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( Josef )
Ma remarque n'est peut-être pas très agréable, un peu agressive aussi mais je ne m’excuserai pas.
— Je vous demande de me pardonner . Ce n’était en aucun cas une critique. Mikail, le frère d’Irina n’était pas un homme très solaire. Attention, je ne dis pas qu'il était déplaisant mais plutôt du genre renfermé.
— Tout semble donc vous amener à ne pas croire que ce soit le même homme.
— Non. C’est tout le contraire, j'espère du fond du cœur que ce soit lui. Pensez-vous qu'il acceptera de me rencontrer ?
Devais-je préciser que Misha et moi allions devoir combattre pour le décider ? Je choisis l'option faux-cul en esquivant la réponse.
— Nous n'en sommes pas à cette étape. Ivan aura besoin d'être rassuré. Mettez vous à sa place, il ne vous connaît pas.
J'eus l'impression qu'il était sur le point de préciser quelque chose mais Piotr lui coupe la parole.
— Je suis désolé de vous interrompre mais l’heure de notre rendez-vous approche. Peut-être pouvons-nous discuter de cela demain ? Est-ce possible Josef ou devez-vous rentrer ?
Il n'était pas question un seul instant de partir sans obtenir plus d'informations sur l'identité de cet homme.
— Aucun souci me concernant. Vous me transmettez l’heure de notre rendez-vous et le chauffeur viendra me chercher comme aujourd'hui ?
— Faisons ainsi, réagit Ernst qui est resté silencieux. Je vous accompagne.
Aucune poignée de mains échangée, un bref salut Ernst me guide jusqu'à mon taxi.
( Aslan )
— Pourquoi as-tu fait cela ?
— T’interrompre ? As-tu oublié que certains adoreraient te mettre la main dessus ?
— Non, Piotr, je ne l'oublie pas mais crois-tu réellement que cet homme soit un danger ?
— Je n’en sais rien. Mais j’ai besoin de comprendre pourquoi il n’a contacté personne dehors.
— Comment as- tu cette info ? Tu as mis des caméras ?
— Je le fais systématiquement. Juste des petits engins espions. Cela compense le manque d’hommes et me rassure.
— Pourquoi ne lui as-tu pas posé directement la question ?
— Je m’en chargerai demain sois-en certain. Tu allais lui donner ton identité, hein ?
— J’avais l’intention de lâcher mon nom au milieu de la conversation, en effet. Si cet Ivan est notre Mikail, il l’a peut-être entendu ou le fameux Misha. Je ne suis pas un militaire Piotr mais je ne suis pas inconscient non plus.
— J’ai appris au fil des années à te décoder. Je te sens prêt à partir pour découvrir cet Ivan.
—L’envie est belle et bien là, Piotr. Je ne suis plus un jeune chiot fou qui agit sans prendre le temps de réfléchir. J’examinerai ses réactions quand tu lui demanderas pourquoi il a menti.
— J’ai très envie de croire qu’il s’agit de Mikail et, si c’est le cas, je te suivrais pour assurer ta protection.
— Seulement pour cela ?
— Ne pose pas de questions idiotes. J’ai des milliers de choses à lui dire. Irina, lorsqu’elle parlait de lui, avait les yeux qui brillaient !
— Pourtant, je peux t’assurer que leur relation frère-soeur était quasi inexistante. Avoir le même projet de fuite les a rapprochés.
Le lendemain en fin de matinée, Piotr et Josef entrent dans la pièce où je les attends de pied ferme. Ma nuit a été courte et agitée. Le teint pâle de Josef prouve que la sienne n’a guère était meilleure. Je décide de ne pas perdre de temps.
— Avez-vous discuté avec Mikail ?
Aucune réponse. Je le sens mal à l’aise.
— Non, se décide-t-il à répondre. Je n’ai même pas tenté hier pour être complètement honnête.
— Il va falloir nous en dire un peu plus…
— C’est mon intention. Mon Ivan est votre Mikail. Je n’ai aucun doute à ce sujet. Lorsqu'il a appris que je venais ici, il a, n’ayons pas peur des mots, paniqué.
— Paniqué ?
— Le terme n’est pas exagéré, il est parti de chez Misha. Il était terrorisé.
— Je ne comprends pas.
— C’est de ma faute. Mon idée me semblait bonne, je vous assure. Profiter de ma visite dans son pays pour peut-être dire à des proches qu'il était vivant.
—Vous êtes inconscient, ma parole ? Le meilleur moyen pour lui mettre des salopards sur le dos !
— C’est exactement ce qu'il m’a dit, et avec sensiblement les mêmes termes. Il redoutait des représailles sur ceux qui comptent pour lui.
— N’aviez-vous pas ces informations ? La délation est monnaie courante ici. Rien de très original, vous me direz ! Accuser un voisin, un ennemi peut permettre de se protéger soi ou un de ses proches. L’oppression provoque ce genre de réactions ! Je suis néanmoins heureux que Mikail ait des personnes auprès de lui auxquelles il tient suffisamment pour avoir peur pour elles.
— Il en a, oui. Des personnes auxquelles il tient. L’idée qu'il puisse leur arriver quelque chose l'effraie.
— Je comprends, c’est notre peur à tous. J’ai une question importante à vous poser Josef. Très importante. A-t-il, à un moment ou un autre, évoqué un certain Aslan ?
Son regard se trouble. J’ai déjà une partie de la réponse.
— Ce nom m’est connu mais je n’en sais pas tellement plus. Je n’ai pas eu de longues conversations avec lui.
— Je peux vous en parler. Aslan est l’homme qui a organisé la fuite de Mikail et Irina.
— Irina en avait parlé une fois avec Joachim, mon collègue. Elle regrettait que cet homme ne soit peut-être pas au courant de la disparition de Mikail. Ce prénom est une des raisons de la brusque fuite de Ivan. L’idée que cet homme soit surveillé et de tout ce qui s'ensuivrait…
Je surprends le regard de Piotr. Un bref signe de tête me donne son accord.
— Il a raison pour une grande partie de ses craintes. J’ai été très longtemps surveillé. La première année après leur disparition, ils n’avaient aucun moyen de m’accuser de quoique ce soit. Je suis resté dans les clous. Anzor a assuré, de loin, ma protection.
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