Le temple lumineux et entouré de potagers se trouvait devant nous. On pouvait entendre les battements des ailes des oiseaux et des coléoptères qui passaient de leur en fleurs. À ma droite, se trouvaient des rangées de vignes dont les grappes écarlate étaient ramassées par des hommes et des femmes ayant voué leurs vies aux cultures de la déesse.

La dernière fois que j'avais osé foulé le sol de son royaume hors du temps, je n'avais pas été accueilli de la meilleure des façons. Ma joue se souvenait toujours de la gifle monumentale quelle avait reçu. J'humais la bonne odeur qui émanait de ma gauche où se trouvaient des plants de cultures en tout genres: des tomates, des carottes, des courges, des herbes aromatiques, des céréales.

En face de nous, du temple orné de plantes grimpantes, Déméter arrivait en courant sur le chemin pavé. Les arbres s'inclinant sur son passage. Il y avait de tout comme des agrumes, des oliviers, des avocatiers, des pommiers, des oléagineux.

-Hadès, Apollon et Artémis? Que me vaut l'honneur de votre visite? Où est Anthéa ? Demanda la déesse des moissons en cherchant du regard notre protégée.

-Anthéa n'est pas ici.. Elle est partie avec Eros chercher l'épée de Damoclès... déclarais-je gêné.

-Vous êtes inconscient!

-Elle nous a interdit de la suivre. Rétorquais-je. Elle souhaitait que nous allions vous retrouver.

-Pourquoi a-t-elle besoin de nous? Tu me répondras une fois installé dans ma maison.

Elle nous fit un geste de la main, me coupant dans mon discours pour nous faire signe de rejoindre sa demeure. Nous la suivions en silence, après tout, nous n'allions pas rester à faire le poteau sur le chemin de pierres.

Installés autour de la table en bois, elle nous tendit à chacun des infusions de plantes de sa préparation en s'assis avec nous.

-Une mortelle a été enlevée par le Lion de Némée et Anthéa est persuadée que Zeus ou l'un de ses complices y est pour quelque chose.

-Et notre rôle dans tout cela?

-L'aider à tenir tête contre Zeus. Il l'a déjà tellement brisé que nous avons eu peur qu'il la tue.

-Je ne suis pas assez forte par rapport à lui... Murmura Déméter entre deux gorgées de sa tisane.

-Zeus est un électron libre que peu de Dieux peuvent contredire. Nous allons voir Poséidon après je suis sûr qu'avec vous deux dans nos rangs, nous pourrons faire la différence.

-Je serais là pour l'aider. Conclut ma belle mère.

-Pour tout te dire, je m'attendais à ce que tu acceptes.

-Je ne le fais pas pour toi, mais pour elle.

-Je le savais aussi.

J'étais ravi de voir que Déméter allait se joindre à nous. Nous n'avions plus qu'à nous préparer pour aller voir mon frère, le dieu du monde terrestre pour que notre équipe ne soit au complet.

Nous étions tous en train de siroter nos boissons en silence, profitant de cet instant de calme avant la tempête. Parfois, je me sentais chanceux de les avoir auprès de moi. Je ne me sentais plus aussi seul que lorsque je gouvernais le royaume des morts sans sa présence.

Le feu dans la cheminée en pierre réchauffait la pièce, de l'extérieur, nous pouvions voir un temple en marbre semblable à une chaumière de contes de fées. Mais, l'intérieur était tellement cosy que personne ne voudrait quitter les lieux. Elle l'avait décoré avec goût, de nombreuses plantes pendaient au plafond dans des jarres miniatures. La grande table en bois foncé pouvait accueillir un bon nombre de convives. J'étais persuadé qu'Anthea tomberait amoureuse de cet endroit. Il lui rappellerait sa maison maternelle.

Les jumeaux racontaient leurs vies sur terre à la déesse des moissons qui semblait toujours aussi âgée et éreintée par la vie. M'avoir comme gendre n'avait pas dû être le meilleur des cadeaux.

En observant les lieux, j'imaginais Perséphone évoluer dans cet environnement. Arrosant les plantes, cuisinant dans les fourneaux avant qu'elle ne mette le feu aux aliments. Elle était une piètre cuisinière, ce qui m'avait toujours impressionné. Elle était capable de rater des bouillons de légumes.

Quand les boissons furent terminées, les conversations coupèrent court, prêts à me suivre. J'enfilais ma veste en cuir que je ne quittais jamais et me levai de ma chaise qui manqua de tomber en arrière dans la précipitation. Je la rattrapais et attendis que mes acolytes quittent la demeure en premiers avant de les rejoindre. J'avais confiance en mes capacités de persuasions, Poséidon avait toujours été le dieu qui me soutenait le plus avec Ariane et Paul. Mais de là à se retourner contre notre frère. Il y avait un certain fossé.

Nous traversions le jardin enchanté de Déméter pour rejoindre la brèche spatio-temporelle, les jumeaux furent les premiers à la traverser, Déméter juste après eux. Seul devant cet immense amas de couleur bleu ciel, j'inspirais avant de mettre un pied dans la réalité.

-Mon frère, nous sommes en chemin pour te voir. Déclarais-je confiant et déterminé.