Chapitre 9 : Un bisou ! Un bisou !
Tristan était fortement perturbé par ce qui se passait ce soir.
D'abord, Lou lui était apparue avec cette robe qui lui allait comme un gant et il en avait eu le souffle coupé. Ensuite, il y avait eu ce tango où elle l'avait provoqué et... subjugué ? Bref, il ne savait plus où il en était. L'adolescente peu sûre d'elle qu'il avait connue jadis était devenue une magnifique jeune femme et, bon sang, elle lui faisait de l'effet ! Il s'était pourtant juré de garder ses distances avec elle, mais on aurait dit qu'elle faisait tout pour qu'il tombe à nouveau dans ses filets.
- A quoi penses-tu, fils ?, demanda sa mère avec qui il dansait maintenant.
- Oh, euh... à rien..., se défendit-il. Je me demande où est Lou.
- C'est beau l'amour, soupira sa mère. Partie depuis deux minutes et elle te manque déjà !
- Non... enfin oui... Je ne voudrais pas la laisser seule trop longtemps...
- Regarde, elle discute avec Mama Caro. Elles ont l'air de bien s'entendre toutes les deux. C'est bon signe...
- Si tu le dis, répondit-il pensivement.
Il observa Lou. Elle replaçait délicatement derrière son oreille une mèche blonde, échappée de son chignon en partie décoiffé par le tango endiablé de tout à l'heure. Elle souriait et Mama Caro lui prenait la main. Chacun de ses gestes le ramenait huit ans en arrière dans le cabanon au fond du jardin de la propriété d'Agnès... Il se rappela alors pourquoi il devait la détester, mais aujourd'hui, cela lui semblait bien futile. Il reporta son attention sur sa mère qui lui souriait d'un air satisfait.
Il eut alors la sensation d'être observé à son tour et se retourna à nouveau. Ses yeux rencontrèrent deux pupilles bleues qui le fixaient intensément. Lou détourna rapidement le regard, visiblement embêtée qu'il l'ait surprise.
Il aurait voulu savoir ce qu'elles se disaient avec sa grand-mère, mais Lucia le ramena sur terre :
- Je te préviens : si tu fais l'idiot avec Lou, tu auras affaire à moi ! C'est celle qu'il te faut, c'est l'évidence même.
- Oui, maman.
Son cœur se serra : il détestait mentir à sa mère, mais elle ne lui avait pas vraiment laisser le choix... Heureusement, son père vint interrompre leur discussion.
- Puis-je t'emprunter ta mère ?
Celle-ci lui sourit, ravie, et quand il les vit s'enlacer, il eut un pincement au cœur : connaitrait-il ça un jour lui aussi ?
Il se retourna et vit sa tante Adélaïde et sa fille Carla se diriger droit vers Lou qui avait rejoint Lina à leur table. Son sang ne fit qu'un tour et il fila pour voler à leur secours. Tristan adorait sa famille, mais il l'aimerait encore plus si ces deux pestes n'en faisaient pas partie. Ces deux personnes hautaines se ressemblaient tant sur le plan physique que moral. Elles se croyaient au-dessus des autres et traitaient tout le monde à coups de sarcasmes à peine voilés.
- Lina !, entendit-il sa cousine s'exclamer avec un faux air compatissant. Comme je te plains, tu as l'air de souffrir le martyr.
Tristan grinça des dents en entendant cette référence à la grossesse difficile de Lina. Il s'assit à sa place à côté de Lou, mais n'eut pas le temps de dire quoi que ce soit que la concernée répliquait déjà :
- Pourtant, je ne me suis jamais sentie aussi bien. On ne peut pas en dire autant pour toi ! Tu as accouché il y a combien de temps, déjà ?
- Heu... presque deux ans..., répondit l'autre, surprise par cette répartie.
- Et tu n'as pas encore perdu tes kilos en trop ? Ma pauvre, comme je te plains.
Et toc ! Il se retint de rire devant le visage rouge et outré de Carla. C'était sans compter sur sa tante qui changea rapidement de cible pour s'en prendre à lui :
- Hé bien, Tristan, contente de voir que tu viens enfin accompagné. Nous avons presque failli croire que ça n'arriverait jamais.
Il marmonna une réponse inintelligible qui ne satisfit pas sa tante.
- Tu ne nous as pas encore présenté ta compagne. Aurais-tu quelque chose à cacher ?
Comme il ne semblait pas enclin à le faire, Lou prit sur elle pour être polie et dit :
- Louise Davis. Enchantée.
- Davis ?, fit mine de réfléchir sa tante. Comme la Davis Corporation ?
- Hum, oui, c'est bien ça. L'entreprise appartient à mon père.
Lou semblait embêtée et, au vu du regard triomphant de sa tante, elle était tout à fait au courant des origines de la jeune femme. Il attendit le prochain coup qui ne tarda pas.
- Wow, Tristan, tu as tiré le gros lot, dis-moi.
- Tu n'auras bientôt plus besoin de crapahuter aux quatre coins du monde pour de minables reportages, renchérit ironiquement sa cousine.
- Vous me prenez pour quoi ? Un coureur de dot ?, s'énerva-t-il.
- Oh, je n'ai pas dit ça, s'offusqua sa tante, un sourire en coin. Ça m'étonne juste que tu aies réussi à rencontrer quelqu'un dans sa position.
Il allait à nouveau répondre quand il sentit une petite main se poser sur la sienne et c'est une Lou cinglante qui prit sa défense :
- Des « coureurs de dot », j'en ai connu et je peux vous assurer que Tristan est loin d'en être un !
Adélaïde et Carla eurent la courtoisie de paraitre un minimum embarrassées. Malheureusement, elles se reprirent très vite.
- Et comment vous êtes-vous rencontrés alors ?
- Lou est une amie de Nora, répondit laconiquement Tristan en espérant qu'elles les laissent enfin tranquilles.
- Nora ? Mais oui, c'est vrai ça ! On ne l'a pas vue aujourd'hui..., commença Carla avec l'air de celle qui s'est trouvée une nouvelle proie à se mettre sous la dent.
- Elle a beaucoup de travail en ce moment, répondit sa sœur.
- Ou elle n'a pas voulu se montrer... Quelle désillusion de retrouver la dernière célibataire à son âge. Peut-être que c'est elle finalement qui a des petits secrets inavouables...
Le sang de Tristan ne fit qu'un tour. Nora, c'était comme sa petite sœur et on n'y touchait pas ! Il se leva brusquement, faisant « malencontreusement » bouger la table qui vint cogner le verre de vin rouge que tenait Adélaïde. Quand ce dernier se renversa sur son magnifique chemisier en soie, il tenta de masquer sa satisfaction. Il se confondit en excuses pendant que les deux femmes fuyaient vers les toilettes pour tenter de limiter les dégats.
- Bien joué, dit Lina en tapant dans la main de son cousin qui se rassit.
- Elles me tapent sur les nerfs, ces deux-là. Pourquoi faut-il toujours les inviter ?
- Je ne te savais pas aussi protecteur, lui murmura Lou.
Il crut déceler de l'admiration dans ses propos, mais ne se laissa pas troubler.
- Et moi, je ne te savais pas si bonne danseuse, répliqua-t-il dans le creux de son oreille.
Le rouge lui monta aux joues et il ne put s'empêcher de la trouver craquante. Flavio les interrompit en arrivant derrière eux.
- Dis tonton.
- Oui, mon grand ?
- Tante Lou, c'est ton namoureuse...
- Oui ?
Tristan fronça les sourcils. Il adorait le petit garçon, mais c'était un sacré numéro. Il s'attendait à tout venant de lui, ce qui ne tarda malheureusement pas.
- Alors, pourquoi vous vous embrassez pas ?, demanda-t-il très sérieusement.
Tristan faillit s'étouffer avec sa propre salive et il sentit que Lou cherchait désespérément un moyen de se cacher sous la table. Lina, elle, rit à gorge déployée et il leur sembla que toute la salle s'était tue pour voir ce qui se passait de leur côté.
Tristan eut désagréablement chaud tout à coup.
- C'est vrai ça, tonton Tristan !, en rajouta Lina, hilare. Pourquoi vous ne vous embrassez pas ?
- Un bisou !, cria une voix lointaine bientôt suivie par beaucoup d'autres qui scandèrent : Un bisou ! Un bisou !
Il vit la panique dans le regard de Lou et souffla à sa voisine d'en face qui n'en pouvait plus de rire :
- Ça, tu vas me le payer très cher !
Elle lui répondit par un clin d'œil.
Tristan se tourna vers Lou. Elle était aussi crispée que lui. Il la vit déglutir avec difficulté tout en approchant son visage du sien. Avant de faire marche arrière, il prit sur lui de franchir les derniers centimètres qui les séparaient encore et l'embrassa rapidement du bout des lèvres. Gênés, ils se détournèrent rapidement l'un de l'autre.
- Ah non ! On veut un vrai bisou !, s'écria Lucia.
La sueur coulait dans son dos alors qu'il savait qu'on ne les lâcherait pas avant d'avoir eu entière satisfaction. Sa famille était comme ça.
Il adressa un « désolé » silencieux à Lou avant de se pencher à nouveau vers elle. Il cueillit ses lèvres si douces avec toute la délicatesse dont il pouvait faire preuve et bizarrement, elle ne le repoussa pas. Bien au contraire, elle répondit à son baiser, d'abord timidement, puis beaucoup plus passionnément. Pendant un instant, il oublia que toute sa famille les regardait. Il ne retrouva ses esprits que lorsque des applaudissements le sortir de sa torpeur.
Il ouvrit les yeux pour se retrouver face à une Lou aussi embarrassée que lui.
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La scène du bisou !😙 J'avais hâte de l'écrire. Qu'en avez-vous pensé ?
Sinon, ces deux-là nous cachent quelque chose... Des idées ? 😁
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