Druidisme et herboristerie

Le jour suivant, c'était jeudi, jour férié pour tous les fidèles du Dieu de Bonté. Et comme beaucoup de jeudi, le père de Eren donna quartier libre à son fils. Celui-ci sortit de sa cachette le grimoire récemment acquis et alla en forêt, pour effectuer quelques exercices que ce dernier recommandait. L'aspirant sorcier avait lu que la méditation pouvait aider à percevoir l'énergie des plantes.

Au milieu d'une clairière où trônait un rocher, il s'allongea et ferma les yeux. Il essaya d'ouvrir son esprit, mais rien n'y fit. Il avait beau se montrer le plus réceptif possible, il restait sourd à l'énergie qui l'entourait. Bien que reposante, cette pratique n'avait en rien aidé le jeune homme dans son apprentissage. Ensuite, il alla chercher les racines de framboisiers que se père lui avait demandé.

Après sa « méditation » matinal, Eren rentra chez lui. L'homme qui lui servait de père accepta les racines demandées et ils se mirent à table. C'était le moment qui ressemblait le plus au temps où il y avait encore une mère dans ce foyer. Devant leurs assiettes, père et fils retrouvaient leur complicité d'antan. Bien sûr, ils possédaient d'autres moments à eux, où ils partageaient parfois de franches rigolades, mais aucun n'était aussi convivial que celui-ci.

Après ce moment passé autour de la table, l'herboriste annonça à Eren qu'il devait rendre visite à un client. Le vieil homme dont il parlait souffrait d'une maladie pulmonaire qui lui faisait cracher du sang. Ce patient était désormais dans un sale état et ne pouvais plus se déplacer. Il demanda à son fils voudrait l'accompagner pour pour l'assister.

— Je suis désolé papa, mais non. Je ne me sens pas près pour ça.

La disparition de sa mère était encore une blessure trop vive pour l'adolescent.

— Je te comprends, et je ne t'en veut pas. De toute façon, tu seras confronté bien assez tôt à ce genre de situation. Bon, les racines de framboisiers que tu m'a rapporté devraient un peu calmer ses douleurs.

— À tout de suite.

Qu'avait voulu dire son père ? Étais-ce en rapport avec sa pécheresse envie d'apprendre l'art interdit ? Non, il ne pouvait pas savoir. Bon, pour une heure au moins, la maison était à Eren. Il décida de jeter un coup d'œil à l'alphabet runique présent dans le grimoire. Les runes étaient nombreuses, elles occupaient plusieurs pages à elles seules.

Le jeune homme chercha un certain temps, jusqu'à trouver celles correspondant aux marques présentes sur sa peau. Eren découvrit que celle présente sur sa paume gauche signifiait énergie. L'autre n'avait pas de signification précise dans la langue de l'adolescent, mais était présentée comme le contraire de l'autre rune.

Ensuite, le jeune apprenti décida de préparer un cataplasme qui, selon le livre, était très efficace contre les maladies respiratoires. Peut-être était-ce une manière de se racheter de son absence auprès de son père. Les ingrédients exigés étaient tous présents dans la boutique de plantes, il n'avait qu'à se servir. Si son père lui pose des questions, il répondrait qu'il expérimente un nouveau remède. Ce n'était pas si loin de vérité, après tout.

Il était inscrit dans le grimoire qu'un remède marchait mieux si celui ou celle qui le préparait y mettait du cœur. C'est ainsi que Eren se découvrit une étonnante volonté à vouloir soigner les gens. Lui qui était si indépendant et solitaire, il se trouva tout à coup résolu à soigner l'homme que son père avait pris pour patient. Cette passion devint si ardente que la rune sur sa main droite se mit à produire de la chaleur, en réponse à la passion de Eren.

Cette chaleur partait de la paume de l'adolescent, réchauffait ses doigt d'ordinaire froids, venait s'insinuer jusque dans la préparation pharmaceutique. Quand Eren eu accomplit toutes les étapes prescrites dans le livre, l'aspirant druide éprouvait une curieuse sensation de bien-être et de fatigue. Tout fier de ce qu'il avait accompli, il remit à leurs places respectives le matériel ainsi que ce qui restait des ingrédients utilisés, et rangea précieusement le cataplasme dans un pot vide et propre. Quand il le fit, la préparation était presque chaude.

Ce jour-là, Eren se découvrit un don, et il se jura de l'employer pour aider autrui. Ce n'était peut-être que la promesse d'un adolescent à l'esprit nourrit d'histoires romanesques, mais c'était pour lui un éclaircissement sur sa personne et l'apparition d'un but dans sa vie. Et rien ni personne, pas même un Garde de la Nuit, ne pourrait l'en empêcher.

Quand son père rentra, il lui montra ce que ces mains – et son esprit, mais sans le préciser – avaient fait. Ce dernier, trop content de voir son fils consacrer son temps libre au métier qu'il exercerait un jour, le félicita de tout son cœur, et ne tarda pas à lui demander quelles plantes il avait utilisé.

— Je me suis dit qu'employer ces plantes-là, associées à ceci, pourrait être intéressant.

— Je ne me souviens pas d'avoir jamais utilisé pareille combinaison. Néanmoins, je pense que cette préparation a du potentiel. Je l'appliquerais sur le malade dont je t'ai parlé, si tu me le permet, et si mon client me l'autorise.

— Tout dépend de ton patient alors, car c'est en partie pour lui que je l'ai préparé.

— Je suis fier de toi, mon fils. Quand je te parle, parfois, j'ai l'impression qu'une partie de ta mère ne nous a pas quitté.

Et c'est seulement après une longue étreinte que père et fils se séparèrent.

C'est un bon début. Continue ainsi.

Cette pensée avait fait irruption dans son esprit. Eren essaya d'en chercher la source, mais en vain. Prétextant un soudain mal de crane, il monta le plus naturellement possible dans sa chambre, afin de s'éclaircir les idées. Ce qu'il avait fait aujourd'hui, c'était de la magie, l'adolescent en était convaincu. Il avait transféré un peu de son énergie à la mixture par le biais de la rune énergie, ce qui expliquait son état de fatigue et la chaleur émise par sa paume et le cataplasme. Suite à ça, une voie mystérieuse, ou plutôt une pensée mystérieuse, l'avait félicité. Il ne savait pas à qui elle appartenait, mais Eren avait une certitude : ce n'était pas la sienne.

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