Ce sourire d'une heureuse tristesse
Ils se sont mis d'accord: ils avouent tout et ne lui cachent rien. Du début jusqu'à la fin. Ils s'assoient près d'elle. Mais aucun mot ne veux sortir. Leur gorge nouée par les larmes, tellement usées qu'elles refusent de couler. Pendant plusieurs minutes interminables les deux garçons regardent la malade de leurs yeux tristes. Elle n'est pas dupe elle sait bien que quelque chose ne va pas. Mais plus que tout, les voir si tristes et désespérés la peine profondément.
Alors, en premier Kang articule quelques mots. Entre quelques sanglots, ils sont à peine audibles. Mais parfaitement compréhensibles.
Plutôt que de fondre en larme, rester bouche bée ou de les disputer, elle ne fait rien, regarde le plafond comme résignée. Mais voyant que son mari et son fils s'inquiètent encore, elle se retourne vers eux, leurs prend une main à chacun, leur tend son plus beau sourire.
S'ils lui ont dit, c'est pour bien plus raisons que vous le croyez peut être.
Pour eux. Pour ne pas avoir à cacher cette si malheureuse aventure qui leur pèse tant, tellement qu'ils ont crié leur désespoir ensemble dans l'atelier, pendant plus d'une heure, à pleurer et a se serrer pour qu'aucun des deux ne s'échappe.
Mais surtout pour elle. Pour ne pas qu'elle s'inquiète de leur étrange attitude envers elle ou de leur fatigue croissante, ni se fasse de faux espoir. Elle pleurera moins si jamais...
Bien sûr, ils continueront quand même tout les deux à accumuler un maximum d'argent, mais ils savent pertinemment qu'ils seront pris par le temps. Kang fait la manche, court partout dans les petites rue sales, couvertes de flaques de boue et de morceaux de verre, afin exécuter les petites taches que l'on lui confie pour quelques centimes, et son père continue de peindre à s'en pourrir la santé, à tel point que l'on pourrait croire qu'il s'est peint des cernes avec le bleu le plus foncé de sa palette.
Pendant que Kang s'affaiblit par les douleurs physiques et morales, son père devient presque fou. Fou d'inquiétude pour son amour, fou de fatigue, fou de douleur. Plus le jours passent plus les deux garçons s'affaiblissent. Mais cela importe peu aux deux: ils n'ont qu'un objectif, et c'est celui de sauver celle qu'ils aiment.
Et ainsi passe deux semaines.
Les deux ont jeûné pendant plusieurs jours. Jamais Kang et son père n'avaient été aussi maigres. Ils étaient si maigres que cela en faisait peur.
Peut-être mais ils redoublent d'efforts. Leur motivation ne décroche pas. Ils voient tout les jours celle qu'ils veulent protéger retomber doucement dans un état identique à celui d'il y a quelques temps. C'est une raison plus que suffisante pour tout donner.
La fièvre et les halètement reviennent à la charge. Les deux hommes essayent de rassurer et de passer un maximum de temps avec la mère. Pas simple.
Mais comme on dit, tout effort mérite ses fruits. En un temps record, une petite somme est rassemblée. A prix fort, peut-être, mais les y voila. Le somme est complète. Pile assez pour acheter ces foutus médicaments.
Ils se serrent tendrement de joie et d'espoir.
Ils s'en vont tous les deux, se tenant par la main, à la pharmacie la plus proche.
Ils en ressortent quelques minutes plus tard, tenant une petite boîte colorée, comme si leur vie en dépendait.
Pendant que le père la tiens fort et la cache sous son vieux pull, Kang surveille une éventuelle menace. Une personne mal intentionné qui pourrait la leur voler ou une voiture qui l'éclabousserai. On n'est jamais trop prudent.
La marche du retour leur paraît interminable.
Leurs efforts enfin récompensés vont sauver leur bien aimée.
Dès qu'ils posent un pas dans ce que l'on pourrait appeler leur maison, ils se précipitent vers la malade.
Le père détache une des pillule de la petite plaquette pendant que Kang va chercher de l'eau.
La mère, couchée, les regarde distraitement avec une immense fatigue gravée sur son visage.
On lui donne le pillule, elle l'avale, et c'est tout. Plus qu'à attendre.
Kang et son père la regardent
Ils la regardent toute la nuit. Jusqu'à ce qu'elle s'endorme. Ou qu'eux-mêmes s'endorment.
Kang sent ses paupières se fermer doucement malgré sa grande envie de rester avec sa mère. Le père résiste un peu plus longtemps, sourit gentiment à la malade, mais ne tarde pas non plus à tomber dans les bras d'Orphée.
Kang s'appuie sur l'épaule de son géniteur, lui l'enlace, même endormi, inconsciemment. La mère assiste à ce spectacle attendrissant avant de les rejoindre, dans un sommeil heureux.
Elle sait pertinemment qu'elle est l'une des femme les plus heureuse et plus chanceuse. On pourrait trouver ça ironique, mais c'est réellement ce qu'elle pense chaque jour.
Voir son mari et son fils s'épuiser chaque jour pour elle la remplie de tristesse. Elle se pose des questions.
Mais voir leur frimousse bien vivantes toutes endormies, la rassure et la remplie de joie.
Dans leurs cas, des centaines de familles auraient déjà abandonné la guérison d'un membre mal en point. Jamais ils n'auraient pris le risque de mourir de faim, de fatigue, ou de se blesser. Cela entraîne souvent une infection, et en vue des conditions de l'hygiène, des graves maladies, souvent mortelles, ne pouvant êtres chassées.
De plus, les membres d'une famille ne sont que très rarement aussi complice que celle de Kang. Les femmes n'éppousant pas leur mari par amour, les liens créés ne sont pas fort.
Par chance les parents de Kang ont pu y échapper, et ont par miracle trouvé l'amour.
Ils se sont fait la promesse de rester ensemble pour le meilleur et pour le pire dans une petite ruelle non loin de là. Et quelques mois plus tard, un heureux événement eu lieu.
Un adorable petit garçon aux cheveux noirs, et au regard bleu perçant naquit.
Une heureuse famille au millieu d'un désastre. Que pensez-vous de cela ?
Le jour, ils travaillent. A un rythme un peu plus résonnable, mais tout de même éprouvant. Kang continue ses petits travaux, un peu dans tout le bidonville en faisant bien attention à ne pas se blesser. Le père à trouvé un nouveau acheteur, pour quelques centimes de moins certe, mais il sait qu'il n'a pas le choix. A nouveau les tours Eiffel envahissent l'atelier. Et sueur et peinture se mélangent. Jusqu'à ce que le soleil se couche.
C'est comme un rituel pour eux. Mais c'est le moment le plus heureux de le journée. Étrangement, c'est aussi le plus triste. Tout le monde le sait, mais personne ne laisse rien paraître. Toute la famille se réunit devant le chevet de la mère. Ils lui parlent de leurs si belles journées, de ces nouveaux bulldings dont l'on peut apercevoir la pointe au loin, ou encore du voisin qui a trouvé un harmonica. Et jusqu'à ce que l'on ne puisse plus voir que la lumière du disque d'argent, ils parlent, rigolent parfois, et se donnent du courage pour la prochaine journée. Car ils savent aussi que la nuit ne dure qu'une heure, et ce temps de repos et de réconfort, cessera brusquement au réveil.
On dit que le soleil est symbole de renouveau, est protecteur et est signe de grandeur ou de beauté. Mais eux, ils ne souhaitent qu'une chose. Que ce symbole, si grand soit-il, disparaisse pour toujours, afin de prolonger éternellement cet unique moment bénis, de répis, et de bonheur.
Kang dans les bras protecteurs de son père, aux côtés rassurants de sa mère, s'endort tous les soirs, avec un petit sourire triste au coins des lèvres, qui veut tout dire.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top