Partie II. Le Commencement : la Renaissance du Phœnix (2/2)
Les émissaires de l'Ordre continuent de me parler de la trahison de ma mère, essayant probablement de me recruter en évoquant son souvenir en tant que leur sœur, et font des allusions à un objet qu'elle m'aurait offert qui pourrait correspondre à une métamorphose de leur relique dérobée, tout en me détaillant du regard probablement pour le trouver elles-mêmes. Tout compte fait, ne parvenant pas à un consensus et Alba toujours aussi en colère contre moi, l'inévitable finit par se produire.
Un éclat de lumière violette jaillit de la baguette de cette dernière, et si Samantha ne m'avait pas poussée de toutes ses forces, je ne serai sûrement plus en état de conscience. Désormais à moitié effondrée contre la table sur laquelle nous étudions quelques minutes plus tôt, le dos torturé par les livres dont j'ai écroulé les piles et assise sur ma main gauche, je suis vulnérable. La terrible sorcière blonde s'approche inexorablement de moi et balaye, tels des moustiques, celles qui tentent de me sauver. Ainsi, sa consœur rousse se retrouve éjectée hors de sa trajectoire, puis retenue par sa camarade brune au physique innocent trompeur, et ma précieuse amie, pétrifiée par un maléfice de saucisson habilement lancé.
La panique me serre la gorge, mes tremblements ont recommencé et je vois presque la Faucheuse arriver à travers les yeux vert profond de la mage noire. Depuis le début, je n'ai même pas eu le reflexe de sortir ma baguette. Alors, sentant la mort démente, la folie ténébreuse, étendre son ombre vers moi, dans un geste de dernier recours, je ferme les yeux et brandis ma main libre devant mon visage.
Prenant conscience que je suis toujours en vie, j'entrouvre les paupières pour découvrir une lumière bleutée faisant rempart entre moi et le trio endiablé. Lorsque je me décide à ouvrir complètement les yeux, mon regard se pose sur une scène totalement irréaliste. Dans ma main droite, celle qui m'a protégée, se trouve un bouclier, que je n'ai remarqué plus tôt de par sa légèreté de plume, jouissant d'un aura lumineux qui semble repousser les sorcières de l'Ordre. J'aperçois Alba qui tente de combattre l'écu magique aux lignes décoratives similaires à celle de mon bracelet. Elle lutte encore un moment, avant de ne disparaître avec Emanuella et Samantha, comme expulsée dans une autre dimension par l'arme protectrice. Celle-ci reste quelques secondes de plus, puis reprend sa forme originelle en se fondant en un objet qui retrouve sa place à mon poignet : mon bracelet de naissance. Il doit avoir un lien avec l'Ordre des Roses noires pour réagir de cette façon. Tout comme lors de la première mention du nom de l'organisation, où j'avais serré mon bracelet, dans un souci de le protéger. Ce bijou me paraît être en réalité la relique des fondateurs que ma mère a dû voler.
Un gémissement me sort de ces pensées aux révélations bouleversantes, et replongée dans la réalité, je me rappelle... Camilla ! Je me précipite vers elle et me rends compte que le sortilège l'immobilisant s'est dissipé. Je lui tends ma main, qu'elle saisit pour se remettre sur pied. Nous nous assurons chacune de notre côté que l'autre va bien et j'entâme mon récit sur l'incroyable phénomène qui s'est déroulé alors qu'elle était presque inconsciente. Et tandis que j'approche de la fin de l'histoire, un hibou au plumage marron s'engouffre par une fenêtre semi-ouverte, passe au-dessus de nos têtes en faisant tomber sur une pile de livres effondrée une splendide enveloppe blanche décorée d'arabesques dorées, puis repars. Interloquée, j'interroge ma meilleure amie du regard, mais sa pupille empiète beaucoup trop sur son iris marron chocolat pour qu'elle ne traduise pas son étonnement. Je prends donc la lettre installée parmi les ouvrages en désordre. Dépliant lentement et précautionneusement le papier, je découvre une carte tout aussi élégante que son enveloppe, accompagnée d'une note manuscrite dont je reconnais les pattes de mouche nettes.
Chères Camilla et Sally,
Comment vous portez-vous depuis la dernière fois ? Toujours à la poursuite des kelpies du Canada ? De mon côté, c'est la folie. Entre mon nouveau travail de ministre où je dois lutter contre le racisme anti-né-moldu, mon fiancé Ronald et mes parents qui voyagent dans le monde pour découvrir les différentes cultures sorcières (surtout les techniques dentaires qui fascinent mon père), je tente de m'en sortir. Vos lettres et vos croquis égayent mes journées et je vous en remercie.
Je tenais à vous dire que suite à nos nombreux échanges, et malgré nos rares rencontres, je me suis attachée à vous et je vous témoigne également un grand respect. Ta perspicacité et ta soif de connaissance, Sally, me rappelle mon propre caractère. Et toi, Camilla, ta joie de vivre et tes remarques insensées qui nous donnent des idées, me font un bien en fou.
Je vous aime les filles, vous êtes géniales, et c'est pourquoi je veux vous avoir à mes côtés pour mon mariage, si vous en avez la possibilité.
J'espère vivement vous voir en ce jour très important de ma vie.
Gros bisous,
votre amie du Loch Ness,
Hermione Granger
P.-S. : Camilla a raison, tu fais rire involontairement Sally (non, mais une brosse à dent pour ouvrir un coffre, d'où tu sors ça ?).
Je jette un coup d'œil à Camilla qui retire sa tête de ma clavicule. Alors qu'une larme de joie et de tendresse roule sur ma joue suite à la lecture de ces mots, je constate que des perles d'eau brillent aux coins des yeux de ma sœur de cœur. Je ne consulte pas la carte, je sais déjà qu'elle contient les informations concernant l'événement. Nous prenons un petit instant avant de nous remettre de nos émotions, mais une fois nos joues séchées, Camilla se tourne vers moi, le sourire aux lèvres.
« Après six ans, il est temps de rentrer au Royaume-Uni, tu ne crois pas ? me suggère ma meilleure amie, les yeux brillant d'excitation.
— Tu oublies notre voyage en Écosse d'il y a trois ans et celui à Dublin l'année dernière », lui réponds-je d'un air taquin.
•✵•
Après un transplanage depuis notre appartement de Londres, Camilla et moi atterissons dans des dunes de sable et je manque de tomber, surprise par le sol meuble. Sur le carton d'invitation, il était écrit de se rendre à la Chaumière aux coquillages, j'espère que nous ne nous sommes pas trompées. Tirant sur ma main, mon amie aux cheveux châtains, élégamment relevés en un chignon sophistiqué et mis en valeur par sa robe rouge sobre près du corp, à bretelles, m'entraîne un peu plus loin, au bord d'un chemin. La mienne, noire et estivale, aux manches trois-quart et à la jupe patineuse, délicatement et subtilement brodée de petites fleurs s'entrelaçant, flotte au vent créé par la vitesse de Camilla qui m'emporte.
Nous continuons d'avancer jusqu'à entendre une musique d'ambiance se mêler aux rires et aux rumeurs de conversations, nous confirmant que nous sommes sur la bonne voie. Nous atteignons enfin un petit cottage qui porte bien son nom, avec ses murs de chaux incrustés de coquillages, et présentons notre faire-part à la femme en costume noir vérifiant les entrées, que nous avons aussi rencontrée hier lors de la cérémonie de mariage. Elle nous donne son aval pour participer à l'événement, et nous nous engageons dans un sentier à travers les dunes où plus nous progressons, plus le bruit s'intensifie. Nous parvenons finalement sur une vaste plage, juste au bord de la mer. Le cadre est magnifique.
Continuant à avancer, nous découvrons une trentaine d'adorables petites tables rondes, recouvertes de napes blanches s'enfonçant délicatement dans le sable par endroits. Elles sont disposées sur un espace plat, dont le centre est laissé vide, sûrement pour danser.
Nous nous mêlons aux invités qui sont éparpillés un peu partout sur la plage et attrapons chacune un verre de champagne sur une table rectangulaire, où ils sont disposés en pyramide. Ne sachant pas trop qui approcher, nous nous contentons de nous balader en observant la fête. Quand soudain, Camilla m'attrape le bras et se met à le secouer toute excitée.
« Sally, regarde, Sally, c'est Viktor Krum, là-bas ! » chuchote-t-elle, en désignant un homme brun au dos vouté en grande discussion avec un couple blond élégant dont il me semble reconnaître les Malfoy, Astoria en robe bleu électrique et Drago avec un trois-pièces de la même teinte.
Non loin de là, accroupis près d'une plante des dunes, je vois Neville, Luna vêtue de sa typique robe jaune, et un homme châtain qui examinent et débattent sur le spécimen qu'ils entourent. Hannah Abbott, une ancienne camarade de dortoir avec qui nous sommes restées en contact, se dirige vers elleux et après quelques échanges de mots, Neville se lève et iels s'éloignent main dans la main. Nous nous dirigigeons vers elleux, quand on nous interpelle.
« Ah, vous voilà les filles ! s'exclame la ministre de la Justice et reine de ce soir.
— Salut ! lui répondons-nous en cœur.
— C'est qui ? s'étonne Ron, son époux, les soucils roux relevés et la bouche entrouverte. Aïe ! » s'exclame-t-il ensuite, après que sa femme lui eut écrasé le pied d'un pas habile avec son talon aiguille.
Je ne peux m'empêcher de pouffer de rire devant cette scène, peu respectueusement et probablement ridiculement, alors que Camilla, si agitée précédemment, reste proprement et professionnellement stoïque.
« Veuillez l'excuser, il ne fait pas toujours attention à ce qu'il dit, reprend Hermione.
— Ce n'est pas grave, la rassuré-je, nous avons bien changé depuis l'école.
— C'est bien vrai ! » renchérit Camilla.
Nous échangeons toutes trois un regard rieur, puis, nous jetons dans les bras les unes des autres, si heureuses de nous retrouver. Je sens un sourire s'étaler sur mon visage, ça fait du bien de pouvoir enfin souffler. Nous finissons par nous détacher tant bien que mal, et nous tourner vers le reste des personnes avec qui Hermione était en train de discuter avant notre arrivée. Sans surprise, se tiennent face à nous, Ginny avec qui nous avons assisté à une multitude de cours étant du même âge, Harry que nous avons côtoyé de plus près avec l'AD et Ron que nous avons dépanné de nombreuses fois pour lui montrer le chemin, le renseigner ou lui ramener Croûtard.
« Enchantée, dis-je en leur serrant la main à tour de rôle.
— Ravie de vous revoir, ajoute Camilla, en se soumettant également à l'échange de poignées.
— Ne soyez pas ridicules, vous étiez deux des camarades de classe avec qui je m'entendais le mieux ! s'exclame Ginny, m'attrapant pour me serrer contre sa robe bordeaux, avant de faire de même avec ma meilleure amie.
— Tiens, d'ailleurs, vous m'y faites penser les filles. Ron, c'était toi la fuite d'informations dans la Gazette sur votre mariage ? enchaîne innocemment Harry, comme pour faire la conversation.
— Ronald..., commence Hermione avec un ton menaçant.
— Mon chéri, tu exagères, glisse Ginny à Harry en passant un bras autour de ses épaules et lui lançant un regard où pétille une étincelle de reproche teintée de malice.
— Euh... Pas tout à fait, commence Ron.
— Comment ça ? Explique-toi ! s'exclame Hermione, furieuse.
— Eh, bien, il se peut que j'ai dévoilé deux ou trois petits trucs par mégarde... Mais rien de bien méchant, hein ! s'empresse-t-il d'ajouter.
— Rien de bien méchant ? Ça a quand même suffit pour faire un article !
— Ah, mais ça, c'est ton passée de militante pour les droits des elfes de maison qui te rattrape. Tu comprends, c'était trop révolutionnaire et tu es restée dans l'Histoire », interviens-je pour tenter de détendre l'atmosphère.
Tout le monde s'esclaffe et même moi, finis par manquer de renverser le contenu de ma flûte de champagne par terre, tellement je ris. Puis, Camilla se décide enfin à prendre la parole.
« Au fait, j'ai une question. Pourquoi avoir choisi un thème simple et non-magique ? Je veux dire, même les invitations n'étaient pas animées ! Bien que je puisse comprendre que vous aspiriez à un mariage opposé à celui de Bill et Fleur.
— Ah, ça, il faut demander à ma chérie, répond Ron, je t'avais prévenue que c'était atypique, pourtant ! enchaîne-t-il, tourné vers sa femme. C'est toi qui ne voulait pas que nous envoyions des enveloppes parlantes.
— Tu oublies mes parents, Ron ! Ce sont des Moldus, imagine leur réaction face à une telle lettre ! Iels ont beau connaître notre monde, il n'en reste pas moins étrange pour eux. Déjà qu'apprendre que je me marie est une sacrée nouvelle, un trop plein d'émotions et iels n'auraient pu venir.
— Ça nous aurait fait des vacances, murmure Ron.
— Ronald ! » s'exclame Hermione en le frappant de son coude d'un coup sec et éjectant quelques gouttes de champagne de son verre qui viennent se poser sur la chemise immaculée de l'intéressé.
Les deux tourtereaux s'excusent et se retirent à l'intérieur du cottage, Ron pour se changer et Hermione pour l'aider, mais également pour terminer leur conversation. Cette relation promet vraiment, entre la ministre sérieuse et le vendeur rigolo de farces et attrapes.
« Regarde-moi ces deux-là ! s'exclame Harry, amusé.
— Ne ris pas trop, c'est bientôt notre tour », lui rappelle Ginny en agitant le bouquet de mariée qu'elle tient de sa main posée sur son épaule.
Le Survivant grogne et la jeune femme rousse éclate de rire avant de finir sa coupe de champagne et de l'abandonner sur une table avec les fleurs, pour entraîner un Harry grognon sur la piste de danse sableuse, qui récupère rapidement son sourire se répercutant dans ses yeux verts. J'échange un regard furtif avec ma comparse de toujours, puis nous nous esclaffons en cœur. Elle attrape ma main et s'élance vers la mer. Je suis le mouvement et rapidement nous nous retrouvons à courir. Nos pas nous mènent jusqu'à une bande de sable mouillé, devant laquelle nous nous arrêtons abruptement en manquant de nous écrouler l'une sur l'autre. À genoux dans le sable, toujours aussi hilares, nous restons quelques instants, puis, calmées, alors que je regroupe mes jambes vers moi pour les entourer de mes bras, Camilla se blottit contre ceux-ci.
« Crois-tu que nous devrions leur dire ? lui demandé-je en pensant à nos péripéties américaines.
— Non, regarde comme iels sont heureux, ce serait dommage de gâcher ce bonheur. Et puis, de toute façon, c'est fini maintenant, non ? »
J'acquiesce en silence, troublée. Est-ce vraiment terminé ? L'Ordre n'a pas l'air d'être du genre à abandonner. Chassant ces pensées négatives, je souris à mon amie châtain et lâche une de mes jambes pour saisir sa main près de mon pied.
C'est ainsi que main dans la main, la tête de Camilla posée sur mon épaule, nous contemplons la mer resplendissante où miroite le soleil du soir.
Pourtant la tourmente revient taquiner mon esprit et l'horizon embrasé me paraît sombre. Pour moi, ce n'était que le commencement, l'entre-deux nous guette, car il n'y a pas qu'un pas entre l'avènement et la chute.
•✵•
Loin de cette joyeuse fête, à des kilomètres que ce soit en terme de lieu ou d'ambiance, de l'autre côté de l'Atlantique, une silhouette sombre se meut à travers les arbres de la Cordillère des Andes. La brume épaisse et mystique, causée par la haute altitude, masque le chemin terreux serpentant dans la végétation du relief montagneux, ce qui ne semble guère perturber l'ombre encapuchonnée. Celle-ci parvient à une trouée dans la forêt dense qui laisse paraître une nuit étoilée sur le déclin. Les derniers rayons de la lune tombent au centre de la clairière, sur une touffe d'herbe camouflant une pierre parfaitement carrée que la lumière révèle partiellement. La stèle, ornée d'un oiseau levant les ailes, prêt à s'envoler des flammes qui dévorent sa queue, semble irréelle, comme un fantôme n'apparaissant que le jour où le voile séparant les mondes ne le laisse passer.
« Je l'ai trouvé », ricane une voix féminine triomphante, à travers le capuchon.
Brandissant son poing de victoire dans les airs, sa manche glisse de quelques centimètres le long de son bras, dévoilant un cercle circonscrit à trois roses noires, gravé au poignet, qui brille dans la lumière du jour naissant.
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