Trois ans en arrière.
Flash-back de Lynn
Je me réveille en sursaut, hébétée, me demandant où je suis. Je vois flou. J'ai du mal à distinguer la silhouette d'une personne qui me demande de ne pas me lever lorsque je veux me redresser. Je cligne des paupières pour essayer d'ajuster ma vue, regardant autour de moi, totalement perdue. Une odeur aseptisée envahit mes narines. Je sens quelque chose dans ma gorge que je tente de retirer. Ça me fait mal quand je tire dessus. je vois l'ombre de l'homme s'éloigner pour se rapprocher accompagnée d'une personne à la voix masculine aussi et forte. La voix forte pousse doucement sur mes épaules m'obligeant à me rallonger.
–Calmez-vous mademoiselle, me dit-il. Tout va bien. Vous êtes à l'hôpital.
Je veux parler mais je n'y arrive pas.
–Je vais vous enlever le tube que vous avez dans la gorge. Toussez fort, s'il vous plait. Bien ! Encore.
Je sens le long tuyau quitter ma cavité buccale tandis qu'une infirmière, je suppose, me donne un verre d'eau.
–Buvez juste une gorgée, et avalez-la doucement. C'est bien... Je suis le Dr Kristopher. Vous rappelez-vous de ce qui vous est arrivé ?
Je me triture les méninges afin de me souvenir comment je me suis retrouvée à l'hôpital.
J'ai des flashs d'un jeune homme brun, d'une dispute puis mon corps se met à trembler lorsque le logo "WC" apparaît. Le médecin me rassure en me disant que ce n'est pas grave, que cela me reviendra plus tard. Mais, je veux me souvenir, je veux me débarrasser de cette angoisse qui m'étreint depuis mon réveil. Je fouille dans ma mémoire jusqu'à tout rassembler.
–Ça y est ! m'exclame-je. Je m'en souviens. J'étais dans une chambre d'hôtel et je me disputais avec mon...mon... ex petit ami. Je raconte doucement, au fur et à mesure que les souvenirs remontent à mon cerveau. « Ensuite, je suis allée aux toilettes et sa détraquée de copine ma poi... Le bébé ? Mon bébé ? Est-ce que... ? »
Je regarde le médecin, larmoyante. Je touche mon ventre priant qu'ils aient pu le sauver même si je n'ai pas beaucoup d'espoir.
Laurent me sourit ainsi que le praticien.
–Vous aviez effectivement été gravement blessée et aviez perdu beaucoup de sang. Vous avez de la chance que votre agresseur ne sache pas viser, sourit le médecin. Aucun organe vital n'a été touché. Comme l'arme était souillée, vous aviez tout de même développé une septicémie. Nous vous avons plongé dans un coma artificiel afin de contenir l'infection pour que les bactéries ne se propagent pas dans votre corps. Le placenta n'avait qu'une petite déchirure que les médecins coréens ont recousu. Il faut aussi dire que votre petite est une battante. Elle est aussi forte que sa maman.
–Elle ? C'est une fille, alors ! ? Attendez... je suis restée inconsciente combien de temps ?
–Deux mois ! me répond Laurent et...
–Vous lui raconterez plus tard, coupe le docteur. Nous devons vous faire quelques examens pour voir si tout va bien.
Il fait signe à l'infirmière qui arrive avec un fauteuil roulant. Elle m'aide à m'installer. Laurent en profite pour me serrer dans ses bras avant de m'embrasser sur le front.
Ils m'ont fait toute une batterie de tests ; IRM, tests neurologiques, stimulation verbale, motricité, tests cognitifs puis m'ont ramené dans ma chambre. Avant de nous laisser, la paramédicale m'explique qu'ils n'auront pas à me sevrer des médocs donnés pour me maintenir dans le coma. Vu que je me suis réveillée toute seule, cela signifie que mon corps les a pratiquement tous éliminé. Cependant, je ne devrais pas trop manger ni trop boire même si j'ai très faim et soif. Environ une heure plus tard, un aide-soignant me conduit dans la salle de gynéco pour mon exam'. J'avoue que c'est celui que j'attendais le plus.
Allongée sur la table d'examen, l'échographe me montre les différentes parties du bébé.
_La longueur cranio-caudale est normale et le diamètre bipariétal aussi. Nous sommes bien en présence d'un fœtus de trois mois et demi. On aperçoit bien les deux hémisphères du cerveau. Voyons l'abdomen maintenant. Bien ! L'estomac et la vessie sont bien là. Les quatre membres sont complets et nous avons aussi cinq doigts bien longs à chaque main.
Comme l'échographie est en 3D, je peux voir mon enfant en intégral. Tous ses membres sont formés. Elle a les mains ouvertes. J'aurais aimé les toucher.
Je geins lorsque l'échographe appuie un peu fort sur une partie de mon ventre.
_Je sais que ce n'est pas très agréable mais ne bougez pas. Hum...c'est bien ce que je pensais, sourit-il. Mademoiselle sera aussi grande que sa mère.
_ Alors, je vais vraiment avoir une fille ?
_Oui. Lorsque j'ai appuyé sur votre flanc, cela ne lui a pas plus. J'ai pu voir ce qu'elle voulait me cacher en changeant de position. Il faudra attendre la prochaine échographie pour avoir une confirmation à cent pour cent. Cependant, elle était suffisamment bien placée, pour que je sois certains à quatre-vingt-quinze pourcents. Vous voulez entendre son cœur ?...
Il met le son de l'écran et recherche parce que mademoiselle s'est recroquevillée dans un coin de mon ventre.
–Elle est espiègle cette jeune fille. Attendez, je vais l'obliger à se retourner...
Une fois la consultation terminée, une infirmière me reconduit dans ma chambre.
–Demain, la kiné viendra vous voir pour commencer les séances de rééducation.
Laurent la met presque à la porte pour se retrouver seul avec moi. Il pleure dans mes bras, s'excusant de m'avoir piégé pour me réconcilier avec Jungkook. Je lui souris bienveillante et le rassure sur mon pardon.
–Tu voulais juste m'aider. Ce n'est pas toi qui as dit à cette folle de m'attaquer.
–Non, c'est vrai. Je suis trop content que tu ailles bien. Comment va-t-elle ? me demande-t-il pour le bébé.
–Apparemment mademoiselle va bien. Dans deux semaines, ils me feront le test pour la toxoplasmose et la trisomie.
–T'imagines pas le sang d'encre que je me suis fait. Quand j'ai dit aux ambulanciers que tu es enceinte, ils m'ont fait comprendre dans un mélange anglais-coréen que les médecins devront t'avorter. J'ai dû faire intervenir ton amie et elle les a menacés d'un procès pour qu'ils acceptent de sauver l'enfant.
–Comment as-tu su que je voulais le garder ?
–Lorsqu'ils t'amenaient, tu as serré ma main en murmurant « le bébé... le bébé ». J'ai pensé que tu ne voulais pas le perdre. Je dois t'avouer que j'appréhendais ton réveil. Je me demandais si j'avais bien compris et si ce n'était pas le cas, si tu me pardonnerais ?
–Oh mon Laurent ! Heureusement que tu es réactif. C'est la dernière chose qui m'était venue à l'esprit lorsque j'étais allongée sur le sol de ces toilettes. J'étais dégoûtée de ne pas pouvoir le voir. Grace à toi, lui dis-je en le prenant dans mes bras, je vais pouvoir tenir ma fille contre moi dans quelques mois si tout se passe bien. Alors comment t'en vouloir ?
–Pas seulement moi. Eun-Jun aussi est à remercier. Elle a fait des pieds et des mains pour convaincre l'obstétricien. Alors, je crois que tu....
–Inutile de finir ta phrase. J'ai capté. Je la remercierai plus tard.
Je m'agenouille sur le lit afin de mieux voir mon petit ventre arrondi. Je caresse et caresse mon baby bump.
–Je suis tellement heureuse. Je vais enfin être une vraie maman.
Je ne sais pas si c'est dû à l'excitation ou au fait que je sorte de deux mois de coma, mais je sens ma tête tourner et mon corps basculer sur le côté. Laurent m'attrape in extrémis.
–Ça va, Lynn ? Tu veux que j'appelle le docteur ?
–Non. J'ai juste la tête qui tourne un peu. Je crois que mon corps doit se réhabituer à bouger.
Laurent rapporte l'événement à l'infirmière qui est venue le prévenir de la fin des visites. Elle lui répond la même chose que moi.
–Votre corps est encore faible, vous ne devez pas trop présumer de vos forces. Si vous avez besoin d'aller aux toilettes ou vous douchez, sonnez et l'une d'entre nous viendra. D'accord ?
–Entendu. Merci.
–Ma collègue vous apportera votre dîner dans une demi-heure. Je vous souhaite une bonne fin de soirée et vous dit à demain.
–Merci. Bonne soirée à vous aussi.
Avant de s'en aller, Laurent m'apporte mon portable pour que nous puissions continuer à discuter pendant qu'il rentrera chez lui. Il suit l'infirmière non sans m'avoir embrassé un millier de fois.
J'allume mon téléphone et la chambre résonne des notifications de messages. J'ai regardé l'heure automatiquement en l'allumant et les notifications se sont arrêté au bout de sept minutes. J'ai cent cinquante-deux messages en attente et à peu près la même quantité en messages vocaux. À part une vingtaine qui provient de mes amis communs avec Laurent et il y a aussi quelques-uns de Taehyung et de mon équipe en Corée, tout le reste vient d'une seule et même personne. Je ne les lis ni les écoute car je sais que c'est juste par culpabilité qu'il a tenté de me contacter. Je ne vais pas lui offrir le luxe de le réconforter.
🍀🍀🍀🍀
Voilà 4ème chapitre. Dites-moi ce que vous en pensez. Allez-y commenter, voter et partager. Merci😊
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