Sept adolescents, assis sur sept chaises dans la petite salle aux murs de béton craquelés.

Ils attendent leur tour. Ils l'attendent depuis qu'ils sont nés.

Ils l'attendent, en même temps anxieux, mais aussi pressés. Pressés que cela se termine. Que ça se termine, bien ou mal.

On leur en parle depuis toujours. Le fameux test de majorité.

Un test, présenté sous forme d'émission télévisée, permettant d'éliminer les faibles et de garder les autres, qui pourront alors rentrer chez eux, construire une vie et avoir un nom.

C'est très simple. Tu as bon ? C'est parfait, tu peux continuer. Tu as faux ? Tu disparais.

Trente-Cinq est assise sur une de ces chaises bancales, celle posée à coté de la porte, la porte où les adolescents pourront passer d'ici à peu près cinq minutes. Elle a peur. Elle essuie fréquemment ses mains moites sur son jean gris, qui commence à virer au gris foncé à force d'essuyer la transpiration de ses mains.  Ses cheveux raides tombent mollement sur ses épaules. Ils sont gras, elle ne les a pas lavés depuis plus d'une semaine, trop stressée par le test imminent.

A coté d'elle est assise la joyeuse Douze. Celle-ci s'est faite toute belle pour l'épreuve. Ses rayonnants cheveux bruns descendent en cascades sur ses épaules, entourées d'un châle fleuri. Elle porte une robe noire, qui lui arrive juste au dessus des genoux. «Le noir, ça évoque la mort, mais ça peut aussi évoquer la fierté d'une réussite.» répète la jeune fille dans sa tête. Elle jette un coup d'œil  encourageant vers Quarante afin de le réconforter.*

Quarante pleure. On lui a toujours dit de ne pas pleurer. «Pleurer c'est pour les filles.» Cependant, il pleure. Il n'a jamais pleuré avant, mais maintenant il pleure.

  Car il va disparaître, il en est sûr. Il a toujours raté tous les tests, tous.

Il y a à sa gauche Onze. Jeune homme caché derrière d'épaisses lunettes. Il est confiant. Si le test est une épreuve intellectuelle il est prêt. Il a révisé toute la nuit le programme scolaire de cette année et pense s'en sortir. Et non, Onze n'est pas ce que tout le monde appelle «LE NERD » ou bien « L'INTELLO » où encore « LE GEEK ». Il espère juste ne pas disparaitre, comme tous les adolescents de cette salle.

En face de lui sont postés Quatre et Cinq. Ils se regardent et s'entraident. Deux garçons apeurés, comme les autres qui se donnent la main et s'efforcent de sourire. Au fait, ils ne sont pas gays. Ce sont des frères.

A coté d'eux régit Vingt-Deux. Ses cheveux blonds sont en bataille. Elle est contre les règles. Contre l'organisation de ce monde, de ce monde sans pitié. Elle va peut-être disparaître ce soir, mais elle s'en fiche.

La porte en fer située à coté de Trente-Cinq s'ouvre brusquement. Un homme à la chevelure violette et au costar bleu apparait à la porte. Il leur sourit, laissant apparaître une dentition parfaite.

« -Ah ! Nos jeunes concurrents ! Venez vite, ça commence ! »