Chambeau, le détective rival de Miller, se montre hostile. Il y a eu aussi un attentat raté et une disparition.
Eden décide de s'en mêler, peut-être qu'il fera même mieux qu'un personnage imaginaire, qui se révèle délicieusement tangible. Cependant, il redoute d'être mort dans la réalité.
Après le diner, Eden est parti prendre l'air dehors, agacé par l'alcoolisme de Miller. La pluie a cessé et dans la forêt il a cru être observé par une créature gigantesque avec un harnais, permettant à un homme étrange de la monter.
Personnages principaux
Eden Lanala
Hans Miller le célèbre détective
***
Eden
Après ce diner arrosé, de retour dans sa cabine, nous avons été sages puisqu'il s'est précipité sur son ordinateur pour faire des recherches et de temps à autre il passe des appels. Qu'il soit plus de minuit ne semble gêner personne. Ben voyons !
Dans la vraie vie, il pourrait toujours essayer d'appeler une administration passé seize heures !
Je n'ai pas sommeil non plus, alors j'ai commencé le bouquin de Léonard.
De ses palabres, j'ai compris qu'il appelle la cour de justice des affaires spatiales et il tâche d'obtenir le nom des personnes qui se sont opposées à l'exploitation de la planète ou qui ont déposé des plaintes contre le consortium. Ce sont visiblement ses principaux suspects.
Plus tard, il cherche à savoir si tout le personnel du vaisseau a bien embarqué.
Merde je ne lui ai toujours pas parlé d'Idriss et de ce qu'il a vu.
Il fait les cent pas en discutant. C'est si cool de l'admirer et si différent que de simplement le lire. Il est parfait, si puissant. Bon, il faut absolument que je lui parle et j'aimerais qu'on évoque aussi notre étrange relation, ma présence. Est-ce qu'il me prendra pour un fou si je lui raconte ce que j'ai cru voir dans les arbres ?
Je frissonne en regardant dehors, le vaisseau est bien trop près des branchages à mon gout.
Miller ôte soudain sa veste, puis sa chemise pour se met torse nu. Houla ça devient intéressant et me voilà complètement distrait.
─ J'ai chaud, sens-toi libre de te mettre à l'aise !
Il me fait même un clin d'œil avant de retourner à ses appels.
Mais quel coquin ! Il veut me séduire ou quoi ? En tout cas c'est réussi !
Pour me calmer, je retourne à ma lecture, tout en maugréant sur l'imagination débordante de Sara K. et de la foule de bestioles qu'elle a prévue, certaines mignonnes et d'autres très dangereuses. Hier soir, j'ai senti un souffle rauque sur mon visage.
Parmi toutes les créatures de la planète, une est particulièrement remarquable, c'est celle dont le professeur m'a parlé dans la boutique : les oiseaux de légendes. On les appelle ainsi, car ils parlent. Ce n'est pas banal. Il fait souvent des renvois à son deuxième livre. J'en parcours la préface .
Ce recueil traitera de légendes et de faits non avérés. La plupart proviennent d'histoires racontées par les oiseaux de légendes, avec tous les biais que l'on imagine.
J'invite donc à prendre toute précaution dans la lecture.
Les titres des chapitres prêtent à sourire. Le premier parle des pouvoirs de prédictions. Un autre parle d'une fontaine de jouvence qui accorde la jeunesse éternelle. OK ! c'est du délire, et le suivant est pas mal aussi :
Les carrés existent-ils ?
Les humanoïdes, espèce intelligente de la planète n'ont ni bras ni jambe et faute de meilleure description je dirais qu'ils ressemblent à des raies géantes terrestres. Ils auraient de grands pouvoirs selon les propos des reffes. Est-ce vrai qu'ils peuvent prévoir l'avenir ? Qu'ils peuvent guérir de tout en étant immortels ?
C'est ce que j'ai vu moi aussi, j'en suis presque sûr ! En effet je n'arrivais pas à mettre de mot sur la créature, mais en effet cette face un peu étrange et le mot 'carré' lui va bien. Mes yeux me brulent, il va être temps d'aller me coucher, avec une angoisse qui me taraude.
Est-ce que je serais là demain matin ?
Il m'a embrassé légèrement le haut du crâne, ne faisant pas de geste pour vouloir m'accompagner. Il est trop sage cet homme qui semble inépuisable. C'est décevant !
─ Si, on ne se revoit pas, tu es cool, je souffle triste.
─ On se revoit demain matin ! rétorque-t-il confiant.
─ Peut-être oui.
Allongé, la fatigue a fait son œuvre et j'ai sombré dans un sommeil sans rêves jusqu'au lendemain matin où le soleil éclatant qui perce à travers les stores me réveille. Quand mes pensées deviennent cohérentes, j'ai une certitude, j'ai bien vu un carré qui dirigeait une bestiole assez grosse pour croquer le bateau.
Ma deuxième pensée c'est que je suis toujours là ! Je prends et tant pis pour mon sort dans la réalité.
Je m'étire, admire mon ventre plat, ma queue raide. Je me soulage rapidement en m'imaginant caresser Miller et plus tard je m'habille avec un de mes jeans neufs et un tee-shirt. C'est si satisfaisant ces fringues neuves, ça ne m'était pas arrivé depuis un moment.
Son lit dans sa cabine, pardon, sa suite, est vide. Les draps sont défaits, il a donc bien dormi quelques instants.
Connaissant l'auteure et son sens de l'exagération, ça ne m'étonnerait pas que moins d'une heure lui suffise. Je ricane en secouant la tête, émerveillé d'être là.
Mon ventre gargouille, me rappelant la réalité, moi j'ai faim, comme un vrai humain qui mange et qui dort.
La tempête a laissé la place à un ciel azur et un chaud soleil. Je sors sur la terrasse, qui n'a subi aucun dégât, encore illogique ! Je respire à pleins poumons.
Les arbres sont fabuleux et à perte de vue j'admire une jungle extraordinaire et paisible. Le tableau idyllique est gâché par une fumée noire, au loin : une pollution humaine.
Dans le couloir, des stewards me saluent, des personnages archi secondaires, je les fixe quelques instants déterminés à leur donner de la substance. La Davenport va s'arracher les cheveux à la relecture !
Il y a un employé grand et métis, un autre est super mignon, il est baraqué à la belle peau sombre, deux Asiatiques menus qui tirent les lourds chariots de ménage. Plus loin un barbu rondouillard, un aux cheveux délavés bleus, deux qui sont voutés, presque trop vieux pour bosser. Je croche un des deux petits vieux, qui s'appelle Benny d'après son badge, alors qu'il s'active avec un chariot et du linge de rechange.
─ Pour prendre un petit déjeuner, je vais bien dans la salle de restaurant ?
─ Tout à fait, le petit déjeuner est servi jusqu'à midi. Monsieur Miller est parti enquêter, il y a eu un accident d'hélicoptère à l'aube. Nous avons des victimes à déplorer, hélas!
Je frissonne malgré moi.
─ Quoi...heu Qui ... ?
─ Monsieur Idriss avait décidé de quitter le bateau.
Et merde !
Secoué, ma réalité est devenue bien inquiétante avec des morts beaucoup trop proches, je réussis quand même à rejoindre le restaurant. L'exploratrice, Carlotta Clinton et son nom ridicule, m'alpage et me met un plateau dans les mains.
─ Vous voulez du café Eden ?
Je hoche la tête, tandis que nous passons devant un buffet chargé de victuailles. J'en ai déjà vu en photo dans les prospectus d'agences de voyages, mais jamais en vrai. Tout est alléchant ! Bon, c'est tout de même complètement irréaliste sur cette planète lointaine et à bord d'un bateau isolé, mais pour une fois je fais preuve d'une bienveillance crédule et j'accepte volontiers son délire.
Je prends des œufs au plat, des crêpes, une brioche, des fruits exotiques et du jus de fruits frais.
Je n'oublie pas la mort d'Idriss, mais le choc m'a ouvert l'appétit désormais.
─ Qu'avez-vous prévu aujourd'hui ? Vous n'êtes pas allé inspecter le lieu du crash avec votre patron ? demande Carlotta curieuse.
Une voix sèche dans mon dos me fait sursauter.
─ Son patron n'a pas besoin de lui !
Voilà Mareti qui vient me narguer.
─ Je suis chargé d'aller l'inspecter ce matin, vérifier s'il n'aurait pas encore oublié un truc.
Ils sursautent de surprise tous les deux à mon insinuation qu'il serait négligent.
Petite vacherie gratuite !
L'officier nous suit quand nous regagnons nos places avec nos plateaux.
─ Que pouvez-vous nous dire sur le drame de l'hélicoptère ?
Puisqu'il nous colle au moins qu'il se révèle utile. Je le regarde par-dessus ma tasse de café, essayant d'avoir l'air officiel. C'est étonnant, il ne remet pas en cause mon autorité.
Il se met au garde à vous avant de débiter son rapport d'une voix ferme :
─ Monsieur Idriss a réclamé un hélicoptère à l'aube pour une urgence. Il affirmait ne pas pouvoir rester à bord. À cette heure-là, il n'y avait que deux sous-officiers sur le pont de décollage qui ont accepté sa requête. Nous avons donné l'alerte immédiatement quand nous avons entendu l'explosion qui a réveillé tout le monde. Nous savons désormais que l'appareil a été abattu par un tir provenant de la jungle.
Bon à ma grande honte, moi, je n'ai rien entendu.
─ Miller et Chambeau sont partis inspecter le site du crash. Ils cherchent aussi d'où vient le tir. Le sol est inondé et c'est dangereux là-dessous.
Qu'est-ce qui a pu arriver entre hier soir et ce matin pour qu'Idriss décide de quitter le vaisseau si brusquement ?
─ Idriss a passé des communications dans la soirée ? Il faut m'envoyer les comptes-rendus ?
─ Je les enverrais à Hans Miller.
Il m'énerve.
─ Un incident à déclarer dans la nuit ?
─ Non, le calme plat.
─ Calme plat c'est vite dit ! Car on n'arrête pas les incidents. Vous avez enquêté sur ce qu'avait vu Monsieur Idriss a l'héliport ?
─ Non quand ?
─ Il prétend avoir vu deux hommes s'affronter la première matinée et l'un serait passé par-dessus bord. Il en a parlé aux stewards qui affirment que c'est impossible.
L'exploratrice n'en perd pas une miette. Je grimace en me rappelant des règles de base d'un bon détective que j'ai sans doute acquises à force de lire des polars, on ne parle pas de l'enquête devant une civile. Puis soudain je me rappelle que moi aussi je suis un civil.
─ Impossible nous saurions s'il y a une personne manquante, n'oubliez pas que notre IA Rugi supervise le bateau, c'est une sécurité à toute épreuve et nous sommes insubmersible !
─ C'est déjà ce qu'il disait à bord du Titanic !
Il rosit, danse d'un pied sur l'autre.
─ Et Lartimer qui a disparu ? Vous avez du nouveau ? Il a repris contact ?
Il me regarde avec des yeux ronds.
─ Il a dû prendre un hélicoptère, tout simplement.
─ Vous m'avez dit que personne ne peut disparaitre et moi je vous en trouve des personnes qui disparaissent.
─ Interrogez Rugi, elle vous donnera les preuves qu'il vous faut. C'est l'IA qui assure la sécurité à bord.
C'est marrant ce nom me dit quelque chose, sans que je voie quoi encore. Je l'ai vexé et il me regarde comme un déchet. Il rêve sans doute de me jeter moi aussi par-dessus bord.
C'était évident qu'il y aurait une IA à bord. Mais Bordel ! Pourquoi ne m'a-t-elle pas dénoncée ? Leur truc est sacrément défaillant.
─ Je vous laisse déjeuner Eden, je m'excuse, nous avons du travail !
─ Avant de partir, donnez-moi la localisation de la cabine où a eu lieu l'explosion d'hier soir ?
─ Monsieur Miller et monsieur Chambeau ont déjà investigué !
─ Il veut que j'y retourne, il ne prend pas cette affaire à la légère.
Il cède déjà.
─ Retrouvez-moi sur le pont supérieur dans une heure, je vous y conduirais.
Carlotta et moi le regardons partir. L'aventurière se tourne vers moi.
─ Je n'en reviens toujours pas que Hans Miller est un assistant. Il est si solitaire habituellement.
Elle parle en prolongeant tous les sons sss comme un serpent, c'est super bizarre.
─ Je le connais de longue date, nous étions ensemble à l'occasion de la mission Greenpax et sur l'affaire du Nil. Il ne se laisse jamais approcher par personne. Je me demande ce qu'il vous trouve ?
─ Je suis un expert qualifié en criminologie.
Après tout, personne n'ira vérifier et autant me faire mousser un peu. Il est visible qu'elle est jalouse, encore une fan éplorée. Elle décide heureusement de changer de sujet.
─ Espérons que l'excursion de demain ne sera pas annulée.
─ Quelle excursion ?
─ La première escale de notre croisière est sur le mont Abaya. Nous pourrons admirer des troupeaux de Raptor et peut-être d'autres créatures fabuleuses avec de la chance. Il y aura dans doute des Neffes et des Licornes dans le ciel.
Machinalement je regarde l'extérieur vierge de tout occupant.
─ Les ingénieurs ont inventé un système qui repousse les oiseaux. Il ne faudrait pas que nous soyons attaqués par des ptérodactyles.
─ Il y en a ?
─ Oui, bien sûr ! J'espère voir un Lionus ou un Revitus. Enfin ce n'est pas les animaux originaux qui manquent sur cette ile. Le bateau sera amarré à une passerelle de fer qui nous permettra de découvrir la faune locale. Vous vous joindrez à nous ?
Miller a dit qu'il serait occupé et ne pourrait pas faire les excursions. Est-ce que je vais pouvoir le coller un peu et enquêter avec lui, pour l'instant ce n'est pas un succès.
─ Je ne sais pas encore ce qu'a prévu mon patron.
─ Mais il vous a embauché quand ?
─ Excusez-moi, je dois me dépêcher de manger, j'ai du travail qui m'attend. Je vais vous avouer un secret, il a un caractère de merde, et s'il n'est pas content de moi, ça va barder pour mon matricule.
Elle écarquille les yeux à ce nouveau mensonge.
─ Miller a mauvais caractère ?
─ Il n'a pas un caractère si agréable qu'on veut bien le croire.
─ Je suis surprise ! Pourtant je le connais depuis longtemps. Je l'ai rencontré quand il avait seize ans.
─ Seize ans ?
Elle hoche la tête. Je la regarde qui boit une gorgée et déguste une part de crêpe.
Comment c'est possible ?
Le personnage de Miller avait la trentaine dans son premier roman, puis l'auteure, est revenue dans son passé, il avait vingt-trois ans et était à l'école des officiers pour une de ses enquêtes en flashback. Elle n'a jamais parlé de sa jeunesse.
─ Je suis tout ouïe ?
Je croque dans un fruit juteux alors qu'elle me raconte les exploits d'un Hans Miller encore lycéen qui a résolu une affaire d'antiquités, tout en fuyant les femmes mures qui l'auraient bien attrapée dans leur filet. Je suppose que l'auteure prépare sans doute un hors-série sur son adolescence. Je suis content d'en avoir bénéficié en avant-première.
Le temps a filé et il est déjà l'heure de mon rendez-vous avec Mareti, des passagers profitent des piscines extérieures, indifférents à la fumée qui s'élève encore de la jungle.
Je suppose que Miller et Chambeau en ont pour la journée là-bas. Dire qu'ils sont à la merci des bêtes sauvages. Je n'ai pas fini le bouquin de Léonard, cependant j'en ai lu assez pour savoir qu'on devrait enfermer Davenport dans un asile psychiatrique et lui interdire de toucher à un clavier.
Mareti me rejoint, les lèvres pincées, il semble jaloux de moi. La psychologie des personnages cette fois est assez poussée. Ils ont tous l'air d'avoir des secrets et impossible de devenir lequel est le coupable.
─ Suivez-moi, nous allons à la cabine de maintenance détruite, les experts ont tous examinés et vous constaterez par vous-même qu'il n'y a pas grand-chose à voir.
─ Merci de votre aide.
─ Je n'ai pas le temps de vos conneries franchement, mais si Miller le veut, alors soit !
Il m'entraine sur le pont inférieur, nous longeons des cordages qui sont notre seule protection contre l'extérieur, ce n'est pas bien rassurant.
Brusquement, il s'arrête devant une forme grise.
─ On a isolé le caisson avec le Censium, vous le constatez, il n'y a rien à voir.
Je reste perplexe, c'est inédit ce truc.
─ Pour pousser le métal, il suffit de le caresser et il vous laissera passer.
Je touche la matière grise, inquiet, redoutant un retour direct pour la réalité.
Une voix apaisante m'étreint et me rassure, affirmant que je suis à ma place.
─ Qui a parlé ?
─ Personne n'a parlé, rouspète Mareti.
L'étrange métal a la consistance de la gelée, soudain une sculpture de moi apparait.
─ Ohhh !
─ Lanala, ce métal est précieux. On ne joue pas !
La matière, comme prise en faute, se rétracte aussitôt, me permettant de découvrir les lieux qu'elle protège.
La vache il y a des dégâts ! La porte est carbonisée et surtout toute la paroi extérieure a disparu. La forêt vierge parait bien proche !
En lisant les livres, il y a toujours des indices que je grille vite, sauf que là, comme un fait exprès, je ne vois rien du tout.
─ Quelle conséquence, si l'explosion avait été efficace ?
─ Nous nous serions écrasés dans la jungle et nos chances de survie étaient de l'ordre de zéro. La jungle en dessous ne pardonne rien.
─ C'est du suicide de la part des terroristes !
─ Tout est étrange dans cet attentat, la cabine est mal choisie. Surtout, si le terroriste visait spécifiquement ce bateau, avec des actionnaires de Zaltair à bord, il devait se douter que les sécurités seraient importantes. Nous avons plusieurs moteurs de secours et assez de Censium pour reconstituer complètement la coque, cette attaque n'a pas de sens !
─ Rappelez-moi quels membres de Zaltair sont à bord ?
─ Votre patron ne vous l'a pas dit ?
Je reste impassible et il cède en grognant.
─ Cinq membres du consortium à bord et quatre sont sur le Land Mary 2 à quelques nœuds derrière nous. Nous avons Chapra Linka, des métallurgies du même nom, son fils est sur le second bateau. Madame Aster-Lindman, des banques Lindman, Mohamed ben Mahmoud, le puissant cheikh, Paul Lucius, le magnat de la presse et Dodi Chopenhauer, la vedette de cinéma. Bon j'y vais ! Je ne vois pas ce que vous allez trouver.
Il a tourné les talons sans un regard, me laissant seul.
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