Chapitre 3 : Une cohabitation compliquée
En ce matin grisâtre de décembre, Lou fut réveillée en sursaut quand quelqu'un frappa à la porte de sa chambre.
- Oui ?, répondit-elle faiblement, l'esprit encore dans les brumes vaporeuses du sommeil.
- C'est Tristan. J'ai besoin de chaussettes. Je peux entrer ?
- Ok, grogna-t-elle en se frottant les yeux douloureusement.
Ce dernier ouvrit la porte d'un geste vif alors qu'elle se relevait en position assise dans son lit. Elle détestait être sortie de ses rêves de cette manière et encore plus par l'individu qui se trouvait maintenant dans son champ de vision. Elle savait très bien qu'elle devait lui être reconnaissante de lui avoir permis d'occuper sa chambre, mais un réveil pareil, ça avait tendance à mettre de mauvaise humeur n'importe qui !
- Ça ne pouvait pas attendre ?, bougonna-t-elle en croisant les bras.
- Désolée, princesse, mais j'ai un rendez-vous professionnel ce matin. Il y en a qui travaillent pour vivre, tu sais, lui rétorqua-t-il sur le même ton.
Elle détestait quand il l'appelait « princesse » et il le savait.
- J'ai un travail, moi aussi, se défendit-elle.
- Ah ouais ? Et tu comptes y retourner quand ?, demanda-t-il ironiquement.
- Je suis en vacances !
Il secoua la tête avant de lui tourner le dos et se mit à farfouiller dans un tiroir de sa commode à la recherche des fameuses chaussettes et probablement de sous-vêtements.
- Tiens donc !, dit-il en sortant triomphalement un string en dentelle noire qu'il tint entre ses deux doigts comme un trophée. Ce ne serait pas à toi, cette... chose ?
Elle rougit immédiatement.
- Rends-moi ça tout de suite !, cria-t-elle en lui jetant son oreiller qu'il esquiva avec agilité.
- Pourquoi ? C'est chez moi ici. Et puis, tu n'as qu'à mieux ranger tes affaires.
- Tristan Dubois, tu me donnes ça immédiatement !, lui intima-t-elle en se levant prestement.
Elle vint le rejoindre et se plaça à quelques centimètres de lui, les mains sur les hanches. Elle était si furieuse qu'elle n'avait pas encore remarqué qu'il ne portait pas de t-shirt. Son torse aux muscles saillants était juste sous son nez et ses yeux, échappant complètement à son contrôle, ne purent s'empêcher de le détailler. Elle se secoua et releva la tête pour se retrouver face à ses beaux yeux noisette. Tristan avait dû remarquer son trouble et semblait beaucoup s'en amuser.
- Ce que tu vois te plait ?, demanda-t-il avec un sourire victorieux.
- C'est bon, Tristan ! Ça suffit maintenant ! Laisse-moi tranquille et va-t'en !, lui ordonna-t-elle, rougissante, en lui arrachant le bout de tissu des mains.
- Je te rappelle qu'ici c'est ma chambre, lui rétorqua-t-il en croisant les bras en signe de défi.
- Oh, tu peux me croire ! Si ça continue ainsi, je ne serais plus là bien longtemps, fulmina-t-elle en lui tournant le dos.
- Tant mieux ! Parce que j'en ai marre de dormir dans le canapé, déclara-t-il sur le même ton avant d'enfin sortir de la pièce.
Lou soupira. Trois jours ! Trois jours que Tristan était rentré et on ne peut pas dire que la cohabitation avec lui était facile. Il fallait toujours qu'il lui lance des piques. Il la cherchait sans cesse et elle, elle tombait dans le panneau à chaque fois. Il fallait absolument qu'elle aille s'installer ailleurs : sa santé mentale en dépendait !
Dire que sa mère voyait en lui le gendre idéal ! Tout ça parce qu'à cinq ans, elle avait déclaré qu'un jour ils se marieraient tous les deux. Elle ne s'en souvenait même plus ! A cinq ans, on ne se rend pas compte des conneries qu'on peut dire ! Elle et Tristan ? Non merci ! Même si elle en avait longtemps été amoureuse pendant son enfance et son adolescence, elle s'était prise une assez grosse claque pour ne plus avoir du tout envie de lui laisser sa chance.
Heureusement pour elle, il passa toute la journée en dehors de l'appartement ce qui lui permit de souffler un peu. Vers 19 heures, elle s'apprêta pour aller retrouver Amandine, sa collègue et amie, la seule en qui elle avait encore confiance dans l'agence.
Depuis sa sortie de l'école de commerce, Lou travaillait pour l'agence publicitaire de son père, la "Davis Corporation". Celui-ci en avait fait une agence de renommée nationale qui attirait des clients de partout en France. Un jour, avait-il dit, ce serait elle qui en hériterait. En attendant, il lui avait fait démarrer en bas de l'échelle afin qu'elle puisse comprendre la valeur de son travail. Elle lui en était reconnaissante, bien sûr, mais ce n'était pas tous les jours facile d'être la fille du patron. Il suffisait de se rappeler la remarque de Tristan ce matin pour comprendre comment les autres employés la traitaient.
Heureusement, Amandine lui restait fidèle et elle allait lui rapporter les rumeurs qui couraient au bureau après le sale coup que Marc lui avait fait. Travailler avec son homme et briguer le même poste que lui, ce n'était pas une bonne idée, mais jamais elle n'aurait imaginé qu'il puisse lui faire un coup pareil. Elle se secoua pour ne plus y penser. Elle voulait juste passer une bonne soirée avec son amie.
Vêtue d'une petite robe noire évasée dans le bas et d'une veste en similicuir marron assortie à ses bottes, elle alla donc la rejoindre dans un bar du quartier branché de Saint-Omer. A peine la porte franchie, la musique assaillit ses oreilles en même temps que la vague de chaleur qui régnait à l'intérieur. Le contraste avec la fraicheur automnale de ce début du mois de décembre la fit frissonner malgré elle. Le videur à l'entrée scanna son Covid Safe Ticket avant de l'autoriser à entrer. Elle le remercia brièvement et repéra rapidement la magnifique chevelure brune frisée de son amie assise à sa place fétiche sur une des banquettes. Elle semblait en grande discussion avec un jeune homme blond qui s'effaça pour lui laisser sa place quand elle se manifesta, tout en baisant la main d'une Amandine ravie.
- Hé bien, dis-moi, tu n'as pas perdu de temps !, la taquina Lou quand il se fut éloigné.
- Mignon, tu ne trouves pas ?, lui demanda-t-elle, ses yeux noisette brillants d'envie.
- Plutôt pas mal, mais pas mon genre...
- Oh ! Allez ma belle ! Il est temps que tu oublies cet idiot de Marc et que tu passes à autre chose, tu ne crois pas ?
- On ne balaie pas ainsi deux ans de vie commune..., se contenta-t-elle de répondre. Au fait, quelles sont les nouvelles ?
Elle grimaça et Lou sut immédiatement que la suite n'allait pas lui plaire.
- Hé bien, on a obtenu le contrat pour "Desire"... grâce au "projet de Marc"...
- Super !, railla-t-elle en sentant son cœur se serrer. C'est mon père qui doit être content !
Amandine lui prit la main pour la réconforter.
- Tu devrais aller le voir et lui dire que l'idée vient de toi. Ce n'est pas juste que ce connard te pique ainsi la place qui te revient de droit !
- C'est gentil, Amandine, lui dit-elle avec reconnaissance, mais si je fais ça, tout le monde pensera que c'est parce que je suis la fille du patron que je l'ai obtenue. Il a bien joué son coup. Il sait à quel point je déteste ça.
Elle baissa la tête vers son verre en soupirant, complètement découragée.
- Alors, écoute-moi, proposa son amie pour lui changer les idées. Ce soir, tu vas oublier tout ça et t'amuser ! Je reviens !
- Att...
Lou n'eut pas le temps de terminer sa phrase qu'elle s'était déjà levée pour aller retrouver son apollon. Visiblement, celui-ci était accompagné et elle se doutait bien du plan d'Amandine. Après tout, se dit-elle, elle pourrait peut-être oublier Marc dans les bras d'un inconnu le temps d'une soirée...
Elle tournait le dos au bar, essayant de se composer un visage avenant quand Amandine vint la rejoindre.
- Je te présente Ethan, dit-elle en désignant le blond de tout à l'heure.
Celui-ci la salua :
- Enchanté de te rencontrer. Et voilà mon pote !
Lou se retourna dans la direction indiquée et se stoppa net. Ce n'était pas possible : il la poursuivait ou quoi ?
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A votre avis, qui est le pote d'Ethan ? ☺
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