Je prends un vol de nuit pour être, dès 8h, à la nouvelle agence.

D'habitude, un fois que l'avion décolle, je me mets à ronfler. Mais là, impossible de fermer l'œil, ni de manger. Pourtant, mon ventre ne se gène pas pour me faire comprendre que je doive le nourrir. Que faire lorsque mon cerveau refuse que j'avale la bouchée que je mastique depuis cinq minutes ? Je lâche l'affaire et mets mes écouteurs.

Après 11 heures passées dans l'avion et une heure dans le taxi, j'arrive enfin à destination.

Je paie le chauffeur qui me tend ma petite valise.

« Oui, petite valise » J'ai pris des affaires seulement pour deux semaines.» Je suis à Séoul et j'ai une carte de crédit illimité, vous ne pensez tout de même pas que j'allais ramener mes vieilles fringues de Paris !? Non, mais !

Donc, me voilà devant l'agence, mes futurs collègues m'accueillent. Quelle joie de constater que ce sont les personnes avec lesquelles j'avais fais équipe lors du défilé d'il y a deux ans. Ils m'ont fait faire le tour de la boite, qui est somme toute assez grande pour trois équipes ; Designer, Achat-vente et la nôtre, l'Événementiel.

Je les avertis que je travaille en parallèle sur un autre projet mais que je ne les laisserai pas tout faire seuls. La réunion a duré deux heures puis nous sommes allés manger.

_Je te laisse gérer en attendant, Young-Bae, dis-je à mon ancien collaborateur.

Nous nous disons au revoir, ensuite je me rends à une adresse au centre de Gangnam, mon patron m'y a loué un appart.

Le proprio, un vieux monsieur très gentil, m'accompagne jusqu'à ma porte au deuxième étage en me souhaitant la bienvenue. 

C'est un deux pièces, assez banale, avec une cuisine aménagée et une grande terrasse. Seul attrait de cet endroit.

« Bon, je ne vais pas me plaindre, c'est mieux que mon studio en France. »

Je range le peu d'affaires dans un commode et me pose sur le lit. J'ai dormi jusqu'au lendemain...

*************

En me réveillant, j'ai des frissons qui me parcours tout le corps. Comme lorsqu'on se réveille d'un mauvais rêve. Cette sensation m'a poursuivi toute la journée. Journée que j'ai passé à courir de services administratifs en services pour échanger mon permis de conduire français contre un permis coréen. Ils ont été tous unanime sur le fait que j'aurais dû m'y prendre un mois en avance.

« Super ! Moi qui déteste les transports en commun »

Je suis allongée sur le sol, en mode étoile de mer. Je tourne la tête vers le ciel que je vois de là ou je suis.

–Comme si je savais que je viendrais vivre ici. D'ailleurs, je ne sais toujours pas si je vais accepter le poste de directrice adjointe.

J'ai l'impression d'un danger imminent quand j'entends  une notification de messages venant de ma tablette.

J'ouvre le premier ; l'ambassade française m'informe que mon permis de conduire international est prêt. Je dois venir le chercher le plus tôt possible.

–Ok ! me dis-je, légèrement angoissée. Ce n'est pas du tout flippant. Comment savent-ils alors que jusqu'à trois jours, j'ignorais où je serais ?

Le second mail est de manager Kang, m'indiquant que les garçons seront là dans deux jours. Il me faut contacter l'agence et rencontrer les deux autres managers pour avoir leurs plannings ainsi que des instructions. Je ferme les mails et pousse un long soupir.

–Maintenant, je sais pourquoi tous mes poils sont hérissés depuis ce matin !

Je regarde de nouveau vers le ciel noir. De minuscules étoiles scintillent çà et là...Je me sens partir, envoûtée par la voûte céleste....

« Hm...déjà le matin ? Oh, je ne me sens pas très bien..."

Je ne me suis même pas rendue compte que je m'étais endormie.

Le sol est super dur. Et dire que des personnes pensent que dormir par terre est bon pour le dos. 

"des masos, oui" .Je me lève tant bien que mal et me prépare pour cette nouvelle journée...

************

Deux jours plus tard :

Je descends du taxi et lève les yeux sur le portail d'une immense villa qui se tient devant moi. je marche une dizaine de minutes environ pour atteindre la porte d'entrée. Je m'émerveille, en chemin, du magnifique jardin qui entoure la demeure.

« Ça se voit que ça marche bien pour eux »

Je fais le code d'entrée, ils ne sont pas encore là.

Je les attends le cœur battant. Comme s'il avait senti mon stress, Laurent m'appelle en visio pour une visite virtuelle de la maison. Je lui montre la dizaine de chambres, l'immense terrasse,  la piscine et le jardin en contre bas.

Pendant que nous gloussons telles des dindes au téléphone tout en nous extasions au sujet de cette luxueuse maison, les garçons sont rentrés sans que je ne m'en aperçoive. Je me fige de stupeur mais surtout de honte vis-à-vis de ces sept jeunes hommes, qui m'observent silencieusement.

RM lance un regard vers mon portable d'où sort la voix de mon ami cherchant à savoir pourquoi je ne dis plus rien. Je lui chuchote ma réponse (comme si les garçons pouvaient me comprendre !?) et cet imbécile veut être présenté aux chanteurs. Je refuse et raccroche sans ménagement.

–Ah, vous êtes là ? baragouine-je. Euh...je...

Mon phone sonne. Je refuse l'appel et il re-sonne. Suga me dit d'un ton légèrement agacé de répondre ou de l'éteindre. Dans la panique, je décroche au lieu d'éteindre.

Laurent me hurle, furieux, de plus jamais lui raccrocher au nez puis se radoucit.

_Pourquoi tu ne veux pas me les montrer ? T'as peur de quoi ?

_De rien. Je n'ai juste pas envie qu'ils me prennent pour une gogole à leur présenter mon ami comme ça.

–Mais non ! je veux juste voir à quoi ressemble ton chinois de plus près.

–Je t'ai déjà dit que ce n'est pas un chi...

Soudain quelqu'un m'arrache le téléphone des mains et j'entends la voix de Jungkook lui dire qu'il n'est pas chinois.

–T'es aussi stupide que ta copine ou quoi ?

Il lui montre le visage des autres membres puis lui dit avant de raccrocher :

_Content ? Inutile de t'inquiéter, ta copine ne m'intéresse pas le moins du monde !

Tout ça dans un français correct, compréhensible.

« Waouh ! Depuis quand, parle-t-il ma langue ? m'interroge-je ébahie. »

Je tends la main pour récupérer mon bien, il me regarde avec un air de dégoût et balance mon phone sur le canapé, s'apprête à sortir. 

"Mais, c'est quoi son problème, à ce mec ?" Il va m'entendre.

– Oh, ça ne va pas d'insulter les gens comme ça ? Tu te prends pour qui ?

– Pour le mec qui est ton patron désormais. N'oublie pas que t'es ici pour travailler et non minauder au téléphone avec ton mec !

Sur ce, il s'en va, me laissant sans voix. Je regarde les autres, étonnée et frustrée de ne pas lui avoir fermer son clapet.

Les plus vieux s'excusent pour lui.

Revenue de ma surprise. Je choisi de ne pas y porter plus d'attention. Je demande aux garçons quel est le jour et le prochain pays de leur tournée ?

–Quel pays ? Quelle tournée ? s'étonne RM. La France était le dernier. Maintenant, nous allons prendre des vacances et ensuite travailler sur notre prochain come-back.

–Quoi ? Vous n'êtes plus en tournée ? Mais...Mr Kang a...!

–Tu ne le savais pas ? Kang Hyung ne te l'as pas dit ? me demande Tae.

–Il m'a laissé des instructions, réponds-je, en lui montrant le dossier que j'ai été récupéré à l'agence. Je ne l'ai pas encore ouvert.

J'étais tellement obnubilée par comment me comporter en sa présence que j'ai oublié de le lire.

– Ce n'est pas grave me rassure, Jin. Nous serons là pour t'aider. Tu n'auras pas à t'occuper de nous tous.

Il m'explique que je serai en charge de la macknae line ; Jimin ; Taehyung et Jungkook. Les quatre autres ont leur propre agent. Certains d'entre eux profiteront de leur congé pour se concentrer sur leur calendrier personnel et seront sûrement absents.

J'étais en totale dépression. Le pire était à venir. Je devrais, m'annonce Tae heureux, vivre avec eux durant cette période. Ils sont au courant que je doive aussi m'occuper de la nouvelle filiale en partenariat avec mon entreprise.

–Ce sera plus pratique pour toi. Nous avons des horaires décalés. Cela t'évitera de faire trop de va et vient, me dit Jimin chaleureusement. Et de rentrer tard chez toi.

–"Hors de question que je vive trois mois avec ce chien enragé !"

Les garçons me fixent, médusés. Mince, j'ai dit ça à haute voix !

_Je... enfin...  je veux dire...

–Moi non plus, ta compagnie ne m'enchante pas. Je vais suivre les stupides ordres de Kang hyung, vu que je n'aurais pas le choix. En dehors du boulot, je ferai comme si tu n'existais pas !

Je me retourne, Il s'est changé. Il porte un pantalon noir moulant et un t-shirt blanc. Un long gilet gris clair dont les manches recouvrent ses poignets et des timberland.

« J'avais oublié qu'il a du monde dans sa... cave." 

Les souvenirs de nous deux essaient de se frayer un chemin dans ma tête. Je commence à avoir chaud.  Je les chasse immédiatement. J'essaie de ne pas rougir et de regarder ailleurs. 

Je crois qu'il m'a grillé. Un sourire sadique se dessine sur ses lèvres pour disparaître aussitôt.

Il me tire par la main en m'aboyant qu'il a une séance photos et que nous sommes en retard. Je le suis malgré moi. J'entends au loin les autres protester tandis que la porte se referme sur nous.

Il est assis à l'arrière du van pendant que je conduis. Je sens ses yeux me fusiller à travers le rétroviseur. Il est pensif et marmonne dans sa barbe. Je ne capte pas ce qu'il dit.

 Si j'avais pu lire ses pensées à ce moment-là, je crois que j'aurais décliné l'offre de Eun-Jun, quitte à passer ma vie à rembourser l'entreprise...

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