Partie II. Le Commencement : la Renaissance du Phœnix (1/2)

6 ans plus tard...

Un soleil radieux pénètre dans la pièce alors que Harry Potter se réveille, assis sur une chaise dans le coin le plus sombre du lieu. Immédiatement, son regard se précipite sur le centre de la chambre. Là, trône un lit en fer recouvert d'une couverture blanche d'où dépasse une tête rousse. Les cheveux en bataille étalés sur l'oreiller, la bouche légèrement entrouverte, les yeux clos soulignés de cernes et la poitrine remontant et s'abaissant à un rythme régulier, la femme reste immobile, la main retenant presque inconsciemment le premier jet, qu'elle doit approuver, de l'article sur la remontée spectaculaire de la célèbre équipe de Quidditch, les Canons de Chudley.

L'expression paisible du visage calme et endormi de Ginny Weasley semble rassurer le Survivant qui détourne ses yeux vers l'autre bout de la pièce où se trouve un berceau. La faible lumière qui filtre à travers les stores provoque des jeux d'ombre sur les murs verts et vides de l'hôpital. L'inclinaison des rayons du soleil change, modifiant les effets lumineux. L'un des rayons tombe dans le verre d'eau sur la table de fer entre le bébé et Ginny, et illumine un bref instant la couchette de l'enfant.

Croyant percevoir un mouvement provenant du berceau, Harry bondit soudainement de son fauteuil, avant de ne se rasseoir à cette fausse alerte, mais faisant tomber le numéro du jour de la Gazette du sorcier dont la Une affiche une tribune promettante.

LE MONDE DE LA MAGIE ATTEND-IL UN HEUREUX ÉVÉNEMENT OU PLUSIEURS ?

Si la jeune ministre du Département de la Justice planifie son mariage, il se pourrait que l'Élu et la rédactrice-en-chef d'une de nos rubriques attendent un enfant.

Aperçue très rarement depuis un certain temps, puis plus du tout au siège de la Gazette du sorcier, des rumeurs de grossesse circulaient. La rédactrice-en-chef de la rubrique sport travaillait depuis chez elle pour tenter de dissimuler cette nouvelle et préserver sa vie privée. Cependant, les rumeurs sont désormais avérées, puisque Mme Weasley a été reçue il y a peu à l'hôpital Ste Mangouste. (suite page 3)

Le texte est agrémenté d'une photo des deux amoureux, Harry et Ginny, souriant en se tenant la main et agitant celle qu'il leur reste de libre. Et à droite, dans la sous-tribune, une image d'un cottage au bord de la mer est accompagnée d'une mention porteuse de potin où le début de l'article est dévoilé pour donner l'eau à la bouche à toutes et tous les commères.

LE MARIAGE DE LA MINISTRE GRANGER EN PETIT COMITÉ ?

Contrairement aux bruits de couloir et ouï-dire, la cérémonie d'union des familles Granger et Weasley ne se déroulera pas en grande pompe. La version officielle reste toujours aussi mystérieuse à ce sujet, mais des informations auraient fuité. (suite page 2)

Dessous, trône le dessin d'un bonne femme avec un carré blond bouclé, aux lunettes ornées de pierres précieuses pour la plupart manquantes, brandissant une plume verte avec un air niais et cruel qui est suivi par la légende : Les Chroniques de la déchéance de Rita Skeeter est de retour en pages dix et onze !

La semelle d'une chaussure marron en cuir glisse sur la caricature, Harry s'est rendormi.

•✵•

J'étais assise comme je le suis maintenant, sur une chaise de bois, les jambes croisées, affalées sur ma main droite retenant ma joue et la tête penchée sur la table. Aux exceptions près que j'avais le regard plongé dans une chope de bièraubeurre avec un capuchon dissimulant la moitié du visage, et non dans un livre, le manteau pendant au dossier de la chaise. J'étais installée dans un pub états-unien, les effluves d'alcool et les notes d'un violon flottant dans l'air, à l'opposé de l'ambiance actuelle, avec le calme olympien de la bibliothèque et l'odeur caractéristique des livres, en chasse de nouvelles informations complétant ce que nous avions déjà décelé.

Après avoir réussi à prévenir Camilla en urgence, nous nous étions données rendez-vous dans le bar sorcier à New York où nous avions prévu d'aller lors du tour d'Amérique que nous avions planifié. L'endroit possédait une entrée astucieusement dissimulée dans le cul-de-sac du couloir menant aux toilettes d'une infrastructure du même genre, mais moldue, et accessible uniquement quand on savait comment utiliser l'horloge accrochée au mur. Les retrouvailles avec ma sœur de cœur avaient été intenses, nous nous étions jetées dans les bras l'une de l'autre, même si presque immédiatement après, Camilla m'avait assaillie de reproches et que j'avais dû tout lui expliquer, de ma fuite dans la forêt, au lac Arnold en passant par mes ami.e.s du Mouton dansant. De son côté, elle s'était tellement inquiétée pour moi qu'elle avait entamé le tour de toutes les cachettes mangemort connues, au péril de sa vie. Très étonnée qu'elle n'ait prévenu personne, celle-ci m'avait expliqué que cela avait été impossible de joindre quiconque dans la mesure de faire quoi que ce soit, car tous et toutes étaient trop occupées à chercher des survivants parmi les décombres du château, faire leur deuil où traquer les mangemorts restant. Elle avait considéré que me retrouver ne pouvait attendre, et m'avait avoué m'avoir cherchée avec la crainte de tomber sur mon cadavre, voire de ne jamais me retrouver. En tout cas, suite à cette réunion émouvante et mouvementée dans la capitale des États-Unis, nous avions enfin entamé notre voyage en Amérique, mais il était très loin de ce que nous avions imaginé.

C'est ainsi que nous avons débuté nos recherches, transplanant dans les différents pays que nous étions censées visiter. Nous avons pris du temps avant de trouver et traversé au moins une dizaine de pays. Voyageant d'endroits en lieux, de villes en villages, de bibliothèques en rayonnages... Jusqu'à revenir à notre point de départ, finalement. C'est non loin de la demeure de Rosalind et Mike que nous avons fini par dénicher le lieu que nous attendions, la ville dans laquelle la bibliothèque où se trouvait ce que nous recherchions : une mention de l'Ordre des Roses noires.

Cette découverte avait vraiment eut lieu étrangement, il y a deux ans de cela. Nous venions à peine de débarquer dans ce village sorcier du nord, que nous nous étions ruées, comme à notre habitude, vers la bibliothèque. Nous avions alors commencé à explorer ses étagères étranges. L'atmosphère que les livres dégageaient était particulière, comme si elle variait en fonction de leur histoire, de leur âme. C'est dans cet environnement mystérieux et troublant que nous étions parvenues, après quelques jours d'investigation, dans un espace où l'aura était plus sombre. Les rayonnages comportaient moins de livres, il y faisait plus froid alors qu'aucune fenêtre n'était à proximité, et l'obscurité du coin était suffisamment importante pour nécessiter le « lumos » que murmura ma partenaire. Songeant à quel point la situation était bizarre et brandissant nos baguettes, nous nous étions approchées et arrêtées juste devant le dernier manuscrit de la rangée. J'avais alors saisi la couverture bleue encre poussiéreuse pour l'ouvrir un peu au hasard, atterrissant à un endroit comportant un marque-page bleu roi en tissu, brodé de fils d'or. Le décalant pour voir le titre, La Renaissance du Phœnix, je m'étais mise à lire la légende, mes doigts parcourant le papier jauni et Camilla ayant posé son menton sur mon épaule pour y jeter un coup d'œil.

L'ouvrage contait le mythe d'un bouclier que les fondateurs et fondatrices de Poudlard, Helga Poufsouffle, Godric Griffondor, Rowena Serdaigle et Salazar Serpentard, auraient créé en guise de pacte de paix. Alliée aux cendres du tout premier phœnix ayant existé, la relique permettrait de faire renaître l'oiseau fantastique qui transmettrait son pouvoir d'immortalité à la personne l'ayant invoqué.

Dans un coin, en haut de la dernière page, se trouvait la première évocation que nous rencontrions de l'Ordre des Roses noires, ajoutée à la main, d'une écriture qui me semblait familière. À côté de la mention de l'Ordre, un étrange symbole était représenté. Il était constitué d'un cercle possèdant six perles qui étaient réparties sur les côtés. Cette disposition était dû au fait que la sphère était coupée de haut en bas par une aiguille, dont la base correspondait à un cercle bardé de rayures, souligné de deux croissants de lune dos à dos qui faisaient le lien avec l'élément central. Cet élément n'était nul autre que trois roses qui s'épanouissaient dans des sens différents, entourées de quatre cercles s'appropriant les points cardinaux inférieurs, avec les deux du haut plus imposants.

Après quelques instants de stupéfaction et de réflexion, j'avais eu une prise de conscience. Cette écriture était en réalité celle de ma mère ! Je reconnaissais son "i" si particulier avec sa petite boucle à la source, comme une racine. Quand je repense à la dernière fois que je l'ai vu, juste avant d'entrer à Poudlard, où elle m'avait serrée dans ses bras, avant d'embrasser ma paumette droite... À ce souvenir, je porte la main à ma joue.

« Sally ? »

L'appel de Camilla m'extirpe définitivement de ces souvenirs d'antant.

« Oui ? réponds-je.

— À quoi pensais-tu ?

— À rien de particulier, juste notre première rencontre aux Etats-Unis.

— Vraiment ?

— Oui, tu te souviens quand tu t'es assise juste en face de moi, au bar, et que je ne t'ai pas vu ?

— Oh, oui ! Et tu étais toute gênée après.

— Mais, arrête ! Je me suis sentie si bête...

— Et surtout désolée, oui ! Tu passais ton temps à t'excuser, j'ai dû le supporter pendant un mois au moins, raconte-t-elle, le sourire aux lèvres.

— Je m'en veux beaucoup, tu étais assise juste là, devant mes yeux...

— Tu es tellement drôle sans le vouloir, des fois ! s'exclame-t-elle, hilare.

— Oh, non ! Ne recommence pas avec ça ! répliqué-je, dans un souffle exaspéré.

— Mais si, je t'assure que tu es vraiment drôle !

— Camilla ! » la réprimandé-je, quelque peu amusée.

Et oubliant nos recherches, nous explosons de rire, avant de ressortir de vieilles anecdotes et de partir dans une sorte délire que nous seules comprenons. Soudain, interrompant notre joyeuse discussion, un cri retentit dans la bibliothèque tandis qu'un grand fracas résonne sur ses murs de pierre, faisant trembler les fenêtres à meneaux composées de petits vitraux en losange qui semblent s'entrechoquer désormais. Et brusquement, surgissant de derrière les étagères, trois personnes encapuchonnées de noir pointent leur baguette dans notre direction. Je ne réalise pas tout de suite, toujours bloquée sur mon souvenir de Camilla giflant un homme, parfaitement lucide, qui avait tenté de glisser la main à l'intérieur de sa cuisse. Mon expression interloquée doit sans doute se résumer à une bouche en forme de "o" et des yeux de poisson globuleux, pas très glamour et encore moins en adéquation avec la gravité de la situation. Un léger coup de coude de mon amie parvient à me faire prendre conscience de la posture délicate dans laquelle nous nous trouvons.

« Nous ne souhaitons pas utiliser la violence, mais nous n'hésiterons pas à y avoir recours », annonce, une fois sûre d'avoir capté notre attention, la femme de droite, que je reconnais de par sa voix à faire froid dans le dos.

Face à mon incrédulité et mon inaction, ma compagne métissée semble gênée et désemparée, car elle me redonne un coup, mais cette fois, de pied, pour être plus discrète. Je ne peux m'empêcher de sursauter et de lui lancer un regard furieux, gâchant l'effet souhaité et laissant planer le silence inquiétant qui s'est installé.

« Sally Woodson ? finit par s'enquérir la sorcière du milieu, celle au tempérament fougueux lors de l'altercation en forêt.

— Oui ? » répliqué-je presque instantanément, sans réfléchir, alors qu'il aurait été préférable que je me taise ou nie.

À moins que non, car mon interlocutrice baisse soudain légèrement sa baguette, tout en la maintenant fermement néanmoins, et avance d'un pas. Puis, elle attrape le haut de la capuche de sa cape qu'elle tire en arrière, libérant une cascades de cheveux roux bouclés et un teint hâlé. Malgré son mouvement rapide, j'ai le temps d'apercevoir une marque sur son poignet droit. Le geste était très furtif et je n'ai pas vraiment pu le voir en détail, mais il m'a semblé reconnaître le symbole perçu dans le manuscrit de la légende du Phœnix. Bien que troublée, je ne le laisse paraître et soutient son regard marron virant à l'ébène, me transperçant.

« Je m'appelle Samantha et j'ai connu ta mère, déclare-t-elle.

— Qu'est-ce que tu fais ? s'enquiert sèchement la sorcière qui me donne des frissons.

— Celle qui vient de parler, c'est Alba, et la muette observatrice, Emanuella, poursuit Samantha, imperturbable, nous faisons partie de l'Ordre des Roses noires, auquel Aline, ta mère, appartenait également.

— Cela suffit ! lâche la femme qui me terrifie, Alba.

— Ne soit pas timide, chère sœur, présente-toi, l'invite sa camarade intrépide d'une voix doucereuse, c'est toi qui défend le mieux notre cause.

— Aline a dû nous abandonner car elle était enceinte de toi, me crache brusquement Alba, tel un venin. Elle nous a trahies et volées par ta faute ! » continue-t-elle d'une voix froide et mesurée, où brûle une haine qu'elle peine à contenir, masquant probablement la douleur d'une blessure profonde.

D'une enjambée, elle rejoint Samantha et abaisse son capuchon d'un geste rageur. Son action révèle une chevelure blonde, lisse, encadrant de magnifiques yeux verts, mis en valeur par sa peau pâle, ainsi qu'au passage, un tatouage noir inscrit au poignet, que je suppose être le même que celui de sa compagne.

« Eh, bien, tu vois quand tu veux, dit Samantha avec un sourire coquin, avant de se prendre un regard noir de la concernée, qui la fait taire.

— Elle ne le mérite pas. Pas après nous avoir arraché Aline, dit-elle, les yeux s'assombrissant et me foudroyant sur place lorsqu'elle les arrête sur moi. Je te montre seulement mon visage pour que ce soit celui qui hante tes rêves, siffle-t-elle ensuite, à mon intention.

— Non, mais pour qui te prends-tu ? » explose soudain Camilla, qui jusque-là, je sentais bouillir intérieurement sans oser intervenir, de peur de déclencher une bagarre.

Son reproche choque le trio de l'Ordre qui ne s'attendait visiblement pas à ce qu'elle prenne la parole, ayant presque oublié son existence de par son silence. Reprenant de la contenance, Alba ignore tout simplement ma meilleure amie, et se redresse dans une stature de domination.

« Je sais bien que tu étais proche d'Aline et que tu ne te remets toujours pas de son départ, mais ce n'est pas une raison pour s'en prendre à sa fille, tente alors de me défendre Samantha.

— Emanuella, dis-moi que toi aussi tu la déteste, demande suggestivement la sorcière aux yeux émeraudes, passant outre la remarque de sa camarade rousse.

— Elle a quand même un bel accent britannique », fait simplement remarquer l'interpellée, qui jusque-là n'avait pas prononcé un mot.

Ses compagnes semblent aussi désemparées et étonnées que Camilla et moi, au vu de l'écarquillement des yeux de Samantha et du froncement de sourcil d'Alba. Cela ne semble pas perturber Emanuella, qui rejoint ses sœurs de l'Ordre et répète la même cérémonie que celles-ci avec leur cape, mais plus lentement. Cela me donne l'occasion de vérifier ma théorie sur l'emblème de l'Ordre, qui serait le symbole retrouvé à côté de l'écriture de ma mère sur le manuscrit. Effectivement, en tournant la main pour passer le tissu par-dessus sa tête, j'ai le temps de reconnaître clairement le cercle avec les roses et les croissants de lune. Lorsque la capuche de la dernière sorcière du groupe tombe, dévoilant un visage à la peau noire parfaite, un carré brun ondulé et un regard marron clair aux reflets orangés, je ne peux m'empêcher de penser qu'elle est très belle et mon cœur fait un bond dans ma poitrine. De joie ou de peur ? Calme et implacable, Emanuella ramène ses sœurs aux priorités. Elle semble avoir bien changé d'avis depuis la dernière fois où elle encourageait ses camarades à abandonner.

« Alba, Sam, il est temps de cesser le débat et d'accomplir la mission pour laquelle nous sommes venues ici. Si nous avons choisi ce moment, ce n'est pas pour rien.

— Tu as raison, nous avions tout planifié, et rien ne se passe comme prévu, mais tu ne m'empêcheras pas d'accomplir ma vengeance », déclare la sorcière blonde terrifiante, les yeux braqués sur moi, d'un ton sévère, ferme et vicieux, comme les anneaux d'un boa se refermant sur sa proie.

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