La Bibliothèque de l'Amphithéatre des Mages recelait de Souvenirs de tout les Âges, de grimoires abordant des thèmes diverses sur les Terres d'Ethlaere ainsi que de comptes, de légendes et de mythes en tout genre, qu'ils soient chantés ou parlés.

Elle était immense, s'étalait sur plusieurs étages, et quiconque survolerait l'Amphithéatre des Mages verrait qu'elle formait le symbole du psyché, un trident moins fourchu mais plus courbé.

Elle était éclairée par des milliers de flambeaux ardents qui répandaient leurs lumières flamboyantes partout autour d'eux, permettant aux deux Humains de s'avancer sans craindre de se prendre un meuble dans le noir qui voilait les contours de la pièce.

-Tes parents sont où ?

Questionna le jeune Mage en fronçant les sourcils, peu désireux de se frotter aux paternels de son amie et devoir leur expliquer les raisons de leurs recherches. Ils ne voudraient pas que leur fille s'en aille dans une aventure où elle risquerait sa Vie.

-Ils sont sans doute avec les Hauts Manipulateurs et Manipulatrices de la Magie, ne t'inquiète pas.

Expliqua doucement Siraline avant d'esquisser un petit sourire face au hochement de tête de son ami.

-Il faut que nous trouvions des indices sur l'emplacement du Parleur, que ce soit des affinités, des lieux qui ont un sens sentimental pour lui, que ce soit par l'Amour ou la Haine, des traits de sa Vie de ce genre. Et si nous pouvions en savoir plus sur le Siffleur, ce serait une bonne chose.

Après les sages paroles de son ami, Siraline acquiesça et se dirigea vers une rangée de livres appuyée contre le mur du fond, lisant les titres qui se découvraient sur les tranches des grimoires.

Thaeril en fit de même, mais aux étages supérieurs.

D'un commun accord, les deux jeunes Humains avaient fait le choix de rechercher le Parleur, et ce, en connaissance des dangers qu'ils auraient à affronter.

Peut-être qu'ils n'étaient que des Apprentis Mages et Magiciennes, mais ils savaient saisir dans de quelconque paroles, l'urgence qu'ils avaient à braver. Et en ce moment même, elle n'était pas des moindres.

Le Mage Impérieux avait raison, peut-être que quelque chose empêchait le Parleur de s'en aller à la rescousse d'Ethlaere. Sauf que rester à apprendre une Magie qu'une poignée seulement de Mages et Magiciennes avaient réussit à maîtriser aux cours des Temps et des nuits, n'était pas leur meilleur chance.

Ça leur prendrait des années, et ils n'avaient pas ce Temps.

Et Scilth, le Mage Impérieux, en était parfaitement conscient, de ça et du voyage Mortel que s'annonçait la recherche du Parleur. En faisant le choix de la Mage Indomptée, il choisissait une allonge à leurs Vies, et un espoir qui ne risquait pas de s'envoler aux moindres impasses.

Mais il était impératif que quelqu'un le cherche, et sur base volontaire était le mieux.

Si on voulait, on allait plus loin car on était déterminé.

Si ce n'était pas le cas, le moindre obstacle et ils feraient faux bonds.

Siraline et Thaeril n'avaient rien de mieux à faire et rien qui nourrissait plus l'ambition de leurs cœurs.

Les parents de Siraline étaient des Humains comme les autres, leur seule différence étant qu'ils étaient les bibliothécaires de la Bibliothèque de l'Amphithéatre des Mages.

Ceux de Thaeril faisaient partie de la Caste des Mémoires d'Ethlaere. Leurs rôles étaient de gardés les Donjons Mémorielles, pièces des sous-terrains où étaient conservés et triés les Sphères de l'Esprit : Celles des Souvenirs, des Émotions, des Pensées et des Détections d'Utilisations de la Possession ainsi que leurs Historiques.

Les quatre n'avaient aucune Magies en eux, ce qui avait été problématique pour les géniteurs de Thaeril car la Caste des Mémoires d'Ethlaere était très difficile d'accès, mais leurs compétences en Histoire en avait bluffé plus d'un.

Siraline et Thaeril souhaitaient aller à la recherche du Parleur pour eux, leurs parents, des Êtres sans Magies que le Siffleur n'aurait aucune pitié à écraser. Et leurs parents, simples Humains, ne sauraient rien faire pour se défendre.

Pour leurs sécurités, ils allaient aller à l'encontre des complications, des doutes, des vents, et des courants marins.

-J'ai trouvée quelque chose !

Cria Siraline pour se faire entendre du jeune Homme qui était là-haut, entre deux rangées assez serrées de grimoires anciens, salit par la poussière.

-J'arrive, j'ai aussi dénicher quelque chose d'intéressant !

Un branle-basse se fit entendre à son niveau de la Bibliothèque avant que des bruits de course ne se fassent entendre eux-aussi dans les escaliers en bois, en colimaçon, que le jeune Mage descendait avec rapidité.

Il arriva très rapidement près de son amie et s'assailla en face d'elle en la voyant assise devant une table ronde en cerisier.

Sur celle-ci, des arabesques étaient gravées dessus ainsi qu'un motif représentant le même trident courbé que la forme de la Bibliothèque, dans un cercle qui représentait les Sphères Mémorielles.

-Alors, toi d'abord, qu'as-tu trouvé d'intéressant ?

Thaeril avait mit son grimoire sur la table et avait mit ses coudes des deux côtés de l'ancien livre, appuyant ensuite son menton sur ses deux mains croisées. Siraline lui expliqua d'abord sa trouvaille afin de lire ensuite les lignes écrites sur les feuilles à son ami, à haute ainsi qu'à intelligible voix.

-J'ai trouvé un moyen de localiser le Parleur plus qu'un lieu où il serait susceptible d'être. Il est des Êtres Éternels qui ne périssent pas, dont l'existence n'est point pour autant née au début des Temps et des Nuits. Elle avait baissé sa tête, lisant ce qu'il y avait d'inscrit. Mise à part un Être, un unique Être présent depuis la Nuit des Temps. Un Être qui connaît toutes les facettes de l'Univers sans exceptions. Une créature mythique, incarnation de L'Univers, celui étant le tout des Dimensions. Cet Être est nommé... Elcywïn.

Siraline releva sa tête, observant son ami qui, songeur, avait les paupières closes. Une minute plus tard, il rouvrait les yeux et hochait la tête.

-Le Parleur est lui aussi un mythe, mais nous comptons le chercher même en le sachant, alors partir à la recherche d'un deuxième mythe... Je ne vois pas pour quelles raisons nous ne le ferions pas. Et puis, c'est une des seules pistes que nous ayons. Je te lis maintenant ce que j'ai déniché de mon côté.

Thaeril ouvrit son grimoire, fit défiler quelques pages, puis mit son livre presque à plat avant de lire les lignes.

-La Source du Déséquilibre mit un obstacle de taille sur la quête de son frère à le combattre pour faire cesser ses massacres : Le retrouver. Si ce dernier le combattait simplement, sa vengeance ne serait aucunement comblée, car il fallait que son jumeau souffre comme il l'avait fait souffert. Il fallait aussi qu'il soit honnête, cette embûche était aussi là pour pimenter la revanche. Voir ses Mortels pleurer le sort de leurs semblables était pour lui, une délectation, pour son gémeau, une punition qui le rendait malade. Aussi, la Source de l'Équilibre remua Airs et Terres, Eau et Montagnes, à la recherche de son frère. Ce fut sous un galet blanc gisant sur le sable des abysses qu'il La trouva : La Boussole Galactique. L'objet qui trouvait tout ce que l'on recherchait, que ce soit vivant ou non. La Source de l'Équilibre souffla le nom de son frère et la Boussole s'illumina. Les planètes, les galaxies, telle de la boue bleutée, changea de forme, se métamorphosa en d'autres planètes, en d'autres galaxies, et sur Ethleria, un point brilla. Un point aussi noir que le cœur de la Source du Désiquilibre. [...] Il est dit que la Source de l'Équilibre posa la Relique dans les fins fonds de son Temple, là où nul n'irait, que ce soit en le faisant exprès ou non, sauf ceux qui étaient habilités à y pénétrer. Ainsi, elle resta perdue. Sans que nul puisse dire si c'était un bien ou un mal.

Siraline plissa ses yeux, réfléchissant au sens de tout cela : Un Temple ? Elle ne connaissait qu'un seul endroit susceptible de l'être, mais il n'était pas nommé ainsi ni même présenté comme tel.

-L'Amphithéatre des Mages ? Ici-même ?

Dit-elle, hésitante, pas certaine de sa réponse. Elle fut néanmoins rassuré quand Thaeril hocha sa tête.

-J'y pensais aussi.

Les deux se regardèrent dans le blanc des yeux, il ne restait plus qu'à savoir où exactement cette Relique pouvait se trouver.