Part 3

Pendant des jours et des jours, j'ai vagabondé, passant de forêts en villes, de villes en forêts. J'enchainais la mousse et les lits, la chasse et les auberges, la solitude et la communauté. Plus rien n'avait d'importance, plus rien ne me touchait, plus rien ne comptait : je ne vivais plus, je subissais, je survivais, je n'étais qu'un pantin face au destin. Je pensais lui échapper dans cette vie triste, mais il finit toujours par nous rattraper.

C'était une belle journée d'été, je marchais sur une route pas très large au beau milieu d'une contrée boisée quand soudain une caravane apparue à l'horizon. Elle suivait le chemin de pierre en sens inverse de moi et nous savions tous que nous allions nous croiser cependant la fierté endurcissait nos cœurs ; personne ne voulait céder le passage.

En bon paysan travaillant durement aux champs à toute heure de la journée, j'étais fort et passer une vie en forêt à chasser m'avait appris la sauvagerie et la férocité, de sorte qu'il ne me fut pas difficile de remporter la bataille. Mais toujours ils se relevaient et m'insultaient, me prenant pour un vulgaire serf incapable ; ils m'énervaient. Ils moururent tous ce jour-là, et jamais jusqu'à maintenant je ne m'en voulu. Quelle bêtise !

La première partie de la prophétie venait de se réaliser et moi je poursuivais mon chemin. C'est au bout de cette route que le reste des mots du médium devinrent réels, et je ne m'en rends compte qu'à présent.

Un matin, je découvris une ville et m'y aventurai. Cependant mon chemin fut bloqué par ce monstre d'énigme, ce sphinx qui ne reculait devant rien pour poser ses charades et vous faire passer de vie à trépas si vous vous trompiez.

« Quel est l'animal qui marche le matin sur quatre pattes, à midi sur deux pattes et le soir sur trois pattes ? » me demanda-t-il quand je me présentai devant lui.

Après un instant de réflexion, la réponse me vint, évidente. J'expliquai :

« Un bébé marche sur quatre pattes, les deux bras et les deux jambes, puis il apprend à marcher sur deux pattes, les deux jambes, c'est un adulte. Enfin, de vieillesse, il est obligé de prendre une canne pour s'appuyer, obtenant ainsi trois pattes, la canne et les deux jambes. La solution est l'Homme. »

Voyant que j'avais juste, que quelqu'un l'avait finalement battu, la créature se suicida. La ville fut libre et m'offrit d'en devenir le roi en épousant la reine, ce que j'acceptai.

Voilà comment mon terrible destin s'accomplit, voilà comment ce qui était écrit s'était réalisé.

Alors, la vie est-elle écrite ?

Oui, si on nous dit cette vie, mais uniquement si on nous révèle notre future. Car une fois que nous le connaissons, nous ne pouvons qu'arriver au destin écrit. Mais si l'on ne sait rien, le choix s'offre encore à nous, car nous ignorons quel but atteindre. C'est le savoir qui nous enlève le choix.

Il ne me reste plus, à moi, Œdipe, de subir le courroux des dieux, pour avoir écouté ce que je n'aurais pas dû, et accompli ce que l'on m'avait dit.



Voili voilou, ceci est la fin de cette nouvelle. Si vous souhaitez plus de textes, n'hésitez pas à laisser un petit commentaire.


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