~49~
(Piotr )
A peine Josef sorti que la porte derrière nous s’ouvre. Un souffle chaud et une accolade fraternelle, Aslan est très ému.
— Je ne pensais plus entendre ces mots, lâche-t-il sous les yeux ébahis de Ernst.
— Je dois t’avouer que moi non plus. Quoique pour l’instant, je n’ai aucune certitude.
— Tu doutes des mots de cet homme ? Je peux t’assurer que, même derrière la porte, son trouble était plus qu'évident !
— Entièrement d’accord mais …
— Quoi mais ? Qui cela pourrait-il être d’autre, intervient Ernst ?
Nos regards se croisent. Même si Ernst est engagé à nos côtés, il est très loin de connaître certaines choses.
— Josef semble, lui, persuadé de son identité, insiste-t-il.
— Je ne demande qu'à le croire, moi aussi, réplique un peu vivement Aslan. Hélas, nous sommes bien placé pour rester méfiant. Malgré les années passées, je saurais au premier regard s'il s’agit de Mikail.
(Aslan)
Ernst ne commente pas mais je sais que je vais devoir m’expliquer. Même s'il est un des interlocuteurs privilégiés pour nous aider à mettre notre projet en place, il n'a pas ou peu d’expérience de terrain. Piotr, lui, est un ancien militaire. Lassé par les conflits s’enlisant dans beaucoup de pays, il a enrôlé des personnes de confiance afin de, comment dit-il, reprendre la main. Anzor l’avait recruté pour certaines opérations spéciales dont l'exfiltration d’Irina. Il était, à l'origine, question d'une seule intervention. Mais les risques autour d’elle et la disparition de Mikail avaient modifié la donne. Piotr avait refusé d’abandonner la jeune femme et l’avait accompagné jusqu'à son décès.
J’ai encore, malgré le temps passé, l’image de sa silhouette devant ma porte. Et de Raspo un peu en retrait. Même si je ne les avais jamais croisés, leur appartenance à un groupe militaire sautait aux yeux. Mon travail ainsi que celui de mon équipe était de connaître les visages de ceux que nous combattions. Ils n’en faisaient pas partie. D'une voix rauque mais ferme, le code lâché au pied de la porte me le confirmait. Anzor ne m’avait pas précisé la raison de sa visite mais il savait que je ne la refuserai pas. Je me contentais donc d’ouvrir ma porte et de le laisser entrer. En ville, les risques étaient moindre. Et Raspo assurerait ses arrières.
— L’annonce de ta visite m’a surpris. As-tu de bonnes nouvelles à me donner ?
— Hélas, non. Aucune trace de lui. Même si, pour le coup, Anzor est loin de me soutenir, je veux tenter une dernière option.
— Tu te doutes que malgré tes états de service, il va me falloir plus d’informations.
— La présence de Dalibor m’a été confirmée.
— Bien entendu qu'il est là ! Tout son business s'y trouve !
— Je veux le questionner. Il doit savoir où il est.
— Ne me prends pas pour un idiot, Piotr. On ne questionne pas un mec comme lui. Joue franc-jeu avec moi et je te répondrais de la même façon.
Il n’avait pas nié. Trouver la planque n’était pas un souci, Dalibor ne se cachait pas. Je dois reconnaître que lorsqu'il avait repris connaissance, il faisait moins le malin. Piotr ne l’avait pas ménagé, il voulait beaucoup de réponses. Nous en avions obtenues quelques unes mais concernant Mikail, rien.
Il était inutile d'en parler avec Ernst et encore moins à Josef. Par contre, si le fameux Ivan s'avérait être Mikail, je me ferai le plaisir de tout lui raconter.
Nous savions déjà, Piotr et moi, que nous allions faire le voyage. Il était hors de question de ne pas aller vérifier par nous même si le fameux Ivan était notre Mikail. Piotr avait besoin, en mémoire d’Irina, de s’en assurer. Moi, j'espérais serrer dans mes bras, mon seul ami.
(Josef )
Ma première idée était d’appeler Misha. Était-il necessaire de lui confirmer l’identité de ce Piotr ? Qu’est-ce que cela changerait ? Je décidais plutôt de retourner dans cette pièce et de récolter le maximum d’informations. Celles-ci seraient transmises à Ivan. Lui seul déciderait de la suite.
Aux côtés de Ernst et de Piotr, je découvrais un autre homme. D'où débarquait-il ? Ernst ne semblait pas plus à l’aise que moi.
— Je n’ai pas réussi à joindre Misha, précisé-je. Je tenterai plus tard.
L’homme inconnu fit un pas vers moi.
— Bonjour. Il n’était pas prévu que j’intervienne à l'origine mais j’ai besoin d’en apprendre plus sur cet Ivan. Vous ne réalisez peut-être pas la portée de cette information pour moi. Nous cherchons depuis si longtemps la plus petite trace qui pourrait nous mener à lui.
Sa voix n’était pas le moins du monde agressive mais il était hors de question que je le renseigne plus sans savoir qui il était.
— Vous vous doutez bien qu’il m’est impossible de vous donner toutes ces informations. Vous parliez tout à l’heure de risques, dis-je en regardant expressément Piotr et Ernst. Ivan aussi doit être protégé.
— Il se sent menacé ?
Que répondre à cela sans dévoiler des informations que, peut-être, Ivan voudrait garder secrètes.
— À ma connaissance, non. Mais il redoute que l’on puisse s’ attaquer à des personnes proches de lui.
— Comment cela ? Il a fondé une famille ?
—Non. Je ne suis pas certain qu'il apprécierait que j’en parle. Il est très protecteur avec ses amis.
Le regard. Non, toute la physionomie de cet homme, celui dont je ne savais rien, se modifia. Un sourire fendant son visage. Piotr semblait aussi euphorique.
— Ses amis, dites-vous ?
Se moquait-il de moi ?
— Oui. C’est le mot que j’ai utilisé. Ivan a des amis auxquels il tient. Sans dévoiler rien d’extraordinaire, c’est même grâce à l’existence de ceux-ci que Misha a retrouvé sa trace !
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