II- « Adieu, Oswald ».
Gotham, saison 3 « Adieu, Oswald».
Ses sanglots se répercutaient contre les murs du vieil entrepôt, déchirants dans la nuit obscure que Jerome Valeska était parvenu à infliger à Gotham toute entière. Il n'y avait plus du tout d'électricité dans la ville et d'après les autorités débordées, la lumière ne reviendrait pas avant le lendemain. Le chaos régnait dans les rues, la majorité des gens étant cachée tandis qu'une violente minorité profitait de l'absence de lumière, de caméras et de la police surmenées pour commettre les forfaits qu'ils ne se permettaient pas habituellement. Car l'espèce humaine était ainsi. Cruelle.
Edward Nygma faisait les cent pas devant la voiture complètement défoncée qui trônait au centre de l'entrepôt. Accroché sur le capot que l'impact du train avait déformé, le maire de Gotham gémissait et sanglotait toute sa peine, des larmes inondant ses joues rougies.
« Ed... Vouloir me tuer n'arrangera rien... » tenta-t-il entre deux sanglots.
« Donc tu reconnais avoir tué Isabella.» coupa froidement le plus grand en lui jetant un regard venimeux au travers de ses lunettes.
L'expression pathétique qu'arborait Oswald Cobblepot depuis le début de leur conversation dans le hangar changea brusquement. Il fronça les sourcils, la mâchoire tremblante de rage, et cracha, les yeux étincelants :
« Bien. Tu veux vraiment savoir ?
_Oui ! » s'écria Ed en s'approchant de lui, la colère lui broyant l'estomac.
« Alors oui. Je l'ai faite tuer. Mais en fait, tu devrais me remercier ! Car on sait aussi bien l'un que l'autre ce qui serait arrivé si je n'avais rien fait !
_ Oui ! » s'exclama Nygma d'une voix brisée, « J'aurais pu vivre avec la femme que j'aimais ! J'aurais pu être heureux ! »
Oswald secoua la tête, presque avec pitié :
« Non Ed. Tu aurais fini par la tuer. »
La gifle partit toute seule, faisant grimacer le maire, qui releva ses yeux clairs avec rage vers son vis-à-vis :
« Tu l'aurais tué exactement comme tu l'as fait avec l'autre ! Tu n'aurais jamais pu te retenir ! Et ensuite tu t'en serais voulu pendant toute ta vie d'avoir commis un tel acte ! »
Suffoquant, le souffle court mais la colère débordant de tous les pores de sa peau, Edward répondit calmement, tentant de se maitriser mais ne pouvant s'empêcher de s'approcher de nouveau d'Oswald, de cet homme qui venait de ruiner sa vie et tentait de faire passer cela pour une bonne action.
« Et bien, on n'en saura jamais rien, n'est-ce pas ? »
Il tourna le dos, l'estomac étrangement lourd, voulant se calmer. Mais la voix du Pingouin s'éleva de nouveau, empreinte d'un pathétisme que Nygma n'avait jamais entendu de sa vie :
« J'ai agi par amour. »
Cette phrase tomba comme un coup de poignard. Et Ed se sentit soudainement très vide. Il se tourna lentement, les traits déformés par l'incompréhension et une rage cette fois-ci non contenue :
« Quoi ?
_ Je l'ai fait parce que je t'aime... » reprit misérablement Oswald, les larmes recommençant à couler. « Tu mérites de le savoir...
_ Tu la fermes !! » hurla Nygma en se ruant vers lui pour lui saisir les joues et le forcer à fermer la bouche.
Il voulait le frapper. Le frapper jusqu'à ce qu'Oswald cesse de débiter de telles bêtises, jusqu'à ce qu'il cesse de le regarder avec ces yeux si tristes. Le Pingouin se tut, les lèvres tremblotantes et couvertes de larmes et de morve. Edward avait l'impression qu'un couteau venait de lui percer le cœur, le laissant s'émietter et se consumer inexorablement. Etait-ce la sensation qu'avait ressenti Kristen Kringle en apprenant qu'il avait tué l'officier Dougherty ? Ce sentiment de dégout, de déception et de tristesse ? De trahison ? Non, ce n'était pas pareil... Dougherty frappait Miss Kringle... Ed devait l'arrêter... Le tuer était nécessaire. Pour le bien de Miss Kringle. Pourtant... Il était lui-même, Edward Nygma, la cause de la mort de la jeune femme... Non... C'était la faute de l'autre, celui qui vivait dans sa tête. Ed n'avait jamais voulu faire de mal à Kristen. Il l'aimait. C'était l'autre qui avait découpé le cadavre de sa pauvre Miss Kringle en morceau. Pas lui. Quoique...
« Aimer... » reprit alors plus calmement Edward en lâchant le Pingouin, « c'est se sacrifier. Faire passer le bien de l'autre avant son propre bonheur.
_ Ed, je t'en prie...
_La vérité Oswald, c'est que tu sacrifierais n'importe qui pour sauver ta tête. Même moi.
_ N... Non... » gémit Cobblepot en secouant négativement la tête, la vue brouillée.
Non, pas Ed... Il serait incapable de sacrifier Ed. Tout comme il avait été incapable de laisser sa mère mourir pour lui. Il avait supplié qu'on le tue à sa place. Mais Théo Galavan avait refusé. Et lorsque le petit Pingouin s'était retrouvé tout seul, abandonné, entouré d'ennemis, de personnes ne souhaitant que sa mort, il n'avait eu qu'un seul véritable soutien, un ami. Et cet ami s'appelait Edward Nygma. Il ne pouvait pas le perdre lui aussi. Il ne pouvait pas, ne voulait pas, finir tout seul. Encore.
Mais Edward ne le laissa pas continuer dans ses gémissements plaintifs, il clapa des mains et désigna quelque chose au-dessus du Pingouin :
« Bon ! Je t'invite à lever les yeux et voir ce gros baril contenant un acide extrêmement corrosif accroché au-dessus de toi, suspendu par cette chaîne. »
Oswald suivit du regard la chaîne en question et constata avec effroi qu'elle était brisée et maintenue tel quel par un simple bloc de glace. Bloc de glace devant lequel Nygma s'arrêta.
« Quand la glace se mettra à fondre, » expliqua-t-il didactiquement, « la chaîne va se relâcher, le baril d'acide va basculer et... Enfin tu vois l'idée, pas vrai ? »
Oswald avait l'impression de ne plus pouvoir respirer, comme si sa gorge en feu ne lui permettait plus d'aspirer l'air. Ed se baissa vers le chalumeau et c'est en voyant l'homme qu'il aime l'allumer pour mettre son prodigieusement sordide plan en marche que le Pingouin haleta :
« Ed. Je t'en prie... Je... Je peux changer ! Admettons que tu ais raison ! Le fait que je t'aime prouve que je peux changer ! Tu entends ? Je t'aime ! Laisse-moi une chance, je t'en supplie ! »
Le pauvre homme serrait les dents pour empêcher ses nouveaux sanglots de franchir le seuil de ses lèvres trempées, le regard allant d'Ed au bloc de glace et du bloc de glace au baril d'acide qui menaçait de lui tomber dessus et le tuer dans d'atroces souffrances. Une petite once d'espoir vint se blottir dans son cœur meurtri, qui semblait métaphoriquement saigner abondement, lorsqu'Edward vint de nouveau vers lui avant de se stopper à ses côtés, les yeux rivés sur le petit corps fermement enchainé au capot.
« Tu sais aussi bien que moi, Oswald, qu'un homme promettrait n'importe quoi aux portes de la mort. Tu ne changeras jamais. Tu en es incapable.»
Il se recula ensuite, faisant mine de regarder sa montre et réajusta le veston d'Oswald :
« C'est l'heure. Je t'aurais bien demandé de saluer Isabella de ma part mais...»
Il serra la cravate de son meilleur ami avec force, faisant grimacer celui-ci :
« Mais ça ne servirait à rien. Tu ne vas pas au même endroit qu'elle ! »
Puis, les mains tenant fermement le col de la chemise du Pingouin, il approcha le visage de celui-ci du sien et le regarda quelques secondes, la gorge sèche, avant de lui cracher à la figure :
« Adieu, Oswald. »
Et il le lâcha violemment sur le capot avant de tourner les talons et quitter le hangar sans même un regard en arrière.
« Ed ! » hurlait de son côté le roi déchu de Gotham en gesticulant misérablement pour tenter de se détacher. « ED !!! EEEED !!!»
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J'aime me faire mal moi-même. Et je tiens à préciser qu'Ed savait qu'Oswald parviendrait à s'échapper, ça faisait parti de son plan. ^^
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