Chapitre 6 : Le parapluie et le gui
Chapitre 6. Le parapluie et le gui
- 11h00 PM, Belgravia, Westminster-
-Vous voulez du thé?
Il secoua la tête.
-Non, je préfère le café.
-Bien sûr.
Mycroft avait terminé de mettre Lestrade au courant de l'avancé de ses recherche sur Magnussen et ils étaient donc remontés au premier étage où le politicien s'était mis dans la tête de leur servir des boissons. Probablement que l'aîné des Holmes était du genre à se préparer une camomille avant le dodo. Étonnamment, ça collait assez bien à son image.
Se fichant bien de ce que l'homme pouvait bien faire – il était chez-lui après tout – dans la cuisine, Gregory se rendit au salon où il se laissa tomber sur un fauteuil moelleux. Son corps qui avait passé tout le jour à courir partout – en commençant par fuir la demeure de Mycroft pour finalement y aboutir de nouveau tout en passant par une scène de crime et son chez-lui délabré – le remerciait pour cette charmante attention. Il commençait à se faire vieux – ou c'était ainsi qu'il percevait la mi-trentaine – et n'était plus capable d'être debout toute la journée comme les nouvelles recrues fringantes dans la vingtaine de Scotland Yard. Pourtant, jamais il n'aurait voulu retourner à l'époque où personne ne le prenait au sérieux et où c'était lui, le newbie du squad.
Pendant qu'il réfléchissait à tout ça, Mycroft apparut soudainement juste dans l'encadrement de l'arche du salon. Il avait une tasse fumante dans sa main.
-Pour vous. Venez la chercher.
Poussant un soupir suivit d'un grognement, le DI fut forcé de se lever pour répondre à la politesse de son hôte. Il rejoignit Holmes qui lui tendit la céramique chaude.
-Avec deux sucres, rajouta Mycroft, comme pour celui de Sherlock.
Lestrade haussa un sourcil. C'en était perturbant : ce gars savait réellement tout de lui. Décidant de passer l'éponge sur ce coup-là, il ferma les paupières et trempa ses lèvres dans la caféine pour savourer la boisson qui n'allait pas l'aider à dormir cette nuit. Il savoura jusqu'à ce qu'une voix interrompe sa délectation.
-Gui.
-Quoi?
Il ouvrit les yeux et Mycroft qui pointait le haut du plafond de son indexe apparut dans son champs de vision. Il ne comprit pas et c'est alors que les lèvres du politicien se refermèrent brusquement sur les siennes. Il emprisonna sa lèvre inférieure et la mordit, la suçota lentement, puis la langue du politicien glissa dans la bouche qu'il ouvrit sous le coup de la surprise.
Sa tasse de café dans une main, Lestrade ne pouvait clairement pas le repousser par peur de s'ébouillanter ou de brûler Mycroft. Ses doigts se refermèrent sur la tasse jusqu'à ce que ses jointures en soient blanches, refusant de la lâcher.
Le baiser fut remplit de lèvres, de langues qui luttaient et de dents mordantes. Gregory commença à sentir ses jambes se ramollir et Mycroft passa un bras autour de sa taille pour le retenir contre lui et l'empêcher de fondre comme si le café avait été trop chaud.
Mycroft avait cet effet sur lui. Il pouvait nier autant qu'il voulait et repousser l'homme tant qu'il le pouvait, le politicien n'avait qu'à poser un seul doigt sur lui pour enflammer son corps, le faire réagir et le soumettre aux plaisirs qu'il pouvait lui apporter. Entre ses bras, il se sentait comme une petite poupée fragile.
Et il était encore en train de se faire avoir.
Par chance, Mycroft se recula un peu pour le regarder droit dans les yeux et Lestrade en profita pour s'éloigner. Tant pis s'il se buttait contre le mur de derrière.
-Un gui, répéta le frère de Sherlock, regardez. Ne m'en voulez pas pour une simple tradition qui traverse les âges.
Énervé et toujours sceptique, Lestrade essuya furieusement sa bouche sur la manche de sa chemise – ce qui était parfaitement inutile puisque la marque du baiser était beaucoup trop visible sur ses lèvres gonflées et rougeâtres humides – avant de regarder enfin dans la direction indiquée. Ce qu'il vit, attaché au plafond, c'était un gui avec les petites boules rouges en son centre et les feuilles édentées. Gregory eut une vive envie de tuer Mycroft à cet instant précis. Et ce ne serait pas la première fois.
Résiste Greg, résiste Greg, résiste Greg...
-Je suis certain que c'est vous qui l'avez mis là!
-C'est possible. Je ne me souviens pas de toutes les décoration que j'installe ici.
-Il n'y a même pas de sapin! Argumenta Lestrae. Alors pour quelle raison y aurait-il du gui et du houx?
Mycroft ne lui répondit pas. Il s'approcha plutôt de son oreille et lui chuchota :
-Joyeux Noël, Gregory.
Il lui embrassa la joue, récupéra sa tasse de camomille et alla s'enfermer dans sa chambre pour se coucher.
Gregory devint aussi rouge qu'une tulipe et il déposa enfin son café sur un comptoir. Il était persuadée que Mycroft avait tout prévu : autant le gui de Noël que le fait qu'il ne pourrait pas le repousser à cause de la tasse bouillante qu'il aurait dans la main. Il essuya sa joue et tenta de reprendre ses esprits tant bien que mal. Il soupira lentement, laissant l'air s'échapper de ses poumons et passa une main rapide dans sa chevelure argentée.
-Eh bien...
Il but son café, posa la tasse dans l'évier et regagna sa chambre. Il constata que la porte ne possédait aucun verrou et cela le frustra. Il ne tenait pas à recevoir une visite nocturne de Mycroft durant la nuit. Se résignant, il se déshabilla et s'installa avec quelques réticences en boxer dans le lit.
***
-7h00 AM, Belgravia, Westminster-
Le lendemain, Lestrade fut soulagé de constater que personne n'était entré dans la chambre durant la nuit ou si quelqu'un y était rentré, elle ne l'avait pas réveillé. Il n'alla pas vérifier si Mycroft était encore couché ou s'il était parti travailler; il s'en fichait à vrai dire. Quant à lui, il devait se préparer pour se rendre à l'ouvrage. Il s'habilla en vitesse, se brossa les dents tout aussi rapidement en plaçant ses cheveux à la va vite. Juste avant de partir, il kidnappa une toast dans la boîte à pain et la glissa entre ses dents tout en mettant son manteau.
***
-5h00 PM, Belgravia, Westminster-
La journée avait été éreintante au possible. Lestrade avait dû faire du travail de bureau toute la journée durant, œuvrant sur le meurtre de Mrs. Rivera. Il détestait ces journées où il avait l'impression que la chaleur du système de chauffage l'étouffait et que rien n'avançait. Il était totalement épuisé quand il rentra chez Mycroft en fin de journée.
Passant la porte, des cris provenant du salon attirèrent son attention. Il y avait des fracas, du verre brisé et ça faisait un sacré boucan.
-Tu n'es qu'un sale égoïste qui ne fait que penser à toi!
-Et toi, tu ne vois pas plus loin que le bout de ton nez! Tu es enfermé dans tes vieilles traditions antiques et les clichés mènent ta vie! Tu es si seul que tu...
Fronçant les sourcils, Lestrade s'approcha et c'est là qu'il vit, appuyé dans l'encadrement de porte sans porte menant au salon, Anthéa qui pianotait sur son Blackberry. Glissant un œil à l'intérieur du salon, il vit Sherlock qui était grimpé sur la table basse du salon et qui pointait son frère d'un indexe malveillant, en plein sur son torse. Les deux frangins se hurlaient dessus et les débris d'un vase brisé jonchaient le sol.
-Qu'est-ce qu'ils font? Demanda-t-il.
Anthéa leva les yeux sur lui, abandonnant momentanément son téléphone. Elle semblait incroyablement calme.
-Oh, comme à chaque année, ils s'obstinent sur le cadeau à offrir à leur mère pour Noël.
Lestrade écarquilla les yeux et à ce moment même, Sherlock passa près d'eux d'un pas furieux. À quelques mètres de la porte, il se retourna et fixa Gregory.
-Vous, que faîtes-vous là? Je crois que si vous souhaitez obtenir quoique soit de cet idiot, ce soit peine perdu. Il a l'esprit aussi étroit qu'une gouttière!
-Je t'ai entendu, Sherlock! Cria Mycroft depuis le salon.
Le détective fit la moue et quitta comme un coup de vent après ça, ne laissant pas le temps à Gregory d'expliquer quoique ce soit. Oh, merde, qu'est-ce qu'allait s'imaginer Sherlock, maintenant? Lestrade sentit ses joues brûler.
-Bon, si vous avez terminé, je vais vous laisser, annonça la jeune femme brune.
-Oui, je vous rappellerai plus tard, Anthéa, merci.
Comme l'assistante de Mycroft quittait, Greg rejoignit l'homme dans le salon.
-Vous êtes adorable quand vous dormez, Gregory.
Si ses joues étaient déjà rouges, elles devinrent cramoisies. Ainsi, quelqu'un était bien entré dans sa chambre quand il dormait. Il sentit une frustration sourde bouillonner au fond de son ventre.
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