Chapitre 14 : Un pas en avant...

Tristan en resta un moment sans voix. Son cerveau carburait à cent à l'heure et pourtant il ne parvenait pas à comprendre ce qu'elle venait de lui dire : « J'ai entendu ce que tu as dit à tes amis ».

- Je suis perdu, là, lui avoua-t-il. Explique-moi.

Il vit Lou prendre une grande inspiration. Il y avait de la frustration et de la colère dans ses yeux ce qui les rendaient plus sombres. Il ne pouvait s'empêcher de la trouver magnifique à cet instant précis, même si ce n'était ni le lieu, ni le moment de penser à ça. Maintenant, ils devaient aller jusqu'au bout pour régler cette histoire une bonne fois pour toutes.

- Le lendemain, après qu'on ait... enfin tu sais...

Bien sûr que oui il savait. C'était la première fois pour la jeune fille qu'elle était et il avait essayé d'être le plus tendre et le plus doux possible, mais il s'était toujours demandé s'il avait fait quelque chose de travers ou si elle avait regretté.

- J'avais tellement envie de te revoir. Je n'ai pas pu attendre que tu viennes me rejoindre l'après-midi. J'avais déjà préparé une excuse si jamais je croisais Lucia... Je suis entrée par derrière comme je le faisais souvent et je t'ai surpris au salon avec tes amis. Vous étiez occupés à parler de vos... conquêtes.

C'est là que la lumière se fit dans les rouages du cerveau de Tristan. Oh non ! Elle a entendu...

- Quand ils t'ont demandé si tu m'avais enfin mise dans ton lit, je n'en ai pas cru mes oreilles. Tu voulais que notre relation reste secrète ! Tu ne voulais pas qu'on nous voit ensemble ! Et tes amis étaient au courant !?

- Ecoute, c'était mes amis... et ils nous avaient aperçus une fois tous les deux...

- Tu sais que je n'en avais même pas parlé à Nora !?

- Je sais..., avoua-t-il humblement. Et tu as entendu... le reste ?

Elle le regarda avec une telle moue de dégoût que la réponse lui sembla évidente.

- 5 points ! C'est vraiment tout ce que je valais sur ton tableau de chasse !?

- Lou, ne t'énerve pas ! Je vais t'expliquer...

- M'expliquer quoi ? Je me souviens très bien de la suite. Tu leur as dit que j'étais vierge ! C'était personnel, ça, Tristan ! Tu n'avais pas à leur en parler !

- Je... je sais... Je suis désolé...

- Et ils t'ont attribué 5 nouveaux points ! Je les ai bien entendus ! Ça t'en faisait 6 au total. Ça veut donc dire que je n'étais pas la seule idiote à m'être faite avoir à ton petit jeu ?

Tristan se leva, faisant un pas vers elle, mais elle l'empêcha d'aller plus loin. Il aurait voulu la prendre dans ses bras, la rassurer sur ses intentions à l'époque..., mais il se contenta d'un banal :

- Je vais t'expliquer.

- Il n'y a plus rien à expliquer. C'était il y a longtemps. On est passé à autre chose et je ne veux plus en parler !, le repoussa-t-elle.

- On était jeunes et surtout idiots à l'époque ! On avait fait un stupide pari pour l'été : c'était à celui qui se taperait le plus de filles. Alors oui, il y en a eu une autre, mais c'était avant qu'on s'embrasse ici même toi et moi. A partir de ce moment-là, je ne voyais plus que toi ! C'est aussi à cause de ce pari stupide que je ne voulais pas qu'on officialise devant tout le monde. Les gars se seraient moqués de moi !

Il se passa une main embêtée dans ses cheveux en pagaille.

- Alors ok, j'ai été idiot et tout ce que tu veux. Je n'aurais jamais dû leur dire qu'on avait couché ensemble, mais ils me taquinaient parce que j'étais à la traine et je n'ai pas pu m'en empêcher. Jamais je n'ai imaginé que tu étais là et que tu m'entendrais.

Ses paroles semblèrent ébranler Lou. Il comprenait sa réaction de l'époque et s'en voulait énormément. Il s'approcha d'elle et lui toucha les bras qu'elle maintenait croisés devant elle comme pour se protéger de lui. Il tenta de la convaincre :

- Jamais je n'ai voulu te faire de mal, jamais je ne me suis servi de toi... J'étais jeune et je me suis mal comporté, c'est vrai. Mais j'étais amoureux de toi. Il faut que tu me croies...

Il vint poser son front contre le sien comme pour atténuer la douleur de la jeune femme. Elle leva enfin les yeux vers lui.

- Je te crois, dit-elle finalement à son grand soulagement. Si je t'ai fui comme ça, c'est parce que je me sentais si humiliée, si nulle...

Elle voulait paraître forte, mais au fond, elle manquait de confiance en elle encore aujourd'hui. Elle lui semblait si fragile.

- Tu n'es pas nulle. Que du contraire, la rassura-t-il avant de lui avouer : Je... je suis venu te chercher, tu sais...

Elle fronça les sourcils d'incompréhension. Il en était sûr maintenant : personne ne lui en avait rien dit.

- Comme tu ignorais mes appels et mes messages, je t'ai cherchée. Je savais que tu t'étais réfugiée chez ton père, alors j'ai trouvé son adresse sur Internet et j'y suis allé. Il m'a dit que tu n'étais pas là, que tu étais au cinéma avec le fils d'un de ces amis. Je ne te dis pas dans quel état de jalousie j'étais !

Sa dernière réflexion la fit sourire et il sut qu'il avait réussi.

- Il ne m'a rien dit...

- Bien sûr que non ! Ton père ne m'a jamais aimé !

- N'importe quoi.

- Bien sûr que si ! Demande-lui !

Elle haussa les épaules et se détendit. Il lui prit la main et elle plongea dans son regard. De son autre main, il lui caressa tendrement la joue et elle ne lui résista pas. Au contraire, elle se laissa aller contre elle. Tristan le prit comme une invitation. Son visage était si proche du sien et ses magnifiques lèvres délicatement rosées l'appelaient. Il en rêvait depuis qu'ils s'étaient embrassés quelques jours plus tôt.

Mais, alors qu'il s'avançait vers elle, des voix provenant du dehors le stoppèrent :

- Tristan ? Lou ? Où êtes-vous ?

Lou lui échappa prestement et il ne put retenir un grognement de frustration.

- On est là !, cria-t-elle à leurs pères. On est enfermés !

Avec quelques bons outils, ils eurent tôt fait de les libérer et leur aventure fut commentée tout au long de la soirée qu'ils passèrent tous ensemble. Tristan avait hâte de se retrouver seul à seule avec Lou, mais on aurait dit que la jeune femme faisait tout pour l'éviter.

Il dut donc attendre de la retrouver dans sa chambre. Il se déshabilla prestement pour enfiler un bas de jogging et un t-shirt et se faufila dans les couvertures en attendant que Lou sorte de la salle de bain. Elle finit par le rejoindre au bout d'un temps qui lui parut beaucoup trop long. Il vit à ses gestes qu'elle était nerveuse.

- Ça va ?, lui demanda-t-il inquiet.

Elle hocha la tête timidement.

- C'est par rapport à ce qu'on s'est dit tout à l'heure ?

Nouvel hochement de tête et gros soupir. Il lui désigna la place vide à côté de lui et elle finit par s'y asseoir, à une distance raisonnable.

- J'y ai bien réfléchi, commença-t-elle. C'est vrai qu'on était jeunes à l'époque... Moi-même, je n'aurais pas du te fuir comme ça...

- L'important, c'est qu'on ait enfin mis les choses à plat. On pourra ainsi repartir sur de bonnes bases.

Elle lui adressa un fin sourire avant de se coucher à son tour et d'éteindre la lumière. Tristan n'avait pourtant aucune envie de dormir... A peine quelques secondes plus tard, il ralluma sa lampe de chevet.

- Est-ce que ça veut dire que je suis pardonné ?, demanda-t-il.

Comme elle le regardait avec étonnement, il fit une moue exagérément triste destinée à la faire sourire. Cela eut l'effet escompté puisque le doux son de son rire raisonna dans la pièce à l'ambiance feutrée. Elle lui répondit avec malice :

- Arrête ça tout de suite !

- Pourquoi ?, lui rétorqua-t-il avec amusement, soulagé de la sentir se détendre avec lui. Tu ne me trouves pas irrésistible comme ça ?

- Si, justement !

- Alors ?

- Bon ok, tu es pardonné !, souffla-t-elle en levant les yeux au ciel.

- Yahou !, cria-t-il en lui sautant dessus.

- Tristan Dubois ! Cesse tout de suite tes enfantillages, se fâcha-t-elle.

Mais il lisait dans ses yeux que ça l'amusait et il se mit à la chatouiller.

- Des enfantillages ? Quels enfantillages ?

- Arrête !, rit-elle. Tristan !

- Supplie-moi !

- Jamais !

C'était un défi ? Elle allait vite le regretter ! Il reprit sa douce torture de plus belle et, à bout de souffle, elle dut rendre les armes. Ils passèrent le reste de la soirée à parler et cela leur fit le plus grand bien.

Elle finit par s'endormir, apaisée. Ses longs cheveux blonds formaient une corolle sur son oreiller, on aurait dit un ange. Il resta ainsi un long moment à l'admirer. Tristan sentait bien qu'il ne fallait pas la brusquer, le temps jouerait en sa faveur. Il avait déjà un poids en moins sur les épaules maintenant qu'il avait compris ce qui les avait séparés jadis. Et s'il avait une chance de recoller les morceaux, il comptait bien ne pas la gâcher.

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