Les mouettes chantaient de leurs cris éraillées, presque rieur. Se moquaient-elles du jeune pirate qui nettoyait sa longue-vue avec tendresse ou bien du prince qui courait après son chien désobéissant ? La mer était calme sous ce beau ciel ensoleillé. L'horloge venait à peine de sonner les douze coups de midi, mais tous les employés du port étaient partis déjeuner dans le meilleur restaurant de la côte. Ils pouvaient se rassasier pour pas cher dans une ambiance agréable. Tout présageait une délicieuse journée de printemps. C'était calme, bien trop calme, comme si le monde se reposait avant une grosse tempête. Le calme si rassurant et alarmant, la sérénité du chaos futur.

— Le calme avant la tempête, murmura le pirate en portant sa flasque de rhum à ses lèvres. Allez, moussaillons un peu de nerf !

Il observait son équipage nettoyer, épousseter, balayer et  astiquer son navire. Ils s'étaient arrêtés sur cette île du sud depuis bien trop longtemps, il fallait mettre les voiles le plus vite possible. Si la garde royale l'arrêtait ça serait fini pour lui. Il se retrouverait sans doute la corde au cou, non pas lors d'un mariage, mais bien pour être pendu en place publique. Le capitaine Hook était connu pour ses nombreux pillages, meurtres et enlèvement de jeune femme. Sa liste de délits était aussi étendue que l'était l'océan.
D'humeur promeneur, il décida de rejoindre la terre ferme pour se dégourdir les jambes le temps qu'il le pouvait encore. Son long manteau noir couvrait son corps jusqu'aux chevilles, laissant seulement apparaître sa main baguée et sa tête couverte d'un tricorne pour se dissimuler aux yeux de tous. Le jeune capitaine avait une allure peu rassurante, mais cela ne découragea pas un chien à lui courir dans les jambes.

— Arrg, espèce de rat de cale ! Grommelait-il dans sa barbe essayant en vain de se débarrasser du bobtail.
— Hans !

Le capitaine leva les yeux vers l'homme qui venait de crier ce nom. Il avait des allures de pêcheur dans sa chemise blanche ouverte, retroussée aux manches comme un ouvrier et son pantalon sarcelle. Ses bottes noires frappaient bruyamment le sol rythmées par sa respiration anarchique. Le jeune pêcheur s'arrêta devant le pirate et posa ses mains sur ses genoux pour reprendre son souffle. Le chien alla lécher joyeusement le visage cramoisi de son maître qui rit doucement à cette marque d'affection. Une fois, son souffle reprit, il se redressa et leva ses billes bleues vers l'homme vêtu de noir.

— Je vous prie d'excuser mon chien, monsieur. Il est assez agité ces derniers temps.
— Vous devriez l'attacher. Je ne veux pas d'un sac à puces dans les guiboles.

Le jeune homme tiqua discrètement de sa remarque et prit son sourire le plus princier pour répondre.

— Ne vous inquiétez pas, cela ne se reproduira plus... (il le dévisagea quelques secondes.). Puis-je connaître votre nom ?
— Ne savez-vous pas qu'un prénom a grand pouvoir ? Demanda le pirate peu enclin à se présenter.
— Je n'en ferai rien. Simple curiosité.

Le jeune homme aux yeux aussi bleus que l'océan inclina poliment la tête.

— Si cela peut vous aider, je m'appelle Jinyoung... Jinyoung Vindicta.

Le pirate le regardait de haut en bas, le jaugeant du regard avant de lui tendre sa main et de se pencher vers lui. Jinyoung grimaça légèrement lorsque les effluves de rhum lui chatouillèrent les narines.

— Jaebum Jones... Capitaine Jones.
— Capitaine ? Vous êtes donc l'heureux propriétaire de ce navire ?
— Mmh... En effet.
— Puis-je le visiter ? Osa demander Jinyoung le sourire aux lèvres.
— Pardon ?

Les sourcils froncés, Jaebum ne s'attendait nullement à ce genre de demande. Faire visiter le Jolly Roger n'était pas dans ses habitudes, sauf pour impressionner des jeunes femmes lors de ses innombrables soirées au caboulot. Il devait lever l'ancre avant le coucher du soleil. Il ne verrait sans doute plus jamais Jinyoung, que risquait-il ? Rien du tout, à part une journée de tranquillité.

— Bien, allons-y moussaillon.

Jinyoung siffla avec ses doigts pour rappeler son chien. Le bobtail accouru aussitôt vers son maître, soudainement très obéissant. Il le caressa pour le féliciter et monta sur le Jolly Roger avec le meilleur des guides, le capitaine Jones. Le plancher grinçait sous leurs bottes et le vent emmenait avec lui l'odeur de l'océan. James était fier de son navire, il était presque littéralement la prunelle de ses yeux. Il l'observait nuit et jour à tel point qu'on ne voyait que son  reflet se refléter dans ses pupilles. Le Jolly Roger possédait deux mâts à phares carrés avec une brigantine sur le grand mât, on comptait jusqu'à cinq étages de voiles. L'équipage s'attelait toujours à le nettoyer dans la bonne humeur, le goût du rhum sur la langue. Le jeune homme aux allures de pécheur se délectait de cette ambiance conviviale. Lui, qui rêvait de découvrir les mers à bord d'un beau bateau, ne pouvait s'empêcher de les envier. Il commençait à être las de la ville, las de ses obligations.

— Jusqu'où vous conduit votre beau navire ?

Un mystérieux sourire apparut sur le visage du pirate, faisant frémir le pêcheur. Cet homme lui disait vaguement quelque chose, mais il ne parvenait pas à mettre le doigt dessus. Un homme au regard souligné par un trait de crayon ne pouvait passer inaperçu. Était-ce un anneau d'or suspendu à son oreille gauche ? Jinyoung détourna le regard lorsque James planta ses yeux dans les siens.

— Jusqu'au Pays Imaginaire, avoua le capitaine sur un ton de confidence.

Les lèvres de Jinyoung s'épanouirent en un sourire amusé, presque enfantin. Le Pays Imaginaire était une célèbre histoire. Tous les enfants de l'île du Sud la connaissaient. Cet homme aux allures de pirate semblait encore rêver de ce pays tout droit sorti de l'imagination. Jinyoung ne le trouvait plus aussi effrayant, il en venait même pas à le trouver attachant.

— Au Pays Imaginaire, vous dites ? N'est-ce pas là qu'un joli conte pour enfant ?
— Pensez-vous réellement, qu'un garçon qui enlève des petiots en pleine nuit, soit une histoire faite pour les enfants ? Si vous la connaissez, alors vos parents vous l'on raconté. Comment se sont passées vos nuits après cela ?
— Eh bien...

Le jeune prince plissa les yeux, se remémorant son enfance pendant quelques secondes. Il se revoyait roulé en boule dans ses draps de soi, priant pour que la chandelle ne s'éteigne pas avant la venue de son sommeil. Son regard restait fixé sur la grande fenêtre qui laissait apercevoir l'océan. Il tremblait de peur, son corps se contractait à la moindre ombre qui se glissait sur les murs de sa chambre.

— J'avais peur... Avoua-t-il d'une voix imperceptible.
— Pourquoi croyez-vous que nos parents nous contaient cette histoire chaque soir, nous priant de nous endormir avant sa venue ?

Jinyoung ne sut y répondre. Il était vrai qu'il n'aimait pas cette histoire. Maintenant, qu'il y repensait, il la trouvait même étrange. Du haut de ses dix-huit ans, il avait l'impression que ce conte était une mise en garde. Cette ombre à la fenêtre lorsqu'il avait sept ne pouvait être... Les aboiements de Max le sortirent de ses pensées dans un sursaut douloureux. Il leva les yeux vers le capitaine, cherchant à trouver la moindre explication. Il voulait connaître son avis, savoir si lui aussi avait vu des ombres la nuit lorsque l'horloge avait sonné ses trois coups.

— Vous devriez rentrer Jinyoung, je vais lever l'ancre.

Le prince hocha mollement de la tête, le remercia d'un sourire et descendit du Jolly Roger la tête débordante de questions. Le capitaine l'observa, un rictus triomphant sur les lèvres. Le Pays Imaginaire était enfin à sa porté. Rien ne pouvait l'empêcher d'y accoster.

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Hey !
Voici ma toute nouvelle histoire. Comme vous pouvez le constater le format d'écrire est déjà prêt à être édité. Rassurez-vous cette histoire va rester un an ici avant que je ne doive la retirer. Profitez en !

Dites-moi si vous voyez des Eric ou des James. Eric -> jinyoung. James -> Jaebum

J'espère sincèrement que cette réécriture de conte vous plaira