CHAPITRE 3

Mains dans les poches et tête baissée, j'avance rapidement le long du trottoir. Les semelles de mes bottes claquent sur le pavé alors que j'évite les promeneurs. Un début de migraine commence à marteler mes tempes. Une seule pilule manquée et c'est déjà la catastrophe.

Comme d'habitude, le soleil brille de mille feux dans les cieux. L'air reste pourtant agréablement frais et printanier. Une brise légère fait danser la cime des arbres, des feuilles vertes virevoltent dans les airs. Les oiseaux chantent...

Le tableau qui m'entoure est idyllique.

Au loin, les tours Immortalys se dressent vers le ciel : blanches et immaculées comme tous les bâtiments à Eden, elles sont fières et majestueuses... C'est beau, même si c'est un peu trop monochrome à mon goût. Heureusement que les khayim sont là pour apporter une jolie touche de couleur. Toutes les toitures et les façades en sont presque entièrement recouvertes. Créées en laboratoire et améliorées génétiquement, ces plantes grimpantes sont là pour réguler naturellement la chaleur et l'oxygène dans l'atmosphère.

Autour de moi, les rues bordées d'arbres verdoyants sont toujours aussi animées. Les gens vont et viennent, ils s'interpellent en souriant, échangent des banalités. Les plus jeunes se tapent affectueusement dans le dos en riant... Tout le monde a l'air si heureux et insouciant dans leur tenue blanche, avec leurs bracelets Omega qui scintillent sous le soleil...

Tous se retournent sur mon passage et me saluent chaleureusement. Certains me fixent d'un air curieux. Ils me sourient, me demandent comment je vais, si j'ai besoin de quelque chose... Mes lèvres s'étirent automatiquement en un petit sourire, mais le cœur n'y est pas.

La vérité c'est que j'ai l'impression de faire tâche avec mes pensées moroses et mon mal de tête qui empire de seconde en seconde. Je réprime tant bien que mal une grimace de douleur, tout en pressant le pas. Dans ma précipitation, je bouscule légèrement quelques personnes sans le faire exprès. Un jeune couple, accompagné de deux enfants.

— Pardon ! Je... bafouillé-je en tordant mes lèvres dans une pauvre parodie de sourire.

— Mais non ce n'est rien... Mais vous, Adam... Est-ce que vous allez bien ?

Ils me fixent avec inquiétude alors que je porte une main tremblante à mon visage.

— Oui, je... je vais bien, merci. Je suis juste un peu pressé et je n'ai pas fait attention...

Je m'embourbe dans des explications ridicules alors qu'ils ne me lâchent pas du regard. Toute cette attention me met terriblement mal à l'aise. Leurs yeux brillent d'une vive sollicitude qui s'apparente presque à de la déférence.

Le pire c'est que tout le monde à Eden me fixe ainsi. C'est étrange, mais leurs manières de me parler, de me traiter... c'est comme si j'étais quelqu'un de très important. Mais c'est Eve qui est importante, pas moi ! Elle a fondé cette ville, offert un havre de paix à tous ces gens. Moi, je ne suis rien et c'est vraiment bien comme ça.

Je veux juste pouvoir courir librement, me gorger d'air pur, sentir le soleil sur ma peau, respirer le parfum des feuilles, des fleurs, des fruits...

De curieuses sensations s'emparent de mon corps à ces pensées. Des picotements me traversent de toute part, ma vue se trouble... Et puis soudain, le sol se dérobe sous mes pieds alors qu'une violente migraine me transperce le cerveau. La douleur est telle que je presse mes paumes devant mes yeux devenus brûlants. Je me retrouve à genoux sur l'asphalte. Mais qu'est ce qui se passe ?! La souffrance est insoutenable.

Adam...

Des cris et des bruissements affolés résonnent autour de moi, ils me donnent encore plus mal à la tête. A mon grand soulagement, tout s'estompe cependant lentement. Jusqu'à ce qu'il ne reste plus que le silence. Et cette voix chaude et caressante qui m'appelle.

Adam...

La chaleur se fait soudain plus intense sur mon visage et mon corps. Je suis désormais à genoux sur un sol moelleux, un peu humide. Des fragrances de pomme viennent à nouveau envahir mes narines de leurs effluves sucrés et sensuels.

J'ouvre difficilement les paupières, un décor se dessine vaguement devant mes yeux... un jardin ? C'est trop flou, je n'arrive à distinguer que des contours et des couleurs comme si je regardais à travers une vitre embuée. Mais je ressens absolument tout : la brise sur ma peau, l'envoûtant parfum de fruit, l'odeur de verdure, celle de la terre. J'entends le son d'une rivière qui coule au loin, le pépiement des oiseaux, le bruissement des feuilles...

Je n'ai aucune idée de ce qui se passe. Et pourtant, un agréable sentiment de bien-être m'envahit tout entier. Mon mal de crâne a disparu. Et je me sens enfin à ma place.

Adam...

Et cette voix. Le seul fait de l'entendre me comble de bonheur. J'ai l'impression que mon coeur bat plus vite. Cette voix... elle fait battre mon cœur plus vite. Mais à qui appartient-elle ?

Viens à moi...

Les doux murmures se rapprochent et je lève vivement la tête. Une silhouette avance lentement dans ma direction. Je la devine gracile, finement musclée...

Eve ? Non. Ce n'est pas elle...

Je plisse les yeux, mais ma vision reste désespérément floue. Seuls de longs cheveux dorés m'apparaissent clairement. Ils flottent dans l'air et scintillent sous le soleil. Je ne sais pas qui est cette personne, mais c'est d'elle qu'émane le parfum de pomme ! L'odeur devient de plus en plus entêtante à mesure que l'inconnu se rapproche.

— Qui... qui es-tu ? murmuré-je alors que la silhouette n'est plus qu'à quelques pas.

Prends ma main...

Les mots résonnent directement dans ma tête. Lentement, l'inconnu tend les bras vers moi et sans même m'en rendre compte, je fais pareil. Un besoin presque avide de toucher cette personne, qui qu'elle soit, me submerge. Sa peau... Je veux la sentir contre la mienne.

Adam...

Souviens-toi... s'il te plait...

Me souvenir... mais de quoi ?!

Adam...

— Qui es-tu ? Dis-moi ! supplié-je.

Ma poitrine se soulève difficilement, oppressée par un sentiment d'urgence. Le besoin de connaître son nom me broie de l'intérieur. Comme si ma vie en dépendait.

Adam...

La voix faiblit. La silhouette est de nouveau loin de moi, sans que je n'aie pu la toucher. Elle s'éloigne lentement, comme poussée en arrière par le vent. Pendant ce temps, le décor tout autour de moi s'efface, s'estompe, tel des couleurs balayées par la pluie.

Non, non, non ! Mes mains se tendent, n'attrapent que le vide. La distance entre nous continue de se creuser... jusqu'à ce que la silhouette ne disparaisse finalement au loin, ne laissant que de légers effluves de pommes derrière elle. Mais les fragrances se dissipent à leur tour dans les airs pour mon plus grand désespoir. A la fin, il ne reste plus rien. Rien.

Je suis à nouveau à genoux sur l'asphalte brûlant, indifférent aux gens affolés qui m'entourent. Des larmes coulent sur mes joues, une douleur intense me déchire le cœur. Pourquoi est-ce que je me sens aussi mal... et vide ? Je ne comprends absolument rien à ce qui m'arrive. Je veux juste savoir qui est cette personne. Et la retrouver. 


Hello ! Nouveau chapitre de PO ! J'ai essayé de donner une ambiance éthérée et mélancolique à la vision d'Adam ! Qu'est-ce que vous en avez pensé ? A votre avis qui est donc cette myyyystérieuse personne ? :D et les visions ? 

Sinon, concernant l'avancement de l'intrigue, vous trouvez que ça va trop vite ou que au contraire c'est long ? OUI JE VOUS BOMBARDE DE QUESTIONS et OUI NOUS NE SOMMES QU'AU CHAP 3 XD mais je suis en quête de vos avis :p et je vais guetter vos réponses en me rongeant les ongles lol Je vous fais de gros bisous et à bientôt pour la suite ! 

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