CHAPITRE 6
Encore cinq minutes à attendre. Cinq longues minutes avant de pouvoir enfin prendre mon comprimé du matin... ou du soir ? Je ne sais plus. Le flacon de médicaments entre les mains, j'attends avec une impatience désespérée que le mécanisme se déclenche enfin.
Vite... plus vite ! Avant que les ténèbres ne reviennent...
Une terreur sourde commence à m'envahir à cette simple idée, déployant ses perfides tentacules dans ma poitrine. Ma respiration se bloque à mesure que la peur s'empare de moi, comme à chaque fois que je repense à cette vision, à ces gens, à leur voix pleine de haine, mais surtout quand je repense aux ombres, au noir... Un pitoyable gémissement s'échappe de ma gorge, mes doigts se crispent autour du flacon dans une supplique muette.
Et puis c'est la délivrance. La petite pilule blanche tombe au creux de mes paumes et je la jette avidement dans ma bouche. J'avale ensuite un verre d'eau, puis un autre, et un autre... ma gorge est terriblement sèche. Je me sens lâche et pathétique. J'ai envie de vomir.
Puis dans un besoin désespéré de m'occuper l'esprit, je m'active dans toute la maison. Je m'acharne à frotter, récurer, ranger et réparer tout ce que je peux, allant jusqu'à démonter certains meubles et installations pour ensuite les remonter. Mais avant, je prends le temps de nettoyer soigneusement chaque pièce avec un chiffon. Mes mains tremblent, j'ai conscience d'être ridicule, mais je continue mes besognes avec ferveur.
Je ne dois surtout pas laisser mon esprit divaguer vers... vers ce néant qui ne cesse de me harceler depuis cette confrontation avec Eve. Tel un monstrueux trou noir, il veut m'aspirer et m'engloutir dans des souvenirs que je devine désormais insoutenables. Même si je sais que la lumière se trouve tout au fond... que l'inconnu du jardin m'y attend... J'ai trop peur. Je ne peux plus... Une sueur froide coule le long de ma colonne vertébrale. Les nausées me retournent à nouveau l'estomac. Je suis lâche et pathétique.
Ma gorge me serre terriblement et des larmes brouillent ma vue alors que les voix recommencent à murmurer et se mélanger dans mon pitoyable esprit torturé.
Adam, viens à moi...
Nous sommes maudits par ta faute...
Entends ma voix...
Tu vas payer pour l'éternité...
Non non non ! Allez vous-en !
Je secoue frénétiquement la tête pour les chasser et plonge sous l'évier de la cuisine pour essayer de réparer je ne sais plus quoi. Je n'y connais absolument rien en plomberie et pourtant je m'acharne sur les tuyaux avec application. Je suis désespérément concentré sur ma tâche et les voix me laissent enfin tranquille. Mais pour combien de temps ?
Ne plus y penser, ne plus y penser...
— Adam ?
La douce voix d'Eve résonne soudain dans l'appartement. Je ne l'ai même pas entendu rentrer. Je sursaute et me cogne le front contre la tuyauterie glacée.
— Je te retrouve sous l'évier... encore, soupire-t-elle alors que je me redresse avec précipitation en frottant ma tête douloureuse. Cela fait des jours que tu...
Elle ne termine pas sa phrase. J'essaie de lui sourire, mais ma tentative se solde par une grimace contrite. Face à ses grands yeux bleus qui me fixent avec tristesse et inquiétude, je me sens encore plus minable. Un poids immense me compresse la poitrine.
— Désolé. J'essayais de réparer... Je n'ai pas vu l'heure passée...
Je me perds dans des excuses et des explications sans queue ni tête. Eve essaie de me prendre les mains, mais je me dérobe. Elles sont toutes sales, je dois d'abord les laver... Est-ce que je peux utiliser l'évier sans risquer d'inonder toute la cuisine ?
— Adam... murmure Eve en essayant de capter mon attention, mais je me détourne fébrilement et fonce dans la salle de bains. Elle m'emboite le pas, son regard me brûle la nuque, tandis que je frotte frénétiquement mes paumes pleines de savon l'une contre l'autre.
— Je suis désolé, répété-je. Tu dois être fatiguée de ta journée, ma puce. Et si tu prenais une douche pendant que je prépare le repas et...
Tout en parlant, je reviens dans la cuisine, toujours en évitant Eve. Je la sens incertaine, presque mal à l'aise. Je ressens de la peur et de l'appréhension. Comme si elle s'apprêtait à m'annoncer quelque chose de délicat, terrible. Elle va peut-être me quitter...
Une myriade de sentiments contradictoires m'écrasent aussitôt. L'idée qu'elle me laisse me terrifie, mon corps se couvre de chair de poule et mes mains tremblent alors que je farfouille dans les placards à la recherche de ce que je pourrais nous cuisiner pour ce soir.
Mais en même temps, je crois que je suis... soulagé. Comme si on m'ôtais un énorme poids des épaules. Eve mérite tellement mieux qu'une personne "cassée" comme moi. Elle fait tant d'efforts pour que je puisse remonter la pente, mais au fond, je sais, je sens qu'elle ne peux rien pour m'aider. Que ce n'est pas elle qui pourrait me "réparer"...
Mes pensées dérivent alors vers les souvenirs d'un subtile parfum de pomme que je chéris autant que je redoute. Si Eve décide vraiment de me quitter, je pourrais... partir et peut-être retrouver... l'inconnu du jardin ? L'avoir dans mes bras, me gorger de son odeur...
Un immense dégoût envers moi-même me prend à la gorge. La culpabilité m'écrase de tout son poids, je vacille sur mes jambes en me retenant pour ne pas vomir dans l'évier. Comment est-ce que je peux avoir de telles pensées ? Laisser tomber Eve pour retrouver une personne dont je ne me souviens même pas. Qui n'a peut-être jamais existé, si ce n'est que dans mon esprit malade et brisé. Une pauvre chimère...
Tu es immonde, Adam. Immonde, chuchotent haineusement les voix dans ma tête, faisant écho à mon auto-flagellation. Oui c'est vrai, je suis horrible et Eve mérite mieux.
— Adam, s'il te plaît... insiste cette dernière d'une petite voix suppliante.
Je prends une grande inspiration pour rassembler mon courage et lui faire enfin face. Je croise ses grands yeux bleus qui me fixent toujours avec autant d'appréhension.
Elle a peur de ma réaction.
— Il faut que je te dise quelque chose de vraiment impo... murmure-t-elle au moment où je m'empresse également de baragouiner des mots qui se veulent rassurants.
— Eve, ce n'est pas grave, je compr...
Mais elle me coupe la parole pour m'annoncer une nouvelle qui me laisse sans voix.
— Je suis enceinte.
Coucou, me voilà enfin de retour avec la suite de PO ! PARDON DU RETARD T____T je n'ai aucune excuse, je suis vilaine x'( Enfin, j'espère quand même que ce chapitre vous a plu, avec cette bombe nucléaire lâchée à la fin huhuh Comment notre petit Adam chou va réagir à la nouvelle à votre avis ?
Je peux vous promettre qu'il va enfin se décider à se bouger le cul, reste à savoir ce qui l'attend 3:) Hein ? Quoi ? Comment ça les cornes que j'ai sur la tête vous inquiète ? Mais non, je vous assure que tout va bien se passer... ou pas MOUEHEHEHE
Bon, moi aussi je vais me bouger le cul, parce que j'ai hâte de boucler la partie 1 et vous en dévoiler plus sur tout sssssssssssssssssse mystère hyper mysssssssssstérieux. Du coup, je vous dis à très vite pour la suite ! Gros bisous
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