Le nouveau chef du département mode
PDV Lynn.
Je suis dans un long couloir qui ressemble au sous-sol d'un hôpital. Les lumières du plafond clignotent les unes après les autres. J'avance la peur au ventre. J'ignore pourquoi mais je la sens qui me tord les boyaux. Je longe les murs. Plus j'avance, plus mon angoisse grandit. Ça y est, je sais pourquoi cette frayeur me déchire le ventre ; c'est parce que je sais ce qu'il y a sur le brancard que j'aperçois un peu plus loin.
Je m'approche doucement et fixe le corps allongé, recouvert de la tête aux pieds d'un drap blanc. Soudain, une tache de sang apparaît au niveau de l'abdomen de la personne et grandit jusqu'à maculer tout le bas du drap.
Je tends une main tremblante et soulève d'un coup le tissu. Et c'est... moi... moi qui suis allongée, saignant abondamment. Je recule effrayée jusqu'au mur d'où se me laisse glisser en larmes.
C'est toujours là que la sonnerie de mon réveil met fin à ce cauchemar. Je passe la main sur la place près de moi, elle est vide. Il a dû partir tôt. Hier soir nous avons eu notre première dispute sérieuse. Je me lève et me dirige vers la salle de bain. Je caresse ma cicatrice que j'ai recouvert d'un nouveau tatouage. Malheureusement, je sais qu'elle sera toujours là.
Il y a trois ans, j'ai manqué de mourir parce qu'une folle m'a poignardée sous prétexte que je lui avais volé son homme. Aujourd'hui encore, j'ai beaucoup de mal à aller dans des toilettes publiques. Je tressaille dès qu'une personne y rentre après moi.
Je fini de m'habiller et descends préparer le petit-déjeuner. Je mets tout sur la table puis je note sur le tableau des courses de penser à prendre du lait de soja. Je monte la réveiller. Elle a très mal dormi. Elle a toussé une bonne partie de la nuit. Je sais déjà que cela va être la soupe à la grimace pour qu'elle aille à la garderie ce matin.
–Min-ah-yah... coucou ma puce, tu te réveilles. Min-ah-yah, allez bébé lève-toi.
Elle se retourne et se frotte les yeux.
–Maman, Min-ah veux dodo encore, rechigne-t-elle en toussant. Veux pas me lever.
–Je sais chérie mais maman a une réunion importante ce matin. Elle ne peut pas rester avec toi.
–Veux pas aller. Veux pas !
Elle gonfle les joues de mécontentement.
–D'accord. Il est trop tard pour prévenir une baby-sitter. Min-ah va venir au travail avec maman.
Elle me saute au cours et m'embrasse plusieurs fois pour me remercier.
Je sais que je ne devrais pas céder aussi facilement, mais je me sens coupable quand je la regarde. Certes la déchirure du placenta n'était pas grande, j'ai quand même perdu un peu de liquide amniotique. Les médecins ont réussi à la sauver, par malheur elle a un poumon qui s'est un peu moins bien développé et un système immunitaire faible. Elle choppe tout ce qui traîne. Je ne compte plus le nombre de fois où je me suis rendue aux urgences à cause d'une crise d'asthme.
Je l'installe sur sa chaise haute pour le petit déjeuner. Elle balance le plat et se met à pleurer après que je l'ai grondé.
–Tu dis juste que tu ne veux pas. Tu ne jettes pas ton bol comme ça. C'est compris, Min-ah ? La prochaine fois maman te punit et tu n'iras plus à son travail.
–Min-ah veut pas ça. Min-ah veut pain avec zœuf.
–Maman va te donner du pain et un peu de ses œufs.
Elle est heureuse et me le fait savoir avec un sourire jusqu'aux oreilles accompagné d'une longue conversation. J'ai juste compris qu'elle était contente de voir tonton Laurent et tatie Suh.
Je la regarde manger tout en jouant avec la nourriture. Les larmes me montent. Quand je pense que j'ai failli ne pas connaitre cette joie, j'ai envie de fondre en larmes.
Ma grossesse s'était bien passée jusqu'à la fin. Les examens de la toxo et la trisomie étaient revenues négatifs. J'ai tout de même était suivi de près. J'ai souffert durant trois heures avant que cette demoiselle ne se décide à quitter son cocon douillet. C'était comme si un alien me dévorait les entrailles pour sortir. Mon col était trop dilaté pour la péridurale mais pas assez pour qu'elle sorte. La sage-femme me disait sans cesse que c'était imminent. J'avais l'impression d'être à une journée porte ouverte. J'étais installée sur le lit, les pieds dans les étriers, cuisses écartées. Même si j'étais recouverte d'un drap, je n'étais pas à l'aise. Toutes les demi-heures, une personne venait voir à quel point j'étais dilaté. Et ce n'était jamais la même personne. Et puis, arriva le moment propice ou il fallait pousser. Bien sûr, il ne fallait pas pousser au moment où toi tu avais envie de le faire.
Heureusement que Laurent était là. Je crois qu'il n'avait plus de doigts le pauvre à la naissance de la petite.
C'est une émotion indescriptible de tenir son enfant pour la première fois dans ses bras. J'ai pleuré de joie lorsque la sage-femme me l'a posée sur le ventre. Elle était aussi rose qu'une crevette avec une belle touffe de cheveux bien noir. De grands yeux noirs. L'infirmière l'amena ensuite pour la laver et l'habiller et lui faire le test d'APGAR. C'est pour tester sa motricité et ses réflexes. Laurent la collait à chacun de ses pas.
Tout allait bien et nous avons pu rentrer chez nous après trois jours. Cinq mois plus tard, j'étais à un rendez pour un local afin de monter ma boite, lorsque l'étudiante qui la gardait m'appela en panique. Min-ah s'était réveillée en toussant. Elle lui avait donné un peu d'eau mais cela n'avait rien arrangé. Elle toussait depuis dix minutes et commençait à devenir bleue. Mon sang n'a fait qu'un tour. Je suis partie de l'agence immobilière en laissant mon sac avec tous mes papiers. Comme, j'ai l'habitude de mettre mes clés dans ma poche de manteau, j'ai démarré en trombe. J'ai dû griller plusieurs feux rouges avant d'être prise dans un embouteillage monstre. Je pleurais de rage et de peur au volant. La baby sitter, elle, continuait de paniquer. Voyant que je ne serais jamais là à temps, je lui ai demandé d'alpaguer la première personne qu'elle trouverait dans la rue pour lui demander de l'aide. C'est là qu'elle est tombée sur James après s'être fait rembarrer par plusieurs autres personnes. Il a pris les choses en main et a conduit la petite aux urgences.
Les pleures de Min-ah qui veut descendre me tire de mes réminiscences.
Nous finissons de petit-déjeuner. Je vérifie que j'ai tous mes dossiers et sors Min-ah de sa chaise pour l'installer dans le siège auto. Une fois à l'agence, elle quitte mes bras pour rejoindre Anh-Soo, une de mes collaboratrices. Elles ont une longue discussion puis ma collègue m'annonce l'arrivée du nouveau chef du département mode et de sa participation à la réunion afin de se présenter officiellement.
–Il est arrivé ce matin. Il est beau comme un Dieu, s'extasie-t-elle. Je crois qu'il va y avoir de la vie avec lui dans le département Mode.
–Moi aussi, sourit Laurent, s'il est aussi beau que tu le prétends.
Anh-Soo installe Min-Ah à son bureau, lui donne de quoi dessiner puis demande à son stagiaire de veiller sur elle tout en le menaçant de terribles représailles s'il arrivait quoique ce soit à la petite.
–Parfois, j'ai la sensation que c'est toi la mère, dis-je en riant.
J'informe Min-Ah d'être bien sage et que je reviendrai très vite.
Anh-Soo me traîne avec Laurent en direction de la salle de réunion.
–Alors ? me questionnent-ils en cœur. Votre soirée ne s'est pas bien passée. James n'avait pas l'air très heureux tout à l'heure.
–Ah, il est déjà là. Il était parti à mon réveil. Je comprends que l'idée que je vive avec mon ex ne lui plaise pas. Il voudrait que je fasse un procès à Jungkook pour abandon de famille. J'aurai dû le prévenir de la naissance de sa fille et le laisser choisir s'il voulait ou non faire partie de sa vie.
–Je n'ai pas envie de te dire « je te l'avais dit » mais je te le dis quand même ; je te l'avais dit. Tu ne serais pas dans cette situation, si tu m'avais écouté.
–Oh ça va, hein ? Je crois que tu as des explications à me donner, non ? Sur comment il se fait que tu lui aies envoyé des photos et vidéos de mon enfant sans ma permission.
–Passons à autre chose, évite mon ami. Et vous ne vous êtes pas réconciliés sur l'oreiller avec James ? me demande-t-il avec une petite danse sexy.
–Alors là, c'est LE sujet à éviter, dis-je déçue. Tout se passe bien et au moment fatidique, je me bloque et ça ne veut pas rentrer.
–Toujours ? Donc, vous n'avez pas réussi à... ? s'étonne Anh-Soo.
–Non. J'ai voulu serrer les dents et essayer de supporter la douleur pour lui faire plaisir. Il a dû s'arrêter parce que ça me faisait trop mal. J'avais l'impression qu'il me déchirait.
–À ce rythme, il va finir par se décourager. Cela fait plus d'un an que vous êtes ensemble et n'avez pas été plus loin que des flirts, constate ma collaboratrice. Je pense que tu devrais consulter, me conseille-t-elle. Tu as un enfant, donc ça signifie que tu n'as pas de souci à ce niveau, ce serait plus psychologique.
–Moi, je dirai que cela se situe à un autre degré, dit Laurent. Ton corps refuse parce que ce n'est pas la bonne personne. Tu n'avais pas ce problème avec le père de Min-Ah. Je crois que c'est lui que ton corps désire.
–Ne me parle plus de ce type, s'il te plait.
–Tu vas devoir t'y faire puisque tu dois vivre...
Laurent stoppe en plein milieu de sa phrase quand il ouvre la porte de la salle de conférence et moi, je reste immobile en voyant qui est le nouveau chef du département mode. Nous crions en harmonie « JUNGKOOK ?»
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J'espère que ce chapitre vous a plus. Allez-y commenter, voter. Merci😊
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