Chapitre 20 : Une autre chance pour Marc ?

Marc était galamment venu la chercher chez sa mère et son beau-père. Il lui avait offert des fleurs et s'était montré attentif à toutes ses envies. Elle ne l'avait plus vu comme ça depuis leurs premiers rendez-vous. Il voulait lui prouver qu'il pouvait changer et faire passer ses besoins avant les siens. Et ça la troublait.

Assis face à elle, alors qu'ils dégustaient une magnifique bisque de homard dans un des restaurants les plus chics de la ville, il parlait joyeusement de futurs contrats que l'agence essayait d'obtenir comme s'ils s'étaient quittés la veille. Lou s'efforçait de rester attentive et de lui renvoyer un visage souriant. Elle n'y parvenait qu'à grande peine. Pourtant, tout cela, elle en rêvait encore il y a quelques mois. Alors pourquoi ?

« Parce que ce n'est pas Tristan », pensa une toute petite voix au fond d'elle qu'elle chassa rapidement. Comment pouvait-elle encore penser à lui. Cet homme lui avait à nouveau briser le cœur. Comment avait-elle pu croire un instant qu'il y avait quelque chose entre eux ? Finalement, tous ces bons moments qu'ils avaient passé ensemble, ce n'était que du vent. Mais qu'est-ce qu'elle croyait après tout ? Ils avaient fait un pacte : c'était clair dès le début que ça se finirait ainsi. Il n'avait fait que sauter sur une occasion en or en acceptant la proposition de son père.

C'était elle, l'idiote. Elle n'aurait jamais dû tomber à nouveau amoureuse.

- Tu ne m'écoutes pas, Lou, intervint Marc, la sortant de sa rêverie.

- Excuse-moi, je suis un peu fatiguée, prétexta-t-elle pour qu'il ne l'interroge pas sur ses pensées.

Mais ses pensées n'avaient jamais intéressé Marc...

- Je suis si heureux que tu aies finalement décidé de nous laisser une seconde chance, lui dit-il en lui prenant la main.

Lou se laissa faire, lui renvoyant un pâle sourire de circonstance.

- Je te promets que tu ne le regretteras pas. A nous deux, on va faire grandir l'agence de ton père, tu verras.

- L'agence..., c'est donc tout ce qui t'intéresse ?, remarqua-t-elle amèrement en reprenant sa main.

- Non, bien sûr que non !, se ravisa-t-il, conscient de la bourde qu'il venait de commettre. Je veux, avant tout, te rendre heureuse ! C'est ce qui compte le plus pour moi.

Il lui sembla sincère. Marc ressemblait tellement à son père. Pas physiquement ! Il était beaucoup plus grand et plus mince que lui. Mais, tout comme Peter Davis, il faisait passer son travail avant tout le reste. C'était un homme qui aimait le pouvoir et l'argent et il ne faisait nul doute qu'un jour, il serait à la tête d'une grosse entreprise.

- Je... hum... voulais aussi m'excuser pour « Desire »... et pour tout le reste. Je te jure, Lou, que ça ne se reproduira plus, dit-il avec force.

- C'est bien la première fois que je t'entends me faire des excuses, dit-elle, ironique.

- Je m'en veux d'avoir tout gâché, tu sais. Je te promets que je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour te faire oublier ce qui s'est passé. Tu veux bien me l'accorder, cette deuxième chance ?

- Elle travaille encore avec toi ?, demanda-t-elle à brûle-pourpoint sans répondre à sa question.

Elle, c'était sa secrétaire. Elle frissonna au souvenir de ce jour où, après avoir appris la trahison de son fiancé dans la course pour la campagne « Desire », elle était allé lui demander des comptes en arrivant à l'improviste dans son bureau. Elle l'avait trouvé en bonne compagnie, sa secrétaire sur ses genoux en train de l'embrasser à pleine bouche et la main dans son pantalon.

- Non, bien sûr que non. Elle est dans un autre service. Lou, je suis vraiment désolé. Elle m'a aguiché et je...

- Et tu n'as pas pu lui résister, termina la jeune femme.

- C'est ça, avoua-t-il piteusement. Mais je te jure que c'était la seule et unique fois et que ça n'arrivera plus ! Je m'en veux tellement de t'avoir blessée. Penser que je pouvais te perdre et puis te voir aux bras d'un autre ont été pour moi les plus terribles des punitions... Plus jamais je ne prendrai ce risque-là.

Il avait capturé ses mains entre les siennes et la regardait douloureusement. Il avait vraiment l'air de regretter ce qui s'était passé. Et elle le croyait, même si elle savait au fond d'elle que son mea culpa était aussi lié à son avenir dans l'agence. Si son père venait à l'apprendre, il saurait se montrer intraitable et Marc risquait de tout perdre. Elle pouvait lui faire confiance quand il disait qu'il ne la tromperait plus.

- Ok, dit Lou en soupirant. Je veux bien te laisser le bénéfice du doute.

- Merci ma puce !, s'exclama-t-il joyeusement en lui baisant le bout des doigts.

Il garda sa main gauche et plongea la sienne dans la poche de sa veste. Il en sortit une petite boite qu'elle reconnut immédiatement.

- Je l'avais amenée avec moi au cas où, dit-il en sortant la bague de fiançailles qu'elle lui avait jeté à la figure quelques mois plus tôt. Je sais que tu as besoin de temps pour me faire à nouveau confiance, mais je suis sincère quand je te dis que je vais me rattraper. Laisse-moi te prouver que je peux être un bon mari...

Elle hésita un instant avant d'hocher la tête. Il passa la bague à son annulaire avant de se pencher pour l'embrasser. Lou se laissa faire, puis observa le gros diamant ostentatoire qui l'ornait pendant qu'il commandait du champagne pour fêter leur réconciliation.

Tout était allé si vite aujourd'hui. Elle s'était réveillée en se pensant prête à donner une nouvelle chance à Tristan et la voilà à nouveau fiancée avec Marc. La tête lui en tournait. Elle avait vraiment l'impression de subir les événements de sa vie ce soir. Mais il était plus que temps pour elle d'avancer et de laisser son passé derrière elle.

Plus tard dans la soirée, Marc la ramena chez sa mère. Il se dépêcha de sortir pour lui ouvrir galamment la portière et l'attira vers lui dès qu'elle fut dehors.

- J'ai passé une merveilleuse soirée, lui susurra-t-il avant de se pencher pour l'embrasser fougueusement. Je t'aime tellement, Lou.

Lou se sentit touchée par ces mots et lui rendit son baiser.

- Est-ce que tu serais toujours d'accord pour qu'on annonce nos fiançailles au gala de ton père demain soir ? Je sais que c'est un peu rapide après tout ce qui s'est passé. Toutefois, Peter pense que ce serait un bon moyen de rassurer les investisseurs après ta fuite des bureaux... Mais si tu n'es pas d'accord, je te soutiendrai dans ta décision !

- Si vous pensez que c'est ce qu'il y a de mieux à faire..., souffla-t-elle.

Un sourire victorieux éclaira son visage et Lou eut cette désagréable impression qu'il l'avait amenée là où il le souhaitait depuis le début. Voulant repartir du bon pied, elle se dépêcha de la chasser de son esprit.

- Tu ne le regretteras pas, je te le promets !, poursuivit Marc avec entrain. Je passerai te prendre en fin d'après-midi pour que tu puisses te changer chez ton père. Il faut qu'on finalise les derniers détails pour que l'annonce marque les esprits.

Elle le regarda monter dans sa voiture de sport et sortir de la propriété avant de rejoindre sa chambre où elle eut finalement beaucoup de mal à s'endormir. Tous les événements de la journée lui tournaient dans la tête.


Le lendemain, elle retrouva Jean et sa mère autour du petit déjeuner. Elle se servit un bol de café en espérant que le breuvage fasse disparaitre les traces de ses réflexions nocturnes.

- Tu as mauvaise mine, ma puce, lui dit doucement Agnès en fronçant les sourcils d'inquiétude. La soirée avec Marc ne s'est pas bien passée ?

- Si, si, lui répondit-elle en triturant la bague qui semblait lui brûler les doigts.

- Je vois, dit-elle avec un sourire triste en contemplant le bijou qu'elle avait reconnu.

- Vous... vous viendrez ce soir au gala de papa ?

- Non... Malheureusement, nous avons déjà d'autres projets. Vous comptez toujours y annoncer vos fiançailles ?

- Oui, c'est... ce qu'il y a de mieux à faire...

Son hésitation n'échappa pas à la sagacité de sa mère.

- Et Tristan ?, hasarda celle-ci.

La mine de Lou se renfrogna :

- Tristan s'en va ce soir, maman. Papa lui a offert une opportunité qu'il ne pouvait pas refuser apparemment.

Jean et Agnès se lancèrent un regard discret qui voulait tout dire.

- Tu es sûre de toi ?

- Oui, répondit-elle résolument avant de se lever de table.

Cette discussion allait finir par lui ruiner définitivement le moral.

Son beau-père la rejoignit quelques instants plus tard dans sa chambre. Lou était en train de préparer ses bagages car, après le gala, il était prévu qu'elle réemménage chez Marc.

- Assieds-toi, Lou, lui demanda-t-il en tapotant la place à côté de lui sur le lit.

Elle obtempéra non sans le prévenir :

- Je ne changerai pas d'avis. Je sais que ça ne vous plait pas, mais c'est comme ça que les choses doivent se passer.

- Ce qui nous importe le plus, c'est ton bonheur, ma puce, lui dit Jean en passant un bras autour de ses épaules. C'est sûr que ta mère est déçue que ça n'ait pas marché avec Tristan, elle imaginait déjà votre mariage ! Mais c'est toi que ça regarde, pas elle...

Lou se lova dans ses bras chaleureux. Elle avait vraiment besoin de son réconfort et Jean était vraiment comme un père pour elle, parfois même plus que Peter. Il savait l'écouter, lui.

- Il faut que je t'avoue quelque chose à propos de Tristan et moi..., commença-t-elle.

- Je sais, la coupa-t-il à son grand étonnement, vous n'étiez pas vraiment un couple.

Elle se redressa, le regardant d'un air ahuri.

- Mais comment... ?

Il rit doucement :

- Tu crois sincèrement que Nora aurait pu avoir toute seule une idée pareille ?

- Lucia !, s'exclama Lou qui venait de tout comprendre.

- Hé oui ! Lucia et ta mère ont imaginé ce plan pour vous faire prendre conscience des sentiments que vous aviez l'un pour l'autre. Ne lui en veux pas, d'accord ? Elle pensait vraiment bien faire. Je dois t'avouer que je n'y croyais pas... et pourtant... Tu ne veux pas me raconter ce qui s'est passé entre vous ?

Et Lou lui parla de la trahison de Tristan.

- Tu comprends ? Je ne peux pas lui pardonner ce qu'il a fait. Et puis, de toute façon, il part ce soir, alors...

Jean semblait la proie d'une intense réflexion.

- J'avais juré à ta mère de ne pas t'en parler... Elle ne voulait pas casser l'image que tu avais de ton père, mais je crois que tu dois l'entendre, finit-il par dire. Quand ta mère et moi avons commencé à nous fréquenter, ton père a essayé de nous séparer.

- Quoi ?! Mais comment ?

- De la même manière qu'il vous a séparés avec Tristan...

Lou le regardait, effarée.

- Comment ça ? Qu'est-ce que tu veux dire ?

- Il m'a proposé une grosse somme d'argent pour que je quitte ta mère... J'étais au chômage à l'époque et je t'avoue que j'ai été tenté... Ton père sait se montrer persuasif... Mais l'amour de ta mère était plus important pour moi que tout l'or du monde. Heureusement que j'en avais directement parlé à ta mère car il lui a fait écouter notre conversation qu'il avait habilement manipulée pour me faire paraitre pour ce que je n'étais pas : une personne uniquement intéressée par l'argent.

La jeune fille avait blémi. Etait-il possible qu'il ait recommencé avec Tristan ?

- Tu crois que... ?

- Qu'il a fait la même chose à Tristan ? Je n'en sais rien... mais sache qu'il est passé hier dans la soirée. Il voulait s'expliquer avec toi...

Tristan était venu ? Est-ce que ça voulait dire qu'il tenait vraiment à elle ? Elle était totalement perdue.

- Qu'est-ce que je dois faire, Jean ?, lui demanda-t-elle, suppliante.

- C'est à toi de le savoir, ma puce, lui répondit-il en embrassant tendrement le dessus de sa tête. Ecoute ton cœur, il a la réponse...


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