~8-

( Sam )

Certaines périodes de ma vie n’ont pas été belles mais découvrir le passé d’Ivan me bouleverse. Quel événement a provoqué ces aveux ? Vais-je pouvoir en supporter plus et en quoi vais-je surtout pouvoir l’aider ? L’envie de libérer du stress en discutant avec Romain est grande.

—Je suppose que cela ne devait pas être évident de la rechercher dans ta situation de clandestin. 

—Mes papiers étaient faux mais ils n’ont jamais attiré l’attention des forces de police. Ceux d’Irina étaient moins fiables à cause du manque de temps. Mais je suis persuadé que sa disparition était volontaire.

—Sans te laisser ne serait-ce qu’une explication ! En as-tu parlé avec Stefan ?

—Non, il ne connaît que mon vrai nom. Il n’a jamais posé de questions sur les raisons de ma fuite.

—Il avait si peur que tu t’en ailles ?

—Je n’en sais rien. Le sujet n’a plus jamais été abordé jusqu’à ces derniers jours. 

—Attends. Tu veux dire qu'il n’est pas au courant de l’existence de ta sœur ? Tu as gardé tout cela pour toi toutes ces années ? 

—Si je n’arrivais pas à l'évoquer avec toi, cela était encore plus le cas avec lui. Même s'il est très ouvert, il aurait eu du mal à comprendre, je crois. 

—Peut-être, oui. Mais certaines de ses relations pourraient t’aider. Parce que c’est cette information qui me manque. Me confier ton passé, votre passé est une chose. Mais qu'attends-tu de moi, exactement ? 

—Stefan a été contacté, via un autre galeriste, par un étudiant. Il cherche des informations sur un poing sculpté en terre glaise. Le nom d’Irina Provakov a été cité. 

—Quel rapport avec toi ? Ton poing est en cuir. Je suppose que Stefan a un moyen de le joindre, cet étudiant ? Il te reste juste à discuter avec lui.  Est-ce cette perspective qui t'effraie ? Suis-je là pour te soutenir ? Connais-tu cet étudiant ? 

—Non ! Mais lui semble connaître Irina. Ou l’avoir croisée. Je n' ai jamais réussi à trouver une trace d’elle. J’ai peur de tout faire foirer, avoue-t-il.

—Et donc, pour t’aider tu fais appel à moi. Celui qui a préféré fuir que de se confronter à celui qu'il aimait ? Es-tu certain que ton choix est judicieux ? La piste semble foireuse, Ivan.  Ton poing est en cuir. Aucune ressemblance possible avec de la terre glaise. Demain matin, quand tu auras récupéré le moyen de joindre ce mec, on l’appellera. 

Ivan ne commente pas. Ses mains fourragent dans ses cheveux. Je l’ai si souvent vu faire cela. La phase suivante l’emmenait  à se noyer dans de l’alcool, de préférence très fort, pour annihiler toutes ses pensées ou à tout saccager autour de lui. 

— STOP ! Arrête immédiatement ! Je ne te laisserais pas faire. Crache les informations que tu me caches, Ivan. Donne-moi les moyens de pouvoir t’aider.

Pendant que je lui criais dessus, je me suis rapproché de lui. Il n’a jamais été violent avec moi. Je le ceinture afin de lui montrer ma détermination. 

—Irina travaillait la terre glaise chez nous. Son poing est la seule chose qu’elle a prise en partant. Il ne peut pas s’agir d'une coïncidence, Sam.

—Tu penses donc qu'elle est vivante. Ou  que cet étudiant sait peut-être où elle se trouve. C'est plutôt une bonne nouvelle, non ? 

—Pourquoi passerait-elle par lui ? 

—Pour la même raison que toi, mon grand. Elle a peur. Va t’allonger, je reste là. Demain, on va agir. 

Il lui a fallu moins d'un quart d’heure pour plonger. Les journées à venir seront lourdes. Il serait raisonnable qu'à mon tour je dorme mais pour cela il me faut expulser l’angoisse que je sens poindre. 

Mon silence a dû l'inquiéter car il décroche à la première sonnerie. Et toutes les émotions que j’ai bloquées face à Ivan sortent. Romain me laisse pleurer. Mon homme a souvent été le témoin de mes découragements, ceux qui me laissent sans force, prêt à faire des bêtises. Il m’a appris à évacuer mes peurs plutôt que de les emmagasiner. Lorsque le flot de larmes s’apaise, il est prêt à écouter.

—Tu as raison, bébé. Vous devez appeler cet étudiant. Sans les informations qu'il détient, vous êtes dans le noir. Veux-tu que je m’organise pour vous rejoindre ?

—Nan. J’ai dû le bousculer un peu pour qu'il parle. Ne te vexe pas, mais face à toi, il n’y arrivera pas. 

—Je te fais confiance. Tu sais juste que c’est possible. Marc est toujours dispo pour accueillir Chloé. 

Notre conversation a duré encore un peu et puis il m’a recommandé d’aller me reposer. Je ne pensais pas y arriver, trop de choses en tête mais j’ai sombré. 

(Ivan)

J’évite de faire le moindre bruit afin de ne pas réveiller Sam. Une fois encore, il a été là pour moi. Abandonnant l’homme de sa vie et Chloé pour m'épauler. Les étapes à venir m'effraient. Quoique m’annonce cet étudiant, cela sera douloureux. 

—Tu évites de me réveiller pour gagner un peu de temps ?

—Tu ne ferais pas la même chose à ma place ? 

—Le Sam d’avant, certainement. Nos silences ont failli nous séparer, je ne l'oublie pas. Même si parfois parler de nos doutes, de nos angoisses est très loin d’être évident. Allons prendre un café en ville. Au retour, nous appellerons Stefan. 

(Stefan)

Un bref instant, j’hésite à répondre. Je crains les jours à venir. Ivan a toujours eu une place particulière à mes côtés sans que je détermine réellement le sens de celle-ci. Son silence après mon appel n’a pas été une surprise. Nous étions conscients l’un comme l’autre que ce jour arriverait fatalement. Et puis la présence de Sam m’a rassurée. Il connait suffisamment Ivan et ses démons pour l'épauler.

—On peut se voir ?  se contente-t-il de demander. 

—Oui. Passez en fin de matinée. Nous discuterons en mangeant ici. 






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