Je déciderai à ta place !

PVD LYNN

Une fois dans la chambre, je respire de soulagement. Je me dépêche de mettre mon téléphone sur vibreur au moment où je vois réapparaître sur l'écran le rappel de sa surprise, entouré de petits cœurs, que j'avais mis au cas où je me serais endormie.

« Quelle idiote ! J'aurais eu l'air fine s'il avait réellement sonné. »

Son dos cognant contre la porte m'informe qu'il est toujours là.

- Oh non, ne t'inquiète pas ! prétends-je discuter avec Alex. Je n'ai pas omis notre rendez-vous de la semaine prochaine. Pas de souci. Merci !Toi aussi fais de beaux rêves Alex. À demain.

Je patiente jusqu'à ce que l'écho de la porte de sa chambre se fermant résonne dans le couloir. Je ressors direction la salle de bain. J'y avais tout posé en vrac lorsque je l'ai entendu m'appeler. Les crèmes chantilly et chocolat se sont renversées ainsi que les pétales de rose.
Je m'agenouille tant bien que mal pour tout ramasser. Je jette les fraises et fais couler de l'eau chaude sur ce qui reste des crèmes. Le champagne, le cidre prennent le même chemin. Au fond du lavabo !

J'essuie mes yeux. C'est bête de pleurer car j'aurais dû m'y attendre. C'est typiquement lui ; me faire bien espérer pour se détourner de moi ensuite.
J'admets ne pas avoir été très réceptive à ses demandes d'affection ces temps-ci, mais ce n'est pas une raison pour aller voir ailleurs !
Ça m'a fait mal de le voir l'embrasser comme si moi, je n'étais pas là. Mes larmes coulent toutes seules tandis que je continue de nettoyer.
Je fourre le tout dans un sac que je dépose dans la poubelle de la cuisine. Je monte me coucher le cœur meurtri...

Le lendemain, j'éteins en vitesse le réveil pour ne pas troubler le sommeil de Min-Ah. Je l'avais mis car je pensais passer la nuit avec lui. J'essaie de ne pas trop penser à ma déception. Puisque je suis réveillée, je vais aller m'aérer un peu l'esprit.
Je descends discrètement. La villa est encore endormie. J'écris un mot avant de sortir. Min-Ah m'intercepte.

- Tu vas où maman ? Min-Ah veux venir aussi, dit-elle en se frottant les yeux.

J'avais envie d'être seule mais cela permettra à son père de dormir plus longtemps. Je remonte l'habiller chaudement et nous partons.
Il est six heures du mat', les rues sont quasi vides vu que nous sommes le matin du premier de l'an ; les gens récupèrent pour la plupart de leur nuit de fête. Seulement quelques-uns promènent leur chien et d'autres qui rentrent certainement que maintenant. Même phénomène dans le métro. Hormis deux-trois personnes qui cuvent leurs vins, il n'y a personne.
Cela me fait un drôle d'effet. Ces deux dernières années, j'ai passé le nouvel an en Corée du Sud et c'est totalement différent. Beaucoup de Coréens font la route en direction de la mer de l'Est avec leur famille afin de se souhaiter une bonne année en voyant le soleil levant. Même si le soleil se lève tous les jours, ils disent que celui que nous pouvons admirer le premier jour de l'année n'a pas la même saveur que celui des autres jours.

C'est ce que je voulais faire avec lui. Suivre cette tradition de son pays et ainsi, posé les bases du début de notre vie ensemble.

- Mais bon...

- Maman, pourquoi le monsieur il dort par terre ? Min-Ah pointe du doigt un sans abri.

- C'est parce qu'il n'a pas de maison, ma chérie.

- Nous on a une maison, il peut venir avec nous ?

Je lui explique de mon mieux pourquoi il est impossible d'inviter cet homme a se joindre à nous. Heureusement, l'arrivé du train détourne son attention.

Min-Ah s'amuse à changer de place, me pose des questions sur le métro. Elle ne cesse de faire des allers-retours d'un siège à l'autre. Revient me parler de son père, d'Haillye qu'elle aime bien, Sergio, Manon. Elle veut téléphoner à tonton Laurent. Touche mon ventre et se renseigne si le bébé prendra le train aussi.

« Je ne me rappelle pas qu'elle était aussi remuante. »

Maintenant que j'y pense, je ne passe pas tant de temps que ça avec ma fille. Lorsqu'elle sort de la garderie, c'est la babysitter qui la prend en charge à défaut de Jungkook. Sur ce fait, il n'a pas totalement tort. En fonction de la situation, si nous avons la garde des jumeaux, je vais devoir travailler à la maison. Enfin... s'il décide de vivre avec moi.

Nous sortons du métro et continuons à pieds jusqu'au parc du Buttes Chaumont. J'ai moins mal lorsque je marche. Par contre le froid me saisit ; j'ajuste le col de mon manteau et mets les mains dans mes poches.
Le vent souffle, faisant s'envoler des bouts de mouchoirs, des tickets ou rouler des cadavres de cannettes de boisson jetés au sol. Cela ne semble nullement déranger Min-Ah qui court, joyeuse.
Nous passons devant une boulangerie, elle s'arrête devant la vitrine puis y pénètre en passant la porte automatique. J'entends la vendeuse la saluer et lui demander où se trouve ses parents tandis que je rentre à mon tour.

-Min-Ah ! Qu'est ce que maman t'as déjà dis ? Tu ne t'éloignes pas de moi. Sinon, je te tiens la main.

Elle colle une main sur la vitrine et réclame de l'autre une part d'Opéra.
Je n'ai pas mon porte monnaie sur moi. C'est en arrivant aux portiques dans la gare que j'ai constaté que je l'avais oublié. Cependant, comme les transports sont gratuits le premier Janvier, j'ai continué mon chemin. En plus, je n'avais pas prévu d'emmener Min-Ah. Je lui prends la main pour sortir quand la boulangère m'interpelle.

-Lynn ? C'est bien toi, Lynn ?

-Euh... On se connaît ?

-Tu ne souviens pas de moi ? Mme Bertrand ?! J'étais la voisine de la deuxième maison après celle de tes parents !

Je réfléchis essayant de me remettre de son faciès. Elle pose les poings sur ses hanches, vexée que je ne la reconnaisse pas. En faisant cela, ses joues se gonflent et prennent l'aspect de ceux d'un bouledogue ; ce qui m'a permis de m'en rappeler. Je me retiens de rire. Rayan et moi nous moquions d'elle en disant qu'elle ressemblait à son chien.

- Ah oui, Mme Boule... Madame Bertrand. Oui, je m'en souviens. Comment allez vous ?

- Bien, merci et toi ? Cette petite boule de nerf est à toi ?

- Oui, c'est Min-Ah. Dis "bonjour" ma chérie.

-Bonjour ! Je veux gâteau chocolat !

Je la sermonne au sujet de son comportement. Elle commence à me faire un caprice. Je m'accroupis à son niveau et l'attrape par les épaules.

- Tu m'arrêtes ça tout de suite, Min-Ah ! m'énerve-je. Non, c'est non ! Allons-y maintenant.

Elle pique une crise et ça m'énerve encore plus. Je veux m'en aller afin d'éviter que mon ancienne voisine ne me parle de mes parents.

- Je constate que le notaire t'a retrouvée, me suspend-t-elle tandis que je franchis la porte de la boutique.

Je reviens sur mes pas.

-Quel notaire ? Pourquoi un notaire me chercherait-il ? m'enquiers-je surprise

- Ce n'est pas pour ça que tu es là ? Pour hériter de la maison de tes parents ?

-Hériter ? Mes parents ?

Elle m'apprend, pleurnichant, que mes parents adoptifs ont été victimes d'un meurtre. Un jeune garçon d'une douzaine d'année qu'ils avaient recueillis de l'aide sociale les a poignardés de plusieurs coups de couteau durant leur sommeil. L'enquête à révéler qu'ils le maltraitaient ainsi que ceux pris en charge après mon départ. Mes parents continuaient de toucher les aides tandis que les enfants avaient été mis à la porte.
Apparemment, au début la police m'a recherché pour témoigner en faveur dudit enfant. Malheureusement, il est mort dans la prison où il a été placé dans l'attente de son procès. Maintenant, c'est un notaire qui voudrait me rencontrer pour la succession. Ils sont morts intestat et je suis la seule enfant connue.

Elle passe de l'autre côté de son comptoir.

- Ma pauvre chérie, on ne se serait jamais doutés de ce qui se passait dans cette maison. Elle me serre contre elle. « Je comprends mieux maintenant pourquoi ils ne vous laissaient sortir seulement pour aller à l'école et leur silence après la mort de ton frère. Qu'est-ce que tu as dû souffrir ? De toute manière, m'avoue-t-elle une main sur la figure, je les ai toujours trouvé bizarre.
Et c'est pour cela que j'ai déménagé. Trop de journalistes nous accusaient de lâcheté. Ils se demandaient comment nous ne pouvions pas nous rendre compte de ce qui se passait chez vous. Si j'avais su, je vous aurais... »

C'est ce que les gens disent toujours après coup, songe-je. "Si j'avais su" Si elle les avait trouvé si étrange pourquoi ne pas avoir tenté d'en savoir plus ? Encore des excuses pour justifier son égoïsme envers autrui. Comme si sa fille ne lui parlait pas de moi et de mon unique pomme en guise de déjeuner ? Combien de fois s'était-elle foutue de moi à cause de cela. Madame Bertrand continue de se lamenter sur le choc que leurs morts doit être pour moi.
Au fond, je m'en fiche totalement, cela fait longtemps qu'ils l'étaient à mes yeux. Je n'arrive pas à pleurer mon enfant, ce n'est pas pour des personnes comme elles que je vais gaspiller mes larmes.

- Oui, je comprends, l'interromps-je. Je vais y aller. La petite est trop énervée. Au revoir Madame Bertrand. Heureuse de vous avoir revu !

J'arrache presque Min-ah, qui continue de chouiner, de la vitrine. Une voix que je reconnaitrais entre mille, résonne de l'arrière boutique.

- Pourquoi persister à faire des enfants si tu es incapable de les nourrir ?

Je me retourne ; une femme brune se tient derrière le comptoir. Une adolescente, peut-être d'une quinzaine d'années, à ses côtés et un homme d'un certain âge.

- Lynn tu te souviens de Shannelle, ma fille !

Comment oublier l'une des filles qui m'a persécutée durant mes années lycée et à la fac ? Je n'ai jamais pu le prouver mais je reste persuadée qu'elle faisait parti de celles qui m'ont agressées lorsque j'étais enceinte des jumeaux.

- Alors la paria ? Toujours à mendier pour nourrir tes enfants ? Vu comment t'es fringuée pas étonnant qu'aucun homme ne veuille rester avec toi, me lance-t-elle avec mépris.

Elle me regarde de la tête au pied et esquisse un sourire narquois. Je vois mon reflet dans la vitre du distributeur de boissons et franchement, je ne ressemble à rien. La ceinture de mon manteau s'est desserrée ; apparaît un bas de jogging molletonné qui oscille entre le noir et le gris et un vieux maillot bleu, manche longue.
C'est vrai qu'il fait grise mine mais, j'aime le moelleux de ce pantalon qui garde bien la chaleur. Mes tennis aussi tirent la tronche, cependant j'apprécie énormément leur confort. En plus, je voulais juste m'installer sur un banc du parc. Je ne pensais rencontrer, ni parler à qui que ce soit.

- Shannelle, s'il te plait ! la reprend sa mère.

- Ce n'est rien, madame Bertrand...Je m'efforce de lui sourire amicalement.
«Je vous souhaite une bonne et heureuse année. Viens ma chérie ! »

- Non, je veux dugâteau ! Elle croise les bras, boudant.

Pour la première fois de ma vie, j'ai envie d'étriper ma fille. Je la prendrais bien dans mes bras pour la sortir de force, mais je crains qu'en s'agitant elle ne me donne un coup de pied dans le ventre. Je n'ai d'autre choix que de la tirer. Cette petite peste pleure, aucune larme ne sort de ses yeux !
La cloche au-dessus de la porte d'entrée tinte, annonçant un client. Nous levons les yeux. Alexandre Peter, mon ancien prof, entre. Il s'agenouille face à Min-Ah qui se cache derrière moi pour lui expliquer qu'elle doit obéir si elle ne veut pas être punie.

- Tu as compris ? Tu vas être sage ? ordonné-t-il d'un air qui se voulait sévère.

Il se redresse et m'adresse un sourire charmeur. Je suis à la fois touchée et embarrassée. Embarrassée d'être vue vêtue de la sorte par mon prof.

« Cette matinée ne pourrait pas être plus pourrie ! »

Et bien sûr, c'est la phrase qu'il ne faut jamais dire dans ce genre de situation car, il y a toujours pire. Oui, pire ! Comme le père de mon enfant qui se ramène à son tour. Jungkook ouvre la porte, retire sa casquette pour saluer.

- Nous avons des clients ! Attends derrière, nous te donnerons les restes de la veille, m'offre fièrement Shannelle, d'un ton condescendant. Je suis sûre qu'ils n'ont pas encore jeté les invendus.

Jungkook toise Alexandre et le pousse presque pour prendre Min-Ah. Cette dernière raconte à son père mon refus de lui acheter une pâtisserie. Trop passionné par les complaintes de sa fille, il ne remarque pas mon désir de partir. Les orbes de l'adolescente s'agrandissent en des balises indiquant l'avoir reconnu. Je la vois du coin de l'œil trépigner sur place.

-Ok ! Bien, je vais prendre tout ce que vous avez là ! commande le chanteur.

Madame Bertrand le regarde bouche bée !

- T-tout ! Vous en êtes... sûr ? cligne-t-elle des yeux.

- Ma fille veut des sucreries, je vais les lui acheter.... En fait non ! Tout compte fait, je vous rachète votre magasin ! Votre prix sera le mien !

- Quoi ? demande-t-elle au bord de l'évanouissement.

Je n'en crois pas mes oreilles. Il est aussi agaçant que sa fille.

- Non, il plaisante ! Je me tourne vers Jungkook « Tu as deux secondes pour sortir d'ici avec Min-Ah ! Sinon, je ne donne pas cher de ta peau ! »

Je le fusille du regard pour qu'il comprenne que je ne plaisante pas, moi !

Ils sortent, suivis par Alexandre et moi-même. J'entends l'adolescente, surexcité dire :

- C-c'est Jungkook ! Jeon JungKook ! Le chanteur des BTS ! Ta copine est en couple avec JungKook des BTS !

***

Alexandre nous souhaite une bonne année puis se retire. Nous marchons cinq minutes avant d'atteindre le parc, dans un silence aussi froid que le temps. Je m'installe sur un banc. JungKook joue un moment avec Min-Ah et la laisse avec une petite fille rencontrée sur le toboggan. Il vient se poser près de moi.

- Pourquoi tu t'es laissée humilier comme ça ? Tu n'aurais pas dû m'en empêcher.

- Je m'emporte seulement lorsque ça en vaut la peine. Tu le sais, non ? Et puis, répliquer, c'aurait été lui donner l'importance qu'elle cherche.

Il fixe un point loin devant lui pendant un instant puis pousse un long soupire.
- C'est pour cela que tu n'as pas réagi hier soir ou pour le bébé ? Parce que ça n'en valait pas la peine ? Je n'en vaux pas la peine ?

- Cela aurait changé quoi à la situation hormis le fait de mettre en danger le bébé en m'énervant ? raisonné-je.

Je l'observe. Ces prunelles sont rivées sur notre fille qui joue à cache-cache avec deux autres enfants. Je les suis du regard un instant puis me perds dans mes souvenirs.
Je venais souvent dans ce parc lorsque j'attendais les jumeaux. Le bureau de l'assistante sociale n'était pas loin. Je me postais sur un banc à l'écart et regardais les enfants courir, s'amuser, accompagnés soit de leur mère ou de leur nounou.
C'est assise ici que j'ai pris la décision de les faire adopter. Même si mon désir de les grader me conseillait le contraire, je savais que je n'étais pas en mesure de les élever correctement à l'époque.
Pour Min-Ah, je suis revenue là par hasard, lors d'une sortie avec Laurent. Finalement, cela tombe bien que je sois en France durant cette grossesse, j'ai pu, en quelque sorte, respecter mon rituelle.

Jungkook m'extirpe de mes songes.

- Je comprends que tu veuilles préserver le bébé qui reste mais j'ai le sentiment que tu as dû mal à me pardonner mon choix.

Je souris malgré moi. Sa peine n'est pas feinte, j'avoue ne pas trop savoir quoi penser de lui. Cependant, il doit cesser de culpabiliser. Il nous a sauvé.

- la vérité est que je ne sais pas quoi te dire ! J'ignore comment t'avouer que je ne ressens rien pour cet enfant qu'on m'a enlevé. Que je n'éprouve pas cette tristesse que que tout le monde attend de moi.
Si je me crispe lorsque tu touches mon ventre ou refuse d'en parler, c'est parce que j'ai l'impression d'être un monstre incapable d'aimer son enfant. Quand je pense à lui, c'est plus du soulagement qui me vient. Mon cerveau l'a sûrement associé à ces maux de ventre qui me torturaient. Dans mon esprit, il n'y a jamais eu qu'un seul enfant et il est toujours en moi.

- C'est pour cette raison que tu refusais qu'on en discute ? Il me pose cette question comme si mon appréhension est ridicule.

- Je sais que tu souffres de ce choix qui te hantera toute ta vie. Surtout lorsque je me réveillais, parfois la nuit, et te voyais pleurer, penché sur mon ventre. Je me demandais comment réussir à te consoler !? Puis, tu m'as déjà accusé de ne pas accorder de l'importance à nos enfants parce que c'est toi leur père. Je craignais de te conforter dans cette idée.

- Pourtant, ça n'a rien à voir. Oui, je suis peiné que l'un d'eux n'ait pas survécu, toutefois cela a permis de vous garder en vie. D'un certain côté, c'est l'essentiel. Ce sera notre quatrième enfant et je pourrai pour une fois partager et vivre cette grossesse avec toi. Je suis là dès le début et je n'aurai pas besoin de me battre pour qu'il m'accepte en tant que son père. Il grandira avec moi...C'étaient des larmes de joie en même temps.

Il me propose de parler à Sergio de mon absence de sentiments pour le bébé qui n'est plus. Néanmoins, je ne suis pas un monstre. Il entend que je ne puisse pas avoir d'attachement pour un être dont je ne connaissais pas l'existence. J'aurai dû venir le voir au lieu de m'imaginer qu'il m'en voudrait.

-De mon côté, j'ai cru que tu ne voulais plus de moi puisque tu refusais, même que je t'embra... se rappelant probablement de son écart de la veille, il stoppe un instant, confus. « À ce propos... hésite-t-il en se grattant la tête, Sergio m'a révélé la surprise que tu... tu avais...»

-Laisse tomber ! Tu vas t'excuser... Me dire que tu ne sais pas ce qui t'a pris ou ce n'était qu'une erreur de ta part... Ce qui me désole le plus dans cette histoire, c'est que ce n'est pas la première fois. J'en suis venue à m'interroger sur ce que tu ressens. M'aimes-tu vraiment ou c'est juste du fait que nous ayons des enfants ensemble ?

-Bien sur que je t'aime. Je n'ai même pas à me le demander.

-T'en es sur ? Il y a une semaine, tu me reparlais de vie à deux, même de mariage, pourtant, cela ne t'a pas retenu d'embrasser une autre alors que je n'étais pas loin. Et c'est un scénario qui revient souvent. Rappelle toi, Su-Yeon. Tu m'avais fais les mêmes promesses la nuit de la conception de Min-Ah puis tu m'as rejeté. Tu ne parais pas avoir réellement envie de t'engager sérieusement avec moi. C'est sûrement pour cette raison que tu ne m'as jamais demandé d'être officiellement ta petite amie ou ta... femme !

- C'est du n'importe quoi ! Cela va de soit ! Tout le monde sait que nous sommes ensemble ! s'insurge-t-il.

- Justement ! Les gens le pensent à cause des enfants. Cela ne semble pas clair dans ton cœur, sinon tu ne te tournerais pas si facilement vers une autre femme juste après m'avoir demandé de vivre avec toi. Tu as beau dire ne pas pouvoir vivre sans moi mais tu as peur de t'investir sérieusement. J'en ai assez de t'attendre. Tu devrais y réfléchir et te décider une bonne fois pour toute. Fais-le pendant que tu seras à Séoul. J'accepterai ta décision quelle qu'elle soit. Nous pouvons très bien avoir la garde partagée des enfants et être chacun chez soi.... Bon, je commence à congeler, je vais rentrer. Tu viens ?

-Non, je vais rester un peu. Je rentrerai avec Min-Ah si tu veux.

-Tiens, je ne te l'ai pas demandé ; comment tu m'as trouvé ?

-Ma... Manon m'a déposé sur le chemin de son boulot.

-Manon !? Je vois, dis-je perplexe.

-Tu vois ? Tu vois quoi ? se lève-t-il brusquement. Un voile de tristesse couvre ses beaux yeux noirs. Tu vois que je viens de te fournir un prétexte pour rompre ? Un prétexte pour aller te consoler dans les bras de ton cher prof ? J'aurai pu coucher avec Manon sous tes yeux que ça ne t'aurait fait ni chaud ni froid !

-Tu crois que ça ne m'a rien fait de vous voir vous tripoter ?

- Ouais, j'en suis convaincu. Vu la facilité avec laquelle tu parles de rupture ; ta décision est prise depuis longtemps ! fulmine le chanteur. Je t'ai entendu lui donner rendez-vous pour aujourd'hui et planifier une rencontre dans mon dos... Il s'en va et revient « Et puis fais ce que tu veux. J'en ai ma claque de tes mensonges. »

- C'est l'hôpital qui se fout de la charité ! Tu me trompes et c'est toi le plus énervé, m'offusque-je.

- Non, rectification. Comment ai-je pu te tromper ? Nous ne sommes pas officiellement ensemble. Va retrouver ton Alexandre, je me charge de Min-Ah.

C'est comme ça qu'il prend les choses au lieu de se remettre en question ? D'accord, il veut que j'aille voir Alexandre et bien, il va être servi !

Je repars furieuse de l'endroit d'où j'étais venue m'imprégner de bonnes ondes.

***

C'est ainsi qu'a débuté ma nouvelle année. Aujourd'hui mardi, j'ai eu mon examen gynécologique et tout va bien. Depuis la réduction embryonnaire, mes crampes sont moins nombreuses et douloureuses. Le décollement de mon placenta est en train de se résorber. Le bébé se porte bien. Malgré cela, je ne dois pas trop me fatiguer. JungKook m'a accompagné, mais nous ne conversons que lorsque c'est nécessaire. Encore remonté contre moi depuis avant-hier, il m'a juste dit d'emménager dans la maison quand bon me semblera si les bruits des travaux ne me dérangent pas. Il rentre en Corée du Sud demain.

- Tu ne comptes pas régler la situation avant qu'il ne parte ? Manon rentre prudemment dans ma chambre. « C'était une erreur ! Stupide mais une erreur. En plus c'est moi qui l'ai embrassé. Tu m'as pardonné mais pas lui ! Pourquoi ? À cause de cette histoire d'officialisation de votre couple ? Tu ne crois que c'est un peu bête de lui en vouloir rien que pour ça ?»

- Tu sais bien qu'il n'y a pas que ça. J'ai l'impression qu'en dépit de toutes ses belles paroles, il veut que je reste son PCR.

- Son PCR ? Tu veux dire son Plan Cul Régulier ? C'est du n'importe quoi ! Tu délires, là !

- Alors comment expliques-tu que dès que j'accepte ses demandes de vivre ensemble, je le trouve ensuite dans les bras d'une autre ?

- Attends, il me semble que l'autre fille l'avait piégé en faisant venir ses parents. L'autre soir, il était soul, il se sentait seul et l'alcool fait faire n'importe quoi.
Franchement Lynn, crois-tu qu'un mec qui t'a recherché pendant plus d'un an, qui s'investit comme il le fait, ne cherche qu'une relation de cul ? Où t'as déjà vu ça ? Ce mec est raide dingue de toi ! Sauf si ce ne sont que des excuses car tu ne l'aimes pas !? Et que tu as craqué sur le séduisant Alexandre ? Tu es souvent pendu au phone avec lui.

- Bien sûr que je l'aime. Il n'y a rien entre Alex et moi. Je l'aide sur un projet, c'est tout. JungKook possède tout ce qu'une femme peut désirer chez un homme. J'aime tout chez lui, minaude-je en repensant à ses mimiques. « En particulier lorsqu'il se triture les doigts et renifle quand il est gêné et a peur que je l'engueule. Ou quand ses yeux prennent cette couleur noire intense, sombre et qu'il bombe le torse car il est sûr de lui. Il est tellement sexy dans ces moments-là.»

- Toi aussi t'es mordue, ma parole... Pourquoi attendre qu'il te fasse sa proposition ? Pourquoi serait-ce toujours à l'homme de faire le premier pas ?

- J'en sais rien... J'ai vraiment la désagréable sensation qu'il n'est pas sûr de vouloir être avec moi. Il ne pas fait sa demande. Il a juste dit qu'il serait un bon mari, c'est tout.

Avant d'aller à l'aéroport, JungKook vient me voir. Il est froid. Il me demande la permission de toucher mon ventre, y pose un bisou puis un sur ma joue.

- Si je n'étais pas enceinte, tu m'aurais prévenu de ton départ ? On dirait que seul le bébé a de l'intérêt pour toi et je suis juste celle qui le porte ? Je n'ai pas le droit à un vrai baiser ?

- Euh... Faut j'y aille, Sergio m'attend.

Il n'ose même pas me regarder. Je lui souhaite, déçue, de faire un bon voyage. Il me remercie en tournant les talons.

Nous nous sommes séparés ainsi. Une semaine est passée. J'ai repris le boulot car je n'aime pas rester sans rien faire. Je contacte mes collaborateurs par visio conférence.

Les circonstances ont fait que j'ai beaucoup vu Alexandre. Nous travaillons sur son idée de foyer pour mères célibataires qu'il met en place avec un de ses amis éducateur. En dépit du nombre de ces instituts existants, beaucoup de jeunes filles dans ces situations continuent de croitre. Il avait besoin d'un logement suffisamment grand pour en recevoir une dizaine. L'héritage tombe à pic. Cette maison servira à faire quelque chose de bien.

Nous entamons la deuxième semaine depuis son départ, Jungkook ne m'a appelé qu'une fois, samedi dernier. Il m'a donné raison sur le fait qu'il hésitait mais qu'il préférait en discuter face à face. Je ne sais pas comment les choses se déroulent niveau jugement. Laurent ignorait même qu'il était de retour en Corée.
Je n' en peux plus de cette situation. Puisqu'il est incapable de se décider, je vais le faire pour lui.

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