Chapitre 13
ANTHÉA, SYRACUSE, MAI 2019
Je suivais les indications de Aréthuse. Nous étions montés avec Emrick sur un bateau que nous avions loué pour rejoindre le détroit de Messine. Les deux monstres que je croyais être des légendes y étaient. Nous devions traverser leurs grandes gueules destructrice pour rejoindre les plages de Messine où vivait la magicienne Circée.
Intérieurement j'étais rassurée de savoir que Ariane n'était pas présente, avec son mal de mer elle aurait compromis la mission. Je ne pouvais pas gérer une déesse qui vomit ses tripes sur le bateau que vous avons loué. J'avais quelques doutes sur la véracité des propos de Emrick. Je n'étais pas sûre qu'il ne l'avait pas plutôt volé. On se doutait tout les deux que notre caution aurait sautée. Avec ces deux monstres assoiffées de sang, le petit navire électrique n'allait pas faire long feu.
J'aimais le vent qui s'imiscait dans mes cheveux bruns. Je me sentais libre, surtout que c'était Emrick qui s'occupait de nous mener à bon port. Avec mon manque de sens de l'orientation nous aurions pu finir en Afrique plutôt qu'en Italie. Je profitais de l'air frais avant de devoir me jeter dans la gueule du loup. Je n'étais vraiment confiante. Après tout, la seule personne qui avait réussir a ces monstres était Ulysse mais qu'est ce qui me confirmait qu'il avait bel et bien existé? Hayden ne cessait de me répéter que toutes les légendes que j'avais entendue quand j'étais plus jeune. J'avais encore quelques difficultés avec cela.
Le soleil commençait à se coucher, donnant de magnifiques reflets orangés à la mer bleue. Je m'émerveillais en observant ce phénomène naturel qui résultait du sommeil d'Helios, le dieu du soleil. Bientôt Nyx et son char volant passerait au dessus de nos têtes pour couvrir le ciel d'un millier d'étoiles. Les derniers rayons disparurent derrière l'horizon.
Nous naviguions en nous repérant aux étoiles, bercée par les flots je fini par être emportée dans les bras de Morphée. Je m'effondrais en boule à même le sol abandonnant Emrick à sa tache ingrate.
Je glissais sur l'un de nos nombreux tapis et m'effrondrais à plat ventre, la tête la première comme si quelqu'un venait de tirer dessus avec une force inouïe.
Sonnée, je perdis toute notion du temps et quand j'eu la force de me retourner et que j'ouvris subitement les paupières, deux yeux perçants et jaunâtres me scrutaient avec haine. Un faible rayon lumineux éclaira l'objet tranchant qu'il tenait en main.
Je ne pouvais pas bouger, mon corps refusait de me répondre, j'étais une poupée de chiffon. Mon crâne me lancinait et un léger filet de sang s'écoulait de ma tempe, là où ma tête avait atterri contre le sol.
Les yeux jaunes de la créature qui me voulait du mal me fixaient puis une douleur fulgurante prit possession de mon corps, mes yeux s'humidifiaient pendant que des hurlements plaintifs sortaient de mes lèvres.
"Hadès, tu me retrouveras et même un millénaire ne pourrait changer mes sentiments à ton égard.."
La lame s'acharnait à briser les tissus qui composaient mon corps, ma cage thoracique subissait les assauts répétés en se soulevant avec difficulté. J'acceptais mon sort et avant de rendre mon dernier souffle, je pus murmurer en articulant difficilement.
-Pardonne moi mon amour.. de te quitter maintenant..
Le monstre après avoir perforé mes poumons cisailla mon abdomen, n'offrant aucune chance à l'enfant que je portais, j'allais mourir sans avoir revu l'homme que j'aimais, Hadès avait dû se lever tôt pour régler des affaires avec mon cher père et moi je gisais à demie-morte dans notre chambre. Je regrettais de ne pas l'avoir vu avant de partir. J'aurais voulu au moins apercevoir sa mine renfrognée avant qu'il ne quitte notre demeure. J'aurais tellement aimé lui dire tout ce que je ressentais. Mais c'était trop tard.
"Les moires étaient là pour moi!Le fil était coupé! ".
Je me réveillais en sursaut, cela faisait longtemps que je n'avais pas fait ce foutu rêve. J'étais hantée par le jour de ma mort. Le souffle erratique, je balayais les environs du regard avant de capter le visage de Emrick illuminé par la lune. Il était horrifié.
Une vague immense s'écrasa sur le bateau, je me relevais en recrachant l'eau salée que je venais d'ingérer.
-Emrick! M'époumonnais-je
-On arrive vers Charybde! M'indiqua mon meilleur ami.
Je tentais de me relever mais je fus très vite renversée par une nouvelle vague qui m'écrasa sur le sol du bateau à moteur.
-Anthéa accroche toi bien ça risque de secouer! M'annonça Emrick.
-Sans blague! Grognais-je en rampant vers lui totalement trempée.
Accrochée aux sangles sur les côtés du navire, je me relevais regrettant directement ma décision. En face de nous, un tourbillon d'eau monstrueux brisait les branches d'arbres et les débris des anciens bateaux qui avaient choisis le mauvais chemin. Charybde était la force destructrice de la mer personnifiée, cette nymphe à l'appétit insatiable allait causer notre mort.
-Emrick tu as une idée de comment s'en sortir? Hurlais-je
-Soit on s'approche trop près de Charybde et on meurt noyer.. Soit on se rapproche de Scylla et on meurt dévorer.. lequel est mieux?
-Tu n'es pas mortel sans l'épée de Damoclès. Je suis la seule qui peut mourir. Tu vois la montagne là bas? Demandais-je en tendant mon doigt dans la direction de la petite colline.
-Oui.. Mais que comptes-tu faire?
-Approche toi! Hurlais-je quand tu es assez près prend ton envole, je réussirais à m'aggriper à quelque chose. Ulysse la bien fait!
Je me remémorais l'Odyssée d'Ulysse que j'avais étudié en cours quand j'étais plus jeune. Avoir une mère professeur de langues mortes servaient bien à quelque chose quand on était une déesse coincée dans le corps d'une mortelle.
-Tu sais qu'il n'a jamais existé ? C'est que des fabulations...
-Qui ne tente rien n'a rien! Hurlais-je alors que le bateau était prit de secousses violentes. Elle va bientôt recracher de l'eau donc le bateau réapparaitra! Envole toi avant qu'il ne soit trop tard!
Le navire entama sa descente vers la bouche du monstre à grande vitesse. Je sautais en puisant dans mes dernières forces et attrapais la racine de l'arbre qui dépassait de la montagne. Je pendais dans le vide, les jambes à quelques centimètres des crocs de pierre de la créature.
Emrick malgré ses ailes d'anges était balancé par le vent violent. Il ne pouvait pas s'éloigner de moi puisqu'à quelques mètres, Scylla attendait les gueules des chiens en avant. Je voyais dans son expression qu'il avait peur pour moi, après tout, j'étais pendue au dessus du vide avec la seule force de mes bras.
-Ne t'éloigne pas! Elle guette! Hurlais-je en serrant les dents.
La racine était en train de me sectionner la peau des mains. J'espérais qu'elle allait bientôt recracher l'eau qu'elle ingérait. Je faiblissais, l'une de mes mains lâcha prise. Je me balançais dangereusement au dessus du trou béant de sa mâchoire. Avant qu'Erick puisse réagir je chutais.
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