Chapitre 7

Nous traversions main dans la main la grande allée principale de New York, l'ouvrage volé dans mon sac. Je vérifiais plusieurs fois que les véhicules nous évitaient, achetai un grand Mocha au chocolat blanc au bar à café le plus proche de notre emplacement. J'ai bu une grande gorgée avant de déclarer.

-J'aimerais que l'on trouve un endroit où il n'y a pas d'oreilles indiscrètes...

-Depuis quand es-tu aussi Parano ? Me questionna-t-il alors que je prenais une nouvelle gorgée bruyamment.

-Depuis que je suis morte une fois.

-Ça se tient. Pouffa-t-il de rire.

Après cela plus personne ne pipa mot. Nous étions focalisés sur l'extérieur. Le vrombissement des voitures, les conversations téléphoniques des mortels, les chiens qui aboyaient. Toutes ces choses nous berçaient dans une mélodie digne d'un Orphée moderne.

Nous marchâmes une bonne vingtaine de minutes avant de regagner notre dortoir. Ariane, Paul et Emrick étaient confortablement installés dans la chambre d'Hayden en train de dévorer des paquets de chips et quelques bières. Ils ne nous ont pas attendus pour commencer une soirée.

-Réunion Divine ! Annonça Hayden en donnant un coup de pied dans l'un des cadavres de bouteille de bière.

-On avait compris. Soupira Ariane en buvant une gorgée d'alcool.

-J'ai trouvé un truc à la bibliothèque. Déclarais-je en sortant de mon sac le bouquin que je posais au milieu de la table de chevet de mon petit ami.

Les quatre dieux dévisagent l'encyclopédie comme si je venais de sortir un lapin d'un chapeau. Je n'étais pas magicienne malheureusement. Mes spectacles d'enfants étaient tournés au vinaigre lorsque j'avais mis le feu à la nappe. Ce petit souvenir me fit rire, ce qui attira des vagues d'incompréhension de mes amis.

Je feuilletais les pages du bout des doigts. J'adorais la sensation du papier contre la pulpe de ma peau. Il ne me fallu que quelques secondes avant de remettre la main sur le paragraphe qui m'intéressait. L'épée de Damoclès.

Damoclès était le roi des orfèvres qui vivait dans le château de Denys l'Ancien, le tyran de Syracuse. Son château était bordé de fossés et il était constamment gardé par les gardes royaux. Sur le qui-vive, il n'acceptait que des courtisans dans son palais qui devaient le rassurer et le flatter.

Damoclès ne cessait de le flatter voulant à tout prix obtenir ses faveurs. Mais son comportement agace rapidement le tyran. Pour lui donner une bonne leçon, Denys offrit à Damoclès le droit de vivre la vie du tyran durant une journée. Au milieu d'un festin, Damoclès horrifié découvrit une épée, qu'il avait lui-même ornée de dorures, suspendues au-dessus de son crâne. Elle était simplement retenue par quelques crins de chevaux.

Ce que l'article ne disait pas, c'était que l'épée de Damoclès était la seule arme qui pouvait nous être mortelle. J'avais découvert cela après de nombreuses heures de recherche. J'étais obnubilée par ma mort et j'avais recueilli assez d'informations pour conclure que l'arme était celle qui m'avait tué.

-C'est simplement un article dans une encyclopédie.. Je ne vois pas où tu veux en venir.. Déclara Ariane dubitative en se torturant l'esprit pour réussir à comprendre.

-C'est simple. Rétorquais-je en posant ma main sur la page vieillie. Nous devons trouver l'Épée de Damoclès. Elle est la seule arme qui puisse nuir à un dieu.

-Tu n'es pas sérieuse ? Demanda Emrick en manquant de s'étouffer avec sa gorgée.

-Si tu doutes de moi, c'est que tu ne me connais pas du tout ! Grognais-je en vidant cul-sec le reste de mon café chocolaté avant de jeter le gobelet en carton dans la poubelle.

Pour une déesse du printemps et de la nature, je n'étais pas réellement intéressée par l'écologie. J'avais toujours essayé de consommer moins de produits nocifs pour l'environnement.. Mais j'étais accro à cette boisson.

-C'est de la folie d'aller chercher une épée qui est une légende ! pestèrent les jumeaux à l'unisson.

-Ce qui est de la folie, c'est de ne pas vouloir m'aider.. Mais ce n'est pas grave, je partirais avec Emrick.

-QUOI ? Hurlèrent Emrick et Hayden.

Hayden sembla bouillir sur place pendant que je haussais les épaules, assez ravie de ma décision. Je venais de lui envoyer une pique en pleine face. J'étais rancunière et il allait le découvrir. C'était ma manière de lui faire mordre la poussière.

-Donc pendant qu'Emrick et moi, on se charge de trouver cette épée, vous devez réunir nos amis... Je suis persuadée que Déméter et Poséidon répondront présent à ma demande.. Vous devez les convaincre. Je compte sur vous pour que cette mission ne soit pas un échec.. Car pendant que vous buvez tranquillement, Stéphanie est dans de beaux draps.. Vous êtes des dieux et elle est humaine !

-Anthéa, je ne peux pas veiller sur toi si tu es, je ne sais pas où ! Se lamenta le dieu des Enfers. Il semblait vraiment peiné par ma décision, mais je ne comptais pas changer d'avis.

-Je ne suis plus une enfant ! Hayden, tu dois respecter mes choix ! M'énervais-je avant d'envoyer valser la petite table en bois avec mon pied.

-Théa Calme toi. M'intima-t-il en essayant de prendre ma main dans la sienne. Main que je retirais aussi vite.

-Ne me dit pas ce que je dois faire ! Grognais-je sous les regards médusés des jumeaux.

J'attrapais mes affaires en vitesse, récupérant le livre qui avait pris une douche de bière et claquais la porte de la chambre des garçons. Je m'engouffre dans le dédale en soupirant. Je devais trouver une solution. J'allais trouver cette foutue épée. Avec ou sans leurs aides.

Après tout, j'étais moi aussi une déesse. Ils doutaient trop de mes capacités et cela avait le don de me faire sortir de mes gongs. Si je devais trouver cette épée pour leur prouver ma force alors j'allais le faire.

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