Chapitre 1

Anthéa

Brooklyn, Mai 2019

Les papiers volèrent sous mon énervement, ce n'était pas possible de retrouver un truc dans le bordel de Steph? Elle s'était approprié mon bureau pour y déposer ses cours mal pris et ses affaires de maquillages, quelques fiches de philosophie étaient intercalées avec mes esquisses. Le projet théâtral que nous supportons avec Hayden sur nos épaules divines depuis maintenant neuf mois allait voir le jour en juin. La première représentation avait lieu quelques jours avant ma naissance : une sorte de cadeau d'anniversaire.

Cela faisait maintenant cinq mois que j'avais assisté au grand conseil des douze dieux principaux et depuis ce jour, j'étais tranquille. Plus aucune attaque, plus de monstre, quelques dieux dans mon entourage et des visites d'Olympien, mais pas de créatures assoiffées de mon sang. Anthéa Queen était tranquille. Mais je n'oubliais pas que je désirais la vérité, je voulais savoir qui m'avait ôté la vie alors que j'étais devenue reine et que je portais la vie. Cela pouvait être Zeus, il haïssait ma relation avec Hadès, mais je ne voyais pas comment mon paternel avait pu retirer la vie de son enfant. Zeus avait des défauts, mais il ne faisait pas d'infanticides.

-Steph ? Mon bracelet est où ?! Hurlais-je à ma colocataire qui portait ses écouteurs sur ses oreilles, l'ignorance qu'elle m'offrit accentua mon état agacé et j'étais brusquement les oreillettes en la toisant de mon regard bleuté. Elle allait avoir ma peau, certes elle était l'une de mes plus fidèles amies, mais elle ne manquait pas de me faire sortir de mes gongs.

-Théa ! Bordel ! Jura l'étudiante.

-Steph, mon bracelet, s'il te plaît ! Je tendis ma main ouverte vers elle dans le but de lui faire comprendre que je souhaitais récupérer ce qu'il m'appartenait de droit.

Elle soupira de mauvaise grâce et c'est là que je le vis, accroché autour de son poignet tatoué d'une nouvelle représentation, elle y avait incrusté dans son épiderme une ancre de bateau dans un style cartoon. Elle se sépara de mon bijou qu'elle me rendit déçue, maintenant que j'avais retrouvé la mémoire en rapport à mon ancienne vie, je ne comptais pas perdre les quelques objets matériels qu'il me restait.

L'un de mes professeurs, le portait autour de son cou, son appartenance avec l'Olympe lui avait permis d'acheter mon précieux bracelet qui symbolisait toute ma vie, mes attributs et je lui avais repris de force. Un cyclope face à quatre dieux et c'était peine perdue. Il aurait été envoyé six pieds sous terre sans difficultés.

Je saisis la chaîne faite d'or pur et le remis autour de mon poignet fin et légèrement squelettique, le stress des événements avait agit comme une nouvelle forme de régime, je n'avais pas besoin de me priver, je courais partout pour être parfaitement sûre que chacune des tâches ordonnées avaient étés réalisés avec perfection. Les breloques tintèrent dans une harmonie agréable, le doux son des perles fut coupé par les coups contre la porte d'entrée qui résonnent dans toute la pièce.

Hayden se trouvait derrière le grand battant de bois gris et écaillé, toujours vêtu de son éternelle veste en cuir noire qui mettait en avant les courbes parfaites de ses muscles développés, ses cheveux bruns étaient en bataille, une petite mèche rebelle venait de tomber devant ses yeux, m'offrant un spectacle délicieux. Mon petit ami était la beauté incarnée, des yeux sombres et qui traduisent tout l'amour qu'il me porte, une dentition blanche et une mâchoire puissante et carrée dont j'aimais sentir la barbe naissante contre ma peau d'albâtre. Mes lèvres s'écrasent contre les siennes avec un désir féroce et assouvi, nos langues se rejoignirent dans une valse endiablée, nos corps se collent, fondant l'un contre l'autre, son cœur pulsait contre mes mains posées sur ses pectoraux.

-Tu m'as manqué.. Déclara-t-il dans un souffle après avoir replacé l'une des mèches brunes qui tombait devant mon visage, occultant nos vues.

-Toi aussi Hayden.. Répondis-je en posant ma joue contre le cuir de son épaule.

-Il y a des hôtels ! Sérieusement, je n'ai pas besoin de vous voir vous bécoter, la prochaine fois ça sera quoi ? Un porno en vrai ? Raya Stéphanie en s'approchant de la porte et en se callant contre le chambranle de notre chambre étudiante. Allez-y les tourtereaux, et, n'oubliez pas de sortir couvert !

Je pouffais de rire avant d'entraîner Hayden vers la sortie de l'établissement, sa main dans la mienne, nous quittions le dortoir main dans la main, j'aimais ces moments qui me rappelaient nos anciennes vies, je ne regrettais pas d'avoir perdu mon statut divin, mais de devoir tout recommencer comme le feraient deux inconnus. Nous apprenions encore à nous connaître et à nous apprivoiser.    

J'enfourche sa moto, enfilai un casque noir orné de plusieurs marguerites et de coquelicots que j'avais peint pour m'occuper. Mon corps collé contre son dos, nous nous éloignâmes enfin de la faculté pour rejoindre nos endroits, là où nous pouvions enfin être en osmose avec nous-même et la nature. Je me sentais libre, le vent fouettait mon corps blotti contre mon amant. Le paysage défilait devant nos yeux, le gris des buildings fut remplacé par la verdure des forêts qui bordaient la ville, le moteur de la bécane vrombissait au fur et à mesure que nous accélérons sur la grande route bitumée.


Une fois arrivés à la clairière où je les avais découverts sous leurs formes divines, nous abandonnons le véhicule près d'un arbre et ôtons nos casques de moto pour profiter du paysage qui s'offrait à nous, dans ce lieu reculé et recouvert par les plantes, nous pouvions entendre le ruissellement d'une petite rivière à quelques mètres de nous, l'air frais nous accueillait à bras ouverts. Je laissais ma veste en jean près de la moto ainsi que mes chaussures et mon jean délavé. Seulement vêtue d'un haut d'Hayden que j'avais volé dans son armoire, je traversais la clairière en courant, les fleurs s'écrasaient sous mes pieds et lorsque je fus à la hauteur du petit ruisseau, je retirais le haut que je portais et m'engouffre dedans. L'eau glacée me fit frissonner, mes poils se hérissèrent sur mes bras pâles alors que je m'enfonçais encore plus profondément dans l'eau claire.

Nous étions là, l'un contre l'autre, bercé par les sons de la nature, les oiseaux chantaient, l'herbe bruissait sous le zéphyr, Hayden me maintenait fermement contre son torse, nos corps ruisselants, sous nos pieds le sable et les galets étaient entraînés par les courants. Je posais ma tête contre son épaule, mes doigts retraçant sans cesse les contours du casque grec encré dans son épiderme au niveau de ses côtes. J'étais tellement bien ici.

-Je ne veux plus te perdre.. Murmura-t-il en déposant un chaste baiser sur le haut de mon crâne.

-Tu ne me perdras pas ! Répondis-je sûre de moi, mes yeux bleus ancrés dans le noir des siens.

Il m'offrit un sourire triste en caressant l'ovale de mon visage, ses yeux sombres trahissaient ses pensées, je savais parfaitement qu'il s'en voulait toujours autant, il m'avait promis de me protéger lors de nos vœux et j'étais décédée. Il ne pouvait rien y faire, qui pouvait se douter que l'on allât m'assassiner ? C'était encore un mystère que je m'étais promis de résoudre, je mettrais un doigt sur la vérité, j'en avais besoin, la vengeance était bien trop ancrée en moi, elle me consumait petit à petit, elle rendait ma vie invivable.

-Je sais que tu ne t'en veux toujours autant mais nous ne devons plus vivre dans le passé, je suis là et en pleine forme. Ferme les yeux..

-Que ?

-Fais moi confiance et ferme les yeux.

Il s'exécuta en silence, ma main, posée sur son torse à l'emplacement de son cœur, décrivait des cercles lancinants sur son épiderme et mes paupières se fermaient. Je me concentrais, faisant appel à mes pouvoirs et à mes dons de déesse, le vent se leva tout en s'emballant comme mon cœur à cet instant, je rompais la distance entre Hayden et moi en posant mes lèvres sur les siennes, ma magie opérait en silence et avec rapidité, les fleurs grandissaient et prenaient de l'ampleur créant un cocon autour de nos corps entrelacés.

-Anthéa... Chuchota-t-il. Tu viens vraiment de créer tout ceci ?

-Je les ai juste modelées selon mes volontés.

-Tu es incroyable..

-Je sais ! On me le dit souvent !

Ses lèvres plaquées contre les miennes, ces quelques échanges fut dit dans un murmure avant qu'il ne commence à butiner la peau de ma nuque, la douceur de ses lèvres m' électrisant, tendue comme un arc j'attendais qu'il cesse sa douce torture.

Nous sommes restés dans l'eau de la rivière tout l'après-midi, lorsque le soleil avait commencé à se coucher, nous avons rejoint l'un des nombreux restaurants qui peuplent New York afin de retrouver mon grand frère qui me faisait l'honneur de venir une semaine en Amérique avec toute sa petite famille. Il souhaitait rencontrer Hayden.




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