Chapitre 17

   -C'est ton premier baiser, me demande Anna en me faisant un clin d'œil de connivence.

   -Non, bien-sûre. Avant je sortais déjà avec un garçon. Il avait des cheveux dorés et des yeux verts éblouissants. Une bouche charnue que l'on rêverait de croquer et des pommettes saillantes. Un sourire digne d'une pub de dentiste et des muscles, je ne te dis même ...

Puis, une forme arrive en trombe dans le bureau. Anna et moi nous regardons comme si on avait trouvé la formule pour obtenir la vie éternelle, un sourire de triomphe se forme. Notre plan a finalement marché.

-C'est qui lui, me demande Nathan jaloux.

Ses yeux sont rouge sang. Oups, on a un peu trop abusées je pense. Je me tourne vers Anna qui me demande de lui dire la vérité sur cette relation. Mais au point où on est autant continuer, le faire mariner. Je mets de côté cette peur suite à cette couleur d'yeux et continue :

-C'est mon ex petit-ami de mon ancien lycée.

   -Pardon ! J'ai bien entendu, tu as un ex petit-ami ?

Je fais semblant d'être gênée alors qu'au fond de moi, je fais une danse de la joie. Faut dire qu'Anna est vraiment forte pour trouver des plans démoniaques. Certes démoniaque est un peu exagéré mais ce n'est pas loin si on voit la tête que fait Nathan.

   -Oui j'avais mais plus maintenant.

     Je pensais que cet aveu l'aurait calmé mais c'est tout l'inverse. Je me retrouve alors collée au mur, le choc m'ayant coupé le souffle. Je m'apprêtais à continuer dans cette discussion complètement fausse lorsque je vois dans son regard une immense tristesse. Je comprends alors que ça a tourné au désastre en très peu de secondes. Je voulais le faire mariner et le rendre jaloux comme c'était prévu mais je ne voulais en aucun cas le rendre triste. Il respire tellement fort, sa colère étant si intense, que son souffle se mélange au mien. Je prends alors son visage entre mes mains et l'embrasse. Je ne l'embrasse pas comme dans la forêt où là c'était fougueux et sauvage mais avec douceur et tendresse. Il me rend mon baiser en me collant encore plus contre le mur. Puis, après quelques secondes de pure bonheur, nous nous écartons à bout de souffle. Je vois encore de la jalousie dans son regard mais toute colère s' est évaporée. Je lui dit alors la vérité :

   -Nathan il faut que je te dise...

   -Nan, nan je ne veux pas t'entendre dire des éloges sur ton ex, me coupe Nathan en partant.

   -Hey ! Ce que j'ai dit est faux, c'est un mensonge. Je n'ai jamais eu de petit-ami, dis-je en baissant la tête, honteuse.

    Il se retourne et fait de grands pas vers moi. Il me lève alors la tête et j'entends un soupir de soulagement et de contentement traverser ses lèvres. Nous nous regardons dans les yeux durant des secondes qui deviennent des minutes. Si longtemps que je sens des crampes à mes pieds, souffrant d'être si mal traités étant débout. Puis je me lance en espérant qu'il ne le prendra pas mal :

   -On a inventé cela avec Anna pour te rendre jaloux, dis-je en me disant que cette dernière s'est volatilisée de la pièce. Je n'aurais jamais pensé que cela te rendrais triste. Lorsque je t'ai vu avec Athéna et qu'elle a insinué qu'elle était sortie avec toi, j'ai voulu te rendre jaloux comme moi je l'étais. Je sais c'est puéril. Laisse moi continuer et dire ce que j'ai sur le cœur, dis-je en le voyant prêt à m' interrompre. Lorsque je t'ai vu dans le couloir et que tu m'as regardée avec dégoût et colère, cela m'a énormément blessée.

   -Diana, ce n'était pas contre toi. Je ...

    Puis, nous sommes interrompus par la directrice et Anna qui essaie de la retenir tant bien que mal. Nous nous écartons mais elles nous ont déjà vu, haussant leurs sourcils en même temps. Je pense que ce sont deux copies conformes, il ne vaut mieux pas voir la mère en plus. Digne d'un film d'horreur. Mes joues virent au cramoisi et je vois que Nathan est toujours autant à l'aise, ne ressentant aucune gêne. Nous nous asseyons à nos places respectives et Isabelle prend la parole :

   -J'ai parlé à ta mère Diana, elle doit arriver dans une heure.

   -Déjà ? La dernière fois, nous avons pris trois heures pour venir ici.

   -Cela fait déjà une heure que tu a appelé ta mère, me dit Anna en me montrant Nathan du regard.

     Il est tout autant perdu que moi à ce moment. Cela fait donc quarante-cinq minutes environ que je suis restée avec Nathan. Le temps est passé si vite ...

   -Je vous laisse les enfants, je dois passer plusieurs coups de téléphone, nous déclare Isabelle en se levant et partant de la pièce.

   -Qu'est ce qu'on fait ? demande Nathan au bout de quelques minutes de contemplation du bureau.

   -Si vous voulez j'ai un jeu de petits chevaux dans l'armoire. Ça vous dit ?

-Oh oui, disons Nathan et moi en parfaite harmonie.

-Ça fait tellement longtemps que je n'ai pas joué à ça. La dernière fois c'était avec ma grand-mère, dis-je en me rappelant cet ancien souvenir.

Anna se mord la lèvre inférieure en signe de nervosité et ses yeux se voilent durant un dixième de secondes mais assez pour que je m'en aperçoive. Je dois être la seule car Nathan cherche aussi ce jeu dans l'armoire. J'allais parler de ce brusque changement d'humeur lorsque Anna pousse un petit cri de joie et se retourne avec dans la main, le jeu des petits chevaux. Je poserai cette question lorsque nous serons seules .Nous y jouons durant presque une heure lorsque Anna et moi gagnons de nouveau, ex aequo. Cela fait deux fois de suite que sommes ex æquo pour le plus grand malheur d'Anna qui dit être infaillible à ce jeu. Durant toutes ces parties, Nathan et moi riions de la concentration extrême qu'exerce Anna pour enfin gagner. Elle nous propose de faire encore une autre partie lorsque Isabelle et ma mère arrivent. Je me jette dans les bras de cette dernière à peine est-elle entrée. Nous restons ainsi durant des minutes, savourant le moment puis nous nous séparons, les larmes aux yeux.

   -Comme tu m'as manquée ma neine... Tu vas bien ? Qu'est-ce qui t'es arrivée ? Tu n'as rien ? Tu veux t'asseoir ? Tu n'as pas des béquilles pour marcher ?

   -Calme-toi maman et laisse moi parler.

   -Oh oui pardon. C'est que j'ai eu tellement peur.

   -Allons nous asseoir, déclare la directrice.

Nous faisons les présentations arrivés dans le bureau. Je ne dis pas que Nathan est mon petit-ami, voulant d'abord régler le problème présent, ce dernier hochant la tête pour montrer son assentiment.

-Tout d'abord, je suis en pleine forme et je n'ai pas besoin de béquilles car mon mal de tête m'a quitté définitivement, dis-je en m'asseyant sur le canapé avec maman et Anna, Nathan ayant légué sa place.

-C'est impossible. Tu devais avoir de fréquents maux de tête pendant une semaine encore.

-C'est là que se trouve le problème, la directrice et ma mère avancent leurs têtes en signe de concentration. Lorsque je me suis battue avec Athéna ...

-Tu t'es battue ?

-Laisse moi finir maman. Comme tu peux le voir, la directrice ne m'a pas donnée de punition, cette dernière hoche la tête pour acquiescer. Donc lorsque je me suis battue, Anna et Nathan m'ont dit que je suis allée si vite que l'on a vu de moi seulement une forme flou. Depuis, je ne ressens plus aucune douleur.

-C'est impossible. Pas maintenant, c'est trop tôt, dit ma mère affolée.

-C'est maintenant. Tu as trop attendu, dit Isabelle la mine sombre.

Je ne comprends plus rien. Je suis sous le choc. Mais de quoi parlent-elles ? Puis ma mère me parle enfin :

-Diana, oublie tout ce que je t'ai dit durant toutes ces années. Tu ne vas pas me croire mais tu devras ... Je l'ai fait pour te protéger. Tu pourras me rendre coupable et tu as le droit. Sache que tu es tout pour moi et que je t'aime éternellement.

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