Chapitre Premier

Chapitre dédiée à ma merveilleuse amie Indeecise ❤ Je suis insupportable avec elle (et je m'en excuse), mais je l'aime très fort ⭐
C'est ma copine de sang ehe

Sinon plus je relis ce chapitre et plus je le déteste bahahaha je regrette déjà de le poster, bisous les amis, je fuis ❤

~~~

Le lendemain, je m'étais réveillée avec une migraine. Avoir si peu dormi et tant pleuré, vécu tant d'émotions en une seule journée, m'avait épuisée. Mais je ne devais rien laisser transparaître. Déterminée, je m'étais empressée de me débarbouiller et de faire en sorte d'avoir l'air comme à mon habitude. Ma fatigue ne devrait en rien se lire sur mon visage, ou alors très peu. Je ne devais pas éveiller ne serait-ce qu'un infime soupçon.
Une fois que je fus satisfaite du résultat, je me rendis d'un pas qui se voulait énergique sur le pont afin de prendre l'air. J'en profitais pour saluer Ambrosius d'un signe de tête en passant près de lui, dirigeant la nef.
J'avais un peu de répit avant que cet imbécile de Gaspard ne rapplique. Celui-ci était toujours en retard et de toute façon ce n'était pas pour me déplaire. Non seulement il ne me casserait pas les pieds pour le moment, mais en plus ce n'était pas comme s'il nous était d'une quelconque utilité. Je me demandais encore pourquoi l'alchimiste avait accepté de l'embaucher. Et même pourquoi il le gardait.

Je passais une bonne partie de la matinée à travailler sur tous nos indices. Nous n'en avions pas énormément, mais je sentais que quelque chose m'échappait. Nous ne savions même pas à quel endroit de l'Égypte nous devions nous rendre. Puisque nous étions quelque peu bloqués, Zarès suggéra que nous nous rendions au Caire et à Alexandrie. C'étaient les deux villes les plus connues d'Égypte, et donc là où il était le plus probable que nous trouvions un indice. Et l'avantage, c'était que les deux villes étaient proches l'une de l'autre. Seulement quatre heures environ d'après l'alchimiste. Si nous ne trouvions rien dans l'une des deux villes, nous ne perdrons que peu de temps à nous diriger jusqu'à la seconde. Ambrosius espérait que nous n'ayons pas à dépenser ces précieuses heures. Précieuses ? Je me demandais en quoi elles l'étaient. Maintenant que nos ennemis étaient hors jeu, rien ne pressait. Mieux valait ne pas se précipiter et être certain de là où nous allions.
Je secouais la tête, chassant mes pensées négatives. J'avais juré qu'à partir d'aujourd'hui je ne me laisserai plus submerger par mes sentiments et mes souvenirs. Je devais rester concentrée jusqu'au bout, comme je l'avais toujours fait. Le rouquin ne devait se douter d'absolument rien.

Dans l'après-midi, j'entendis Ambroise m'appeler alors qu'il était sur le pont en train de piloter la nef. Lorsque je les rejoignis, je remarquais que Gaspard se tenait à ses côtés. Notre supérieur le congédia en lui demandant d'aller nettoyer l'intérieur du bateau volant. Il m'adressa un jeu de sourcils en s'exécutant et je l'ignorais royalement, ce qui sembla le contrarier. Je levais les yeux au ciel, exaspérée, une fois qu'il m'eut dépassée.
M'avançant d'un pas souple et tranquille jusqu'à Zarès, je posais les yeux sur l'horizon et mis ma main droite sur ma hanche. Je ne me faisais pas trop d'illusion quant à la raison pour laquelle il m'avait fait venir. Cet idiot de Gaspard avait forcément dû lui rapporter ce qui s'était déroulé à Kûmlar. Je m'efforçais cependant de paraître sereine. J'éprouvais un brin de stress mais pourtant il n'y avait pas de raison que mes explications ne parviennent pas à convaincre l'alchimiste. J'étais certaine de moi. Je n'avais commis aucune erreur jusqu'à présent et au pire, il pourrait considérer celle-ci comme en étant une. Bien que je doutais que ce soit le cas, autrement il me renverrait sur le champs et cela entraverait ma mission.

-En quoi puis-je vous aider ? Lui demandais-je après un minime moment de silence.
-Gaspard m'a... Rapporté un petit incident qui se serait déroulé dans la cité. Répondit-il d'une voix neutre, beaucoup trop neutre.

J'arquais un sourcil interrogateur et tournais le visage dans sa direction. Je ne gardais pas le silence plus longtemps, je connaissais suffisamment le fourbe pour savoir qu'il valait mieux que je sois honnête avec lui plutôt que de nier en attendant qu'il en vienne aux faits. La pilule passerait mieux si j'étais sincère.

-Vous faites allusion à ce qui s'est passé avec les enfants ?
-Eh bien dis moi ce qui s'est passé justement. Je veux l'entendre de ta bouche.

Je le fixais, impassible. Je ne pouvais pas dire qu'il me prenait au dépourvu mais je ne m'y attendais pas spécialement non plus. Bien qu'il n'y avait pas de doute quant au fait qu'il me faisait plus confiance qu'à l'autre empoté. J'aurais pu profiter de cette occasion pour modifier quelque peu la réalité des événements mais je jugeais cela trop dangereux. Je préférais rester sur ma version de départ. Si je mentais, je n'avais aucune certitude qu'Ambrosius ne croirait pas plutôt Gaspard. De plus, je prenais le risque qu'il se méfie de moi. Et je n'avais absolument pas besoin de cela.
J'avais aussi relevé le fait qu'il m'avait tutoyée. Cela n'arrivait qu'à de rares occasions. En l'occurrence, surtout lorsqu'il était contrarié ou que je rechignais à lui obéir pour une quelconque raison. Exactement comme quand je voulais éviter d'avoir à me débarrasser de Waga Fayat à Ormuz. J'avais été soulagée lorsque nos ennemis étaient apparus à cet instant, sauvant la vie de l'antiquaire par leur simple apparition.
Je prenais une inspiration et adoptais une attitude détachée tout en avouant :

-J'ai tenté d'aider Mendoza à remonter les enfants.
-Je suis content que tu l'admettes. J'aime que tu ne me caches rien Laguerra, tu le sais.
-Oui maître. Je détestais l'appeler ainsi. Je n'avais pas de maître, comme je l'avais précédemment confié à Mendoza.
-Cependant, Gaspard m'a rapporté qu'il s'était passé autre chose. Plus précisément, avec ce chien de Mendoza. Tu vois ce dont je veux parler n'est-ce pas ?
-J'ai conscience de ce que j'ai fait Ambrosius. Mais ne vous méprenez pas. Ce n'est pas ce que cela semble être. Je n'aurais jamais pris le risque de vous trahir. Mentis-je le plus détendue qu'il m'était possible de l'être.
-Alors explique toi, et vite. Répliqua t-il d'une voix tellement froide, qu'elle me fit frissonner malgré moi.
-J'ai simplement pensé qu'ils pourraient nous être utiles par la suite. Je me suis dit que, si jamais nous devions recroiser leur route, cela nous serait bénéfique si je faisais semblant de les aider à nouveau. Vous m'aviez précédemment demandé de gagner leur confiance, je m'assurais simplement de continuer ce que j'avais commencé.
-Admettons, mais comme tu l'as dit, je t'ai demandé ça avant. Insista t-il sur le dernier mot. Et de toute façon ils étaient à deux doigts de mourir, quel intérêt y avait-il à faire cela ?
-C'est vrai. J'ai supposé que cette fois encore, ils parviendraient à s'en sortir, comme à chaque fois que nous leur avons tendu un piège. Je ne sais pas comment c'est possible, mais ils nous ont toujours échappé. Alors en admettant que ce soit encore le cas, j'ai pensé que leur faire croire que je souhaitais les aider pourrait jouer en notre faveur plus tard. Surtout au sujet des médaillons d'Esteban et Zia. Bien que vous ayez récupéré le double-médaillon, rien ne nous prouve que ceux des enfants ne nous auraient pas été indispensables. Imaginons que le double-médaillon ne suffise pas à ouvrir les cités d'or restantes ?
-Effectivement. Je peux comprendre que tu aies hésité. Mais je suis sûr et certain que les médaillons de ces deux garnements ne nous sont désormais plus d'aucune utilité. Et puis, comme tu peux le constater, ils n'ont pas réussi à s'échapper cette fois-ci justement.

Ambrosius paraissait s'être légèrement adouci. Mais seulement à peine. Il ne semblait pas entièrement convaincu. Toutefois, je savais que mon dernier argument serait aussi simple que décisif. Je m'empressais donc de reprendre la parole.

-Oui, mais parce que Gaspard est apparu et les a poussés dans le vide lorsqu'il en a eu l'occasion. Mais s'il n'était pas intervenu, qui sait s'ils ne seraient pas parvenus une nouvelle fois à s'en sortir ?

Je voyais que je venais de semer le doute dans l'esprit de l'alchimiste. Et c'était exactement ce que je souhaitais. L'acte de Gaspard était mon meilleur argument et je savais que le petit homme ne pourrait pas le nier. Ce dernier plissa les yeux et m'observa durant très peu de temps, comme s'il cherchait à me sonder et à déterminer si mes intentions étaient sincères.
Ambrosius reporta ensuite son attention devant lui, et marmonna dans sa barbe, contrarié. Il finit par reprendre :

-Tu as raison Laguerra. Ces maudits gamins ont toujours réussi jusqu'à présent et cela aurait très bien pu être le cas si vous ne les aviez pas vu tomber dans le vide toi et Gaspard. Au moins, nous sommes désormais certains qu'ils sont morts.

Je hochais la tête mais n'ajoutais rien. Il semblait enfin croire à mon mensonge et je craignais qu'en disant quelque chose d'autre, je ne sème le doute dans son esprit sournois.
Je l'entendis ensuite soupirer et fus surprise de l'entendre parler de nouveau.

-Je n'aurais jamais cru pouvoir dire cela, mais Gaspard nous a sauvé la mise sur ce coup. Et dire que je cherchais à me débarrasser d'eux par tous les moyens et que même en incarnant Zarès je n'y parvenais pas. Et c'est cet imbécile qui a réussi là où nous avons échoué.

Je ne pus m'empêcher de ricaner. Même si cela ne me plaisait guère, il n'avait pas tort. Je n'avais pas été capable de vaincre le navigateur par deux fois, lorsque je m'étais trouvée en duel avec lui, et Ambroise n'avait pas réussi à se débarrasser d'eux même en trichant avec son costume de Zarès.
J'affichais un sourire moqueur et adressais un léger signe de tête au rouquin.

-Il a juste eu de la chance.
-Je vais devoir le féliciter. Reprit-il, dépité. Son ton était enfin redevenu normal, ce qui me soulageait grandement.
-Vous l'avez déjà fait hier. Nul besoin de vous forcer à recommencer.

Il rit de son rire de fourbe et changea de sujet, empruntant un ton enjoué. Il voulait savoir si j'avais découvert quelque chose de plus concernant le prochain indice, ce à quoi je répondis par la négative. Je fis la moue et me passais la main sur la nuque.

-J'ai établi plusieurs hypothèses mais elles ont toutes échouées. J'ai la sensation que quelque chose nous échappe, mais je ne parviens pas à déterminer ce que c'est.
-Je sais. grommela t-il. Cela fait des mois que je travaille sur ces éléments, jamais cela ne m'aura causé autant de soucis. Je pensais cependant trouver avant que nous n'atteignions l'Egypte.
-Il est vrai que c'est bien la première fois que nous nous trouvons bloqués à ce point... Les rares informations que nous détenons sont trop floues pour que nous déterminions où aller avec certitude. Je commence de plus en plus à croire qu'il nous manque un élément fondamental.
-Sûrement. Et vous avez une idée d'où le trouver ? Me questionna t-il, contrarié.
-Malheureusement, toujours pas.
-Bon sang, je n'ai pas que cela à faire. Pourquoi les Muens se sont-ils autant compliqué la vie ?

Je poussais un soupir, épuisée. Je le comprenais, il est vrai que s'il nous manquait un élément crucial, nous serions bien en peine pour avancer dans la quête. Il ne serait que peu utile d'errer dans les villes d'Alexandrie et du Caire, et les fouiller de fond en comble pourrait s'avérer non seulement non fructueux, mais surtout une perte de temps beaucoup trop énorme. Et admettons qu'il n'y ait finalement rien dans une de ces deux villes, nous serions dans de beaux draps...
Mais ce qui m'effrayait d'autant plus, c'est que l'information manquante soit détenue par nos ennemis. Auquel cas, nous ne risquions pas de la découvrir puisqu'ils avaient définitivement disparu... D'un côté, Ambrosius l'aurait amplement mérité. Ce serait ironique qu'il ne puisse plus terminer la quête des cités d'or uniquement parce qu'il s'était débarrassé de ses ennemis au mauvais moment. Quoique, il avait plus d'un tour dans son sac, mieux valait ne pas le sous estimer... Il trouverait un moyen de parvenir à ses fins, par la force plutôt que par la douceur si besoin...

Le regard posé une fois de plus sur l'horizon, je gardais le silence un instant supplémentaire avant de m'adresser de nouveau à celui qui pensait être mon supérieur.

-Si vous en avez terminé avec moi, je vais retourner étudier ce que nous avons. Sait-on jamais, peut-être arriverai-je à trouver quelque chose avant que nous n'atteignions l'Egypte.
-Je l'espère de tout cœur Laguerra, je l'espère. Je te rejoindrai dans un peu moins d'une heure afin de t'aider également. À nous deux, on devrait bien finir par trouver.

Je hochais la tête tout en m'éclipsant discrètement. Dès que l'alchimiste aurait l'occasion de se dédouaner de diriger la nef,  il viendrait travailler avec moi. Après tout, ce qu'il préférait dans la quête des cités d'or c'était bel et bien de déchiffrer et découvrir de nouveaux éléments. Mais il ne pouvait pas prendre le risque que la nef se heurte à quelque chose tant qu'il n'était pas certain qu'il pouvait la laisser se conduire seule droit devant durant un long moment. Aussi aurait-il pu me confier la tâche de piloter le bateau volant, mais Zarès me faisait tout autant confiance pour dénicher des indices. Quant à Gaspard, mieux valait ne pas lui confier quoique ce soit, il risquait de nous supprimer sans même s'en rendre compte. Il était définitivement bon à rien, et j'attendais avec impatience qu'il se fasse renvoyer.
Comme il me l'avait dit, Ambrosius me rejoignit un peu plus tard. Nous nous creusions la tête sans cesse mais revenions constamment au point de départ. Nous tournions en rond, et c'en était sacrément frustrant. J'étais certaine que ce qui nous manquait était juste sous nos yeux mais que nous étions incapables de le voir.
Ou bien... Ou bien nous ne cherchions pas dans la bonne direction.

Je m'asseyais sur un fauteuil et posais mon visage dans mes mains durant quelques instants. Les cartes, traces et éléments trouvés par l'alchimiste étaient très très vagues et ne menaient nul part... Mais tout de même, nous aurions fini par trouver depuis que nous travaillions dessus...
Après un très long moment à réfléchir dans mon coin, je me relevais subitement. Mais oui ! Pourquoi n'y avais-je pas pensé avant ? Nous étions partis du principe que parce que nous avions trouvé la quatrième cité d'or, les indices n'étaient pas liés à celle-ci. Alors qu'au contraire, le double-médaillon était je pense, une preuve lui même de la continuité des éléments. Il ne pouvait pas servir uniquement à ouvrir les portes des cités suivantes comme ceux d'Esteban et Zia, il avait forcément une autre fonctionnalité. Sinon, il n'aurait aucune raison d'exister. Et si Zarès avait récupéré le double-médaillon dans la cité de Kûmlar, c'était forcément que nous en aurions prochainement besoin.
Maintenant, il me fallait déterminer quel était le lien entre les indices dont nous disposions et le double-médaillon.
Je m'approchais du bureau pour examiner une nouvelle fois les éléments. Je les fixais avant de tourner la tête afin d'oser faire part de ce que je venais de supposer au petit homme.

-Ambrosius... soufflais-je tandis que mon cerveau continuait de réfléchir à une allure phénoménale.
-Quoi ? Grommela t-il.
-Et si nous nous trompions depuis le début ?
-Que voulez-vous dire ? Fronça t-il les sourcils.
-Le double-médaillon... Il a forcément un lien avec les éléments dont nous disposons. Il ne peut servir qu'à ouvrir les prochaines cités, sinon il n'y aurait pas d'intérêt à ce que nous l'ayons.
-Vous avez une piste ?
-Pas encore... Mais, si vous me le permettez, j'aimerais aller jeter un œil aux ouvrages de votre bibliothèque. Ils me permettront peut-être d'y voir plus clair et de découvrir à quoi peut nous servir le double-médaillon.
-Mmh... Allez-y. De mon côté, je vais de nouveau étudier les fichiers de la pyramide de Mû. Il y a forcément quelque chose d'intéressant parmi tout ceci.

Je hochais la tête et partais m'isoler. Cela m'arrangeait bien qu'Ambroise étudie de son côté. Je doutais qu'il trouve quoique ce soit dans la pyramide qu'il n'avait pas déjà découvert, mais au moins je serai tranquille un moment.
Après m'être assurée d'avoir bien fermé la porte et d'avoir calé un meuble derrière afin qu'elle ne s'ouvre pas immédiatement si quelqu'un venait à vouloir entrer, je jetais un coup d'œil à la pièce.
J'avais déjà fouillé les étagères de gauche de fond en comble mais elles ne m'avaient guère avancée. Je fixais celles juste en face de moi, déterminée. Il n'y avait pas de temps à perdre. Je ne pourrai pas chercher très longtemps si je ne voulais pas éveiller les soupçons de quiconque. D'où le fait que je n'avais examiné que les étagères de gauche depuis le temps que j'étais ici.
Cependant, j'étais certaine que si quelque chose était caché par Zarès, il le mettrait dans cette pièce. C'était le meilleur moyen que cela passe inaperçu et j'avais déjà exploré les autres pièces de la nef sans succès.
Pour l'instant, je stagnais.

Après ce qui me parut être une éternité, je tombais sur une sorte de pochette ressemblant fortement à un dossier. Je le feuilletais rapidement, les informations semblaient être maigres, mais j'avais espoir que quelque chose m'intéresse là dedans. Je le remis promptement à sa place tout en m'assurant de soigneusement retenir son emplacement entre les livres. Je reviendrai le chercher plus tard, lorsqu'il n'y aurait aucun risque que l'on me surprenne à le ramener dans ma chambre.
Veillant à être silencieuse, je scrutais toutes les étagères des yeux, cherchant un ouvrage pouvant contenir des informations sur ce que je recherchais. J'en pris un, et entrepris de me diriger discrètement vers la porte afin de remettre à sa place le meuble que j'avais déplacé un peu plus tôt. Une fois ceci fait, je me remis à ma lecture, beaucoup plus sereine.

Mes recherches avançaient bien, j'avais fait quelques suppositions qui tenaient la route et j'avais une petite idée du lieu où nous devrions nous rendre. Je décidais de faire part de ces hypothèses au fou furieux avide de pouvoir qui avait construit ce bateau volant.

-Maître, je pense être sur la bonne voie !
-Bien bien, dîtes moi tout. Pour ma part je n'ai rien trouvé de concluant. J'imagine que ce dont je dispose ne nous servira que par la suite.
-C'est fort probable. Je n'ai pas encore tout analysé, mais j'ai fait le lien avec la cité d'or de Kûmlar. Pour trouver celle-ci, il avait fallut mettre la main sur les voiles de la princesse Rana'Ori.
-Oui ça, je m'en souviens bien. D'ailleurs, ce sont ces maudits gamins qui les ont eu au final... grinça des dents Ambrosius.
-Oui, mais l'avantage, c'est que j'étais avec eux lorsqu'ils les ont ouverts. Et si je me souviens très bien que le premier voile était gravé d'un serpent en orichalque, je suis également presque certaine d'avoir entendu Esteban dire que le second voile était orné d'un lion.
-Je vois, mais où voulez-vous en venir ? Vous pensez qu'il faut repartir de ces éléments ?
-Eh bien si je ne m'abuse, en Égypte, il existe des endroits liés à ces deux animaux n'est-ce pas ?
-Effectivement. Je me souviens l'avoir lu parmi mes manuels.

Je lui tendis le livre que j'avais gardé sous le bras jusqu'à maintenant et il le prit. Je vis ses yeux s'illuminer et ses lèvres s'étirer en un sourire machiavélique. Quand on n'avait pas l'habitude, c'était vraiment effrayant. Mais depuis le temps, je n'y faisais presque plus attention.
Je le vis parcourir avec attention les pages que j'avais soigneusement cornées pour ne pas les perdre, et il hocha la tête, comme ravi.

-Mais oui, mais oui ! Et cela colle parfaitement avec nos autres indices ! S'exclama t-il d'une voix aiguë, fou de joie à l'idée que nous ayons enfin réussi.
-Je propose, si cela vous convient, que nous nous dirigions d'abord vers l'indice du lion. Puisque nous nous dirigeons en effet vers le Caire, il nous suffit de dévier légèrement notre trajectoire vers le sud du Caire. Nous trouverons ainsi le sphinx de Gizeh et le prochain indice dans les alentours de celui-ci.

Ambrosius se frotta les mains tout en hochant la tête et en lâchant un rire sadique à en faire peur. Il se détourna de moi afin de déporter notre direction vers celle de Gizeh. Mais à ma grande surprise, il se stoppa et tourna de moitié vers moi. Un sourire aux lèvres, il crut bon d'ajouter :

-Ton père serait fier de toi.
-Je l'espère. Répondis-je une seconde plus tard.

Il s'en alla cette fois-ci pour de bon, tandis que je repris tant bien que mal un visage neutre. Mais à l'intérieur de moi, je bouillonnais de rage. Prononcer ces mots m'avait écorché la gorge. Je ne les pensais pas une seule seconde. Sûrement que l'alchimiste était convaincu de m'encourager en disant cela. Il considérait sans doute que c'était un compliment, alors que c'était tout l'inverse. Je n'étais pas fière d'aider aujourd'hui celui qui avait autrefois été un ami de mon père. Et j'aurais préféré n'avoir plus jamais à être associée à ce dernier. Malheureusement, le destin s'amusait sans cesse à me rappeler que j'étais bel et bien une Laguerra. Mais bien que j'en portais le nom, je n'en étais pas moins différente de mes parents. Je n'étais, et ne serai jamais comme eux. J'avais une conscience, dont ils n'étaient pas dotés. Et j'étais décidée à les faire payer pour cela. Pour tout le mal qu'ils avaient fait, pour celui qu'ils avaient semé derrière eux sans aucun scrupule, sans aucune honte. Mais mon géniteur n'était cependant plus de ce monde pour payer. Il était mort soit trop tard, soit pas assez. Mais Ambrosius et ma mère prendraient à sa place.
En attendant, puisses-tu pourrir en enfer pour l'éternité, Fernando Laguerra.

Je m'accoudais sur la barrière du pont du bateau. J'étais sortie, j'avais besoin de prendre l'air afin de me calmer. J'observais les nuages durant quelques instants, tentant vainement de faire le vide dans mon esprit. Il n'y avait rien à faire, j'étais bien trop inquiète pour faire cesser mes pensées. J'avais conscience de l'être constamment mais il me fallait rester forte. Je trouverai un moyen.

J'entendis des pas lourds derrière moi, mais n'eus pas besoin de me retourner pour savoir de qui il s'agissait. Gaspard avait sûrement terminé de faire l'une des corvées que lui avait assignée Zarès, ou bien il en avait assez de flemmarder. Quoi qu'il en soit, je me serais bien passée de sa présence. Aussi ne pus-je m'empêcher de lever les yeux au ciel.
Il s'appuya lui aussi sur la rambarde et en profita pour se coller à moi. Je lâchais un soupir tout en m'empressant de me décaler immédiatement. Décidément, ce gros balourd ne comprenait rien à rien. Et il ne s'arrêtait jamais. Néanmoins il n'insista pas et resta à sa place.
C'était déjà un bon point, je me voyais déjà en train de sortir ma lame de son fourreau s'il continuait. Mais il devait se douter que j'agirais ainsi depuis le temps qu'il voyageait avec nous. Voila sûrement la raison pour laquelle il se tenait tranquille.

-Eh bien señorita, il semblerait que je me sois mépris sur votre compte.
-Ce n'est pas faute de vous avoir prévenu. Répliquais-je sèchement.
-Comprenez que la situation portait à confusion...
-Certes, mais je vous l'avais expliquée. Cependant j'imagine que comme cela concernait Mendoza...
-C'est que, vous l'avez tout de même embrassé... Et il était notre ennemi ! Tout portait à croire que vous étiez de son côté plutôt que du nôtre... Se justifia Gaspard.
-Et dans quel intérêt ? D'autant plus que désormais, ils sont morts. Je ne vois pas ce que cela m'aurait apporté. Haussais-je les épaules de manière désinvolte.
-Il est vrai mais... Je pensais que... Non, laissez tomber señorita, c'est ridicule.
-Vous avez perdu votre langue Gaspard ? Maintenant que vous avez commencé, terminez.
-Eh bien je... Je pensais que vous auriez pu tomber amoureuse de Mendoza. Mais c'est totalement ridicule, comment auriez-vous pu tomber amoureuse d'un lâche comme lui ?

Gaspard éclata de rire, et je dus me faire violence pour ne pas me jeter sur lui et transpercer son cœur à l'aide de mon sabre. Bien sûr il avait visé juste sans même se douter que cela puisse être vrai. Ma poitrine me faisait affreusement mal, et j'avais envie de vomir. Je savais que cela n'arriverait pas, mais la douleur était tellement puissante qu'elle me procurait cette sensation. Sans compter le mal de ventre violent qui me tordait les tripes. J'avais naïvement cru que je pourrais tout oublier aussi vite, mais il suffisait que l'un de ces deux imbéciles prononce le nom de Mendoza pour que mon cœur rate un battement et qu'il se serre. Mais la détestable attitude de cet empoté avait remué le couteau dans la plaie et ravivé la douleur aussi vivement que la veille. Ne pas penser au marin m'était déjà difficile, mais si Ambrosius et Gaspard parlaient sans cesse de lui et qui plus est en le rabaissant, j'aurais encore plus de difficultés à oublier.
Mais ce qui m'insupportait le plus, c'était qu'après s'être vanté d'avoir éliminé le capitaine d'une manière aussi pitoyable, il osait encore le traiter de lâche. Alors que le lâche, c'était justement lui.
Je serrais mon poing ganté aussi fort que possible afin de contenir un peu ma colère avant de lui lancer :

-Gaspard, comme je vous l'ai précédemment dit avant qu'il ne meure, Mendoza était un bien meilleur bretteur que vous. Je pense même qu'il était mon égal. Et dans la mesure où vous l'avez attaqué par derrière, je juge mal placé que vous le désigniez comme lâche.

L'espagnol ne dit rien durant quelques secondes où je percevais clairement que je l'avais mis mal à l'aise. «Tant mieux, ça t'apprendra espèce d'imbécile. » Ne pus-je m'empêcher de penser d'une telle intensité, que j'étais quasiment certaine qu'il aurait pu m'entendre.
Il se racla la gorge avant de changer de sujet. Visiblement, il avait conscience que la réflexion que je lui avais faite était vraie, autrement il se serait empressé de me contredire. D'un autre côté, c'était déjà la seconde fois que je lui envoyais cette pique. Peut-être s'était-il calmé ? Quoique le connaissant, je pencherai plutôt pour le fait qu'il veuille s'entraîner et devenir meilleur pour se pavaner devant moi. Mais ce que Gaspard ignorait, c'est qu'il aurait beau s'exercer à longueur de journée, il ne parviendrait jamais au niveau qu'avait Mendoza. Et j'étais bien placée pour le savoir, jusqu'à présent, je n'avais jamais eu trop de difficulté à battre mes adversaires. Tout du moins, j'avais toujours fini par les vaincre tôt ou tard. Alors que Mendoza... Mendoza me donnait clairement du fil à retordre, il aura été mon meilleur adversaire, cela ne faisait aucun doute.

J'étais plongée dans ma nostalgie, et j'aurais pu y rester encore longtemps si Gaspard n'avait pas repris la parole. Je repris mes esprits et expirais, désespérée par ses propos.

-Pour me faire pardonner l'affront de ne pas vous avoir fait confiance, je vous inviterai à boire un verre dès que l'occasion se présentera.

Le tout accompagné d'un affreux sourire qu'il devait penser charmeur mais qui ne faisait que m'irriter. Il semblait bien sûr de lui dans son regard, vu combien il brillait. Ses sourcils étaient également haussés. En même temps que je m'écartais de la rambarde, je répondis d'une voix neutre :

-Ce ne sera pas nécessaire.

Et je le laissais en plan ainsi, bouche bée, incapable de prononcer un mot. Il m'agaçait de plus en plus. Je me demandais si j'allais être capable de le supporter encore longtemps. J'avais pourtant repoussé l'entièreté de ses avances depuis qu'il m'avait abordée à Ormuz, mais il ne semblait pas vouloir comprendre pour autant. Je me surprenais à repenser à ce qui s'était passé avec Mendoza ce jour-là. Si Gaspard et Ambrosius savaient que j'avais partagé un verre avec lui et que je l'avais informé que le port grouillait de gardes car l'alchimiste avait soudoyé le gouverneur... Cela me faisait rire intérieurement, Zarès ne se doutait pas un seul instant que son échec de ce jour-là m'était dû. Mais je devais bien cela au capitaine qui m'avait sauvé la vie quelques jours auparavant, bien que je sois dans l'équipe adverse.
Je m'efforçais de ne plus penser à lui et ses camarades, cela ne me ferait que plus de mal. Pourtant, une phrase me revint en tête, celle qu'il m'avait justement adressée lors de notre échange dans cette taverne, alors qu'il doutait naturellement de mes intentions. Elle m'arracha de nouveau un sourire que je ne pus retenir malgré moi, tandis que je revis son sourire espiègle.
« Mais, je suis bien placé pour savoir que vous valez dix hommes armés jusqu'aux dents... »

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top