8 // Draco
Cette potion je la gardais pour moi, initialement.
C'était une potion terriblement compliquée, contrairement aux potions de sommeil. Les potions agissant sur l'esprit et non sur le corps étaient toujours plus complexes et éventuellement dangereuses. Elles devaient agir sur quelque chose qui n'était pas physique, ni quantifiable ni même palpable. Les potions d'amour, de chances ou de calme étaient presque trop complexe pour moi, je m'y attaquais rarement.
Ma professeure de potions, à Durmstrang, une femme mince et stricte avec la fâcheuse tendance à métamorphoser sa baguette en cravache pour punir les élèves distraits, avait un jour expliqué que pour concocter des potions influant sur les émotions et l'esprit correctement, il fallait être apte à les comprendre et savoir faire preuve d'empathie. Ce qui n'était pas mon cas.
J'avais donné cette potion à Potter, sachant pertinemment que son esprit fonctionnait différemment du mien. J'avais bien remarqué que ses pensées et ses paroles lui échappaient parfois. Aujourd'hui avait été la preuve ultime, il avait causé un accident parce qu'il avait agi impulsivement. La culpabilité s'était lue sur son visage durant le restant de la journée. Il avait seulement retrouvé un semblant de calme en m'aidant à soigner Quinn.
Je soupirais en me laissant tomber dans mon lit.
J'étais épuisé, à bout de force.
Ce n'était pas mon genre de m'inquiéter pour les autres.
Je retirais donc mes vêtements et les pliait soigneusement avant de me glisser dans mon lit et d'abandonner ce combat. Je voulais simplement glisser dans les bras de Morphée.
****
Lorsque j'ouvris à nouveau les yeux, j'avais l'impression de n'avoir dormis que quelques minutes. Je ne me sentais pas particulièrement reposé, et ce, malgré la longue nuit que je venais visiblement de passer.
Le soleil était déjà levé et ses rayons éclairaient le tissus de ma tente.
Je me levais et me rhabillais en faisant mentalement la liste des choses à faire aujourd'hui. Les journées avec des accidents étaient toujours terriblement éprouvante pour l'équipe, mais le lendemain l'était bien plus pour moi.
En effet, je devais d'abord vérifier que la brulure de Quinn aie correctement guéri. Certains dragons avaient un feu magique assez puissant pour continuer à bruler les tissus de la peau même après sa régénération. Je devais donc m'assurer que la nouvelle peau de Quinn n'avait pas brulée suite à la magie résiduelle du dragon rouge.
Ensuite, je devais remplir les formulaires attestant et décrivant l'accident ainsi que ses conséquences. Je devrais envoyer un rapport à notre agence et un autre au MMR, les formulaires reprenaient peut-être les même données mais étaient terriblement différents et je devais donc rester concentré.
Éventuellement, je devrais demander un bilan de santé magico-médical pour le retour de la sorcière pour s'assurer qu'il n'y ait pas d'autres séquelles. Dans ce cas, je devais également faire intervenir l'assurance et donc rédiger un rapport stipulant qu'il s'agissait bien d'un accident et non pas d'un acte délibéré.
Je passais ma main dans mes cheveux pour les coiffer soigneusement, ne supportant pas les laisser tomber dans mon visage, voyant toujours ces mèches s'inviter dans mon champ visuel. Une fois coiffé, je boutonnais ma chemise, lissant les manches et mon torse d'un geste machinal, même si aucun pli ne venait déranger mon image.
J'inspirais avant de sortir de ma tente, plissant les yeux sous la lumière du jour déjà bien entamé.
- Voilà notre marmotte, entendis-je annoncer Charlie.
Je l'ignorais simplement et me dirigeais immédiatement vers la tente de Quinn. J'y retrouvais une blonde pleine d'énergie et visiblement mieux reposée que moi. Dan lui tendait son déjeuner et un café encore fumant.
Le roumain me fit un signe de tête pour me saluer.
- Elle a un appétit d'ogre pour une si petite femme, commenta-t-il de sa voix qui ressemblait à un grondement de tonnerre.
- C'est bon signe, dis-je simplement en tendant ma main vers la blonde.
Elle me tendit immédiatement son bras, non sans enfourner une tranche de pain en bouche, visiblement peu préoccupé par les miettes qui tombaient sur ses genoux.
Je fronçais les sourcils et lui demandait de bien vouloir ne pas manger pendant que je vérifiais sa guérison. Elle fit une moue mais obéis.
Je passais les 30 prochaines minutes à inspecter la nouvelle peau de son bras. À première vue, il n'y avait pas de brulures résiduelles à traiter, ni même de séquelles magiques. Mais je décidais quand même de demander à ce qu'un médicomage compétent la prenne en charge à la fin de notre mission.
- On pourra repartir demain ? Demanda Quinn alors que je lâchais finalement son bras.
- Oui.
Elle offrit son sourire rayonnant, non pas à moi mais à Dan qui hochait la tête satisfait de ma réponse.
Je les laissais, insistant une dernière fois sur l'importance que la sorcière se repose aujourd'hui. Je ne comprenais pas d'où venait cette fatigue étrange qui saisissait mes membres. J'avais l'impression de ne pas fonctionner à mon régime habituel. Mais j'étais certain qu'une fois installé à mon bureau je retrouverais ma rigueur et mon énergie.
- Draco, tu ne manges pas avec nous ?
J'abandonnais mon plan de m'asseoir à mon bureau pour m'installer à côté de Charlie et Harry. Je sentais une étrange gène s'emparer de moi alors que j'observais discrètement le brun tentant de tartiner la moitié du beurre sur sa main plutôt que sur sa tranche de pain, trop occupé à me suivre du regard.
C'était étrange.
Il avait vu mon dos et, en prime, il m'avait vu fatigué. Ces deux plus grands défauts et preuves de faiblesses de mon humble personne, il les avait vus.
J'avais senti toute cette fatigue, toute cette pression devenir de trop hier soir. L'eau chaude et le savon sur mes mains avaient eu raison de moi. J'avais juste voulu me laisser aller, juste une foi partager un sentiment avec quelqu'un, avec cet homme qui avait le chaos dans le sang autant que la douceur. J'avais vu son désarroi et sa surprise, mais son impulsivité avait semblé lui servir et il m'avait proposé sa compagnie, rien que quelques minutes de plus.
Et maintenant, j'étais embarrasé. Mais ma fierté me préservait bien de le laisser paraitre ne serais-ce qu'un instant.
Je tendis donc la main vers le brun, réclamant silencieusement la tranche de pain pitoyablement tartinée. Il me la tendit en tentant de prendre son café de l'autre main. Il ne réussit qu'à renverser la tasse.
- Harry ! S'exclama Charlie avec un rire qui semblait destiné à détendre le malaise du brun suite à ses actions.
-Pardon, mince, désolé, enchainait le sorcier en secouant sa main trempée et sans doute douloureuse sous la brulure du café chaud. Bon ben, je vais en refaire. Draco, tu en veux ?
- Oui, acceptais-je en attrapant le pain qu'il me tendait toujours.
Il s'en allait simplement et je fronçais les sourcils en remarquant qu'il laissait sa baguette sur sa chaise. Je tendis les doigts pour la prendre et la ranger ailleurs, avant de m'abstenir. Ce n'était pas mon problème si son divin postérieur cassait sa baguette.
Je décidais donc de me servir de ma propre baguette pour attirer un pot de confiture à moi et la tartiner soigneusement, avant de couper la tartine en plusieurs morceaux. Je n'étais pas un de ces animaux qui mordait dans son pain pour en arracher un bout avant de le mastiquer sauvagement. Non, je préférais clairement des morceaux coupés en petites bouchées pour manger soigneusement, évitant de me barbouiller de confiture comme un enfant en bas age.
- Dis....
Je tournais mon regard vers Charlie qui m'observait.
Ses lèvres se tordaient et il passait sa main nerveusement dans ses cheveux. Je n'avais pas besoin d'être un génie dans la lecture du langage corporel pour savoir qu'il avait quelque chose sur le cœur.
- Tu t'en sors vraiment bien avec Harry... c'est étonnant de ta part.
- Comment ça ?
- Je ne pensais pas que vous vous accommoderiez si bien l'un de l'autre, vous êtes tellement différents. Et... c'est étrange, je sais, mais j'ai l'impression que tu le comprends mieux après quelques jours que moi après dix ans.
- Contrairement à toi, je ne le traite pas comme un enfant, mais comme n'importe qui d'autre.
Charlie parti d'un rire sauvage qui secouait ses cheveux et étirait ses cicatrices, me faisant grincer des dents. C'était un rire sans joie, un rire presque sarcastique qui ne correspondait pas à cet homme généralement joyeux.
- Non, tu es différent avec lui qu'avec nous. Mais ça, c'est autre chose... je voulais juste savoir... comment tu fais pour savoir ce qu'il pense ?
- Je ne le sais pas.
Je commençais à me sentir de plus en plus agacé. Je n'aimais pas me mêler à ce genre de chose. Je n'aimais pas non plus le sentiment de curiosité malsaine qui émanait du roux. J'aimais encore moins ce sentiment de vouloir garder quelque chose pour moi quel qu'en soit le prix.
- Drac'... quel sont tes intensions ?
Je soupirais et abandonnais mon petit déjeuner. Je n'avais vraiment pas envie de ce genre de discussion alors qu'une journée chargée m'attendait, je perdais mon temps. Une tasse fumante apparu dans mon champ de vision alors que j'allais me lever pour échapper à cet interrogatoire.
- Tu n'as pas fini de manger, me dit Harry alors que je relevais le regard vers lui. Prends au moins ton café.
Je laissais mon regard glisser sur sa chemise froissée et son t-shirt trop grand, révélant ses clavicules et un début de torse étonnamment musclé. Son corps massif me dominant ainsi fit sursauter mon estomac en une vague de plaisir que je n'avais plus ressentis depuis des années. Je tendis la main vers la tasse en ignorant cette sensation.
C'était une perte de temps.
Son café était terrible. Pas aussi terrible que celui de Quinn, mais néanmoins très mauvais. Je serrais les lèvres en sentant l'amertume de bruler le palais.
- Tu n'as pas mis de sucre, lui dis-je en lui rendant la tasse.
- Oh, fut tout ce qu'il m'offrit comme réponse avant de s'asseoir.
Il se redressa presque immédiatement, reversant la moitié des deux tasses qu'il tenait en mains. Son manque d'attention était agaçant... et en même temps... ses sourcils brun froncés en une expression à mi-chemin entre la moue et l'exaspération, ses cheveux en bataille qui auraient besoin d'un bon coup de peigne qui tombaient dans ses cils épais, ses yeux verts qui passaient d'un objet à l'autre sans jamais s'attarder bien longtemps sur une même chose, ses lèvres pulpeuses qui glissaient l'une sur l'autre... c'était terriblement séduisant chez lui.
Je m'arrachais de ma contemplation en me levant pour rejoindre ma tente et me mettre au travail.
Je ne devais pas perdre mon temps avec ce genre de choses. Les émotions, les relations, les désirs... ce n'était pas mon fort et je finissais toujours par blesser quelqu'un ou par être blessé moi-même. Et puis, Harry était un jeune homme séduisant, célèbre et désirable. Il n'avait rien à gagner à s'intéresser à un homme strict et rigide comme moi. Il avait Charlie, qui lui convenait surement mieux.
Cette pensée me pinça désagréablement le cœur.
Je m'installais au bureau en agitant ma baguette pour attirer une série de parchemins, plumes et encres pour me mettre au travail.
Je laissais mon esprit glisser dans cet état de contentement et de logique stricte que j'appréciais lorsque je travaillais sur mes rapports.
Je commençais par le plus simple : le rapport à envoyer à l'agence, signalant un accident lors du repérage d'une nichée. Je mentionnais que l'accident avait sans doute été provoqué par le nombre plus élevé de participants, et par l'inexpérience de certains d'entre eux. Je ne pris pas la peine de mentionner que Harry en était la cause, cela lui aurait attiré des ennuis et mon rôle était justement de ne pas attirer d'ennui à mon équipe de bras-cassés impulsifs et bruyants. Je notais que la réaction rapide de notre stratégii avait permis d'éviter des dégâts plus importants et que la blessure avait été rapidement guérie. Dans la mesure où je n'étais pas un guérisseur, je demandais qu'un médicomage nous attende à notre retour pour faire un bilan de santé à la sorcière.
Je terminais mon rapport en signalant que cet accident retardait notre mission d'une à deux journées.
Le rapport pour le MMR reprenait relativement les mêmes informations mais de manière plus complète, décrivant le contexte et le type de blessure avec plus de précision. Je notais également ici qu'un medicomage avait été demandé pour la fin de mission et que l'assurance avait été contactée.
Lorsque j'eus fini mes deux rapports le temps de midi était déjà passé depuis un bon moment et j'inspirais profondément en tentant de détendre mes épaules. Je vis une mèche blonde se perdre devant mes yeux et je sentis l'agacement habituel m'envahir.
Il était temps que je me décide à abandonner cette chevelure ridicule. Je détestais qu'ils me tombent dans le visage, je détestais perdre mon temps à les coiffer et les laver était une pénitence. Mais je n'arrivais pas à me décider à m'en séparer, c'était... c'était une chose en commun avec mon équipe, sans doute même la seule, c'était mon lien étrange et agaçant avec eux.
Je repoussais les deux rapports, et commençait à remplir le formulaire pour l'assurance. C'était relativement simple, une case à cocher, un numéro d'assurance à compléter, une description, d'autres cases à cocher et ainsi de suite. Cela aurait été reposant si cette stupide mèche de cheveux ne venaient pas interrompre le fil de mes pensées en tombant devant mes yeux toute les dix minutes. Après la quatrième fois, je me redressais de ma chaise en soupirant d'agacement.
- Ça ne va pas ?
La voix suave de Harry me fit me tourner vers lui. Il se tenait à côté de mon bureau, les bras croisé sur sa poitrine, son regard se baladant de mes papiers à moi comme s'il ne savait pas exactement quoi examiner en priorité.
- Ça va très bien, lâchais-je irrité par sa présence soudaine et aussi par le fait que je ne l'aie pas entendu entrer.
- Tes cheveux te dérangent ? Cette mèche a l'air....
Il se penchait en avant, me prenant de court, glissant ses doigts autour des cheveux rebelles qui tombaient devant mes yeux. Ce contact était étrange, généralement j'aurais immédiatement reculé, écarté sa main, refusé de lui parler pour quelque chose d'aussi trivial que mes cheveux. Mais ses grands yeux verts, si distraits habituellement étaient parfaitement attentif aux mouvements de ma mèche sous ses doigts. C'était terriblement fascinant de voir un homme si dissipé se concentrer délibérément sur moi.
- Je devrais les couper, dis-je simplement en sentant ma gorge se nouer à ma voix prendre d'autres intonations.
Un sourire étirait ses lèvres pulpeuses et mon regard fut attiré par leur mouvement sensuel. J'aurais aimé regarder ce sourire bien plus longtemps que de raison, mais je me forçais à relever les yeux vers son visage.
- Tu pourrais faire n'importe quoi avec tes cheveux que tu serais toujours aussi parfait.
Je sentis l'air se bloquer dans mes poumons. Est-ce-que c'était un compliment ? Était-il conscient de ce qu'il venait de dire ? Me trouvait-il réellement parfait ? C'était trop d'émotions complexes pour moi, trop de choses que je ne comprenais pas, trop de gentillesse et de douceur.
- Je ne suis pas parfait, soufflais-je.
- Tu parles de ton dos ?
Je frissonnais à l'évocation de mes cicatrices.
Ses doigts continuaient à jouer avec ma mèche. Doucement, il effleurait ma joue et son contact doux me fit frissonner à nouveau. Je refusais de répondre à sa question alors que ses yeux verts ne me lâchaient pas, faisant preuve d'une concentration inouïe.
Je me sentais tellement flatté par son attention que je n'arrivais pas à me dégager, je n'en avais même pas envie. Je voulais qu'il s'approche encore, les 40 centimètres qui nous séparaient semblaient à la foi si loin et si proche. Je ne sentais pas sa chaleur corporelle mais je voyais chaque ride, je ne sentais pas son odeur enivrante mais je pouvais percevoir les frémissements de sa clavicule alors qu'il bougeait les doigts.
- Qu'est-ce-que tu voulais ? Demandais-je en trouvant la force de prendre sa main et de l'abaisser avant de la lâcher.
- Je voulais te proposer mon aide et savoir si tu avais mangé.
- Je n'ai pas besoin d'aide.
- Je peux faire le rapport quotidien d'hier...
- Je perds trop de temps à te corriger.
Je me détournais de lui pour me diriger vers un miroir. Cette mèche rebelle était effectivement terriblement ennuyante et semblait casser toute l'image de mon visage.
- Je coiffais Ginny parfois avant, je peux aussi te...
- Si tu tiens tant à m'aider assieds-toi et remplis un formulaire de marquage. Tu es terriblement agaçant.
C'était trop de gentillesse et de sollicitude. Simplement trop de choses que je ne pouvais pas permettre. Je ne voulais pas de cette proximité autant que je la désirais ardemment. Mon ton avait sans doute été plus froid que prévu car le brun ne me répondit pas. Je vis dans le miroir qu'il continuait à m'observer fixement, ses doigts jouant nerveusement avec sa chemise. Je me sentis agacé par ce geste nerveux.
Je défis ma coiffure avant de la refaire, serrant un peu plus pour ne pas avoir à nouveau le même problème. Je retournais m'asseoir à mon bureau en évitant de croiser le regard du sorcier qui était toujours debout près de mon espace de travail, les mains nerveusement en mouvement.
- Assieds-toi, lui dis-je finalement. Remplis ce formulaire. Je ne veux pas de ratures.
Je lui tendis le formulaire alors qu'il s'installait au bureau que je lui avais aménagé à quelques mètres du mien. Il ne dit rien et commençait à travailler, en silence cette fois.
Et je me sentais enfin apaisé.
***
-Je sais bien Dan, mais on ne peut rien y faire. Il est comme ça, tu le sais aussi bien que moi.
- Il a fait pleurer Quinn.
- Ce n'était surement pas son intention. Tu sais comment il est...
- Pas bon pour l'équipe.
- On fonctionne ainsi depuis 2 ans, je trouve qu'on s'habitue à ses manies. Et ne pas l'avoir avec pendant le marquage est une chance.
Tout ce que Dan répondit fut un grognement insatisfait, suivit du bruit de couverts raclant une assiette.
Je sentis une infime culpabilité me tordre les intestins en pensant que j'avais fait couler les larmes de Quinn. Je lui avais pourtant simplement dit que l'agence préparait un médicomage pour son retour et qu'elle ferait bien de prendre soin de sa blessure. Je n'avais pas eu l'impression de manquer de tact durant cette conversation.
Je restais figé à l'entrée de ma tente en sentant mon cœur se serrer, alors que je tentais de ne pas laisser les paroles amères de mon équipe me toucher.
Je savais que je n'étais pas commode, que je n'étais pas "gentil" ou même amical. Je savais que je manquais de tact et que j'étais strict. Je savais que je ne serais jamais apprécié par les autres membres de l'équipe et c'était une réalité que j'avais accepté depuis longtemps.
Pourtant, entendre cela de leur bouche, alors que Harry était debout à côté de moi, attendant que je quitte la tente. Il entendait chacune des paroles amères prononcées par Charlie et Dan, il entendait leur fatigue et leur lassitude de ma personne.
- Draco ? Me souffla la voix suave du brun alors que je n'arrivais toujours pas à me résoudre à rejoindre les deux Îmblânzitor à l'extérieur.
- Je n'ai pas faim, dis-je en décidant de ne pas leur imposer ma présence pour ce soir.
J'allais faire demi-tour, mais le torse puissant de Harry m'arrêtait. Ses mains se posèrent sur mes épaules et je sentis la chaleur de ses paumes se répandre dans mes articulations. Il se penchait légèrement vers moi, son regard vert fixé sur moi.
-Est-ce-que.. ? Mmh... On peut manger ensemble dans ta tente ? Je vais chercher le dîner et on reste ici ce soir ?
- Ne sois pas stupide, soufflais-je en me dégageant avant de retourner m'asseoir à mon bureau.
Du travail, j'en avais assez pour la soirée.
Je repris donc mes bouquins d'identifications de dragons et recommençais à les feuilleter à la recherche de l'espèce qui pourrait correspondre à ce que nous avions brièvement vu la veille.
Je sentais la fatigue physique se faire plus lourde. Depuis quand n'avais-je pas mangé ? Le déjeuner de la veille était le dernier repas dont je me souvenais clairement. Ce n'était pourtant pas dans ma nature de négliger ma santé ainsi, mais trop de choses étaient venues m'agacer et m'interrompre à chaque fois que je sentais l'envie de me poser pour manger.
Je relevais la tête en entendant un bruit à l'entrée de la tente. C'était le brun avec deux plats de curry en mains, tentant visiblement de ne pas renverser le contenu des plats en se glissant dans la tente. Je ne pris pas la peine de me relever, je l'observais simplement glisser sa silhouette massive vers moi, avant qu'il ne dépose l'assiette devant moi. L'odeur me mis l'eau à la bouche.
- Tu as donc décidé d'être stupide, dis-je.
Il ne dit rien mais ses lèvres s'étirèrent en un sourire sympathique. Le coin gauche montant plus haut que le coin droit, créant une agaçante asymétrie.
Il s'empara de sa chaise et la tira vers moi pour s'asseoir avec moi à mon bureau. Je l'observais faire sans trouver les mots pour l'en empêcher, sans même en avoir l'envie. Je voulais sa présence ici, je voulais partager cet instant avec lui, je voulais simplement être avec lui....
C'était terrifiant.
- Bon appétit, dit-il avant de prendre une grande bouchée de son curry.
Je serrais les dents en voyant sa façon de manger. Lui avait-on un jour appris les bonnes manières ? Visiblement personne n'avait jamais pris la peine de corriger les mauvaises habitudes du célèbre Harry Potter, car il se tenait comme un bossu au-dessus de son plat, tenant sa fourchette dans son poing comme s'il allait s'en servir pour assassiner quelqu'un.
Je l'ignorais en pincant les lèvres, et saisis mon propre plat pour commencer à manger. J'avais l'impression que ma mauvaise humeur et ma fatigue diminuaient avec chaque bouchée. Ce n'était ni très savoureux, ni très chaud mais c'était de la nourriture et j'en avais tellement besoin que je n'allais pas faire la fine bouche. Mon plat fut vide en un rien de temps et je me sentais dans de meilleures conditions.
Un verre trouva son chemin dans mon champ de vision.
- Santé, souffla la voix suave de Harry alors que je m'emparais le verre qu'il me tendait.
Je reniflais le liquide, c'était de l'hydromel. Je ne dis rien et accueillis le liquide alcoolisé avec plaisir. Je n'étais pas un grand amateur des alcools maisons de Dan, mais l'hydromel... ça me rappelait la maison, les réceptions au Manoir, les fêtes, mes parents...Je retint un soupir d'aise en sentant le liquide au gout de miel dans ma bouche. C'était comme prendre une gorgée de soleil et de chaleur.
- Tu devrais rejoindre les autres, dis-je après un long silence.
- Je n'en ai pas envie.
Je ne lui demandais pas pourquoi. Ça ne me regardait pas et je n'avais pas envie de savoir non plus.
Je vis son regard se balader dans la pièce. Il croisait, décroisait, écartait, refermait ses jambes sans arrêt, visiblement incapable de tenir en place. Son verre passait d'une main à l'autre.
- Je les apprécie vraiment, ils m'ont accueillis à bras ouvert. Charlie est... tellement gentil et toujours très attentionné mais ... je ne sais pas, ça ne semble pas réel. C'est comme s'il jouait la comédie par moment, juste pour me plaire. Dan est beaucoup trop impressionnant pour moi. Je veux dire tu l'as vu ? Il est énorme ! Il mettrait Hagrid à terre rien qu'avec son petit doigt ! Et Quinn... Elle est gentille aussi, mais je n'ai pas beaucoup d'affinités avec des filles. Je suis trop mal à l'aise en leur présence. Et puis toi, tu es juste toi-même. Tu n'es pas plus gentil avec moi sans raison, même si c'est souvent frustrant. Tu es direct, et même si tu es terrible quand tu es en colère, tu restes attentif. J'ai l'impression que tu me comprends mieux que je me comprends moi-même. Tu es bien, vraiment.
Il se tut, son regard s'arrêtant finalement sur ses doigts, sa jambe gigotant nerveusement.
Je sentais une étrange urgence s'emparer de moi. Je ne savais pas ce que c'était. L'hydromel ? La sensation de satiété ? Ses paroles qui étaient douces et sucrée comme du miel ? Son regard embarrassé d'en avoir sans doute trop dit ? Cette honnêteté si enviable ? Ce regard qui signifiait que ses paroles avaient dépassé sa pensée ?
Je ne savais pas, je savais juste que je voulais le toucher.
Je posais mon verre et me redressais. Je comblais la distance entre nous avant de saisir son visage entre mes mains pour le forcer à relever son regard vers moi. Ses joues étaient brulantes sous mes doigts. Ses yeux verts brillaient comme des émeraudes. Il semblait, à la fois, étonné et, à la fois, charmé par mon geste. Ses lèvres pulpeuses s'étiraient en un sourire sincère, doux et tendre comme un remerciement.
C'était simplement trop pour moi.
Je posais mes lèvres sur les siennes. Inspirant son odeur de café et de sève, goutant ses lèvres amères. Je voulais simplement l'embrasser un instant, suivant cette pulsion égoïste d'avoir cet homme pour moi rien que quelques secondes. Je voulais juste poser mes lèvres contre les siennes, la seule façon que j'envisageais pour le remercier pour ces paroles délicates et ses attentions généreuses.
Rien qu'une seconde...
Mais ses mains se posèrent sur mes hanches alors qu'il se redressait de sa chaise, m'attirant contre lui. Il était brûlant, d'une chaleur envahissante et rassurante. Ses doigts sur mes hanches étaient pressants, alors qu'il répondait à mon baiser. Ses gestes étaient tellement assurés et doux. Comme s'il n'hésitait pas, comme si c'était exactement ce qu'il voulait, comme si j'étais celui qu'il voulait.
Je posais mes mains sur ses épaules et le poussais fermement. Il ne s'écartait pas, mais brisait le baiser, laissant nos visages proches, nos bouches à quelques centimètres les unes des autres. Je pouvais sentir son souffle sur mes lèvres.
- Je ne suis pas bien, dis-je franchement.
- Non, tu es parfait.
---
Alors voilà....
Le chapitre suivant sera un chouia plus court mais SO INTENSE que vos cœurs lâcheraient si je le faisais plus long.... alors faites quelques exercices de méditation en attendant la suite !
J'ai hâte de connaitre vos avis sur ce chapitre !
En attendant , passez de bonnes et joyeuses fêtes ! Soyez prudent et prennez soins de vous !
Bises sur vos fesses
-Lily
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top