Tout en se promenant, elle observe les promeneurs.

Une vie banale et sans histoires pour cette dame au chapeau de forme ? Une vie qui n'a pas grand intérêt ? Elles ne diraient rien de bien intéressant.

Est-ce que ce jeune homme, dont les chaussures ne tiennent plus qu'à un fil, a eu un début de vie difficile ? Elle le pense, elle se dit que la vie n'est pas toujours tendre avec tout le monde.

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Sandra est maintenant prête, elle doit se résigner à laisser Marcus, le chat, écaille de tortue, le petit mâle de la maison. Martha, sa voisine, une adorable petite dame à la retraite, garde avec grand plaisir son petit félin.

Elle sait qu'il en sera bien, et qu'il ne manquera de rien ; Elle le présume déjà dans les bras de cette mamie, elle s'imagine le retrouver avec quelques kilos en trop ! Elle est adorable mais a tendance à vouloir trop gâter son petit minou. En même temps elle est toute seule, ses enfants ne viennent plus la voir, trop occupés à vivre leurs vies chacun de leurs côtés. Alors de temps en temps, elles s'invitent mutuellement à prendre le thé, chez l'une ou chez l'autre, toujours avec le petit félin qu'elle affectionne tant. Et des petits biscuits, qui bien sûr, ne vont pas sans le thé, cela va de soi.

Elle lui raconta un jour, son histoire. Sa vie, sans son mari, qui est parti bien trop tôt, est décédé d'une rupture d'anévrisme.

Depuis, elle vit seule, ses enfants n'ayant pas grand intérêt pour elle, Sandra lui sert un peu de fille de substitution. Elle aime à penser cela.

Elle porte de vieilles charentaises rouges et noires, usées par le temps, usées par la vie. Elles ont l'air d'avoir beaucoup vécu ces charentaises.

Tout comme elle. Cette vieille dame au cœur tendre ne sort pas beaucoup. Uniquement pour faire ses courses.

Le tic tac de l'horloge brise le silence, le petit félin passe la porte, sentant sa maîtresse sur le départ. Montant sur ses genoux, ronronnement à l'appui, un câlin et là voilà presque parti. Elle n'est pas inquiète, elle sait qu'il sera bien ici, chez Nany, la vieille dame. Un dernier tour devant l'autel, une bougie allumée quelques instants, une brise vint soudain l'éteindre, c'est le départ. Elle le sait, ils sont là quelque part, toujours auprès d'elle.

Il est temps pour Sandra de quitter la vieille dame pour démarrer son périple.

Équipée de son sac à dos et de ses chaussures fidèles, son journal de bord, Sandra s'en va, quittant l'appartement, commencer son chemin de vie, son périple, c'est son chemin de compostelle à elle.

Ne pas oublier, cela est bien inconcevable.

Mais tout du moins, faire son deuil, c'est une épreuve de tous les jours.