19. Hayden


La douleur fût intense mais la joie dans la savoir en vie et en bonne santé triomphait. Elle bougea contre moi en se relevant, mais avec maladresse elle appuya sur l'une de mes côtes brisées, m'arrachant un hurlement de douleur.

-Hayden ? Hayden ? Tu m'entends?

-Un peu trop bien! Tu m'hurle dans les oreilles!

-Tu as fait une chute de minimum dix mètres! Tes os se sont brisés et tu oses faire du sarcasme ?  criait-elle.

-Franchement ça va plutôt bien ma belle! Je dois te rappeler que je suis un dieu? déclarais-je en riant. Ce n'est qu'une question de minutes!

-Tu m'as fait peur! hurla-t-elle.

-Est-ce que je dois parler de toi qui disparaît comme ça! C'est dangereux et tu le savais mais tu as décidé de prendre des risques inutiles! Et si je n'avais pas pu arriver à temps! Tu serais morte!

- Mais tu es arrivé à temps! Rétorqua-t-elle avec insouciance.

-Je suis peut être arrivé avant que tu ne t'écrase sur le sol comme une vulgaire mouche mais maintenant c'est moi qui ai les membres brisés.

- Mais tu es en vie et puis tu m'as dit que tu étais un dieu et que dans quelques minutes ça irait mieux ! Se plaignit-elle.

Pendant que Anthéa  cherchait  un moyen de sortir de cette entrepôt désaffecté, mes os se ressoudaient entre-eux me provoquant un mal de chien. J'avais envie de hurler mais quand elle revient vers moi heureuse d'avoir pu trouver cette sortie qui me permettrait de fuir. Je devais la ramener à l'internat, je lui avais fait courir trop de risques.

Il fallut une vingtaine de minutes pour que mon corps soit enfin opérationnel, mes membres étaient ankylosés et je souffrais lorsque je marchais mais la douleur passerait rapidement. J'avais connu pire qu'une petite chute de dix mètres. Lorsqu'on était dieu, on devait combattre des créatures affreuses à longueur de temps et la titanomachie était l'un des pires passages de ma vie. Mon frère avait été blessé au combat, et nous n'avions pas pu le ramener immédiatement au mont Olympe, Poseidon avait souffert le martyr en perdant son sang. Durant cet épisode j'avais cru perdre l'une des personnes les plus importante de ma vie.

La moto enfourchée, le casque enfilé et les bras d'Anthéa qui me serraient, nous étions prêt à quitter cet endroit. Nous nous étions fait trop de frayeurs et ma petite fleur s'était renfermée sur elle même. Son mutisme était pesant mais je n'osais pas la brusquer. Elle ne voulait pas parler, elle préférait regarder le paysage qui défilait. Le temps semblait s'écouler à une vitesse infinie, je redoutais le moment où son corps ne serait plus contre le mien.

L'internat s'était rapproché bien trop rapidement, nous y voilà finalement. Mon coeur se serra quand je sentis ma moto s'alléger et son corps se séparer du mien. Il me semblait qu'il me manquait une pièce au puzzle qui compose mon corps. Sans elle, je me sentais incomplet, insidieusement elle s'était implantée sous ma peau, chacune des cellules qui composaient mon organisme criaient à l'aide.

Anthéa disparut après m'avoir rendu mon casque noir, ses cheveux de jais et sa silhouette longiligne disparurent derrière la grande porte d'entrée qui donnait sur le dortoir des filles. Le vent s'était levé, laissant mes quelques mèches rebelles se balancer.

Las, je rejoignis ma chambre située dans le dortoir des garçons, l'image de ma muse se gravant dans mon crâne. Les escaliers me parurent être une torture, malgré ma forte condition physique, mes muscles et mes os n'étaient pas totalement rétablis du traumatisme qu'ils venaient de vivre.

Paul était assis sur son lit occupé à gratter les cordes de sa guitare électrique. Un son que je connaissais parfaitement retentit dans notre chambre située au deuxième étage. Les notes de "smell like teen spirit" de Nirvana se mélangeaient avec mon souffle erratique. J'adorais cette musique et l'envie de chanter dessus était extrême. Mon acolyte ne sembla même pas étonné de ma voix cassée et de ma respiration entrecoupée.

Ma veste en cuir atterrit sur la chaise de bureau dans l'angle de la pièce, mon bureau était recouvert de milliers de feuilles volantes annotées pour la pièce de théâtre que nous devions organiser avec Anthéa. Nous devions rendre un premier jet à la fin de la semaine et mon binôme était tétanisée par la défaite mais aussi pas la victoire. Elle ne voulait pas être dernière mais elle ne voulait pas être celle qui devait mettre en scène cette pièce.

Des photocopies de ses esquisses tombèrent au sol et avant même que je n'ai eu les temps de les récuperer, Paul les avait déjà en sa possession, sa guitare était abandonnée sur ses cuisses pendant qu'il détaillait les costumes d'Anthéa avec un oeil critique.

-C'est pas mal, j'aime bien le côté moderne qu'elle a donné aux toges! déclara Paul. Tu penses que je pourrais lui en demander une? Les jeans ne sont pas vraiment ce que j'apprécie le plus dans leurs modes de vie.

-Tu as qu'à acheté autre chose! Je suis sûr qu'une jupe t'irait à merveille! répondis-je sarcastiquement.

-Ce n'est pas la même chose ! Une jupe et ces toges!

-Fait ce qui te plait mais ne lui demande rien! hurlais-je au dieu de la musique

-Monsieur est jaloux à ce que je vois! me taquina t-il. Paul commençait à comprendre qu'elle était ma corde sensible et il aimait appuyer dessus.

-Non.

-Si, si! la mortelle te plait! renchérit mon ami.

-Je te dis que non ! Maintenant arrête avec ça!

-D'accord Hayden.. Mais je suis sûr que j'ai raison.

Le sujet était clos, j'étais installé sur mon bureau en train de finir de mettre en forme le dossier que nous devions rendre. Je regroupais les feuilles volantes après avoir pris celles des mains de mon frère divin. Paul se remit à gratter les cordes de sa guitare électrique, faisant un fond sonore pendant que je travaillais.

J'étais sérieux et très concentré, je ne désirais qu'une chose: voir Anthéa heureuse de ce que nous avions accompli. Mettant en forme certaines didascalies pour permettre aux professeur de se projeter lorsqu'ils liront notre mise en scène de la tragédie des Euménides d'Eschyle. J'avais déjà parler de rendre cette pièce plus rock'n'roll que ce qu'elle était de base. C'est pourquoi Paul revisitait les classiques du rock américain.

La voix de mon frère d'arme résonna dans notre chambre et me tira de ma réflexion. Je ne m'attendais pas à ce qu'il renchérisse sur un sujet aussi épineux que mes émotions envers Anthéa.

-Je ne t'ai jamais vu te donner corps et âme dans un projet avec les humains. Elle te plait vraiment non?

-Bien plus que de raison. Quand je la vois je revois mon grand amour. Apollon cette fille est bien trop semblable à Perséphone! déclarais-je. Ma voix sonnait comme une plainte déchirante.

-Hadès, mon frère, Anthéa n'est pas comme Perséphone, elle est mortelle ..

-Elle m'a quitté! Persée' est morte! Elle était aussi mortelle que cette humaine! hurlais-je en frappant du poing sur la table. Je n'avais jamais su comment elle était morte, nous n'étions pas censé mourir. Cette injustice me faisait souffrir et je ne comprenais pas pourquoi elle. Perséphone était la plus adorable de nous tous.

-Mon frère.. murmura Apollon. Je crois qu'on a un problème..

-Comment? demandais-je incrédule

-Il y a le feu dans le dortoir des filles!

Je quittais brusquement ma chaise qui s'écrasa sur le sol en provoquant un boucan de dingue. Je n'avais pas besoin de le voir de mes propres yeux, je savais qu'Apollon avait raison. Je ne pourrais jamais la laisser seule, depuis que nous nous étions un peu trop intéressée à elle, des créatures de notre monde l'attaquait.

Elle ne devait pas être si normale, elle devait être spéciale et j'allais découvrir pourquoi cette humaine était la cible de ces monstres. Mais avant tout, j'allais lui porter secours comme un preux chevalier.

~

Salut, Salut!
J'espère que ce chapitre vous a plu, je reviens beaucoup plus puisque je suis enfin en vacance.
Comment l'avez vous trouvé? Le personnage de Paul a eu plus d'importance dans celui ci. Voulez-vous qu'il revienne plus souvent?
Lucy

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