Chapitre 1

Sept heures du matin; l'alarme sonna pour le couple Lazard alors qu'une longue et lourde journée les attendait. Jérémy se leva en premier, préparant le petit déjeuner pour son fils et sa femme, alors que cette dernière essayait de se remettre lentement de ses cauchemars. D'étranges et sombres visions lui étaient apparues durant son sommeil agité, la confrontant aux différentes appréhensions qu'elle avait vis-à-vis de l'affaire Ivywood. Elle se souvint de s'être retrouvée en plein milieu d'un cimetière envahi par une épaisse brume, dans laquelle de petites silhouettes pouvaient être aperçues au loin. Malgré tout, Morgane était parvenue à garder son calme, tentant de s'approcher de ces ombres difformes dont l'apparence se dessinait de plus en plus clairement. Elle entendait chuchoter quelque chose au loin, un écho de plusieurs voix essayant d'articuler un simple mot en boucle. Mais, alors que Morgane finit par distinctement apercevoir ce qu'étaient toutes ces formes lointaines, elle entendit enfin ce que les voix lui murmuraient. C'étaient les cinq enfants massacrés à Ivywood qui criaient de plus en plus fort un seul mot, un seul nom qui glaça le sang de l'investigatrice. "Kiddo... Kiddo. Kiddo ! KIDDO !" La dernière chose dont Morgane se souvint fût l'apparition d'une créature qui éjecta avec une force surnaturelle les gamins avant de sauter sur elle. En réalité, son réveil fût bien plus tôt et brusque que lorsque l'alarme avant sonnée. Sa tête lui faisait un mal de chien et un sentiment de danger l'envahit alors qu'elle se dirigeait vers la salle de bain. Elle observa son reflet dans le miroir : ses courts cheveux bruns en pétard témoignaient de l'agitation dont elle avait fait preuve durant la nuit. "Qu'est-ce qu'il m'arrive, bon sang...", s'exclama-t-elle avant de passer de l'eau froide sur son visage. Elle se sentit épiée, comme si l'entité sur laquelle elle comptait enquêter tentait de l'en dissuader par des moyens plus qu'effrayants. Après quoi, elle prit quelque chose pour s'essuyer le visage quand, tout à coup, elle vit quelque chose du coin de l'oeil se cacher derrière elle dans le miroir : une sorte de point rouge en plein milieu d'une zone derrière la porte que la lumière ne couvrait pas, comme si une sombre chose aux yeux rouges la regardait depuis cette cachette.


Morgane se retourna dès qu'elle en eut le courage mais rien ne se trouvait à l'endroit correspondant au reflet du miroir. Elle en était désormais sûre : la chose qu'elle traquait avait l'intention de la traquer en retour, comme si une sorte de lien s'était créé entre eux. Pire encore : ce fut la première fois qu'elle rencontra une entité assez puissante pour faire ce genre de choses. La théorie selon laquelle les infanticides d'Ivywood auraient pu être provoqués par une force malfaisante se confirmait de plus en plus alors que l'investigation n'avait même pas encore commencé.

"Tu comptes descendre ou tu vas nous laisser manger seuls, Lucas et moi ? Ca serait dommage, chérie, je t'ai préparé un de tes petits plaisirs préférés : des pancackes !", s'écria Jérémy depuis la cuisine à l'intention de Morgane, toujours secouée par toutes les choses qu'elle avait vues. "J'arrive dans deux minutes... Je me sens pas super bien...", répondit-elle calmement, essayant tant bien que mal de retrouver ses esprits. Après un court exercice de respiration qui la remit dans un état normal, elle descendit rejoindre sa famille dans la salle à manger pour que tout le monde puisse prendre le petit déjeuner ensemble. Mais là où l'innocence de Lucas, un enfant de neuf ans, l'empêcha de voir au travers des visages, Jérémy, lui, comprit directement que quelque chose n'allait pas avec sa femme. Une discussion sérieuse sur l'implication de Morgane dans cette nouvelle affaire était bien plus que la bienvenue mais la présence de leur fils empêchait la mise sur table de sujets sombres tels que l'affrontement d'une présence malfaisante. En réalité, Lucas ne savait rien du travail de sa mère, pour des raisons évidentes. Malheureusement, la proximité ainsi que la nature de sa prochaine enquête pourrait mettre ce dernier en danger, et Jérémy le comprit d'un simple échange de regard. L'ambiance chaleureuse de ce mercredi matin s'estompa petit à petit pour laisser place à un malaise familial. Lucas, en l'absence de la moindre conversation, se dépêcha de terminer de manger pour ensuite aller préparer ses affaires pour l'école, et ce fut à ce moment-là que son père se décida à poser la question à Morgane, d'un air à la fois inquiet et sévère : "Qu'est-ce qu'on risque cette fois ? Je te soutiendrai toujours tant que ça ne met pas le petit en danger. Et, tu vois, cette fois je ne le sens pas du tout."

- "Tu comprends pas... Ce que j'ai vu, lu et entendu... Je ne peux pas laisser ces gens subir de telles atrocités et rester là à rien faire.", répondit-elle, baissant le regard d'un air désolé.

- "Là n'est pas la question ! J'ai toujours été d'accord pour te supporter et t'aider dans tes investigations tant que tu ne t'amuserais pas avec des forces qui te dépassent.", rétorqua-t-il, exaspéré.

- "Des enfants se font écorcher vivants par une chose qui terrorise les habitants d'Ivywood et je suis la seule personne qui sois prête à répondre aux témoignages délaissés par la police sous prétexte qu'il y a mention de faits paranormaux !", s'indigna-t-elle avec une grande force en dépit de son mal de tête.

- "Justement, tu as pensé à Lucas ? Cette foutue ville est à côté de la nôtre et on a à faire à quelqu'un ou quelque chose qui s'en prend aux gosses... Je refuse de risquer la vie de notre fils", argumenta-t-il un peu plus calmement.

- "Regarde-toi... Il ne sera jamais en danger tant que tu seras à ses côtés. Lieutenant de police et seul homme du milieu civique des environs qui croit aux mêmes choses que moi. Nous avons toutes les cartes en main, mon amour", dit-elle soudainement avec un sourire aux lèvres tout en prenant les mains de Jérémy dans les siennes.

- "Qu'est-ce que tu ferais sans moi, hein?", plaisanta-t-il avant de prendre quelques secondes pour réfléchir et continuer : "Bon... J'accepte que tu te rendes sur les lieux pour enquêter et je ferai de mon mieux pour te procurer les dossiers officiels concernant l'enquête de police locale."

- "T'es le meilleur ! Et c'est pour ça que je t'aime !", s'écria-t-elle, étonnée mais heureuse du changement d'avis de son mari.

- "Ou peut-être suis-je le meilleur parce que tu m'aimes? Moi aussi, je t'aime, chérie.", termina par dire Jérémy en prenant Morgane dans ses bras.

A cet instant, Lucas entra dans la pièce, sac sur le dos et prêt pour sa journée de cours, tout content de voir que ses parents semblaient à nouveau de bonne humeur. Fidèles à leur routine matinale, Jérémy emmena son fils avec lui pour le conduire à l'école avant de se rendre au commissariat. Morgane, de son côté, prit sa voiture et se mit en route en direction d'Ivywood. Elle avait réussi à le cacher légèrement à son mari, mais ses maux de tête s'intensifiaient toujours plus alors que les pensées et visions causées par l'entité continuaient telles une infection. Dans son travail, elle était déjà parvenue à proposer la paix éternelle à des âmes perdues ou à chasser des esprits aux mauvaises intentions, mais aucun d'entre eux n'avait eu la faculté de détecter les potentiels dangers et de s'y attaquer. Qui était le chasseur et qui était la proie dans cette course contre la montre avant le prochain meurtre d'enfant ? Alors qu'elle se trouvait à présent sur l'autoroute menant à sa destination, elle se mit à apercevoir d'étranges ombres, semblables à celle ayant apparu dans sa salle de bain, se trouvant sur la bande d'arrêts d'urgence. Mais, à chaque fois, elle n'avait qu'une seconde pour s'en rendre compte tant ses apparitions se faisaient juste dans ses angles morts, toujours du coin de l'oeil. Elle essaya tant bien que mal de rester concentrée sur sa conduite mais elle ne pouvait ignorer le fait qu'une force extrêmement puissante cherchait à l'empêcher d'arriver à destination en un seul morceau.


Au bout de plus d'une heure de route qui parut être une éternité pour Morgane, elle arriva enfin sur le territoire d'Ivywood. Elle le sentait, à cet endroit, la présence malfaisante qui la harcelait était bien plus forte. Elle entra en plein centre-ville mais, alors qu'elle s'attendait à voir des gens et du mouvement, elle ne trouva que désertion et silence. Toutes les personnes de cet endroit semblaient être restées enfermées chez elles. Bien qu'elle n'avait nullement envie de remuer le couteau dans la plaie, elle n'avait pas d'autre choix que de se rendre en premier lieu chez les familles des malheureux défunts. Malgré tout, elle comptait enquêter directement sur le fameux "Kiddo" plutôt que sur un meurtrier pour convaincre les habitants de la ville de se confier à elle. Et ce fut exactement ce qui se passa : toutes ces personnes contaient l'histoire d'un monstre, d'une sorte de croque-mitaine portant le nom d'un être autrefois rassurant et dont l'apparence mignonne attirait les enfants pour mieux pouvoir leur ôter la vie. Ici, la conception de bien et de mal était étroitement entremêlée car la moindre chose considérée comme adorable ou sans danger pouvait cacher un véritable démon. Morgane essaya de donner le meilleur d'elle-même pour accorder du crédit à ces histoires, car ces dernières ne concordaient malencontreusement pas avec son propre vécu des incidents lui étant arrivés pendant la journée. Il pouvait y avoir beaucoup d'explications différentes à tous ces évènements, mais celle d'un tueur en série devait absolument être mise de côté pour maximiser ses chances de trouver la bonne solution en parallèle avec la police qui travaillait déjà sur cette piste. La seule chose qui donnait de la crédibilité à ces histoires de croque-mitaine était la concordance parfaite de tous les témoignages. A chaque fois qu'un enfant était pris pour cible, ce dernier commençait par faire des cauchemars et à entendre des chuchotements durant la nuit, suivi par des visions de plus en plus constantes d'une créature à l'apparence de Kiddo et, finalement, le coup de grâce assené avec une telle violence qu'on pouvait véritablement croire à l'attaque d'un animal. Malgré tous les efforts mis en place pour protéger les enfants, comme les garder dans leur maison ou les faire rester dans la même pièce que les adultes nuit et jour, rien ne semblait arrêter l'étape finale de cette malédiction. La légende avait démarré de là, car les familles des victimes assistaient, impuissantes, aux meurtres sauvages de ces enfants. Tous avaient vu l'apparition de Kiddo mais personne ne voulait prendre les habitants de la ville au sérieux avant l'arrivée de Morgane, et cela fit toute la différence car, à présent, ils avaient l'espoir que ce massacre puisse enfin cesser.


Des heures s'étaient écoulées depuis que Morgane avait commencé son enquête à Ivywood et, quand bien même il se fit tard, il lui restait une dernière chose à faire avant de finalement rentrer chez elle : aller rendre visite à une vieille amie qui l'aidait couramment dans toutes ces enquêtes paranormales. Cette dernière, connue sous le nom de "Madame Sylvie", était ce qu'on pouvait appeler à tort une voyante. En réalité, elle possédait un don lui permettant de ressentir et communiquer avec l'au-delà. Dans bien des cas, elle permit à des âmes perdues de retrouver le droit chemin et de trouver le repos éternel dans sa collaboration avec les investigations de Morgane. Mais, cette fois-ci, les choses allaient sûrement se montrer bien plus compliquées que d'habitude à cause de la nature puissante et inhumaine de l'entité à laquelle elles avaient à faire. De plus, alors qu'elle avait déjà quitté la ville d'Ivywood, Morgane continua à ressentir à ses côtés la présence malfaisante qui s'était manifestée au moment de son arrivée sur les lieux, comme si cette chose l'avait suivie. Elle n'arrivait pas à se défaire de cette idée affreuse et sa peur de mettre sa propre famille en danger s'intensifia, d'où l'urgence de sa visite chez son amie. Comme à son habitude, Sylvie accueillit Morgane les bras ouverts en dépit de l'heure tardive pour discuter de leur nouvelle affaire. Mais, alors que Morgane s'installa dans le salon, la voyante s'arrêta net et, sans donner plus d'explications, lui demanda de la suivre dans la salle d'augure, endroit où se faisaient toutes les séances de spiritisme, tout de suite. L'investigatrice s'exécuta sans poser des questions et, une fois dans la nouvelle pièce, demanda à Sylvie d'un air plus qu'inquiet : "C'est bien la première fois que tu me demandes de venir précisément ici pour discuter... D'habitude, ce sont tes clients ou les personnes que j'aide que tu invites dans cet endroit... Alors, dis-le-moi directement, qu'est-ce qui ne va pas?"

- "Je suis désolée de t'avoir demandé cela comme ça... Mais je l'ai senti dès ton arrivée... Quelque chose de sombre se trouve avec toi. Et si je t'ai demandé de venir dans cette pièce, c'est parce qu'elle est remplie de reliques anciennes qui peuvent nous protéger temporairement.", répondit-elle en se dépêchant de sortir d'étranges objets de son décor et de les rassembler sur la table.

- "Attends... Comment ça, temporairement ? Et je peux savoir de quoi tu parles ?", continua-t-elle à questionner son amie, de plus en plus inquiète de la situation.

- "S'il te plait, ne fais pas l'innocente avec moi, Morgane. Tu sais de quoi je parle, tu l'as senti également. Je le vois rien que dans ton regard. Et oui, juste temporairement, parce que la chose qui s'est accrochée à toi est ici en ce moment même et elle est bien trop forte pour être contenue avec mes objets.", expliqua la voyante d'un air sérieux, essayant de cacher sa peur.

- "Merde... Fais chier ! Tu as raison, et je ne sais pas quoi faire... Je suis terrifiée... C'est la première fois que je ressens quelque chose de semblable. J'ai fait preuve d'imprudence en me rendant à Ivywood...", finit par avouer l'investigatrice.

- "Ivywood ? Tu parles de la ville qui subit une horrible vague d'infanticides ? Ils en parlent partout à la télé et dans les journaux.", demanda Sylvie à son tour.

- "Malheureusement, oui... Et je m'y suis rendue parce que je pense sincèrement que cela a un lien avec une entité surnaturelle. J'ai eu des visions m'avertissant clairement du danger mais je n'ai pas pu me résilier à abandonner toutes ces personnes qui ont perdu leur enfant dans de telles circonstances.", répondit-elle en s'asseyant, complètement épuisée de sa journée.

- "Je peux comprendre mais tu as pensé à ta propre sécurité avant de prendre cette décision ? Regarde ce que tu as ramené avec toi de ce voyage.", s'écria la voyante d'un ton sévère mais dévoilant des attentions protectrices.

- "Et depuis quand on se soucie de ce genre de choses ? On a toujours fait notre possible pour aider les gens qui vivaient des choses paranormales !", s'exclama Morgane, décidée à maintenir son avis sur la question.

- "Je sais que ma réaction peut paraitre excessive mais je t'assure que la chose qui te suit n'a rien à voir avec tout ce qu'on a déjà pu affronter auparavant. Si ce que tu dis est vrai et que cette chose est responsable pour les meurtres d'Ivywood, et ce, en tenant compte du fait qu'elle ait réussi à s'accrocher à toi en t'envoyant des visions, je dirai que ce cas devrait être pris en charge par l'Eglise. On est clairement dépassé, toi et moi, nos compétences sont insuffisantes pour combattre ce monstre.", argumenta Sylvie dans l'espoir de convaincre son amie de rebrousser chemin dans son enquête.

- "Tu dis ça, mais il est déjà trop tard si je comprends bien. Je me suis déjà investie dans ce dossier et maintenant je suis coincée avec une entité capable de tuer sans la moindre difficulté", s'inquiéta-t-elle avant de soupirer, se retenant de lâcher une larme.

- "Une seconde... Je crois que je comprends ce qu'il se passe. Tu dis avoir eu des visions te dissuadant de te rendre à Ivywood, n'est-ce pas ?", s'exclama subitement la voyante avec, pour la première fois, de la lumière dans son regard.

- "Oui, et je sais que j'aurai dû en tenir compte...", répondit-elle, résiliée.

- "Justement, c'est un énorme indice sur la raison pour laquelle l'entité t'a suivie ! Elle s'est sentie menacée par ta présence et tes intentions d'investir. J'ai donc une bonne et une mauvaise nouvelle...", conclut Sylvie, désormais prête à tout pour aider son amie.

- "Pitié, commence par la bonne parce que j'ai vraiment besoin d'espoir là tout de suite...", souffla désespérément Morgane, à l'écoute de toute proposition.

- "Très bien. Bon, comme j'ai expliqué, ça veut dire que cette chose s'est sentie menacée par ta présence et a voulu t'éloigner de la ville parce que tu te rapprochais du but. Que tu aies trouvé ce que c'était ou non, il y a bel et bien quelque chose là où tu t'es rendue qui pourrait permettre de détruire l'entité.", expliqua-t-elle tout en étant soudainement distraite par quelque chose que Morgane ne semblait pas voir.

- "Je suis d'accord avec toi.", dit cette dernière, "C'est ce que je me disais aussi mais je n'ai absolument rien trouvé à part le fait que ce monstre se fait passer pour Kiddo, le prétendu renard mignon du parc d'attraction du même nom."

- "C'est mieux que rien, tu as un point de départ sur lequel te baser. Maintenant, la mauvaise nouvelle... Ce fameux Kiddo... S'il a effectivement réussi à sentir ta présence et le danger que tu représentais pour lui avant même que tu te rendes sur les lieux, c'est qu'il est bien plus intelligent et puissant que ce qu'on peut possiblement imaginer pour une créature de l'Au-delà. C'est sûrement pour ça que mes reliques n'ont qu'un effet temporaire sur lui... Tu étais en sécurité ici, mais cette garantie touche à sa fin, j'en ai bien peur...", continua Sylvie à expliquer d'un air presqu'aussi inquiet que celui de Morgane.

- "Combien de temps il me reste ?", demanda-t-elle, "J'aimerais éviter d'emporter ce monstre chez moi."

- "Je suis désolée...", répondit la voyante, toujours plus distraite par quelque chose d'invisible.

- "Pourquoi tu dis ça ?", questionna l'investigatrice.

- "Tu es déjà à court de temps...", finit-elle par dire.

A cet instant, les lumières du bâtiment se mirent à clignoter alors que la porte d'entrée s'ouvrit et se referma en boucle dans un fracas à réveiller les morts. Un courant d'air violent fit voler certains objets de la pièce tandis qu'une voix démoniaque chuchota à répétition le nom du fils de Morgane : "Lucas... Lucas... Lucas...". Sylvie cria à son amie de rentrer chez elle pour protéger sa famille pendant qu'elle allait elle-même essayer de retenir Kiddo dans l'enceinte de ces murs le plus longtemps possible. Morgane partit en courant tout en sortant son téléphone pour appeler son mari, qui devait déjà être à la maison avec leur enfant, mais ce dernier ne répondait pas. Au volant de sa voiture, elle abandonna les tentatives de joindre Jérémy et se mit à rouler extrêmement vite en direction de sa maison. Elle priait à la fois pour la sécurité de sa famille mais aussi pour celle de Sylvie, qui était à présent coincée avec l'entité... Ou, en tout cas, c'est ce qu'elle croyait. Au moment d'arriver dans son parking, quelque chose d'horrible apparut dans le reflet de son rétroviseur central : Kiddo en personne se trouvait sur la banquette arrière du véhicule. Son air innocent et son sourire chaleureux ne trompa pas Morgane qui était bien consciente du danger. N'osant pas se retourner, elle parvint tout de même à s'écrier, les larmes aux yeux : "Je vous défends de toucher ne fût-ce qu'un cheveux de Lucas, ou je jure devant Dieu que je vous ferai souffrir avant de vous renvoyer en enfer!". Et là, contre toute attente, Kiddo abandonna son sourire avant de se rapprocher lentement de Morgane avant de lui murmurer dans l'oreille : "L'enfer, ce n'est rien comparé à ce que je compte vous faire subir." La seconde d'après, l'investigatrice se retourna pour faire face à l'entité, mais celle-ci avait déjà disparue. Sans perdre un instant, elle sortit de sa voiture et se dépêcha de rentrer dans sa maison où elle retrouva son mari ainsi que son fils endormis devant la télévision, expliquant l'absence de réponse de leur part quand elle était partie de chez Sylvie.


A la fois rassurée et terrorisée, Morgane s'écroula par terre avant de se mettre à pleurer, réveillant ainsi Lucas et Jérémy par inadvertance. Effectivement, avec tous les incidents de la journée, elle n'avait même pas remarqué l'heure tardive à laquelle elle était rentrée : plus de 22H00. Sur le coup du choc, Jérémy accourut vers sa femme et la prit dans ses bras en lui demandant d'un ton rassurant ce qui lui était arrivé tandis que Lucas les observa à distance, sans savoir comment réagir. Ne voulant pas étaler l'affaire devant son fils, Morgane répondit simplement qu'elle avait eu une journée chargée en émotions et qu'elle s'était fait un sang d'encre pour eux car ils ne répondaient pas aux nombreux appels téléphoniques qu'elle leur avait faits. Comprenant la gravité de la situation mais la complexité d'engager la discussion à cet instant, Jérémy proposa tout simplement d'aller mettre Lucas au lit avant d'aller se coucher à leur tour en argumentant qu'une bonne nuit de sommeil était le meilleur des remèdes. Morgane se laissa guider par son mari, sachant déjà qu'elle n'allait pas réussir à fermer l'oeil de toute la nuit, et le choc émotionnel l'empêcha de faire le choix le plus intelligent qui aurait été de tout raconter à Jérémy directement.

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