9 // Harry
- Je ne suis pas bien.
Sa voix était froide, tranchante comme un couteau. Elle glissait sur ma peau, menaçante et pourtant si fragile, comme si une parole de ma part pouvait la briser. Un homme si fort en apparence, pouvait-il être si fragile ?
- Non, tu es parfait.
Comment étais-ce possible ? Comment ses lèvres pouvaient-elles gouter la pêche après avoir mangé du curry et bu de l'hydromel ? Comment son visage pouvait-il être aussi symétrique et lisse alors que le mien était marqué de cicatrices et d'une barbe de trois jours mal rasée ? Comment ses cheveux blonds, lisses ne bougeaient-ils pas de son chignon serré et strict ? Comment faisait-il pour que toutes ces questions et pensées incessantes ne tournent plus qu'autour de lui ?
Mes lèvres trouvèrent une nouvelle fois le chemin vers les siennes.
J'avais appris que son dos était tabou, je glissais donc mes mains sur ses côtes et ses hanches, l'attirant toujours plus contre moi. C'était étonnant qu'il se laisse faire si docilement, comme s'il n'avait pas besoin d'éconduire cette situation, comme si ce baiser n'était pas agaçant ou imparfait comme le reste de mon être. Alors que j'avais l'impression de patauger, de me laisser porter par mon instinct, lui semblait parfaitement maitrisé. Pas de tremblements de mains, pas de geste futiles... il était simplement parfait comme toujours.
J'ignore combien de temps nous restions enlacé ainsi, profitant simplement de cette chaleur partagée, du gout de nos lèvres qui se mêlaient et des gestes doux de nos mains.
Cet homme était incroyable. Ses lèvres étaient douces contre les miennes, ses mouvements réfléchis et lents, parfaitement en harmonies. Ses mains ne s'aventuraient jamais bien loin de mes épaules, se risquant jusqu'à mes avants-bras ou mon torse tout au plus. Le touché de ses doigts était si léger que je le percevais à peine par-dessus le tissu de ma chemise, me donnant envie de presser ma peau contre ses doigts pour le sentir mieux, profiter de ce contact enivrant.
Même si je l'attirais contre moi, même si je serrais ses vêtements sous mes doigts, mêmes si mes gestes étaient bien plus pressants et frénétiques que les siens, même si mes lèvres étaient bien plus gourmandes... c'était lui qui menait la danse, par son calme, par ses gestes doux, par son attitude totalement désinvolte. Si j'avais été capable de parler je l'aurais supplié de me donner plus, de me toucher, de me laisser le toucher, de me laisser le dévorer...
Alors que j'avais l'impression de me consumer sous ses gestes lents et étrangement parfaits, ses doigts glissèrent de mes épaules à ma nuque et mon cou. Ce n'était pas plus qu'une imperceptible caresse, légère comme une plume. Mais sa peau rencontrant enfin la mienne me fit l'effet d'une décharge électrique, d'une bouffée de chaleur galvanisant ce besoin urgent de le tenir plus fermement. Lorsque ses doigts remontèrent ma nuque pour s'enrouler dans mes cheveux, jouant presque distraitement avec mes boucles, je n'y tins plus.
Je glissais ma langue sur ses lèvres, goutant plus intensément sa saveur de pêche, et glissais mon bras dans son dos pour forcer nos torses à se rencontrer. Son dos qui se cambrait légèrement sous mon bras, son corps dont les formes semblaient épouser les miennes, ses doigts emmêler dans mes cheveux, le léger soupir que je crus percevoir.... c'était exquis.
Sa langue effleura la mienne, intensifiant encore plus cet échange. Je sentis mes jambes trembler, alors qu'un raz de marée de plaisir me submergea, me faisant presque perdre la raison. Ses doigts tirèrent délicatement sur mes cheveux, me forçant à le laisser glisser sa langue dans ma bouche, avec cette même désinvolture comme si c'était le cours naturel des événements.
J'avais l'impression de court-circuiter. Ses mouvements lents et répétitif, sa langue qui découvrait sensuellement la mienne, imposant son rythme, ses limites, ses envies. Mon esprit était, à la fois, tellement submerger par ces informations que je ne pensais à rien. Et, en même temps, tout cela me donnait envie de plus, me rendant nerveux, impatient, laissant mon esprit voyager plus loin, explorant les possibilités infinies de la suite de cette scène.
Quel serait la sensation de son torse nu contre le mien ? Quel serait sa réaction si je le décoiffais ? Quel gout avait sa peau ? Quel son ferait sa voix si j'arrivais à lui tirer un gémissement ? Quel serait la sensation de son...?
- Harry, tu n'as pas vu... Oh !
J'eus l'impression que la réalité s'abattait sur moi alors que Draco retirait ses mains de mes cheveux, interrompant notre baiser. Avec un mouvement énergique il se dégageait de mon bras et mes mains. En une fraction de seconde, il avait mis le plus de distance possible entre nos deux corps qui s'épousaient si bien quelques instants plus tôt.
Je laissais tomber mes bras le long de mon corps, incapable de détacher mon regard de celui qui m'avait embrassé. Son regard gris était toujours aussi autoritaire, imperturbable, comme si rien ne s'était passé. Ses lèvres fines étaient légèrement gonflée, ses joues à peine rosée, sa respiration, on ne peut plus calme. A coté de lui, j'étais totalement chamboulé avec mes jambes tremblantes, mes lèvres humides et mon souffle court.
- Qu'est-ce-que tu voulais Charles ? Demanda le sorcier de sa voix tranchante, particulièrement glaciale et agacée.
- Je voulais... heu.. en fait, je...
- Parfait. Bonne soirée.
Sans un mot de plus, Draco saisit les couverts sales et me les poussais dans les mains avant de se retirer dans sa chambre. Je le suivis du regard, incapable de sortir mon corps de sa torpeur. J'observais sa silhouette sévère disparaitre sous un pan de tissus, avant de me tourner vers celui qui nous avait malencontreusement interrompu.
Le regard brun et habituellement si chaud de Charlie avait fait place a une expression penaude. Son regard voyageait de moi à l'endroit où Draco s'était éclipsé. Ses cheveux tombaient en désordre sur son visage viril. Puis il me fixait simplement, les sourcils froncés en une expression confuse.
- Hem
Voilà, tout ce qui sortis de ma bouche avant que Charlie ne baisse le regard en même temps que moi. C'était terriblement gênant. Je sentais le malaise se glisser sous ma peau comme le froid en hiver, tordant mes intestins et chauffant mes joues. J'inspirais profondément pour tenter de me calmer et tout ce que je fus capable de faire, c'est de percevoir les derniers fragments du parfum de thé noir épicé du sorcier blond.
- Je crois que je vais aller me coucher, soufflais-je.
- Donne-moi ta vaisselle.
Il avait retrouvé un sourire, étirant ses cicatrices et ses lèvres, mais son regard était toujours un peu étourdi. Il me tendit les mains et je lui rendis la vaisselle. Je lui emboutais le pas lorsqu'il sortait de la tente, il se dirigea automatiquement vers la mienne, déposant les assiettes sale au sol, me signalant qu'il m'accompagnait.
Le silence était pesant et inconfortable, j'avais l'impression que l'air entre nous était épais, plus dense et presque irrespirable. Et en même temps, mon esprit était encore dans cette tente, dans cette petite bulle d'intimité avec un certain sorcier blond.
Une partie de moi rejouais encore et encore cette scène, ce moment qui semblait suspendus dans temps lorsqu'il s'était levé de sa chaise, le regard fixé sur moi pour prendre mon visage entre ses mains délicates pour m'embrasser avec une urgence atypique. Je revoyais ce regard gris fixé sur moi, débordant de sentiments étranges. Je sentais encore la texture de sa chemise sur mes doigts, je sentais encore la pression légère de ses lèvres sur les miennes, je goutais encore la douceur de sa langue sur la mienne.
Et une autre partie de moi, tentait vainement de démêler cette étrange situation avec Charlie. Il m'avait surpris enlacé avec le secretarii de l'équipe. Celui-là même qu'il avait qualifié de maniéré et d'étrange plus tôt dans la soirée. Je me mordis la langue en pensant que ces deux hommes ne pouvaient pas être plus opposés.
- Merci, soufflais-je alors que nous étions devant ma tente, refusant de prolonger le silence embarrassant plus longtemps.
- Bonne nuit Harry.
-Bon' nuit.
J'allais me détourner pour me glisser dans ma tente et me laisser choir dans mon lit, qu'un de ses grandes mains vint me saisir le bras. Je ne pus m'abstenir de constater que sa mains était plus chaude, plus grande et rugueuse que celles de Drago, douces, fines et délicates.
- Harry, si jamais...
Il lâchait mon bras avant de passer sa main dans ses cheveux d'un geste nerveux. Il se mordit la lèvre avant de se pencher vers moi, glissant son visage pret du mien de manière à ce que je puisse presque compter les tache de rousseur sur ses joues.
- Si jamais tu te sens seul, sache que je suis là pour toi ...
Je sentis une vague de chaleur me monter aux joues alors que la proposition à peine masquée du roux me parvint. Sa voix grave et virile se faisait plus mielleuse et bien plus séduisante. Je sentis son souffle chaud et langoureux sur mes lèvres puis sur ma joue avant de sentir ses lèvres brulantes s'attarder longuement sur mon oreille. Je sentis un frisson de pur désir me parcourir.
En temps normal, j'aurais cédé. Je l'aurais laissé prolonger sa douce torture sensuelle. Je l'aurais laissé m'embrasser, me toucher. Je l'aurais invité à me suivre dans ma tente pour le découvrir sous toutes les coutures.
Mais je n'avais pas envie de ça ce soir. Je connaissais assez Charlie pour savoir qu'il allait me cajoler sans fin, me faisant me sentir terriblement important. Il allait m'embrasser comme on embrasse une personne fragile, il allait me toucher comme on touche un trophée, il allait m'aimer comme on aime pour une nuit. Je ne voulais pas de ça, je ne voulais pas de ce sentiment habituel d'avoir ce que je voulais d'un claquement de doigt, je ne voulais pas qu'on suive mes envies et mes désirs.
Je voulais Draco.
D'une délicate pression sur son torse, je signifiais à Charlie de s'écarter. J'inspirais son odeur d'orange et de malt, avant de fermer les yeux en serrant les lèvres.
- Merci Charlie, mais je vais aller me coucher...seul.
- Harry, Draco n'est pas ...
- Bonne nuit.
Je laissais glisser ma main sur son torse dur et musclé, comme une caresse d'excuse. À son expression je pouvais deviner qu'il était blessé dans son amour-propre, mais je ne voulais pas céder pour si peu. Je ne voulais pas d'un roux massif et viril, mais d'un blond rigide et strict. Je posais un instant mes lèvres sur sa joue rugueuse avant de me réfugier dans ma tente.
Mes mains étaient tremblantes et mon esprit en ébullition. Le silence oppressant de la tente donnait plus de volume à mes pensées parasites, m'empêchant de faire le tri dans mes émotions, dans mes souvenirs et dans mes sensations.
Je me laissais tomber dans mon lit en priant silencieusement que la chasse aux dragons du lendemain m'aiderait à faire le tri dans mes émotions, et surtout, à me changer les idées comme j'étais censé le faire initialement.
Ce voyage ne se passait pas du tout comme prévu !
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Ce chapitre est plus court que les autres.
Mais HOLY MARY qu'il est intense ! Je vous avoue que je suis assez fière de ce chapitre. Pour la petit histoire je suis dans un état de fatigue tellement avancé que j'ai du chercher des synonymes pour chaque deuxième mot, ce qui explique la qualité irréprochable du vocabulaire de ce chapitre (soyez bilingue on verra si vous trouver facilement vos mots ! )
Donnez-moi vos avis et vos prognostics pour la suite ! J'adore vos théories !
Bises sur vos fesses,
- Lily
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