Tout débuta un beau jour que je pensais ordinaire. Après un pénible mais obligatoire travail au champ avec mon père, je me rendis en ville avec en tête l'idée de dépenser l'argent que j'avais durement économisé cette année. C'était mon anniversaire et je comptais bien m'offrir un superbe cadeau. Certes, mes économies ne volaient pas bien haut, mais c'était assez pour m'acheter une nouvelle tenue. Celle que je possédais était encore en bonne état, mais ce n'était pas ce qu'il y avait de mieux pour draguer.

Je ne peux aujourd'hui que me moquer de moi-même : je ne pensais qu'à mes vêtements, aux filles et au travail. Aujourd'hui, je ne pense qu'à réfléchir essayer de comprendre en vain si je contrôle véritablement ma vie ou si ce n'est qu'une illusion. J'ai tout, et pourtant rien ne m'intéresse sinon cette première question. J'ai tout mais je n'ai rien, je suis encore en pleine recherche.

Les magasins se succédaient et je ne trouvais rien, j'étais en pleine recherche, quand soudain cet homme m'adressa la parole. J'étais passé devant sans même y faire attention, sans un regard pour lui ; je fis un bon de surprise. Un vieillard vêtu de beaux bijoux, un riche sans aucun doute, me fixait et m'expliquait être un médium, quelqu'un capable de voir l'avenir des gens, et que le miens était des plus sombres. Je ne me souviens pas de ses mots exacts, et pourtant ils m'ont marqués à vie. Un malédiction planait sur ma tête depuis ma naissance : je tuerai mon père et épouserai et fera des enfants à ma mère.

Si simple mais si clair, il m'avait frappé comme je ne m'y attendais pas. Comment pourrais-je faire une chose pareille ? Je devais y échapper, je ne pouvais faire ces horreurs. Je pris l'unique décision possible : je fuyais. Je savais que si je rentrais je ne pourrais attendre ces monstruosités et que je ne pourrais plus jamais regarder mes parents de la même façon car je me demanderais éternellement comment aurait pu se terminer cette histoire si j'avais finalement tué mon père et pris ma mère. Je savais que cela ne me quitterait plus même si j'étais certain d'être capable d'échapper à ce destin. Alors je suis parti. Du jour au lendemain.

Je n'aurais jamais dû.