La chenille l'avait senti. Sans aucune explication particulière, c'était un de ces pressentiments que l'on n'explique pas.

Ou alors était-ce ce qu'on nomme l'instinct ?

Quoi qu'il en soit, elle avait tenté de prévoir la catastrophe en fuyant à couvert d'une feuille, se pressant dans sa lenteur. Et voilà que la pointe entrouverte fondait sur elle rapide comme l'éclair. Quelle vision d'horreur ce gouffre rougeâtre et suintant, cette langue prête à épouser ses formes. Elle songea qu'après sa cinquième mue, À l'aube de la chrysalide, elle finirait dans l'estomac d'un volatile.

Volatile qui lui, n'agissait que pour ses petits qui piailliaient quelques mètres plus haut.

Il faut les nourrir.

C'est la pensée qui s'alignait dans son esprit lorsque du coin de l'oeil il vit quatre griffes luisantes s'approcher de ses plumes. Un gros chat roux bondissait sur lui, la gueule grande ouverte ! À deux serres d'attraper la chenille, l'oiseau délaissa sa proie pour tenter de fuir vers le ciel.

Mais tout devint noir.

Sur sa tige de vermeil, la petite bête atteignait miraculeusement une feuille sous laquelle elle s'abrita. Et, craignant que la nature ne s'abate sur elle une nouvelle fois, elle ne perdit pas une seconde et se chrysalida.

Sur l'herbe humide, le chat atterri sur ses quatre pattes, le ventre plein...