CHAPITRE 10

Hurlements, craquements, explosions... La vidéo est un véritable capharnaüm visuel et sonore. J'arrive quand même à reconnaître le décor blanc et aseptisé d'Immortalys. L'affrontement a visiblement lieu dans un des laboratoires de la tour... Mais où ?

Mon attention est cependant détournée de cette question pourtant très pertinente par le spectacle qui se déroule sous mes yeux : trois personnes essaient tant bien que mal de maîtriser un quatrième individu. Ce dernier est nu, il semble complètement enragé.

Et c'est moi.

Mon cœur rate un battement, mes yeux s'écarquillent de stupeur. Ce n'est pas possible. Et pourtant je me reconnais. Cet espèce de sauvage totalement déchaîné et qui n'arrête pas de hurler à s'en briser les cordes vocales, c'est moi. C'est vraiment moi.

C'est tout simplement surréaliste.

Je ne me souviens pas du tout avoir vécu de telles choses.

En même temps, tu ne te souviens de rien, se moque la petite voix dans ma tête.

Elle n'a pas tort... De quand datent ces enregistrements exactement ? Je m'empresse de vérifier. Ça s'est passé quelques semaines après la découverte du cercueil...

De plus en plus troublé, je me reconcentre machinalement sur les images qui se déchaînent sur la tablette. Je reconnais alors le trio contre qui je m'acharne avec une violence inouïe. Ephraïm, Raëlle... et Eve. Entourées d'un halo doré, les deux flottent dans les airs. Leurs paumes tendues en avant projettent des lianes de lumière qui claquent vers moi, puis s'enroulent autour de mes bras et mes jambes dans une vaine tentative de me soumettre.

Pendant ce temps, Ephraïm m'attaque dans le dos. J'entends presque la colonne vertébrale de ce moi en furie craquer alors qu'il y enfonce brutalement ses genoux pour me plaquer au sol. Aussi virulents soient-ils, ses assauts ne semblent cependant rien me faire. Complètement éberlué, je me regarde riposter avec une hargne et une rapidité terrifiante.

En l'espace de quelques secondes, la situation est inversée : je tire sur mes liens avec une facilité déconcertante, déstabilisant Eve et Raëlle qui tombent au sol. L'instant d'après, je m'occupe d'Ephraïm et ce dernier se retrouve avec mes doigts serrés autour de sa gorge. Il est beaucoup plus grand et massif que moi et pourtant je le soulève d'une main comme s'il n'était qu'une vulgaire poupée de chiffon. Dans un cri de rage, je le projette sur Raëlle. Il la percute de plein fouet et les deux s'écrasent dans un mur qui explose sous l'impact.

Eve crie quelque chose, mais avant qu'elle ne puisse réagir, je lui tombe dessus. Ma main s'abat sur son visage que j'agrippe ensuite avec une brutalité aberrante. Mon coeur manque d'exploser lorsque je me vois écraser violemment la tête de ma femme sur le sol qui se fissure sous l'impact. La bile me monte à la gorge et je manque de lâcher la tablette, tant mes mains tremblent. Je reste tétanisé, horrifié par ce que je suis en train de faire à Eve.

Je me regarde serrer les mains autour de son cou, clairement dans l'intention de l'étouffer à mort. Je n'arrive pas à distinguer l'expression sur mon visage, mais je ressens parfaitement le mélange de haine et de rage qui irradie de ce moi complètement déchaîné. C'est tout simplement terrifiant.

Un pitoyable gémissement s'échappe de ma gorge. J'ai envie de vomir.

Il faut que j'arrête de visionner ces maudits enregistrements. Mais je n'arrive pas à m'en détourner. Mes yeux restent rivés sur Eve qui suffoque alors que je continue impitoyablement de l'étrangler. Elle réussit cependant à enrouler ses doigts autour de mes bras, puis ses paumes projettent une lumière dorée. Cette dernière irradie le long de ma peau, avant de nous envelopper toute entier, aveuglant les caméras...

Mon torse se soulève frénétiquement. Le souffle désormais chaotique, j'ai du mal à respirer. J'étouffe pendant que mon cerveau reste bloqué sur une seule et unique pensée.

J'ai frappé ma femme. J'ai essayé de la tuer.

Ce n'est pas possible.

Et pourtant si. La preuve est là en images, sous mes yeux.

Mais pourquoi ai-je fait cela ?!

Qu'est-il arrivé pour que je me transforme en un monstre pareil ?

Je me rappelle soudain l'air apeuré de Christophe lorsque je l'avais sommé de me lâcher s'il ne voulait pas que je lui fasse du mal. Je comprends maintenant.

Il sait de quoi je suis capable.

Il doit me considérer comme un monstre.

Je suis un monstre.

C'est peut-être ce que j'ai toujours été.

Un monstre...

Un bruit de verre brisé me ramène soudain sur terre. Je baisse les yeux pour découvrir la tablette à moitié disloquée entre mes poings crispés. Les bras ballants, je fixe longuement l'appareil cassé, le regard vide. Il n'y a bien évidemment aucune trace de sang. Après tout, je suis indestructible. Impossible à blesser. Dangereux. Un monstre.

Non non non ! Je me lève d'un bond, jette ce qui reste de la tablette par terre et me précipite hors de la salle de bains d'une démarche titubante. Rester entre ces quatre murs blancs m'est tout simplement insupportable. J'ai besoin de prendre l'air.

J'ouvre la porte à volée... pour me retrouver nez à nez avec Eve.

— Adam ! Qu'est-ce qui se passe ? Tu vas bien ? demande-t-elle aussitôt d'un ton alarmé.

Je reste tétanisé face à ses grands yeux bleus inquiets. Je scrute son visage avec angoisse, à la recherche d'une possible cicatrice que je lui aurais infligée ce jour-là. Mais je ne trouve rien. Il n'y a aucune trace de balafre sur sa peau diaphane. Cette constatation me remplit d'un mélange de soulagement et de colère. Contre moi-même ou contre Eve ?

Je n'en sais rien pour l'instant. Tout ce que je sais c'est que cette fureur est en train de grandir en moi. Comme un feu dont les flammes se font de plus en plus ardentes, menaçant d'embraser tout mon corps. Je n'ai pas envie de savoir ce qui va se passer ensuite.

— Je vais prendre l'air, annoncé-je d'une voix rauque en écartant Eve sans ménagement, mais elle me retient par le bras pour mon plus grand malheur.

— Adam, s'il te plaît, ne fais pas ça. Pas encore, murmure-t-elle d'une voix implorante. C'est cette histoire de bébé qui te stress ? Je sais que ce n'est pas facile pour toi en ce moment, mais ce n'est pas en évitant le sujet que ça va s'arranger. Si tu acceptais juste d'en parler...

— Lâche-moi, s'il te plaît, répliqué-je sur le même ton. J'ai juste besoin de prendre l'air !

La fin de ma phrase se perd dans un grognement presque animal. Je n'arrive plus à contrôler la colère qui gronde de plus en plus fort en moi. Ma vision commence à se troubler. Des pulsions violentes fourmillent au bout de mes doigts. Je dois absolument sortir d'ici.

Pendant ce temps, ma tête est prise d'assaut par des pensées contradictoires. Des pensées meurtrières. Je passe une main tremblante sur mon visage en gémissant.

J'ai étranglé Eve.

Elle t'a menti.

J'ai essayé de la tuer.

Elle te manipule.

J'ai envie de recommencer...

Tue la.

— Adam ! S'il te plaît. Calme toi !

Eve m'attrape par les épaules. Elle me force à m'asseoir sur une chaise.

— Tu es fiévreux ! s'alarme-t-elle en attrapant mon visage entre ses paumes.

Elle m'examine, mais je rejette la tête en arrière pour m'éloigner d'elle. J'ai vraiment envie de la frapper. Je crois que je suis en train de virer sauvage comme dans la vidéo.

— Adam... dis-moi que tu as pris tes comprimés, chuchote Eve d'une petite voix suppliante. Mon cœur, c'est important que tu les prennes ! Crois-moi, tu n'es pas encore prêt pour...

— Tu m'as menti, murmuré-je pour toute réponse en plantant mon regard dans le sien.

Elle ne répond pas, mais ses yeux se remplissent de larmes. Je reste cependant de marbre. C'est comme si tous mes sentiments avaient été anesthésiés. Ne reste plus que la rage.

— Tu m'as menti, répété-je en serrant les poings.

— Je suis tellement désolée, Adam. Mais je n'avais pas le choix. Tu n'es pas encore prêt...

— Prêt à quoi ? explosé-je en bondissant sur mes pieds. A entendre que tu as des... pouvoirs magiques et que tu me manipules depuis tout ce temps ? Parce que je ne suis qu'un rat de laboratoire, une expérience scientifique dont vous voulez comprendre le code génétique, c'est ça ? Tout ceci n'est en fait qu'une immense mascarade et la vérité c'est que tu ne m'aimes pas du tout !

— Ne dis pas ça s'il te plaît ! Je t'aime plus que tout au monde, Adam !

Les larmes dévalent désormais ses joues. Elle semble dans tous ses états. Et moi j'ai juste envie de lui fracasser à nouveau la tête contre le carrelage. Je suis terrifié par ces pulsions qui m'envahissent et que je n'arrive plus à combattre. Mes mains tremblent.

— Adam, s'il te plait, tu dois prendre tes comprimés, d'accord ? Et après, je te promets qu'on va parler...

— Non ! Je veux savoir qui je suis ! hurlé-je, perdant soudain toute contenance. Je veux tout savoir maintenant, tu m'entends ?! TOUT et MAINTENANT, Eve !!

Le barrage cède et la rage me submerge avec la force d'un raz de marée. Je n'arrive plus à me contrôler et sans même m'en rendre compte, je saisis ma femme par la gorge.

— Je veux que tu me dises qui est cet inconnu qui hante mes rêves, Eve, grondé-je. Mais surtout dis-moi comment je peux le retrouver. Tu vas me le dire, d'accord ? Sinon, je te tue. 


Enfin de retour sur PO avec un chapitre explosif ! Il fallait s'y attendre, hein ? Notre petit boubou a fini par péter les plombs T_T je ne suis pas fière de son comportement, mais ça devait arriver tôt ou tard x( Préparez-vous pour la suite parce que ça va chier des bulles mouehehe Mais sinon, vous avez des idées sur Adam et les fameux comprimés ? je suis curieuse de connaitre vos théories sur la question ! 

Sinon, je vous annonce que Péché Originel participe au concours Stardust sur Fyctia ! Ouais, le livre n'est pas "vraiment" dans le thème, mais je compte sur ce concours pour me booster dans l'écriture du roman... et donc si le cœur vous en dit, n'hésitez pas à y faire un petit tour et voter sur  les chapitres :p Mon pseudo est le même que sur Wattpad avec le même avatar et tout et tout hehe Du coup, je vous dis à très bientôt pour la suite, bisous ! 


Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top