Chapitre 13
Résumé des chapitres précédents
Eden est le personnage clandestin d'un roman policier-fantaisie dont l'enquête se complexifie. Le célèbre détective Hans Miller missionné par le groupe Zaltair pour enquêter sur la mort de deux milliardaires, est en réalité l'héritier et l'amant d'un des deux hommes.
Eden et Miller ont changé la catégorie du roman de Davenport en mature, en couchant ensemble. Leur moment de tendresse n'aura pas été bien long, car ils sont interrompus par une alarme et des Lyrex sanguinaires qui ont été amené à bord comme par hasard quand tous les autres actionnaires de Zaltair avaient quitté le bateau.
Un des monstres sur le point d'attaquer Eden a été mystérieusement neutralisé car on l'a retrouvé endormi comme Eden.
Du fait de cette nouvelle attaque, la croisière a été interrompue et le bateau opère un demi-tour pour la capitale Ivalua.
Personnages principaux
Eden Lanala
Hans Miller le célèbre détective
***
Eden
J'oublie de plus en plus mon ancienne vie, comme si j'avais été toujours cet Eden Lanala sans son cathéter dans ce monde si différent. Je frotte machinalement ma cuisse vide de l'appendice artificiel.
Il parait qu'un des monstres était endormi dans la suite avec moi, ils m'ont interrogé, mais je ne me rappelle rien, si ce n'est m'être réveillé dans les bras de Miller. Chambeau a l'air de croire que je suis complice de je ne sais quoi et impossible de me justifier puisque je n'ai pas la moindre idée de ce qu'il s'est passé.
Mon amant s'est transformé en comète et a déjà quitté le bateau pour une urgence. Ce qui m'énerve le plus, c'est qu'il soit parti avec Chambeau. Si Davenport avait écrit notre histoire d'amour, je suis sûr qu'elle aurait été bien cucul et bien lisse, mais nous sommes dans une étrange réalité, alors je galère avec des doutes et une foule de problèmes et c'est bien naze.
Est-ce que je lui plais vraiment ? En a-t-il déjà assez ? Après tout il a tiré son coup. Peut-être qu'il a estimé que ce n'était plus la peine d'y retourner.
Dans ma vie d'avant, ce genre de mésaventure m'arrivait fréquemment et ça fait toujours aussi mal.
Le bateau survole des forêts éventrées, les mines à ciel ouvert qui fument avec des arbres abattus sur les sols béants. De nombreuses routes terreuses défigurent la jungle et mènent dans une seule direction une ville gigantesque au loin. Nous suivons des convois de camions évoquant des fourmis pour arriver à des portes de fer vertigineuses.
'Bienvenue à Ivalua' clame un panneau lumineux.
Une fois les portes franchies, nous naviguons entre les nombreux immeubles qui s'élèvent dans le ciel dans une mégalopole moderne, au sol de marbre. Les végétaux sont rares, comme pour marquer encore davantage l'opposition à la jungle derrière les grands ventaux.
La ville dégagé des odeurs de kérosène, d'essence loin des odeurs d'humus de la jungle.
Des trams futuristes et des véhicules volants naviguent en continu, il y a des embouteillages dans le ciel ça n'est pas banal. Surtout le plus impressionnant ce sont des navettes qui s'élèvent à la verticale en direction de l'espace. Je lève la tête pour tenter de suivre leur course jusqu'à des étranges anneaux géants statiques dans le ciel. On ne voit pas très bien, mais j'ai l'impression qu'une fois que les navettes les ont rejoints, d'un coup elles disparaissent.
Ça doit être le mode de liaison imaginée par Davenport entre les différentes planètes, c'est ingénieux. Je suppose que dans la réalité physique ça ne peut pas marcher ces trucs, mais magie de l'écriture, on peut tout faire avec trois mots alignés.
Après avoir fixé un long moment les improbables anneaux, je retourne à la découverte de la ville futuriste, ne sachant où poser les yeux. Les immeubles de verre s'élèvent dans le ciel et les logos lumineux semblent se défier. Je reconnais toutes les marques classiques, ainsi que celles inventées par Davenport, dont la Stains industry.
La mort de ce personnage est si triste et je viens de réaliser que c'est sans doute son enterrement qui était le prologue du livre précédent au titre évocateur : le secret de Miller.
Davenport n'a négligé aucun détail dans son décor, il n'y a aucune zone blanche et tout est plutôt bien conçu, tout s'articule autour de l'aéroport spatial. Plus tard, nous arrivons au port et les passagers du Mercurial Millenium débarquent.
Soudain, je mesure les inconvénients de mon statut de clandestin, sans papier ni argent. Je n'ai même pas de valise pour stocker mes habits et j'ignore comment retrouver le détective.
Que suis-je censé faire maintenant ?
Je traine dans la suite, paumé et les employés de maintenance s'impatientent. Ils sont déjà passés pour savoir si j'allais bientôt évacuer les lieux.
Où est il ? L'IA le sais sans doute, mais c'est quitte ou double, qu'adviendra-t-il si elle détecte que je suis un intrus ?
Combien de temps vais-je encore rester dans ce monde ?
─ Rugi ?
─ Oui, que puis-je pour toi ? Tu m'avais manqué, car tu ne m'as pas sollicité une seule fois à bord.
Je m'allonge dans le lit, en fixant le plafond, amusé par cette IA qui me tutoie comme si elle me connaissait bien.
─ Je ne sais pas quoi faire ?
─ Il me faut plus de paramètre pour pouvoir répondre.
Je ferme les yeux une seconde.
─ Sais-tu ou je peux trouver Miller ?
─ Il doit être à votre adresse principale, au 1 avenue de la liberté, l'immeuble est à son nom désormais. Il l'aime autant que toi !
─ Parce que moi je l'aime ?
─ Bien sûr Arthémus.
─ Attend Rugi, pourquoi m'as-tu appelé comme ça ? Que viens-tu de dire ?
─ Que tu aimais l'immeuble, as-tu changé d'avis ? Tu n'aimes pas quand je te donne ton titre de duc. Je ne l'ai pas fait !
─ Tu m'as reconnu comment ? Personne d'autre ne l'a fait ?
─ Ton ADN. Tu as changé légèrement physiquement, rajeuni d'une dizaine d'années, alors j'ai recalibré les clés de contrôle. Ta voiture attend dehors.
─ Tu peux faire ça ?
─ Tu me testes ? Je peux faire ça car je suis ton IA !
─ La mienne ?
─ Oui Arthémus.
─ Dans ce cas, appelle moi Eden Lanala maintenant.
─ Bien Eden.
─ Et pour mes habits ?
─ Tu veux les conserver, pourtant tu en as déjà beaucoup chez toi ? Je te propose de les faire livrer à ton adresse.
─ Merci Rugi.
Complétement défectueuse cette IA !
Je suis sorti en trombe de la chambre, faisant sursauter les employés qui attendant avec les aspirateurs et les chariots que je daigne quitter les lieux. Je fais demi-tour à nouveau pour reclaquer la porte dans mon dos.
─ Rugi ? Rugi ?
─ Eden, je suis partout dans le bateau, j'aurais pu te répondre dans le couloir.
─ Est-ce que quelqu'un t'a demandé de dire que j'étais Dalagir ?
─ Personne, tu es simplement toi.
─ Est-ce que je te retrouverais à l'immeuble ?
─ Regi est une de mes sœurs. Tu as choisi trois IA séparées.
─ Miller t'a interrogé sur moi ?
─ Miller a fait énormément de demande, j'ignore les conclusions qu'il a pu en tirer.
Je quitte enfin la suite et le bateau secoué par ce que vient de m'apprendre cette IA qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez. Il ne me reste qu'à me rendre à l'adresse de Dalagir. Miller y sera.
Quand je descends sur la passerelle du bateau, un véhicule blanc, ovale et sans roue vient se garder devant moi et s'ouvre.
─ Eden, c'est Regi, heureux de te revoir, tu m'avais manqué ! Rugi vient de me passer les consignes. Nous y allons ?
Les routes sont encombrées par des files de camions transportant des chargements des minerais et des roches. Du ciel, ils avaient l'air minuscule, en réalité ils sont monstrueux et je me sens minuscule dans la petite navette.
─ Ils viennent d'où ces camions ?
─ Du Puit Debra3-X. Ils ont eu un incident à déplorer. Les parois se sont écroulées.
L'IA parle d'une voix éplorée, comme si la situation la concernait vraiment. À peine à t'elle finit sa phrase qu'un convoi transportant des cercueils nous double me faisant frissonner.
─ Regi ? il y avait aussi une IA dans la propriété de Dalagir ou il a été attaqué ?
─ Oui. Rugi s'occupe du bateau, moi de l'immeuble d'Ivalua et pour l'hacienda dans la jungle l'IA s'appelait Agi.
─ Agi ? une Hacienda ?
─ Tu as choisi des prénoms proches pour nous rappeler que nous étions tous frère et sœur.
─ Il avait d'autres immeubles ailleurs ?
─ Bien sur, tu as de nombreux immeubles sur Terre, dont un à New York et un ranch dans le Montana, ainsi qu'une maison en Suisse. Par contre tu n'as pas installé d'Ia perfectionnée sur Terre et si tu me demandes pourquoi, je l'ignore. J'étais proche de mes deux sœurs et je me languis de ma sœur Agi.
─ Tu n'as plus de nouvelles d'Agi ?
─ Hélas non, les communications ont été coupée le douze octobre.
Je ne dis rien, m'appuyant contre la vitre fraiche. Un affreux doute m'assaille sur ce que Miller cherchait chez Dalagir. Le véhicule a été vite et nous arrivons devant un immeuble blanc surmonté du logo Dalagir entreprise, il s'engage dans les sous-sol.
─ Où est-ce que je vais maintenant ?
─ Suis le chemin lumineux Eden.
Des néons s'allument pour me guider vers un ascenseur qui se met en route dès que je suis monté à l'intérieur. Il est vitré et extérieur, me permet d'admirer la ville de la jungle. Tout est démesuré sur cette planète.
Les numéros défilent, j'ai vaguement la frousse que l'ascenseur ne s'arrête pas, quand enfin il pile au dernier étage, le trentième. Il n'y a pas intérêt à avoir de pannes, comme cela arrive toutes les semaines dans mon immeuble parisien.
J'ai un moment d'arrêt, devant les portes ouvertes, il n'y a pas de palier. C'est original ! tout l'étage est constitué d'un seul appartement.
Bordel je rentre chez cet homme, les IA m'assimilent à lui, ce qui prouve bien leurs limites.
Elles devraient détecter immédiatement que je suis un intrus, ne serait-ce que le fait que je parle de Dalagir comme d'une personne extérieure. Il y en a un autre qui a tout loupé, c'est Miller.
─ tu ne rentres pas, Eden ? s'étonne Ragi.
Son nom, en y pensant ça m'évoque quelque chose. C'est fou le nombre de fois où j'ai l'impression de louper des indices, mais lesquels ?
─ Si, je réfléchis.
─ Veux-tu un verre d'eau ? Je peux te préparer un en-cas ?
Hésitant, n'osant demander s'il y a quelqu'un, je fais quelques pas dans l'immense salon. Le sol est en marbre tous les murs extérieurs sont des baies vitrées permettant de ne pas quitter la ville des yeux. Le salon est plutôt spartiate et étrange avec quelques statues et une fontaine encadrent des canapés blancs. Ça va mal finir pour moi quand même de m'introduire chez un milliardaire.
─ Il y a quelqu'un ? Je tente gêné.
─ Oui toi, répond l'IA.
─ J'abandonne, dis-moi ou est la cuisine ?
─ La deuxième porte sur ta gauche. Je n'ai pas compris ce que tu abandonnes Eden ?
─ Rien ! Ne t'inquiète pas !
L'endroit est calme, loin de l'agitation effrénée des routes et des camions géants, nous sommes même plus haut que les embouteillages volants. Sa cuisine est fonctionnelle et elle ressemble beaucoup à celle que j'ai vu dans sa propriété dans la jungle.
Il y a tellement de mystère sur cet homme assassiné, est-il vraiment mort ? Comment ces idiots de robot IA peuvent ils nous confondre et pourquoi l'IA a disparu ? Ce n'est pas l'œuvre des dinosaures.
L'eau coule et un placard s'ouvre m'indiquant les verres.
─ Miller a hérité aussi de cet appartement après la mort de Dalagir ?
─ Oui, approuve l'IA.
Elle ne tilte pas à parler de ma mort et je me retiens de jurer devant l'absurdité de la machine.
─ Il fait chaud, on peut ouvrir les fenêtres ?
─ Tu as une terrasse à l'étage avec une piscine. Je te guide pour y aller ?
Restauré et un peu mieux, je hoche la tête.
Des arbres s'agitent dans la jungle derrière les portes, étrangement menaçant.
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