Premier voyage

Lean sourit jusqu'à ses oreilles, puis le maître et son élève sortirent de l'Auberge, sous le regard haineux de l'aubergiste. Une fois dehors, Selena donna plusieurs instructions a Lean.

- Rappelle toi, je t'avais dit qu'une charette remplie de paille partait chaque jour pour Trill. Eh bien, tu ne la vois pas, devant toi ?

Surpris, Lean s'aperçut que depuis le début de leur discutions un cheval renaclait devant ses yeux et le garçon ne l'avait pas remarqué ! A ce cheval était accroché la charette remplie de paille.

- Dépêche toi, dit Selena, nous n'avons pas beaucoup de temps avant que le paysan ne revienne la chercher. Alors cache toi dedans au plus vite !

Selena souleva la paille blonde pour que Lean se glisse dessous. Elle se cacha a son tour et rebessa le chargement juste a temps pour que le paysan, revenant manifestement d'une course, ne les remarques pas. Dans la charette, les passagers clandestins sentirent leur véhicule s'ébranler, et en déduirent qu'ils avaient démarrés.

Lean essaya de se mettre dans une position confortable, mais il ne le pouvait tant l'endroit était étroit. A chaque mouvement, il manquait de tomber, ou de blesser son professeur. Il resta donc plié en quatre, avec un sentiment proche du malaise.

Pendant de longues heures, la charette tengua, les passagers étaient secoués, et le bruit fort des sabots du cheval sur le sol résonnait. Dans ce bruit, Lean pensait. Lean pensait à ses amis. À Éolie, à qui il n'avait pas pu dire adieu. Sa plus chère amie. La personne qui l'avait soutenu. Ils s'étaient en fait soutenus mutuellement, et jamais le garçon n'aurait cru l'abandonner ainsi. Pourtant, il se rendit compte que c'était exactement ce qu'il avait fait. Il lui avait promis d'aller la voir et de lui souhaiter au revoir. Il était parti comme... Comme une ombre. Une ombre. Voila ce qu'il était.
Cela lui correspondait bien. Un insensible. Lean ne se supportait plus.

- Comment te sens tu, Lean, chuchota Selena ?

Il secoua la tête en signe de négation.

- Qu'est ce qui ne va pas alors ?

- Je me sens lâche, dit il tout bas.

- Lâche ?

- J'ai laissé mon amie seule.

- Tu sais... Je pense qu'elle t'attendra. Elle attendra que revienne.

Une larme roula sur la joue du garçon.

- Passons à autre chose, dit Selena, veux-tu ? Parle moi de toi...

- Les Maîtres d'Ici ont dû déjà te raconter ce qu'il savaient sur moi...

- Oui. Tu as raison.

- Mais moi, dit Lean, je ne sais absolument rien sur toi.

La voleuse sourit pensivement. Elle s'installa, les jambes croisées, et commença a lui parler lentement, en chuchotant

"Je m'appelle Selena Erosse"

A ces mots, Lean ouvrit de grands yeux.

- Erosse ?! Erosse, s'écria-t-il, comme Carlos Erosse ?

- Oui. Parle moins fort.

- Tu es...

- Je suis la sœur du roi Carlos.

- Mais tu dois être dévastée par sa mort !

- C'est moi qui l'ai tué, dit elle d'une voix emplie de rage et de tristesse.

Lean se tue un instant.

- Pour... Pourquoi ?

- Parce-que c'était ma mission. Je devais tuer Erosse. Car je suis sa sœur, et lui seule connaissait mon existence. Lui et le Maître assassin. Alors le Maître et moi avons décide que je devais le tuer, car à part moi aucun membre de sa famille n'est vivant. Il n'y aura donc pas de descendants.

- Donc plus de roi, termina Lean.

Selena acquiesça.

- Je devais me décrire non ? Alors continuons.

"Je suis née à Irléea et j'ai toujours vécu a Irléea. J'étais destinée à vivre aux côtés du roi, nous devions gouverner ensemble, entre frère et sœur. Mais je n'avais pas les même opinions, et pas la même vision du monde. Je voulais anéantir les rois. Mais Carlos voulait au contraire, renforcer leur pouvoir. Moi, têtu, j'ai insisté. Mon frère m'a alors banie. Et je suis restée. Je suis devenu une voleuse. J'ai eu plusieurs missions, j'ai dû faire plusieurs choses contre le royaume de mon frère. Jusqu'à être remarquée par le Maître assassin. Qui m'assigna la lourde tâche de tuer mon propre frère."

Lean resta muet pendant tout le reste du trajet. Il arriva même à s'endormir.
Il rêva qu'il était devant un grand dragon endormi comme celui qui ornait le coffre du Maître Voleur. Il gardait un grand trésor, comme celui dans la légende qu'Andrellö lui racontait. Rempli de pierre précieuse. Et au moment où Lean posait sa main sur la plus grosse, le dragon se réveilla. Edrïlènde le brûla et il se réveilla en sursaut.
Il constata que Selena dormait également. Il sortit sa Calidine de la poche de sa cape, et vit qu'elle luisait de jaune. Il tenta alors de se connecter à elle.

Edrïlènde ? Edrïlènde ? Tu m'entends ?

Je... Je.... Je entend toi.

Qu'est ce qu'il s'est passé ? Pourquoi m'a tu brûlé ?

Je... Tu... Il... Le... Le dragon... Nous aurions mourir !

Non. Edrïlènde, ce n'était qu'un rêve. C'était moi, tu comprend ?

Oh... J'avais oublié rêve...

Oui, je comprend. Ça fait longtemps que tu n'a pas ressenti le sommeil. Un rêve.

Oui. Tu veux redormir ?

Non. Ça ira Edrïlènde. Je peut rester avec toi ?

Non... Enfin si... Mais... On ne fais rien ça va. Rien a profiter. Tu rester si tu veux.

Pendant de nombreuses heures, Lean et sa calidine discutèrent. Pendant ce temps, Lean essaya de percer le mystère de son identité. En plein milieu d'une phrase, une main se posa sur son épaule et le contact fût rompu.

- Lean, chuchota Selena, je crois que nous sommes arrivés. Mais j'ai bien peur que nous ne puissions échapper à la fouille.

- La fouille ?

- Les gardes de Trill vont vérifier la marchandise. Alors prépare toi à sauter !

À ces mots, la voleuse souleva légèrement le chargement et sauta. Lean rangea rapidement sa calidine dans sa poche et sauta a son tour. Ce qu'il découvrit le fit sursauter. Tout autour de lui, il y avait des champs. Beaucoup de champs, ce qu'Irléea ne possédait pas. Des forêts immenses, ce qu'Irléea ne possédait pas. Et des murailles fortifiées. Ce qu'Irléea ne possédait pas.

- Selena, chuchota Lean, Trill... C'est une ville riche ?

Elle hocha lentement la tête.

- Alors pourquoi Carlos trône... trônait a Irléea ?

- Autrefois Irléea évoquait le respect. L'honneur. Tous cela avant mon frère, termina t-elle.

"Bon, regarde par là. Tu m'a dit que tu voyais la forêt. Et bien, c'est ici que nous commencerons notre épopée. Alors dépêche toi, on y va !"

Son maître s'elança en courant gracieusement vers la forêt. Plus ils s'en rapprochaient, plus la forêt semblait sombre et effrayante. Mais Edrïlènde était bleu et le garçon savait que c'était du bonheur. Alors il continua à courir en direction de la forêt jusqu'à poser un pied sur le tas de feuille mortes recouvrant le sol de la forêt. Cette sensation Lean ne l'avait jamais ressenti. Il sentait la liberté. Le vent lui inspirait la liberté. La terre qu'il foulait lui inspirait la liberté. Tout la lui inspirait depuis son départ. Même la charette branlante la lui rappelait.

Ils s'enfoncèrent alors dans le bois sombre. Selena marchait d'un pas assuré entre les arbres, alors que Lean, lui, ne faisait que tomber et glisser. Mais Elle ne faisait aucunes remarques. Au bout d'un moment, Les deux voleurs arrivèrent à une clairière.

- Lean, nous allons monter un campement. Ce n'est pas compliqué. Mais j'ai besoin que tu aille chercher à manger.

- À... manger ?

- Tu vas aller chasser ! Ce n'est pas la fin du monde, quand même.

- Mais... Je n'ai rien pour le faire !

Son professeur enfonça sa main dans sa sacoche et en ressorti une dague d'acier. Elle la lui tendit, et le garçon s'en saisit. Puis elle lui montra comment s'en servir correctement, et le laissa partir dans le sous-bois.

Il avançait prudemment. Lentement. Lean n'avait jamais tué. Et il savait pertinemment que toutes les bêtes dans les forêts qui n'étaient pas celle d'Irléea étaient peuplées de bêtes sauvages. Et de monstres. A chaque branches qui craquait, il sursautait. A chaque oiseau qui chantait, il criait. Il manqua de se cogner la tête contre les branches un nombre incalculable de fois. C'est alors qu'entre deux branches il aperçut un chevreuil. Il était passif. Il regardait les fourrés.
Prudemment, Lean se posta derrière un arbre, puis il commença à y monter. Il s'approchait du chevreuil par le dessus, ce qui lui donnait l'avantage de l'effet de surprise. Il fit craquer une branche. Le chevreuil leva la tête mais ne le vit pas. Le garçon souffla et continua de grimper. Lorsqu'il fut a la verticale au dessus de lui, il se lâcha et retomba sur le dos de l'animal en lui entaillant la peau. Il émit un crie strident puis tomba à terre, mort. Lean le pris sur son épaule et reparti en courant vers le "campement".

Lorsque Selena le vit arriver, elle abandonna sa tâche et vint à sa rencontre. Le jeune voleur déposa devant elle le gibier. Selena se pencha, sortit une autre dague et entrepris de lui retirer la peau. Elle faisait gicler le sang de toutes pars. Lean en avait la nausée. Bientôt, elle vint lui trancher la tête et lui arracher le reste d'os qui pouvait encore la retenir. Elle disséquait l'animal sous les yeux du garçon sans aucuns scrupules. Sa besogne terminée elle saisit les restes de l'animal et les posa un peu plus loin. Puis elle regarda Lean et lança d'un ton très naturel : "Bon, maintenant, tu peux aller me chercher du bois ?".

Lean obéit et quelques minutes plus tard, il était de retour avec un tas de bois dans les bras. Il le déposa a quelques mètres du chevreuil, ou plutôt, de ce qu'il en restait, puis regarda son professeur avec un regard interrogateur. Elle se pencha au dessus du bois et pris une pierre tranchante sur le sol. Avec, elle alluma un feu. Puis elle ramassa les restes de la peau du chevreuil.

- Lean, voici ton "lit" ! Prend en bien soin ! Elle lui jeta la peau de l'animal et le laissa avec, les main couvertes du sang de chevreuil.

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Le soir venu, le campement était terminé. Au dessus du feu, la voleuse avait établie un modeste broche pour rôtir le chevreuil. Près du feu, chacun avait installé sa peau de chevreuille. Ils s'y couchèrent. Rapidement, Selena s'endormie, mais Lean resta éveillé un long moment. Il avait posé sa calidine tout contre son cœur et la sentais chauffer et refroidir au rythme de sa respiration. Alors, lorsque le feu s'éteint enfin et que les dernières braises devinrent froides, Lean s'endormi.

Coucou ! Vous savez combien de temps j'ai mis à écrire ce chapitre ? Non ? Il vaut mieux pas.
Bonne lecture de la suite !

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