2. Un vol : un destin
NDA : nous allons embarquer dans le vif de l'histoire avec l'alternance des points de vue de nos personnages principaux.
🇯🇵 : dialogue en japonais.
🇫🇷 : quand on s'adresse en français à Daiki et qu'il ne le comprend pas.
🇬🇧 : quand on s'adresse en anglais à Daiki et qu'il y répond.
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Daiki
Daiki !!! Debout !!! Tu aurais pu mettre un réveil !!! Allez lève-toi !! - me hurle ma mère en ouvrant les rideaux de ma fenêtre.
M'man c'est bon ! C'est le début des vacances d'été là !! - grommelé-je encore ensommeillé
Les vacances d'été ? Daiki on est en novembre !!! - et pour étayer ses propos ma mère ouvre la fenêtre en grand, laissant entrer l'air frais et humide de la fin d'automne !!
Hein ?!? Quoi ?!? Maman mais ferme !! - hurlé-je en m'enfonçant sous ma couette
Tu vas te lever !! On doit être à l'aéroport avant 8h30 !! Allez file à la douche !! - continue-t-elle en tirant fortement ma couette pour me découvrir
L'aéroport ? Mais qu'est-ce qu'elle me raconte ? Et là ça me revient : je pars en voyage pour une île perdue à l'autre bout du globe !! Je me lève en quatrième vitesse et file sous la douche. En 10 minutes je suis prêt et en train d'installer ma valise dans le coffre de la voiture. Ma mère me regarde avec étonnement :
Tu es si pressé que ça finalement ? demande-t-elle intriguée, un petit sourire se dessinant sur son visage
Euh ... non mais je suis intrigué de savoir jusqu'où va ta blague maman ! - car je reste persuadé qu'elle me joue un tour juste pour que je me bouge le cul depuis ... enfin bref ...
Je ne t'ai pas menti ton vol est pour 12h. - me répond-elle sérieusement tout à coup
Pourquoi tu m'as levé à 7h ?!? - crié-je horrifié qu'elle ait réussi à me tirer du lit aussi tôt. Même Satsuki n'y arrivait pas ... une pointe de douleur me saisit le coeur en pensant à mon amie disparue, mais je n'ai pas le temps de m'y attarder car ma mère me rappelle qu'elle doit aller se coucher avant de retourner travailler.
Je te rappelle que je viens de finir et que je reprends à 20h ... j'aimerais avoir le temps de te dire bon voyage et de rentrer tranquillement après - avec un peu de douceur en voyant ma tête un peu triste
Et tu n'as pas peur que je ne prenne pas l'avion ? - lui balancé-je avec arrogance
Tu n'oserais pas me faire ça ... tu sais combien ça coûte ?? - panique-t-elle alors
Oui j'en ai une vague idée mais je ne veux pas lui dire qu'elle aurait mieux fait de garder cet argent pour elle plutôt que pour moi. Je m'installe dans la voiture et attends qu'elle me rejoigne. Il nous faut bien trente minutes pour arriver à l'aéroport. Je n'ai jamais pris l'avion et suis surpris qu'une petite île comme ça accueille des vols commerciaux. L'aéroport est comme ce que je m'imaginais : immense et bruyant. Des gens partout qui traversent de façon plus ou moins disciplinée les halls. Ma mère trouve le comptoir d'enregistrement et nous faisons la queue ensemble.
C'est donc pas une blague maman ? T'as vraiment acheté un billet pour une île perdue ? Et tu m'y envoies vraiment ? - réalisé-je alors en la regardant de côté.
Je n'ai pas beaucoup d'humour, tu le sais bien. - me répond-elle en souriant alors que mon tour arrive au comptoir d'enregistrement.
Puis arrive le moment de franchir la zone de transit. Je sens ma mère émue :
Ça va aller maman. Merci pour ce cadeau. Promis je me comporterai bien là bas. - tenté-je avec un sourire
Tu as plutôt intérêt !! Et je t'en prie soit gentil et bien élevé !! Ne laisse pas traîner tes caleçons et tes chaussettes !!! - me dit-elle en paniquant d'un coup. Je veux bien que je ne suis pas le plus ordonné comme mec, mais quand même, je vais atterrir chez des gens que je ne connais pas, je sais me tenir - enfin j'espère !! Je l'attrape et lui fais un gros câlin ! Ça ne m'arrive pas souvent et je fais ça uniquement quand je ne sais plus quoi faire pour la remercier de me supporter. Et je pense comprendre pourquoi elle fait tout ça pour moi :
Promis maman. Je vais me ressaisir et revenir en pleine forme ! - en lui embrassant le dessus du crâne.
Je t'aime mon garçon - en me serrant fort contre elle.
Moi aussi maman. en soupirant en peu. Je n'aime pas ces élans de tendresse
J'embarque mon sac à dos où j'ai mes documents importants, mon argent et de quoi m'occuper durant le vol. Formalités administratives faites, je me vautre sur les canapés. L'embarquement est dans 40 minutes, il va falloir que je m'occupe.
J'observe les gens autour de moi. Un petit groupe de mes compatriotes suivent sagement leur accompagnateurs : pas de doutes eux ils voyagent pour la première fois et ont choisi l'option visite guidée ! C'est sûr que : aller dans un pays français quand on ne connaît pas la langue ça doit faire flipper !
Oh je dis ça mais je ne suis pas mieux qu'eux ! Mon anglais n'est pas excellent et j'espère que les gens chez qui je vais ils parlent japonais ou au moins un anglais que je comprends.
Je soupire réalisant que je pars franchement en terre inconnue !! Et sans savoir pourquoi je pense à Satsuki. Elle aurait tellement été excitée de prendre l'avion !! Penser à mon amie me serre la poitrine et je sens des larmes monter. Non non non. Ce n'est pas le moment !!
Je me lève pour me dégourdir les jambes et vais en direction des grandes baies vitrées qui donnent sur le tarmac. Un avion est stationné proche de notre porte d'embarquement, la queue de l'appareil est bleu marine avec une grosse fleur orange dessus. Ça fait très « île » comme motif. Ok ça doit être la compagnie locale.
Puis je me retourne pour aller de nouveau m'affaler sur un fauteuil quand je vois arriver un groupe de personnes, pas de doutes, quelque soit la compagnie aérienne, on reconnaît de suite leur personnel navigant. Quatre femmes et deux hommes marchent à vive allure. Ce qui me choque en premier lieu c'est leur sourire enthousiaste qu'ils affichent sur leur visage. Ce n'est pas un sourire de façade mais vraiment un sourire chaleureux. Un des hommes, plutôt foncé de peau se fait interpeller par des passagers. Ils semblent se connaître car ils se font la bise.
Ah ça c'est français comme façon de se dire bonjour.
Puis l'homme poursuit sa route toujours en souriant. Les autres membres ont déjà disparu dans le sas qui mènent à l'avion !! Puis alors que je m'avance pour me trouver un fauteuil libre puisque la salle d'attente s'est brusquement remplie, je croise le regard d'une jeune femme. Elle porte aussi l'uniforme du personnel navigant. Son tailleur bleu turquoise rehausse la teinte de sa peau qui a une jolie couleur oscillant entre le caramel et le doré. Ses cheveux sont brun foncés et coiffés en un élégant chignon décoré d'une magnifique fleur blanche à l'intérieur jaune vif. Ses yeux sont en amande et son regard est envoûtant. Même si elle est parfaitement maquillée, cela reste naturel. Ses lèvres légèrement pulpeuses sont un appel de sensualité. Je suis complètement subjugué par cette apparition qui se déplace avec une grâce que je n'ai jamais vu auparavant. Elle s'avance jusqu'au pupitre d'embarquement et elle se prépare à recevoir l'autorisation de nous faire entrer dans l'avion.
Je n'arrive pas à me défaire de cette apparition jusqu'à ce qu'elle soit rejointe par l'homme arrivé avant elle. Le sourire qu'ils échangent est si éclatant que je me croirais presque dans une pub pour dentifrice.
Ma contemplation est interrompue par la voix nasillarde qui sort des hauts-parleurs : l'embarquement peut commencer. Je m'installe profondément dans un fauteuil et je l'observe travailler. Elle et son collègue ne cessent d'adresser des sourires chaleureux aux passagers. Je reconnais les changements d'attitudes quand ils s'adressent aux personnes qu'ils connaissent ou quand il s'agit de touristes comme mes compatriotes. D'ailleurs quand le groupe est passé devant elle, elle s'est inclinée légèrement pour les saluer, petite attention appréciée par ces vieux !!
La salle se vide progressivement et son collègue homme rejoint les passagers dans la passerelle. Elle semble attendre quelqu'un lorsque je réalise que les hauts-parleurs sont en train d'appeler mon nom.
Oh merde. Je suis le dernier passager. Je me lève précipitamment et me dirige vers l'hôtesse. Elle me sourit avec un petit air étonné, elle vérifie mon billet et mon passeport :
🇯🇵 Bonjour. Venez, nous n'attendions plus que vous.
Son japonais me surprend. Il est fluide et presque parfait. Je suis totalement confus et je marmonne un désolé.
🇯🇵 Ne vous en faites pas, nous ne serions pas partis sans vous.
Sa voix est si douce et si chaleureuse. Je me sens bizarre. Jamais une fille a autant suscité ces choses là chez moi. Je suis plutôt celui qui provoque ça pas celui qui le subit.
Nous franchissons la porte de l'avion et je découvre que mon 1m95 ne va pas aimer le côté exigu de la cabine. L'hôtesse m'indique mon siège et je me retrouve au dernier rang. L'avion n'est pas aussi plein que je ne l'aurai cru mais j'ai au moins la chance d'être seul côté hublot.
Je mets mon sac dans le casier prévu à cet effet et je m'installe dans le fauteuil assez confortable pour une classe éco.
L'hôtesse a disparu de mon champ de vision jusqu'à ce que nous décollions enfin.
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Leilani
Je m'appelle Leilani Williams et je vais avoir 22 ans ce week-end. Je suis hôtesse de l'air pour la compagnie aérienne locale depuis 6 mois et j'adore mon job. Je suis née à Nouméa et je suis ce qu'on peut appeler une calédonienne métisse : mon père est d'origine mélanésienne et ma mère est un savant mélange d'origine variée, en soi quelque chose de typique ici. On est famille avec tout le monde ou presque. Bon après c'est sûr que la notion de famille prend vite des proportions très étendues. Pour le moment voilà ce que je peux dire sur moi.
Cette semaine j'ai fait les rotations du trajet Nouméa-Tokyo et aujourd'hui c'est le vol de retour. Je devais faire le vol de Wallis samedi mais j'ai laissé ma place à une collègue : 22 ans ça se fête et surtout les copains m'ont organisé une soirée. Donc pas moyen de louper ça !!
J'adore mes collègues et j'adore cette ambiance de travail. Je n'aurai pas cru m'y sentir vite à mon aise mais c'est surtout le fait que je suis quelqu'un de facilement sociable et pour le travail mon japonais est très apprécié ! Je parle bien l'anglais aussi mais c'est un réel plaisir de m'occuper des passagers nippons. Je sais que c'est un petit détail mais cela fait son importance surtout pour l'image de la compagnie.
Et les derniers uniformes sont justes magnifiques. En adéquation avec l'image de la compagnie et du pays. Sur ce coup là les designers ont vraiment assuré !! La navette nous dépose à l'aéroport et nous traversons les halls puis les points de sécurité et au moment de rejoindre le salon d'embarquement, je suis interpellée par un douanier. Il n'arrive visiblement pas à se faire comprendre par une passagère totalement en panique. Même si je suis nouvelle, les douaniers ont bien retenus qui j'étais et surtout mon niveau de japonais.
🇯🇵 tu parles français ? - me demande-t-il
🇯🇵 oui bien sûr.
🇯🇵 explique-lui que je veux juste qu'elle enlève ces objets en métal sur elle pour qu'elle passe le portillon.
Je m'approche de la dame apeurée , je la rassure et lui fais part de la requête du douanier. Une fois le contrôle effectué je m'assure qu'elle ait bien tout compris et je m'avance vers mon pupitre sauf que je croise un regard insistant.
Un grand jeune homme au teint hâlé, aux cheveux aux reflets bleu nuit me dévisage avec une telle intensité mais je reste impassible et continue ma route jusqu'au pupitre. Je suis rejointe par mon collègue et nous procédons à l'embarquement des 250 passagers prévus aujourd'hui. Un groupe de touristes nippons vient à la hauteur et Hiromi leur guide me les confie pour le vol. Je m'incline respectueusement ce qu'ils apprécient.
Les minutes défilent et les passagers aussi jusqu'à ce qu'il ne reste que le jeune homme de tout à l'heure. Il doit sûrement être très en avance pour le prochain embarquement, je regarde notre liste et il semble qu'il nous manque quelqu'un : un certaine Aomine Daiki. Je signale cela à l'accueil pour qu'il fasse l'appel via les haut-parleurs. Au bout de quelques instants je vois le jeune homme se précipiter vers moi. Je m'abstiens de rire ou de le réprimander ce qui ne serait pas du tout professionnel de ma part.
Il me tend ses documents et semblent totalement gêné de la situation.
🇯🇵 Ne vous en faites pas, nous ne serions pas partis sans vous. lui-dis-je en lui rendant son billet et son passeport. Je lui indique de la main qu'il peut emprunter la passerelle jusqu'à l'avion. Je le suis alors dans le couloir d'embarquement après avoir fait le nécessaire pour le clôturer. Notre dernier passager va s'installer à sa place pendant que nous vérifions les derniers détails avant le décollage.
Nous n'avons pas le temps de traîner car mine de rien 8h de vol ça passe vite : peut-être pas pour les passagers mais pour nous oui. Notre ballet de chariots commencent : à peine 30 minutes après le décollage nous nous activons à servir au mieux nos passagers. Je m'occupe du côté où sont les personnes qui voyagent en groupe.
Lorsque nous nous croisons avec une collègue en queue d'appareil elle me dit :
Leilani ? Le jeune homme au fond là, en me montrant discrètement le basané aux cheveux bleus, il est bizarre. J'étais persuadée qu'il prendrait le menu bento, mais il m'a demandé le menu french.
Et y a quoi de bizarre là dedans ? Tous nos passagers japonais ne prennent pas toujours le menu japonais !!
Oui mais c'est surtout qu'il m'a demandé un deuxième plateau. - comme si c'était la première fois qu'on nous demandait ça.
Et t'as dit quoi ?
Bah que j'allais voir ce qu'on pouvait faire pour lui. Mais tu peux pas aller lui expliquer qu'on doit attendre le chef de cabine qui est toujours occupé en première classe. Il n'a pas l'air de bien comprendre l'anglais et ...
Je rigole et la taquine : - ton anglais laisse à désirer et oui, je vais y aller.
Je réajuste mon tailleur et m'approche du passager aux cheveux bleus.
🇯🇵 le plateau que vous avez eu n'était pas à votre goût ?
🇯🇵 si c'était délicieux mais j'ai faim !! Un gars comme moi englouti facile 3 portions de votre plateau ! me répond-il avec une telle intensité dans ses yeux saphir que je me trouble moi-même.
Je lui souris : 🇯🇵 nous sommes obligés d'attendre l'accord du chef de cabine. Il ne devrait pas tarder. Sinon il faudra attendre la collation dans 4 heures...
🇯🇵 Je vais crever la dalle d'ici là !! soupire-t-il tel un adolescent blasé
Ce jeune homme est franc et direct. Heureusement que notre chef de cabine a été sympa : le passager a eu droit à un second plateau et lors d'un de mes nombreux aller-retour pour l'eau, je lui ai déposé quelques friandises que nous avons toujours avec nous.
Au bout de 6h de vol, le jeune homme s'est levé de son fauteuil et a commencé à s'étirer et se dégourdir les jambes. J'étais à l'avant de l'appareil mais mon regard a tout de suite été attiré par son imposante carrure. C'est clair qu'il devait se sentir à l'étroit dans un si petit espace.
Me rapprochant lentement du fond, j'aperçois un bref instant les muscles de ses abdominaux saillants. Woaw, ce grand gaillard est sacrément bien taillé en dessous. J'en aurai presque des rougeurs !! Je bénis mon métissage pour ne pas laisser voir mon trouble qui me chauffe les joues.
Une fois à sa hauteur, il s'est rassis et je m'arrête quelques instants pour lui demander :
🇯🇵 Souhaitez vous quelque chose en attendant notre atterrissage ? Il reste moins de deux heures.
Le jeune homme me regarde avec un doux sourire et me fait un clin d'œil en finissant sa phrase.
🇯🇵 merci. Vous vous êtes déjà beaucoup occupé de moi. Les petits vieux là bas auront besoin de sucreries ! - me répond-il en désignant du menton le groupe de japonais dont je m'occupe.
La fin du vol s'est déroulée sans encombre et nous avons salué chacun de nos passagers dont le dernier à s'extirper est ce grand jeune homme. Il affiche une mine un peu anxieuse et alors qu'il passe devant nous, je lui dis :
🇯🇵 Bienvenue en Nouvelle-Calédonie. Nous espérons que votre séjour sera agréable.
Nos yeux se captent une dernière fois. Le temps semble se figer un cours instant puis il s'engouffre dans la passerelle.
Ma collègue me donne un léger coup de coude :
Lei !! Arrête de baver !! La probabilité que tu le revois est aussi forte que je trouve un mari ce week-end à ton anniversaire !! - ironise-t-elle en se tordant de rire.
Je pouffe de rire à sa remarque. Et nous vaquons à nos affaires avant de descendre de l'avion.
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A suivre
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