Chapitre 5 : Le pacte
Le lendemain de cette soirée plus que catastrophique, Lou se réveilla avec un mal de tête abominable. Elle avait passé une nuit affreuse en repensant aux paroles de Marc. Il avait en partie raison : par sa décision de tout quitter, elle mettait en danger l'avenir de l'entreprise de son père. Il misait tellement sur eux deux pour reprendre l'affaire ! Il avait plutôt bien réussi son coup : elle culpabilisait énormément.
Elle s'en voulait aussi pour ce qu'elle avait fait à Tristan. Elle l'avait rejeté alors qu'il avait juste essayé de l'aider. Mais elle ne supportait pas qu'il la voie en position de faiblesse. Ça faisait partie de son éducation, sans doute. Et hier soir, elle était sur le point d'éclater en sanglots quand il l'avait rattrapée dans la rue...
Elle se dirigea comme une automate vers la salle de bain quand elle se fit bousculer.
- Hey !, grogna-t-elle alors que Tristan prenait sa place.
- Oh, pardon, votre altesse, railla-t-il en s'inclinant devant elle. Je sais que tu as l'habitude d'avoir le monde à tes pieds, mais aujourd'hui, je passe en premier.
Et il lui claqua la porte au nez.
« Quoi !? Il est sérieux ? », pensa-t-elle, furieuse. Et dire qu'elle pensait lui faire des excuses ce matin ! Il peut toujours compter dessus !
Elle changea de direction et retrouva péniblement Nora dans la cuisine.
- Tu as une mine affreuse, lui dit celle-ci alors qu'elle prenait place autour de la table du petit déjeuner.
- Merci, grimaça-t-elle.
- Dure soirée ?
- J'ai revu Marc...
- Ah, je comprends mieux..., compatit Nora en lui prenant la main. Je peux faire quelque chose pour toi ?
Mais Lou n'eut pas le temps de répondre.
- Non, mademoiselle n'a besoin de personne, l'interrompit Tristan en prenant place en face d'elle et en s'emparant du dernier croissant.
- Certainement pas de toi, goujat !, s'énerva-t-elle.
- Goujat ?, se moqua-t-il en lui agitant le croissant sous le nez. C'est tout ce que tu as trouvé comme insulte ?
S'il cherchait à la blesser, il avait gagné. Outrée, elle se leva et annonça :
- De toute façon, je n'ai pas faim !
- Madame est vexée ?, ricana le jeune homme.
- Ok, vive l'ambiance, constata Nora en battant en retraite. Hé bien, moi j'y vais. J'ai quelques clients à voir. Essayez de ne pas vous entretuer avant que je ne rentre ce soir...
Et elle fila sans demander son reste.
Lou lança un regard noir à Tristan qui le soutint tout en mastiquant son croissant bruyamment rien que pour l'énerver. Elle prit ensuite le chemin de la salle de bain. Elle allait avoir besoin d'un bon anti-douleur pour arriver à le supporter aujourd'hui !
Ils passèrent le reste de la matinée chacun dans leur coin sans presque s'adresser la parole. En début d'après-midi, alors que lui était affalé dans le canapé devant la télévision et qu'elle lisait dans la cuisine, on sonna à la porte.
- Lou, on a sonné !, cria Tristan.
- Tu te fous de moi ?, lui rétorqua-t-elle aussitôt. T'es juste à côté !
Elle sortit de la cuisine pour constater qu'il n'avait aucunement l'intention de bouger. Elle râla tout en se dirigeant vers la porte qu'elle ouvrit vivement.
- Bonjour, ma chérie, lui dit sa mère en se jetant dans ses bras, toute joyeuse.
- Maman ?, s'étonna-t-elle. Mais qu'est-ce que tu fais là ?
Comme à son habitude, Jean la suivait comme son ombre et ils entrèrent tous les deux. Tristan eut tôt fait d'éteindre la télévision et de se redresser.
- Bonjour Agnès, bonjour Jean, les salua-t-il en essayant de paraitre présentable.
- Alors, c'était vrai, commença Agnès, les yeux pétillants en les regardant tour à tour.
Lou et Tristan se jetèrent un regard interloqué.
- Qu'est-ce qui était vrai ?, demanda prudemment la jeune femme.
- Mais pour toi et Tristan, voyons ! Je n'en reviens pas que tu ne m'aies rien dit ! Comment se fait-il que ton père soit au courant et pas moi ?
Quoi ? Mais de quoi parlait-elle ? Lou n'y comprenait plus rien. Puis, elle eut une illumination : Marc ! Il avait été tout rapporté à son père comme il le lui avait promis...
- Non, voulut-elle la contredire...
Mais Tristan ne lui en laissa pas le temps. Il s'approcha d'elle et la prit par l'épaule pour la coller à lui.
- Oui, Agnès, déclara-t-il d'un ton solennel. C'est bien vrai. On ne voulait pas vous le cacher, mais c'est tout récent, vous comprenez.
Lou était tellement abasourdie par ce qu'elle venait d'entendre qu'aucun son ne sortit de sa bouche. Il n'avait pas pu dire ça quand même ?! Quant à sa mère, elle s'extasia :
- C'est formidable ! J'ai toujours su que vous formeriez un magnifique couple ! Regarde comme ils sont beaux, Jean !
Elle vint serrer très fort sa fille dans ses bras et lui murmura :
- Je suis tellement heureuse pour toi, ma chérie. Et tellement soulagée que tu sois enfin passée à autre chose. Je commençais à me faire du soucis pour toi, tu sais.
Lou ne parvenait plus à parler, c'était comme si les paroles qu'elle voulait prononcer restaient coincées au fond de sa gorge. Elle ne voulait pas décevoir sa mère, alors elle ne nia pas. Mais elle jeta un regard noir à Tristan qui lui sourait niaisement, une lueur de défi dans le regard. C'est qu'il paraissait fier de lui en plus !
- Viens, Jean. On va les laisser tranquille, roucoula sa mère en leur lançant un regard plein de sous-entendus.
- Désolés de vous avoir dérangés les enfants. On était en ville quand ton père a appelé, Lou. Et elle était tellement excitée à cette idée que je n'ai pas pu la retenir, s'excusa son beau-père.
Ils partirent aussi vite qu'ils étaient venus. A peine avaient-ils claqué la porte qu'elle explosa :
- Tristan Dubois ! Tu es devenu complètement fou !? Qu'est-ce qui t'a pris d'avoir été leur raconter un truc pareil !?
Son colocataire haussa les épaules, goguenard, avant de se laisser tomber dans le canapé, la commande déjà à la main.
- Qui est-ce qui a commencé, hein ? Je t'avais prévenue que tu allais le regretter..., dit-il en faisant référence à ce qui s'était passé la veille au soir.
- Ça n'a rien à voir, voyons ! Qu'est-ce que je vais leur dire, moi maintenant ?
- Ça, c'est ton problème !, ricana-t-il sans aucune pitié.
Au même moment, son téléphone se mit à sonner. Il le sortit de sa poche et décrocha, enjoué :
- Allo, maman ? Comment vas-tu ?
Lou le vit changer de couleur au fur et à mesure de la conversation.
- Ah euh... Oui, mais... Non... Tu sais, c'est tout récent... Il ne faut pas s'emballer... Oui, c'est une fille super, je sais, mais... Bien sûr... Je le lui demande et je te tiens au courant. Bye, 'man.
Quand il eut raccroché, il se tourna vers Lou en se grattant l'arrière du crâne, tout embêté.
- Ta mère a déjà prévenu la mienne, avoua-t-il.
- Tu vois ce que tu as fait !, s'écria la jeune femme en le bousculant.
Comme il ne répondait rien, elle croisa les bras et lui jeta avec hargne :
- Maintenant on est tous les deux dans le même bateau ! Une idée pour s'en sortir sans casse ?
Tristan s'éclaircit la gorge avant de déclarer :
- Nos mères seront super déçues quand elles sauront que c'est faux...
Lou ne trouva plus rien à répliquer face à cette vérité et elle se laissa tomber à ses côtés sur le canapé.
- C'est pas vrai ! Mais qu'est-ce qu'on va faire ?, pleurnicha-t-elle.
- Je sais pas. On est dans la merde..., répondit-il en se grattant la tête.
Ils restèrent prostrés, côte à côte, pendant de longues minutes avant que trsitan n'ajoute :
- Au fait, ma mère veut que tu viennes avec moi à la soirée des Del Caro le week-end prochain. Elle veut que je te présente à toute la famille.
- Mais qu'est-ce qu'on va faire ?!, répéta Lou encore une fois.
C'est dans cet état d'abattement que Nora les trouva en rentrant du boulot.
- Vous en faites une tête d'enterrement. Qu'est-ce qui se passe ?, leur demanda-t-elle, inquiète.
- Nos parents croient que je suis avec Tristan ! C'est un cauchemar, se lamenta Lou.
- Hé oh, faut pas exagérer quand même, intervint le jeune homme, vexé.
- Attendez... Comment ? Enfin, mais de quoi parlez-vous ?
Ils lui relatèrent leurs mésaventures de la veille et de l'après-midi et Nora les écouta avec attention.
- Ah !, fut son seul commentaire quand ils eurent terminé. En effet, drôle de situation.
- Qu'est-ce qu'on va faire maintenant ?, demanda à nouveau Lou.
- Si on leur dit que c'était une blague, elles vont nous en vouloir, c'est sûr!, ajouta Tristan.
- Tu peux être sûr qu'elles sont déjà en train de choisir une date pour le mariage..., ajouta la jeune femme.
- Et les fleurs !, renchérit-il.
Nora réfléchit un instant, puis dit :
- J'ai peut-être une idée...
D'un même mouvement, les deux se redressèrent, soudain très intéressés.
- Mais je ne suis pas sûre que vous y arriverez...
- Dis toujours, proposa Lou.
- Vas-y, accouche, lui intima Tristan.
Nora prit une profonde inspiration avant de se lancer :
- Vous pourriez peut-être faire semblant d'être en couple, puis rompre de manière fracassante... le jour de Noël par exemple. Quand on rompt le jour de Noël, c'est tellement traumatisant que tout le monde vous laisse tranquille... Si vous arrivez à jouer le jeu et que vous parvenez à leur faire croire que plus rien n'est possible entre vous, elles ne pourront qu'abandonner l'idée de vous marier.
Elle reprit son souffle comme si elle venait de réciter trop vite une litanie apprise par coeur. Tristan et Lou se regardèrent.
- Ouais, ça pourrait le faire, commenta le jeune homme en secouant la tête de bas en haut.
- Faire semblant d'être en couple, ça risque d'être compliqué, mesura Lou.
- Si vous avez une autre idée..., dit Nora.
Ils se regardèrent à nouveau, hésitants.
- Jusqu'à Noël ?, demanda-t-elle.
- On n'a pas vraiment le choix, « chérie », lui répondit-il avec un sourire crispé.
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Que pensez-vous de ce pacte ? Vont-ils parvenir à s'entendre suffisamment longtemps pour tromper leurs familles ?
Avec leurs sacrés caractères, ça promet d'être explosif !
N'oubliez pas de voter et commenter. Je me ferai une joie de vous répondre.
La suite très vite.
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