Chapitre 15
Résumé des chapitres précédents
A cause du dernier attentat, avec les Lyrex, le Mercurial Millenium stoppe la croisière rentre sur la capitale Ivalua.
Eden se trouve bien embêté parce qu'il est un clandestin, sur une planète inconnue, alors qu'il n'a ni argent ni papier, et il ne sait pas où aller. En désespoir de cause, n'ayant rien à perdre, il interroge l'IA du bateau, Rugi.
Celle-ci considère qu'il est Dalagir. Là où ça pèche, c'est qu'elle sait aussi qu'il est mort.
Rugi lui propose de rentrer à son domicile et faute d'autre idée ou d'autre endroit où aller, Eden accepte.
En arrivant dans le luxueux Penthouse de Dalagir, il a la confirmation que Miller et Dalagir vivaient ensemble, ce qui l'affecte surtout c'est de réaliser qu'il est le portrait de Dalagir et il se demande si Miller l'a choisi comme double de son amant décédé.
Cela l'affecte comme une double trahison, vis-à-vis de lui et vis-à-vis de Dalagir.
***
Eden
Miller est parti assister à une réunion importante et je l'ai regardé s'enfiler son whisky matinal, me retenant de lui balancer tout ce qui se trouvait dans la pièce classieuse à la tête. Cette nuit, nous avons fait chambre à part, nous nous faisons copieusement la gueule. Plutôt, je lui fais la gueule et lui se dandine gêné, donnant l'impression d'essayer d'arranger les choses. Quand même, il m'abandonne sans beaucoup d'explications.
J'ai l'impression d'être le méchant de l'histoire, je traine en pyjama dépressif, alors que lui est élégant en costume. Est-ce que je ne suis pas tombé sur un truc trop gros pour moi ?
J'ai la frousse d'être devenu le dindon de la farce.
Quel revirement de situation ! Quand j'ai débarqué sur ce bateau, j'étais persuadé d'être l'arnaqueur, un peu à la manière d'Arsène Lupin et de profiter de la naïveté de Miller et de la bêtise de l'auteure. Et si c'est moi qui était tombé dans un piège imaginé par un ivrogne psychopathe et son écrivaine folle ?
La relation secrète des deux hommes a duré plus de dix ans, ce sont des sacrés dissimulateurs.
J'ai l'impression douloureuse qu'on vient de me voler mon histoire d'amour.
─ Eden, est ce que tu veux que nous allions faire une balade demain, je te ferais visiter la capitale ?
Comment sait-il que je ne suis jamais venu ici et que j'ai besoin d'un guide ?
─ Je connais le coin comme ma poche, pas besoin de visiter. Je vais repartir sur Terre dans les plus brefs délais.
Il a soupiré sans répondre.
J'ai été un peu affirmatif car retourner sur Terre, why not, mais sous quel nom ? Comment est la Terre dans cette réalité ? Et je suis qui au juste ? Est-ce qu'Eden Lanala existe encore et dans ce cas, je serai en double ? J'ai le choix entre être en double avec Dalagir sur cette planète ou en double de moi sur Terre ?
Je suis retourné me coucher, perdu, après avoir somnolé un moment à broyer du noir, en grognant j'ai repris les mémoires de Dalagir, déterminé à y trouver des réponses. J'ai lu plus attentivement chaque passage, tachant de faire le rapprochement avec les enquêtes de Miller dont je me rappelle avec les rares dates que l'auteure a données. En effet ils étaient souvent au même endroit au même moment.
C'est bien lui, le généreux donateur anonyme qui sauve la mise de Miller en lui payant des trucs hors de prix.
Une heure plus tard, des nœuds au cerveau a pisté leur passé, j'en ai rempli deux pages bien inutiles. Pour lutter contre mon moral en berne autant aller découvrir cette ville que j'ai prétendu connaitre comme ma poche.
Regi ne s'est toujours pas manifestée, elle fait la gueule depuis que j'ai dit à Miller qu'elle était défectueuse. Une IA sacrément susceptible.
Après une longue douche, j'ai profité d'un dressing complet ou tout est à ma taille. Le rêve !
Je farfouille parmi ses gadgets, ses montres de luxe et stylo assorti. Ses chemises sont prévues avec des boutons de manchettes. Tu parles d'un truc ringard. J'en choisi deux brillants, en espérant que ce ne soit pas des diamants ; Je lui pique un jeans et un pull sympa une sacoche de marque.
─ Regi, je vais y aller, tu peux me donner mon pass ?
─ Il est sur ton téléphone et je ne suis pas défectueux.
─ Pardon excuse-moi on fait la paix ?
─ Je ne suis pas fâché !
Ben voyons !
Diplomatiquement je préfère ne pas insister. Fier de me montrer plus mature qu'une IA.
─ Guide moi dans la capitale, je veux découvrir les centres d'intérêts.
Regi prend son rôle au sérieux, bavard et m'explique que Dalagir ne sortait jamais.
─ Je suis content de découvrir un peu le monde. Dans l'hacienda, il était au contraire tout le temps dehors. Souvent quand on l'appelait il était injoignable mais ici il ne voulait pas croiser personne, cela agaçait d'ailleurs un peu Hans.
─ Tu es bien bavard.
─ Je l'ai toujours été. Viens nous avons vu le grand Mall et les centres de réserves. Je vais te montrer le célèbre immeuble Tyler et la tour Franken, c'est actuellement la plus haute du monde avec 476 étages.
─ Il ne pouvait pas faire un compte rond ?
─...
Je sens que l'Ia a un blanc, parfois mon humour du second degré la perd un peu.
─ J'ai reconnu ton humour acéré Eden, cela m'a fait plaisir et pour information, j'ai relu les documents techniques de la tour. Ils estimaient que monter plus haut sur deux super structures était dangereux. Ils songeaient à s'arrêter à quatre cent cinquante, mais sont montés de vingt-six de plus pour se garantir le record. Voilà pourquoi ce nombre étrange.
─ Merci d'avoir pris la peine de vérifier.
─ Viens nous devons aller voir la place des oiseaux. Elle est recouverte de filet et de statue car nous sommes près des portes et il y a de cela quelques années les oiseaux pouvaient débarqués et attraper des humains.
─ Quand tu dis les oiseaux tu parles des ptérodactyles ?
─ Ici on les appelle des Ptérobis.
Les balades piétonnes sont sympas et j'ai passé mon temps à me dévisser le coup à regarder les ballets des aéronefs et des immeubles.
J'en suis à mon dixième immeuble et je ne sais combien de tour admirable, quand je réclame une pause, surtout il est l'heure du déjeuner.
─ Elle est ou la tour Zaltair ? Miller y est en ce moment ?
─ Elle se trouve dans le quartier historique près du musée et des réserves de la planète. Nous y arrivons. Je sais qu'il assiste à une réunion du conseil d'administration.
─ Il t'a autorisé à me le dire ?
─ Je décide tout seul de ce que je dis et à qui je le dis !
Le ton est cassant, Regi n'aime pas que je doute de son autonomie.
─ J'y pense tu as une voix masculine et Rugi une voix féminine, est ce que ...
─ Je me suis genré masculin et Rugi a choisi d'être une femme, exact.
─ Et Agi ?
─ Elle était une femme aussi.
J'ai posé quelques questions sur leur intelligence, leur autonomie, mais à l'écouter ils faisaient ce qu'ils voulaient comme n'importe quel individu.
─ En toute logique si tu es lié à l'appartement, tu appartiens à Miller ?
─ J'appartenais à Dalagir et tu es Dalagir ! Surtout je suis un être intelligent qui en théorie n'appartient à personne, merci de me respecter, insiste l'IA indignée.
─ Tu es sûr que je suis...heu... lui ?
─ Bien sûr.
Je ne réponds pas, pauvre appareil défectueux !
Il sait que je suis mort et parle de ma succession, rien ne le choque, ni mon changement de nom, ni mon rajeunissement. Au moins c'est rassurant, les machines ne rattraperont jamais les hommes, pour ma part je préfère.
Nous laissons de côté toutes les questions philosophiques pour admirer la ville futuriste. La balade est sympa et j'en prends pleins les yeux.
─ Eden, je pense qu'il faut que nous nous arrêtions manger, ça fait quatre heures que tu marches.
─ Je voulais aller à l'aéroport pour me renseigner sur un billet de retour pour la Terre ?
─ Tu as ta propre navette privée !
─ Je peux la prendre quand je veux pour rentrer ?
─ Bien sûr !
─ Genre maintenant, maintenant ? Et ça prendrait combien de temps ?
C'est très tentant.
─ Le voyage dure dix heures terrestres. Tu devrais plutôt aller manger, allons dans le quartier des restaurants. Tu préfères normalement japonais et tu rêvais d'aller aux palais des oiseaux si tu avais pu sortir. Tu te faisais souvent livrer.
─ Alors je n'aime plus la nourriture Japonaise.
─ Allons bon et quelle est ta nourriture préférée il va falloir que je modifie mes bases de données
─ ce n'est pas la peine, ne note pas.
─ Très bien, dis-moi et je ne note pas.
─ J'aime bien la cuisine traditionnelle française, les plats en sauce, les crêpes, la viande et je n'aime pas trop les poissons.
─ Un tel revirement de gout, c'est ébahissant.
─ Oui n'est-ce pas ?
Rugi est silencieux un moment et je me doute qu'il est parti vérifier un truc. Est-ce que j'en aurai trop dit et il va comprendre qu'ils se font berner depuis mon arrivé sur ce foutu bateau.
─ J'ai sélectionné trois restaurants de cuisine traditionnelle : un haut de gamme, étoilé, un plus simple et un populaire qui a une notoriété parmi les ouvriers de la capitale. Celui-là, je te l'indique juste à titre indicatif, car il n'est pas recommandé.
─ Allons dans celui-là, guide-moi.
Nous arrivons à une rue avec plusieurs restaurants, j'allais demander à Rugi comment faire pour payer quand des ouvriers me bousculent.
─ Ne reste pas dans le passage ! Tu n'es pas sur Terre ici !
─ J'avais compris.
Une voiture arrive à ce moment-là et à ma surprise Miller en sort.
─ Comment tu m'as retrouvé ?
─ La base est surveillée par les IA.
─ La base ? Tu veux dire la ville ?
Il me fixe, et je remarque qu'il gêne le passage lui aussi sans que personne ne se risque à protester.
Il examine l'endroit et revient à mon visage.
─ Tu veux aller dans ce restaurant ?
─ Oui j'ai envie d'essayer. On ne risque pas de te reconnaitre ?
─ Je ne pense pas, je ne suis pas du tout célèbre, encore que ....
Il rentre et réclame une table dans un coin tranquille en donnant un billet à la serveuse qui nous conduit dans une arrière-salle encombrée avec des box libres.
Je regarde la carte devant moi. Cassoulet, poule au pot en effet que des plats classiques. Je n'ai pas si faim que ça, mais c'est moi qui aie réclamé à venir ici. Je prends un ragout de carottes et Miller m'accompagne.
La viande est bonne, mais je ne peux m'empêcher de m'inquiéter quel gibier je mange et je n'aime pas trop ça.
─ Même certains poissons semblent doués de conscience sur cette planète.
─ Mais comment tu as su à quoi je pensais ? je m'exclame ébahi.
─ Parce que je te connais bien et je connais la marque de concentration sur ton front.
─ Faux ! Tu connaissais Dalagir, moi tu ne me connais pas !
─ Vous êtes remarquablement proche et pourtant différent.
─ Tu réalises que tu trompes ton mec avec moi ?
─ Je suis veuf, je ne le trompe pas.
─ Argh ! c'est trop compliqué pour moi. Changeons de sujet, pourquoi as-tu hésité tout à l'heure sur ta notoriété ?
─ Parce que je vais devenir le responsable de cette planète et que les décisions que je vais prendre ne vont pas plaire à tous.
─ Parle moins fort, tu veux te faire lyncher ou quoi ?
Il rigole comme un bossu.
─ Qu'as-tu prévu cette après-midi pour ton enquête ? Tu n'as toujours pas résolu l'affaire c'est bizarre d'ailleurs que le bateau est accosté sans qu'on sache le fin mot de l'histoire, ça fait roman mal ficelé.
─ J'ai quelques idées sur ce qu'il s'est passé et pourquoi. Il me manque quelques preuves et je dois aussi faire respecter les volontés de Dalagir.
─ N'empêche si le coupable est un des membres de Zaltair, c'est super bizarre.
─ Ils n'ont pas eu le choix. Je t'expliquerais tout cela bientôt,
Il me fait un clin d'œil.
─ Parle-moi de Stains, je ne me trompe pas en disant qu'il est mort juste avant ton enquête sur l'affaire de la crypto monnaie ?
Il me regarde surpris sans rien dire.
─ Tu sais ça ?
Je ne lui dis pas que j'ai lu ce roman qui s'appelle le secret de Miller. Il est sorti il y a trois ans déjà sur Terre et il est vraiment bien. Au passage, le secret n'a pas été dévoilé et les lecteurs frustrés avaient hurlé à la triche.
Je réalise que l'auteure n'avait pas sorti de nouveau livre depuis. Entre temps elle a sorti une série sur l'agent Jo Reynolds mais j'ai moins accroché. Une femme flic qui résout tout.
J'ai supposé qu'elle écrivait dans la foulée, mais entre le moment et je lis et celui où elle a écrit il y a un monde.
D'ailleurs je réalise un truc qui coince dans ma théorie comme quoi elle pourrait corriger le livre.
Je n'ai accès en tant que lecteur qu'au livre publié, donc relu et corrigé. Il n'y a aucune raison qu'elle fasse des corrections maintenant c'est juste impossible.
Le temps entre les romans n'est pas le même que dans l'histoire car ici la mort de Dalagir ne remonte qu'à six mois, curieux !
─ Je me rappelle que tu faisais de l'escalade en costume élégant après un enterrement. J'ai trouvé ça super classe bien que pas très crédible.
─ J'étais à l'enterrement de Stains. ...Arthémus n'a pas voulu quitter Centoria. Je le laissais seul trop souvent. Il m'a appelé à l'aide quand il a compris qu'il était attaqué et je n'ai pas répondu.
─ Tu aurais pu faire quoi ? Si tu avais répondu ?
─ Je ne sais pas le persuader de se cacher ou de s'enfuir dans la jungle, d'essayer de prendre un bidon de flotte et de se cacher quelque part.
─ S'il ne l'a pas fait de lui-même je doute qu'il t'ait écouté
─ Tu as sans doute raison, il était têtu dans son genre. Pour Stains, on croyait à un accident, ça n'en était pas un !
─ J'avoue que je suis perdu dans l'enquête, je marmonne agacé. Dire que quand je lis les romans je grille tout hyper rapidement. C'est tellement différent de vivre les choses.
─ Je vais te faire un résumé, mais en tant qu'assistant ce devrait être toi qui me le fait.
─ Je ne suis pas...
Il m'a interrompu pour commencer sa liste de questions :
─ Qui a tué les deux milliardaires et veut mettre la main sur les documents importants pour le consortium ?
Qui a fait exploser cette bombe dans la salle des machines ? C'est probablement la même personne qui fait venir à bord le raptor, puis plus tard les Lyrex ? Tu réaliseras au passage sur ce point que ce n'est pas n'importe qui, il faut une connaissance approfondie des populations locales et ça limite nos suspects à quelques scientifiques, dont ton ami le professeur Léonard.
─ je ne l'ai rencontré qu'une fois ce n'est pas vraiment mon ami. En effet, ça fait beaucoup de questions.
─ Ce n'est pas tout. Qui a tué Lartimer et Idriss ? et pourquoi ?
─ Et tu as des réponses ?
─ Je commence à en avoir quelques-unes.
─ Tu frimes !
─ Peut être ! Cette après-midi je dois aller voir certaines instances et faire de la paperasse et toi qu'as-tu prévu ?
L'idée de repartir sur Terre me trotte en tête, mais je suppose que je dois rester au moins jusqu'à la fin de cette affaire. J'opte pour une réponse plus neutre.
─ Je songeais au musée.
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